Colloque International organisé par le Laboratoire des Etudes Pluridisciplinaires
Comité d’organisation :
Mustapha Bencheikh – Soumaya Belhabib – Mourad Mkinsi –Ahmed Alami – Mohamed El Himer- Mohamed Zerrou.
28-29 Avril 2009
Université Ibn Tofail
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
Kénitra, Maroc
Présentation :
Le concept de ‘gender’ (genre) apparaît dans le monde anglo-saxon dans les années soixante dix. Il permet d’introduire la dimension sociale et culturelle de la différence des sexes jusque là réduite à une différence purement biologique, longtemps mise au service des hommes. Les revendications féministes vont ouvrir une brèche dans cette citadelle imprenable et inviter à repenser le rapport au pouvoir pour une société plus harmonieuse et plus juste. Une nouvelle vision du partage des pouvoirs vient supplanter des certitudes trop souvent incontestées et la sociologie, la philosophie, la littérature, la linguistique vont contribuer à modifier notre regard sur l’autre moitié du ciel.
Quatre axes vont nous aider à mieux circonscrire cette thématique plurielle « genre, pouvoir et société » qui traverse notre modernité et interpelle nos consciences.
1. Le genre dans sa dimension politique et religieuse :
Dans l’histoire de l’humanité, il y a toujours eu des hommes et des femmes de pouvoir. Plus récemment, que ce soit au sein de notre société ou au sein des sociétés occidentales ou américaines, la question du rapport entre genre et pouvoir semble être mise au devant de la scène politique. De plus en plus de femmes arrivent à conquérir le champ politique réservé jusqu’alors aux hommes ; les dernières élections en Allemagne, en France, ainsi que la question actuelle de la nomination de femmes aux postes clés de l’administration du président élu Barack Obama aux Etats-Unis, le prouvent. Le monde musulman à son tour n’a pas échappé à ce mouvement. Depuis au moins une décennie, nous assistons à une conquête lente mais sûre de la femme du champ politique dans plusieurs pays musulmans. Le cas le plus remarquable est la conquête du champ religieux, traditionnellement réservé aux hommes, par les femmes. Non seulement des jeunes femmes deviennent guides religieuses mettant fin à une domination masculine séculaire, mais aussi commencent à revendiquer le droit de diriger la prière. Ce mouvement ne semble pas passager et ne donne pas l’impression de s’inscrire dans un phénomène de mode. S’il ne cesse d’être menacé dans son existence même, il n’en demeure pas moins que plusieurs signes attestent de son enracinement dans nos sociétés. Comment s’est opérée cette « révolution silencieuse » ? Quelles en sont les raisons ? Est-ce la globalisation qui a rendu toutes les valeurs universelles ? Est-ce l’industrialisation progressive de la société qui a fait sauter les verrous traditionnels ? Ou bien est-ce les valeurs de la modernité qui ont imposé de nouvelles distributions des valeurs qui respectent les droits des uns et des autres ? Il s’agira de réfléchir sur les raisons philosophiques de la parité.
2. Le genre et la littérature
Le champ littéraire propose une large palette de portraits de femmes et d’hommes en perpétuel questionnement face au pouvoir. Comment un écrivain femme représente-t-il le masculin ? Et comment un écrivain homme représente-t-il le féminin ? Y a-t-il une vision masculine chez les écrivains femmes ? Est –ce une autre manière de s’approprier le pouvoir patriarcal tant dénigré par les féministes ? Qu’en est il de l’écriture dite féminine ? Est-elle prise de pouvoir ou simples paroles féminines ? Autant de questions qui se posent à nos sociétés et qui exigent des réponses.
3. Le genre et la société
Quand au volet social, la notion de pouvoir est encore plus présente. Comment, de nos jours, les fractures sociales, culturelles, économiques et politiques construisent, changent et limitent le champ du pouvoir et du contre pouvoir au sein de différentes institutions, qu’elles soient d’ordre privé ou public, comme la famille, l’entreprise, la fonction publique, l’université ou encore la mosquée. Les nombreuses mutations sociales et les nouvelles valeurs de la modernité ont créé de nouveaux besoins et de nouvelles fonctions pour les femmes (agents de circulation, agents de sécurité, guides religieuses, etc.). De ce fait, la quête pour le pouvoir est au cœur même des rapports hommes femmes. Alors que les femmes tentent d’obtenir plus d’équité, les hommes ont du mal à renoncer à leurs privilèges et à leur statut millénaire de dominant.
4. Le genre et la langue
La dimension linguistique, souvent ignorée ou négligée, est d’une importance capitale dans la compréhension de l’image de la femme que véhicule la langue et du statut que lui octroie la société. L’organisation interne du langage présente des inadéquations très révélatrices de la conception qu’ont les usagers de la langue de la différenciation genre/sexe. Il s’agira d’examiner comment, historiquement, le rapport de pouvoir homme/femme a été traduit par une conception idéologique et cognitive qui se manifeste à travers l’organisation linguistique et notamment dans la formation du genre grammatical. Cet axe vise à (i) développer une réflexion sur l’organisation structurelle interne des langues en tenant compte des connotations sémantiques, des stéréotypes et des représentations symboliques mentales des locuteurs et (ii) évaluer l’impact des mouvements féministes sur l’aspect sexiste des formes verbales pour aspirer à un fonctionnement du langage « plus équilibré ».
Propositions de domaines de recherche :
. Du féminisme au genre ou la féminisation de la politique.
. Genre et mouvements sociaux.
. Genre et réformes (nouveau code de la famille, code de la nationalité, le champ religieux au Maroc).
. Genre et rituels sociaux.
. Prémices philosophiques de la notion de genre.
. Critique littéraire et genre.
. Représentation du pouvoir dans la littérature féminine.
. De ‘women studies’ à ‘men studies’.
. Genre, pouvoir et/ou contre pouvoir dans les institutions.
. Hommes et femmes de pouvoir dans l’Histoire.
. Idéologie et masculinité.
. Genre et pratiques langagières.
Les propositions de communication (300 mots environ) ainsi qu’une brève bio-bibliographie doivent parvenir avant le 25 février 2009 à Mustapha BENCHEIKH (labe.must@hotmail.com) ou à Soumaya BELHABIB (soumayabelhabib@hotmail.com).
Les confirmations des communications retenues et les invitations officielles seront adressées aux participants avant le 15 mars 2009
Le programme définitif ainsi que les modalités de prise en charge (hébergement, restauration) seront portés à la connaissance des participants avant le 05 avril 2009.