n°19, 2012, 296 p. I.S.B.N. 9782365833875
L’ensemble des contributions qui composent ce dossier met en évidence
le rôle de deux révolutions amoureuses successives.
D’abord, après une très longue période durant laquelle priorité été
donnée à la conjugalité, aux dépens du sentiment et du plaisir, par
les moralistes ecclésiastiques ou laïcs, l’époque moderne voit
s’affirmer la revendication d’un sentiment partagé, y compris dans le
mariage. Ainsi, Hélène Duccini montre-t-elle en quoi la peinture de
Watteau et le théâtre de Marivaux, dont elle souligne les liens
étroits, donnent à un nouveau sentiment un nouveau langage, qui se
démocratise grâce à la circulation des gravures et au succès du
dramaturge-feuilletoniste.
Puis, au XXe siècle, le droit au plaisir prend son essor et culmine
lors de la révolution sexuelle des années 1960-1970, où il semble même
disqualifier toute sentimentalité (jugée démodée) ainsi que le mariage
en tant qu’institution. Toutefois, s’impose très vite un semblant de
postmodernité amoureuse, pendant du culte contemporain de la
performance lié à l’autonomisation de l’individu, qui enjoint tout un
chacun à s’accomplir en (ré)conciliant sentiment, conjugalité et
sexualité.