Colloque international
15 et 16 mai 2014
Université libre de Bruxelles
Organisé par l’Atelier Genre(s) et Sexualité(s) et SAGES, avec la collaboration du Centre Interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité (CIERL).
Responsables :
Valérie Piette, Sages, Faculté de Philosophie et Lettres, vpiette@ulb.ac.be
David Paternotte, Atelier Genre(s) et Sexualité(s), Faculté des sciences sociales et politiques, david.paternotte@ulb.ac.be
Argumentaire :
Au cours des derniers mois, les mobilisations françaises contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux unions de même sexe ont défrayé la chronique, tant en France qu’à l’étranger. Celles-ci ont révélé l’existence d’un mouvement sans précédent, dont l’agenda dépasse largement le cadre de la loi adoptée en 2013. En effet, ces opposants ne refusent pas seulement le droit de se marier ou de devenir parents aux couples homosexuels, mais dénoncent aussi ce qu’ils appellent l’« idéologie » ou la « théorie du gender ». Selon eux, cette « idéologie/théorie », qui nierait l’altérité sexuelle et refuserait de penser les relations entre hommes et femmes sur le mode de la complémentarité, constituerait une dangereuse menace pour l’humanité. Pour cette raison, la Manif pour tous et les autres groupes appartenant à cette mouvance ont élargi leur champ d’action et se mobilisent par exemple contre l’enseignement du genre dans les écoles ou à l’université.
Si l’opposition à l’« idéologie/théorie du gender » a pris des allures spectaculaires dans l’Hexagone, on la retrouve aujourd’hui dans un grand nombre de pays. Prenant des formes diverses selon les contextes nationaux, elle se manifeste aussi au sein d’institutions internationales telles que l’Union européenne ou l’ONU (une institution particulièrement décriée par ces acteurs depuis la conférence de Bejing). À partir d’une relecture d’auteurs tels que Judith Butler, John Money ou Robert Stoller, l’« idéologie/théorie du gender » offre un cadre analytique permettant de dénoncer les détournements de langage auxquels se livreraient indistinctement théoricien-ne-s du genre, militant-e-s féministes et activistes LGBT et d’embrasser ces trois ennemis de manière simultanée. L’« idéologie/théorie du gender » constitue ainsi un outil puissant de contre-offensive idéologique et un instrument de lutte contre les avancées en termes de droits.
Ce discours est particulièrement présent au sein de l’Église catholique qui, des communautés locales aux plus hautes instances de la hiérarchie vaticane, dénonce avec chaque fois plus de véhémence les méfaits supposés du « gender ». Comme en témoigne le Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques élaboré par le Conseil pontifical de la famille en étroite collaboration avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (2003), le genre constitue en effet un sujet de croissante préoccupation pour les autorités de l’Église, qui veulent s’opposer avec urgence aux progrès des études de genre, des combats féministes et des luttes homosexuelles. D’ailleurs, depuis Jean-Paul II, le Vatican a joué un rôle clé dans l’élaboration et la diffusion du discours sur l’« idéologie/théorie du gender », qui se retrouve aujourd’hui aux quatre coins de la planète.
S’inscrivant dans les engagements de l’Université libre de Bruxelles depuis sa fondation en 1834, ce colloque international souhaite mieux comprendre ce discours et la manière dont il se diffuse. Résolument pluridisciplinaire, il poursuit quatre objectifs :
1. Étudier la genèse et les fondements du discours sur l’« idéologie/théorie du gender », ainsi que les différents domaines dans lesquels il se manifeste ;
2. Retracer les canaux et les mécanismes de diffusion de ce discours ainsi que les stratégies dans lesquelles il s’inscrit, dans un contexte tant national que supra ou transnational ;
3. Explorer les conditions dans lesquelles ce discours fonctionne et les raisons de son succès dans certaines sociétés ou institutions internationales ;
4. Étudier les alliances et les transferts entre religions.
Plusieurs keynote speakers ont confirmé leur présence :
Daniel Borrillo (Université Paris X), Mary Anne Case (University of Chicago), Éric Fassin (Université Paris VIII), Camille Robcis (Cornell University) et Mieke Verloo (Radboud Universiteit Nijmegen).
Le colloque se tiendra en français et en anglais sans traduction.
Les propositions de communication (maximum 300 mots), en français ou en anglais, doivent s’inscrire dans un de ces quatre axes. Elles doivent être envoyées pour le 1er novembre 2013 à l’adresse ideologiedugender@gmail.com. Une réponse sera communiquée dans le courant du mois de décembre. Dans la mesure des moyens récoltés, les organisateurs contribueront aux frais de voyage et de séjour.