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Appel à contributions

L’assignation de genre dans les médias

Avant le 15 septembre


Date de mise en ligne : [16-09-2011]



Mots-clés : médias


Université Rennes 1
14-16 mars 2012

Organisatrices :

Sandy Montañola, MCF, IUT Lannion, CRAPE (Université Rennes 1)
Aurélie Olivesi, ATER, Université Montpellier 3, LERASS (Université Toulouse 3)
Béatrice Damian-Gaillard, MCF, IUT Lannion, CRAPE (Université Rennes 1)

Présentation :

Le 19 août 2009, la sprinteuse sud-africaine Caster Semenya est devenue
championne du monde du 800m à Berlin, réalisant la meilleure performance
mondiale de l’année. Sa victoire a déclenché une polémique suscitée non
seulement par ses résultats, mais également par son allure et son style de
course, tous jugés très masculins. Après des tests de féminité qui
révèleront l’intersexualité de l’athlète, l’IAAF (Fédération
internationale d’athlétisme) authentifiera son identité féminine en
autorisant son retour à la compétition le 6 juillet 2010. Le cas de cette
sprinteuse est intéressant en ce qu’il met en lumière la difficulté à
définir ce qu’est une femme, y compris dans sa dimension biologique. De
plus, la médiatisation de cette polémique a inscrit la question de
l’ambiguïté de genre au cœur de pratiques sociales et professionnelles
dans lesquelles cette problématique n’est jamais soulevée.

Abordée conjointement d’un point de vue théorique et militant, la question
du genre (au sens de gender, le sexe en tant qu’il est socialement
construit) connaît un essor de plus en plus large, qui a entraîné les
sphères légale, sportive ou sociale à renouveler ou préciser la définition
de la féminité, de la masculinité, voire de leur pluralité, de leurs
distinctions et de leurs rapports. Toutefois, l’étude du discours
médiatique portant sur les rapports sociaux de sexe montre une résistance
à remettre en cause une définition « traditionnelle » de la différence
entre un homme et une femme. En effet, la polyphonie propre au discours
médiatique (qui a pour locuteurs aussi bien des journalistes, des experts,
des profanes, des hommes ou des femmes) révèle à la fois les réticences de
certains acteurs sociaux à sortir du cadre des définitions de genre
traditionnelles et la routine des pratiques médiatiques qui rendent
difficile l’émergence de définitions renouvelées.

Cette difficulté est particulièrement manifeste dans la représentation des
personnes contrevenant aux identités sexuelles fermement définies, ou aux
rôles de genres traditionnels. Dans la mesure où la représentation
médiatique des hommes et des femmes s’ancre sur des stéréotypes de genre
ne correspondant ni aux pratiques sociales, ni aux définitions
scientifiques et juridiques qui leur sont concomitantes, on peut parler
d’une assignation de genre. C’est à travers les cas pouvant être
considérés comme inhabituels, ambigus ou marginaux, que nous pourrons
analyser dans quelle mesure la représentation des hommes et des femmes
dans les médias relève d’une assignation de genre, qui parvient
difficilement à rendre compte des situations contrevenant aux identités
sexuelles fermement définies ou aux rôles de genre traditionnels,
renvoyant ces cas à leur marginalité – que celle-ci soit valorisée ou, au
contraire, dévaluée.

Si cette assignation de genre semble émerger de la polyphonie médiatique,
il convient toutefois de s’interroger sur les décalages entre les
différents médias, et entre les différents locuteurs de chaque média : le
sexe et le genre sont-ils présentés de manière identique dans la presse
généraliste, la presse sportive ou la presse féminine ? Tous les locuteurs
des médias définissent-ils de la même manière ce qu’est un homme ou une
femme ? Ces distinctions sont-elle également valides dans le cas de la
représentation médiatique des personnes ne remplissant pas un rôle de
genre traditionnel ou ayant une identité sexuelle indéfinie ? La même
personne fait-elle le même usage de son genre en fonction du média dans
lequel elle s’exprime ? Quel rôle joue le corps dans ces définitions
médiatiques du genre ? Quel est le lien entre l’assignation de genre et
l’expression de normes corporelles ? Quel(s) corps normé(s) trouve-t-on
dans les médias ? Inversement, nous nous intéresserons à la manière dont
on peut trouver un dépassement de ces assignations de genre dans les
médias.

Nous ne souhaitons privilégier aucun type de média ni aucun type de
programme ou de genre journalistique en particulier (information,
publicité, fiction, aussi bien dans la presse écrite, qu’à la télévision,
la radio ou sur Internet). De la même manière, les terrains d’observation
les plus variés seront les bienvenus, qu’il s’agisse du sport, de la
politique, de l’économie ou du spectacle - dans cette perspective, le
comité scientifique regroupe des chercheur-e-s travaillant dans les champs
disciplinaires de la biologie, des STAPS, des SIC ou encore des sciences
politiques.

Notre réflexion s’articulera autour de trois axes principaux.

Axe n°1 : Médias et identités de genre indéfinies

Le premier axe s’attache aux problématiques soulevées par la
représentation médiatique des personnes qui contreviennent aux identités
sexuelles facilement définissables, comme les personnes intersexuées ou
transgenre. Notre questionnement portera notamment sur la figure de Caster
Semenya, championne du monde d’athlétisme en 2009 : en quoi la
représentation médiatique de cette athlète reflète-t-elle un figement des
stéréotypes de genre ? La représentation du genre indéfini est-elle
différente en fonction du type de média ou du locuteur ? Comment cette
représentation s’inscrit-elle dans la polyphonie du discours médiatique ?
L’identité sexuelle de ces personnes est-elle normalisée ou marginalisée
dans les médias ?

Axe n°2 : Le genre du corps dans les médias

Le deuxième axe de notre réflexion se donne pour objet la manière dont le
genre s’appréhende de manière différente en fonction du type de média,
avec pour point d’ancrage le corps. Ce dernier, notion pivot entre sexe et
genre, soulève de nombreuses questions de recherche. L’assignation de
genre dans les médias passe notamment par l’évocation du corps des hommes
et des femmes - de l’expression de la déviance par rapport à une norme
corporelle à l’investissement stratégique et symbolique du corps par les
personnes représentées (hommes et femmes politiques, comiques). On
s’interrogera notamment sur la différence en fonction des médias : la même
personne donne-t-elle une importance et une définition différentes à son
genre en fonction du média dans lequel elle s’exprime ?

Axe n°3 : Médias et rôles de genre « inhabituels »

On s’intéressera, dans un troisième axe, à la représentation médiatique
des personnes (hommes et femmes) n’occupant pas leur place de genre
traditionnelle : femmes dirigeantes, ou exerçant des fonctions
traditionnellement masculines, hommes de ménage, princes consorts, « first
gentlemen »… L’émergence de femmes dans des positions de pouvoir rend de
plus en plus fréquentes les questions sur la place de leur compagnon.
Inversement, les difficultés économiques amènent de plus en plus d’hommes
à exercer des fonctions subalternes traditionnellement exercées par des
femmes ou à se voir privés de travail, élément traditionnellement
constitutif de l’identité masculine. Il s’agit d’examiner dans quelle
mesure les médias parviennent ou non à rendre compte de ces
positionnements inhabituels. Sont-ils soulignés ou occultés ? Valorisés ou
dévalués ?

Informations pratiques :

Les propositions de communications doivent être envoyées à l’adresse mail
suivante : assignation.genre@gmail.com avant le 15 septembre 2011 (date
limite).

La proposition devra comporter : Nom, prénom, coordonnées, université et
laboratoire de rattachement, le titre de la communication ainsi qu’un
résumé (maximum 600 mots).

La proposition doit être rédigée en Times New Roman, taille 12,
interlignage double. Le document aura pour titre le nom de l’auteur.

Réponse aux auteurs le 1er décembre 2011.

Les journées d’étude se dérouleront à Rennes du 14 au 16 mars 2012.

Elles donneront lieu à une publication après avis du comité scientifique.

Une version finale de la communication sera attendue pour le 30 juin 2012.

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