Colloque international organisé par le musée des Beaux-Arts de Lyon et l’INHA
Vendredi 26 juin 2009
A partir de 10h30
Auditorium Henri Focillon
20, place des Terreaux
Palais Saint-Pierre
69001 Lyon
Présentation :
Alors que les études sur les artistes femmes des XVIIIe et XIXe siècles se multiplient depuis les travaux pionniers de Linda Nochlin au début des années soixante-dix, et que l’exposition consacrée à Juliette Récamier présente ces recherches sur la représentation des femmes et sur les femmes commanditaires, il existe encore plusieurs champs méconnus qui relèvent de l’art et de l’histoire des femmes. Parmi ceux-ci, et à la suite d’un article fondateur de Vivian Cameron (« Two 18th Century French Art Critics », Women’s Art Journal, 1985), il est prévu d’étudier les discours sur l’art, qui furent portés et énoncés par les femmes de lettres (écrivains, chroniqueuses, compilatrices, journalistes) et les artistes femmes (auteurs de mémoires ou de souvenirs) de 1750 à 1850.
Si la production littéraire de Félicité de Genlis, de Germaine de Staël et d’Élisabeth Vigée-Lebrun s’imposent dans cette recherche, un corpus de textes moins connus, mais présentant un intérêt quant aux formes, aux supports et aux objets, a progressivement vu le jour. Les dictionnaires de femmes célèbres, à l’instar de celui que Fortunée Briquet fit paraître en 1804, contiennent des notices sur des artistes, tandis que la presse féminine du Journal des Dames (1759-1856) au Musée des familles, lectures du soir (1833-1900) fit paraître des articles écrits par des journalistes femmes, comme Alida de Savignac qui fit à plusieurs reprises la chronique du Salon de Paris.
L’interrogation du discours sur l’art, du point de vue du genre, s’impose également parce qu’il identifie plusieurs cas de travestissements des auteurs. Ainsi, Jacques-Albin-Simon Colin de Plancy signa sonAnnée des Dames (1820) sous le pseudonyme de Madame Gabrielle de P***. De même, l’asexuation de certaines signatures via la seule présence de l’initiale du prénom (A. Seudre) ou la masculinisation des noms, telle George Sand, exigent des historiens de l’art qu’ils prennent en compte la dimension de genre dans l’élaboration et la diffusion des idées sur l’art.
Il nous a paru opportun d’organiser ce colloque au moment où le musée des Beaux-Arts de Lyon consacre une exposition à une femme ayant œuvré au carrefour des arts et de la littérature de 1800, et d’autant que l’Institut national d’histoire de l’art vient de mettre en ligne le Dictionnaire critique des historiens de l’art actifs en France de la Révolution à la Première Guerre mondiale conçu et dirigé par Claire Barbillon et Philippe Sénéchal. Cet ouvrage, désormais incontournable pour comprendre l’émergence de la discipline au XIXe siècle, présente pourtant la particularité d’avoir retenu seulement les noms de deux femmes : Jane-Henriette Dieulafoy et Emilia-Francis Dilke, parmi les quatre cents individus reconnus comme historiens de l’art. Les voix des femmes dans la littérature artistique restent donc à découvrir.
La constitution d’une bibliographie des textes sur l’art, écrits par des femmes au XIXe siècle, et les communications du colloque permettront d’entamer une réflexion collective sur les spécificités du discours esthétique des femmes autour de 1800.
Programme :
> Noémie Etienne, université de Genève
Restaurer et conserver les tableaux du Roi (1740-1775) : écrits et pratiques de la Veuve Godefroid
> Mary Sheriff, North Carolina Univeristy, Chapel Hill
Portrait de l’artiste en historienne de l’art : Sur les Souvenirs de Madame Vigée-Lebrun
> David Blankenstein et alii, Technische Universität, Berlin
"Seul un esprit raffaelien peut écrire sur Raphaël" : La Berlinoise Helmina von Chézy journaliste et historienne de l’art ( ?) à Paris sous l’Empire
Déjeuner
> Susan Siegfried, University of Michigan, Ann Arbor
Expression d’une subjectivité féminine dans les journaux pour "femmes", 1800-1820
> Heather Jensen, Brigham Young University
Quand la muse parle : Julie Candeille sur l’art de Girodet
> Sarah Betzer, University of Virginia
Marie d’Agoult : critique d’art ingriste
> France Nerlich, université de Tours
Therese von Haza, alias Heinrich Paris. De la critique d’art comme critique sociale
Réservation au 04 72 10 17 52
resa-adultes-mbal@mairie-lyon.fr