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Appel à contributions

Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires en Europe (1968-2005)

Avant le 15 septembre - Lyon


Date de mise en ligne : [03-08-2009]




Colloque international de clôture du projet ANR « Genrebellion »
UMR IRICE et TRIANGLE

Lieu ENS-LSH Lyon

3-4 juin 2010

Présentation :

Relancés par les événements de l’automne 2005 en France, les travaux scientifiques sur les épisodes de rébellions urbaines ont centré leur attention sur le moment émeutier en tant que tel. Si certaines études s’attachent à saisir les logiques plurielles qui interagissent durant les séquences de confrontation entre groupes de jeunes et forces de l’ordre, d’autres ont plutôt éclairé la construction médiatique et politique des représentations de l’événement. Une troisième série de recherches a contribué à élargir la focale d’analyse, en questionnant à la fois les causes sociales des comportements émeutiers et les effets des formes prises par l’action publique dans les quartiers populaires.

En inscrivant la réflexion dans une perspective temporelle plus longue, ouverte au moins depuis 1968, en adoptant une approche comparée (à la fois dans le temps et dans l’espace), l’objectif de ce colloque est de comprendre les rébellions urbaines en les confrontant à d’autres dynamiques d’engagements et de mobilisations et en restituant la diversité des trajectoires des acteurs et des actrices engagés. Dans des configurations historiques, locales et nationales spécifiques, nous chercherons à voir comment des acteurs individuels et collectifs se construisent dans la durée de façon différenciée, mobilisant certaines modalités d’action, certaines références symboliques, certains vecteurs d’identification tels que le genre, l’origine nationale ou la référence à la classe sociale. Désenclaver les épisodes émeutiers pour mieux saisir la façon dont ils s’inscrivent dans un ensemble de pratiques et de discours permet de revenir sur le sens qu’ils revêtent pour les acteurs à un moment donné de leur trajectoire individuelle et collective.

Trois axes d’étude seront privilégiés :

1. Rébellions et mobilisations

Nous souhaiterions avoir des communications sur l’articulation entre les phénomènes de rébellion et de mobilisation ou, autrement dit, entre violence illégitime et organisation légitime. Il s’agit d’interroger l’opposition entre le domaine de l’« infra-politique » et ce qui relève de l’action faisant sens pour les organisations collectives (associations, syndicats, etc.).

On s’intéressera ainsi particulièrement aux études portant sur :

. les trajectoires d’émeutiers et, à l’inverse, de militant-e-s organisés adoptant des modes d’action considérés comme illégitimes ;

. les associations créées dans le sillage d’événements émeutiers ;

. les processus de construction du discours subalterne, dans sa dimension individuelle et collective, spatiale et événementielle ;

. les relations qui peuvent exister entre le monde de la « délinquance » et l’espace des mobilisations, non pour mystifier une improbable vertu politique attribuée aux actes délictueux, ou pour criminaliser les mobilisations dans les quartiers populaires, mais pour réfléchir aux formes de transfert d’un espace à un autre ;

. de même, nous interrogerons ce qui se joue dans d’autres espaces sociaux, comme celui du travail. Il s’agit, bien sûr, de questionner les formes de transmission, d’occultation et de méconnaissance du vécu ouvrier des « pères » et de leurs éventuels engagements dans des syndicats, mais aussi d’actualiser l’analyse de ce rapport au monde du travail. Une entrée pertinente peut être celle des mobilisations de salariés précaires, et particulièrement des jeunes, dont une grande part – en raison même du cumul des formes de discrimination – sont issus de familles immigrées. Les dynamiques d’engagement et de lutte qui se tissent à partir d’expériences communes à la condition de précaire sont porteuses d’un renouveau dans le rapport à l’action collective sur le lieu de travail et dans le rapport critique aux syndicats.

2. Quelles issues pour le politique ?

. Après les émeutes urbaines de novembre 2005 en France, un mouvement massif d’inscription sur les listes électorales a été enregistré : concentré dans les zones touchées par les émeutes, il s’est ensuite étendu à l’ensemble du territoire et s’est traduit par un sursaut de participation électorale lors de l’élection présidentielle de 2007. Toutefois, la forte mobilisation électorale qu’ont alors connue les quartiers populaires n’a pas perduré lors des élections législatives et municipales qui ont suivi. Comment comprendre le lien entre des pratiques émeutières non-conventionnelles et des formes de participation politique plus classiques ?

Cette question pourra être abordée dans une perspective écologique s’intéressant aux corrélations et aux transferts observables au niveau d’un territoire donné, entre épisodes émeutiers d’une part, et inscription et participation électorale de l’autre. Elle pourra également être abordée en suivant des trajectoires individuelles, afin d’analyser si, et si oui comment, l’expérience émeutière constitue un moment de politisation, et comment celle-ci est réinvestie dans des formes de participation politique conventionnelles.

. Nous souhaitons également faire le point sur les réponses des politiques aux épisodes de rébellions urbaines. Sur ce point de nombreuses publications existent déjà. Nous privilégierons ici les études sur les politiques municipales et régionales dans l’interaction avec les politiques nationales dans un souci d’histoire comparée du devenir de l’événement.

3. Genre et mobilisation

Deux aspects seront mis en avant :

. Le premier vise à mettre en évidence la sexuation des mouvements sociaux et particulièrement la division sexuée du travail militant au sein des organisations. Il s’agira de montrer comment hommes et femmes se répartissent dans les différentes tâches liées au militantisme, dans quelle mesure les femmes sont assignées à des tâches « féminines » et les hommes à des tâches « masculines ». Une attention particulière pourra être portée à la place des stéréotypes de sexe à l’intérieur des mouvements, à leur renforcement ou, au contraire, à leur fléchissement. Les mouvements connaissant une faible mixité sexuelle ou pas de mixité du tout pourront également être interrogés sous l’angle des modes intra-sexe d’organisation des activités « féminines » et « masculines ».

. Le second s’intéresse aux trajectoires féminines militantes. Le fait pour des femmes de s’engager sur la scène politique reste difficile à plus d’un titre : aux résistances très nettes à les admettre dans cette sphère, s’ajoute une éventuelle conflictualité psychique. A quelles conditions des femmes peuvent-elles se construire comme d’authentiques sujets politiques ? Il s’agira de comprendre les processus sociaux et familiaux, ainsi que les modes de subjectivation qui ont conduit certaines femmes à investir la sphère militante.

Le colloque s’inscrit dans une perspective pluridisciplinaire (histoire, sociologie, anthropologie, science politique, psychologie sociale). Les communications reposant sur des sources originales (archives, entretiens, observations, etc.) et explicitant de façon précise leur protocole d’enquête seront particulièrement appréciées, comme celles portant sur différents espaces nationaux en Europe.

Les langues de travail seront le français et l’anglais.

Les propositions de communication, de 2000 signes maximum, sont à envoyer avant le 15 septembre 2009 à l’adresse suivante :

colloque.genrebellion@gmail.com.

Merci de préciser votre adresse électronique ainsi que l’institution de rattachement. Les réponses seront communiquées fin octobre.

Pour plus d’information, voir les sites web http://triangle.ens-lsh.fr et http://irice.univ-paris1.fr

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