Atelier dans le cadre du Congrès 2013 de l’AFSP
Paris, 9-13 juillet
organisé par
Mathilde Darley, CNRS-Centre Marc Bloch
Gwénaëlle Mainsant, IRIS-EHESS
Présentation :
Cette section thématique s’intéresse à la régulation étatique des déviances envisagée au prisme du genre. Elle s’inscrit au carrefour de trois champs de recherche féconds dans la science politique française, mais dont les avancées ont été peu mises en perspective : le contrôle des déviances, l’ethnographie de l’Etat et l’action publique appréhendée dans sa dimension genrée. Il s’agira ici d’éclairer, à partir d’observations ethnographiques, la manière dont le genre travaille les interactions entre les street level bureaucrats et leurs publics. En renseignant les pratiques d’ordonnancement et de qualification des populations contrôlées (Lipsky, 1980 ; Dubois, 1999 ; Weller, 1999 ; Spire, 2008 ; Serre, 2009), ces interactions mettent en effet au jour les mécanismes par lesquels certaines personnes ou groupes en viennent à être qualifiés (ou se qualifier) de « déviants » (Darley et al., 2010).
Si elle s’inscrit dans la lignée des travaux cherchant à appréhender « par le bas » la fabrique étatique de l’ordre social, cette section invite à penser la relative gender blindness des analyses portant sur le contrôle des déviances. La perspective de genre est certes venue ces dernières années enrichir les questionnements de nombreux travaux francophones sur l’action publique, mais ces derniers ont principalement porté sur les politiques publiques directement conçues pour produire des effets sur les rapports sociaux de sexe, par exemple en matière de parité homme/femme (Lépinard, 2007 ; Bereni, Revillard, 2007), de lutte contre les violences faites aux femmes (Lieber, 2008), ou encore de conditions d’accès au marché de l’emploi (Laufer et al., 2003). Si cette sociologie de l’action publique pose ainsi la question de ce que l’Etat fait au genre, elle laisse généralement dans l’ombre ce que le genre fait à l’Etat.
Dans le champ particulier des recherches sur les déviances, différents auteurs ont mis au jour la dimension genrée du contrôle, et notamment le traitement différencié des déviances féminines (Parent, 1998 ; Cardi, 2007 ; Cardi, Pruvost, 2011). Le caractère sexué des pratiques de contrôle reste malgré tout peu étudié - ainsi, le fait que le travail policier consiste en un « contrôle des hommes par les hommes » demeure toujours un impensé de la sociologie de la police.
Les propositions de communication (1500 signes) viseront donc, à partir d’observations ethnographiques des interactions entre agents institutionnels et populations cibles, à élargir la focale d’analyse à la dimension genrée non seulement de la déviance elle-même, mais aussi des acteurs de son contrôle (voir Malochet, 2007 ; Mainsant, 2008). Ce faisant, il s’agira de renseigner ce que le genre fait aux représentations et aux formes d’exercice et/ou de contournement du contrôle, et de questionner ainsi l’existence de modalités sexuées du contrôle des déviances.
Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre
Contact :
mathilde.darley@cmb.hu-berlin.de
gwenaelle.mainsant@ens.fr