pour la revue Nouvelles pratiques sociales
Responsables :
Denyse Côté, Université du Québec en Outaouais (UQO) ;
Isabel Côté, Université du Québec en Outaouais (UQO) ;
Sylvie Lévesque, Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)
Présentation :
Les nouvelles configurations familiales occidentales dissocient conjugalité et parentalité, redéfinissent la filiation et contestent l’hétérosexualité : l’institution familiale se redéfinit de font en comble. Il s’agit à la fois d’une « révolution silencieuse des recompositions familiales », d’une redéfinition des rôles de chacun au sein de la famille, adultes et enfants, d’un réaménagement des rapports entre les familles et la société. Cette mutation rend obsolètes les anciens modèles d’interprétation et d’intervention au point de susciter de sérieux questionnements sur l’adéquation du concept même de famille. Le fossé entre l’idéal familial et la réalité domestique se creuse : à titre d’exemple, le nouvel idéal de liens familiaux électifs est-il véritablement ancré dans la réalité des familles ? Par ailleurs, la mobilité intrafamiliale est à l’ordre du jour : un enfant peut avoir, successivement ou concurremment, plusieurs parents, dans des unions à géométrie variable, qui s’occupent de lui et/ou qui lui ont donné la vie. De telle sorte que les aspects biologiques, sociaux et juridiques de la filiation ne coïncident plus toujours. La délocalisation crée également de nouvelles dynamiques, qu’il s’agisse d’adoption internationale, de mobilité internationale de l’aide domestique, ou de familles internationales dont la quotidienneté est rendue possible grâce aux nouvelles technologies.
Cet éclatement des réalités et modèles familiaux se fait cependant sous l’aulne d’une volonté de démocratisation de la sphère privée : les droits des enfants, les droits des femmes sont érigés en norme et mis en pratique à travers une diversité de modalités nouvelles. Malgré tout, des facteurs potentiels d’inégalité apparaissent ou se perpétuent : marchandisation des services de soins, nouvelles configurations de la violence intrafamiliale, interventions accélérées des services sociaux au sein des familles appauvries (dont l’accélération de la mise en adoption), présence de cultures familiales variées issues des migrations ne correspondant pas au nouveau modèle égalitaire, secondarisation des interventions issues du milieu communautaires.
Ce numéro de Nouvelles pratiques sociales propose un survol des transformations récentes des familles au Québec ainsi que du sens à donner à ce phénomène. Une définition de la famille contemporaine est-elle plausible ? Quels nouveaux cadres théoriques permettent de rendre compte des réalités familiales complexes du XXIe siècle ? De nouveaux modes de régulation des familles sont-ils en voie d’élaboration ? Que penser de la présence accrue du juridique dans les rapports intrafamiliaux ? Quels impacts ont ces transformations sur le partage des responsabilités parentales ?
Nous souhaitons aussi que ce numéro puisse interpeller les pratiques d’interventions dans la reconnaissance qu’elles font ou ne font pas de ces nouvelles réalités familiales. Les politiques familiales en tiennent-elles compte ? Quelles pratiques d’intervention novatrices répondent le mieux aux nouvelles réalités familiales ? Quels en sont les écueils ? Dans quelle mesure d’« anciennes » pratiques s’adaptent-elles aux besoins émergents des familles, quelle que soit leur configuration ? Quels sont les cadres de références théoriques ou les modèles qui émergent dans ce champ de pratiques ? Comment intervient-on auprès des familles monoparentales, nucléaires ou recomposées ? Comment les intervenants (et les interventions) des groupes communautaires et du réseau des affaires sociales s’adaptent-ils à l’émergence de familles homoparentales ? Comment répond-on aux questionnements soulevés par l’encadrement juridique des conjoints de fait ou à la popularité de la garde partagée ? Quels sont les impacts et enjeux des durées maximales de placement sur les familles qui font l’objet d’une intervention du Directeur de la protection de la jeunesse ? Comment prévient-on la violence conjugale et l’exposition à celle-ci après la séparation parentale ? Voici quelques questions auxquelles pourraient répondre les articles que nous vous invitons à soumettre.
Modalités de propositions :
Les manuscrits doivent être soumis par courrier électronique à Nouvelles pratiques sociales : nps@uqam.ca
avant le 15 novembre 2011
Liste des pairs évaluateurs :