Fayard, 358 p., 23 euros. ISBN : 9782213637730
Lucien de Rubempré, Vautrin, Rastignac, la Fille aux yeux d’or, le Cousin Pons, la Cousine Bette… Tous ces personnages illustrent à quel point Balzac, sociologue avant la sociologie, s’est intéressé à la sexualité. Ses romans et ses nouvelles constituent d’extraordinaires analyses des formes sociales de la sexualité et des rapports qu’elles entretiennent avec l’histoire, la loi, l’économie, la politique…
Dans ce livre magistral, Michel Lucey s’appuie sur une étude rigoureuse et fascinante des textes les plus célèbres ou les moins connus pour mettre en évidence la lutte acharnée qui s’y déroule : celle qui oppose les formes légales de la famille bourgeoise en voie de triompher aux formes alternatives ou déviantes de relation qui existent sans être reconnues par les grandes structures institutionnelles – et notamment l’État.
Croisant la critique littéraire avec la sociologie, l’anthropologie, l’histoire et le droit, il renouvelle de fond en comble l’interprétation de l’œuvre balzacienne, tout en soulignant à quel point les lectures psychanalytiques de celle-ci sont normatives et conservatrices. Page après page, Michael Lucey insiste au contraire sur les multiples pratiques culturelles de résistance que les parias ont inventées face à l’ordre social pour pouvoir vivre leurs vies.
Michael Lucey est professeur aux départements de Français (dont il est aussi le directeur) et de Littérature comparée de l’université de Berkeley. Il est l’auteur de Gide’s Bent. Sexuality, Politics, Writing (Oxford University Press, 1995) et de Never Say I. Sexuality and the First Person in Colette, Gide, and Proust (Duke University Press, 2007).