traduction Hervé Maury, La Découverte, 240 p., 23 euros. ISBN : 9782707157119
« Que signifierait, dans la société contemporaine, prendre au sérieux, comme faisant partire-e de notre définition d’une société bonne, les valeurs de care - prévenance, responsabilité, attention éducative, compassion, attention aux besoins des autres - traditionnellement associées aux femmes et traditionnellement exclues de toute considération politique ? ». Telle est la question que pose la théoricienne féministe Joan Tronto dans ce livre majeur, qui a largement contribué à renouveler le champ de la philosophie politique dans le monde anglo-saxon. Le care a été longtemps compris comme une qualité féminine moralement positive. La « moralité des femmes » est même apparue à certains comme une stratégie convaincante pour provoquer le changement politique. Or les femmes sont encore largement exclues du pouvoir.
Pour sortir de cette impasse théorique et politique, affirme Joan Tronto, il faut caesser d’associer le care à la « moralité des femmes » comme le fait encore Carol Gilligan dans Une voix différente. Il s’agit plutôt de présenter une défense politique de l’éthique du care défini comme « une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre « monde » de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible ». Tronto considère qu’à condition de déplacer les frontières entre morale et politique, entre raison et monde des sentiments et entre vie publique et sphère privée, le care peut apparaître comme un concept politique utile, susceptible de nous aider à repenser la coopération démocratique d’êtres qui sont tous fondamentalement vulnérables, comme l’est aussi leur monde
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