Colloque organisé par Éloïse Bouton, militante féministe
18 juin
9h30 à 12h
Assemblée Nationale
126 rue de l’Université 75007 Paris (salle Colbert)
Présentation :
Le 17 décembre 2014, la militante féministe Éloïse Bouton a été reconnue coupable d’exhibition sexuelle par le Tribunal de grande instance de Paris. Cette ancienne membre de l’association Femen, qui avait mené une action individuelle à la Madeleine en décembre 2013 pour dénoncer les prises de position de dirigeants catholiques dans les débats sur le droit à l’avortement en Espagne, a été condamnée à un mois de prison avec sursis et à verser à l’Eglise 2000euros de dommages et intérêts et 1 500 euros de frais d’avocat, décision dont elle a fait appel.
C’est la première fois depuis quarante-neuf ans qu’une femme est incriminée pour exhibition sexuelle en France. Le dernier cas remonte à décembre 1965 et concerne une jeune fille reconnue coupable d’outrage public à la pudeur pour avoir joué au ping-pong seins nus sur la Croisette à Cannes.
Pourtant, politiques et artistes n’hésitent pas à user de la nudité pour véhiculer différents messages. Au mois d’avril, des élus de Touillon-et- Loutelet dans le Doubs posent dans leur plus simple appareil dans le cadre d’une campagne pour la sécurité routière. En novembre 2012, des militants écologistes se déshabillent pour protester contre la construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, et en juin 2014, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti, en déplacement au Familistère de Guise dans l’Aisne, est accueillie par un groupe d’intermittents nus. Lors de la dernière cérémonie des Molières, le comédien et auteur Sébastien Thierry, totalement dévêtu, interpelle Fleur Pellerin sur le statut des intermittents.
Des féministes ont également recours à ce mode d’action pour revendiquer leurs droits. Les lactivistes organisent des rassemblements torse nu pour défendre le droit à allaiter en public. En 2007, le groupe les Tumultueuses se rendent sans haut de maillot de bain dans les piscines publiques pour réclamer le droit à se baigner comme les hommes et sont interpellées pour exhibition sexuelle. Cependant en Suède, un mouvement similaire nommé Bara Bröst, réussit à obtenir gain de cause.
Enfin, certains artistes contemporains placent la nudité au centre de leurs performances. En 2013, le performeur sud-africain Steven Cohen fait irruption sur le parvis du Trocadéro, le sexe nu enrubanné et tenu en laisse à un coq. La jeune artiste suisse Milo Moiré se promène régulièrement dévêtue dans les rues de Bâle le corps recouvert d’écritures.
Alors en quoi la nudité constitue-t-elle une arme politique ? Pourquoi l’intention non sexuelle de ces acteurs est-elle considérée comme de l’exhibitionnisme ? Peut-on parler de nudité politique ?
Plusieurs intervenants tenteront de répondre à ces questions :
Éloïse Bouton, militante féministe et journaliste indépendante
Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherche au CNRS, ancienne déléguée interministérielle aux droits des femmes et ancienne députée européenne.
Tewfik Bouzenoune, avocat à la Cour
Rachel Mulot, membre de La Barbe, groupe d’action féministe
Philippe Colomb, membre de la Vélorution et organisateur de la manifestation cyclo-nudiste de Paris
Déborah De Robertis, artiste et performeuse
Inscription obligatoire avec nom, prénom, date et lieu de naissance :
colloquenudite@gmail.com