Journées d’étude du séminaire intersites « Lectures du genre dans les productions culturelles espagnoles et hispano-américaines »
Université de Tours : 14 février 2014
Université Toulouse 2 : 27-28 mars 2014
Comité d’organisation :
Laurence Mullaly
Michèle Soriano
Mónica Zapata
Argumentaire :
La diversité des expériences et des lectures du désir, prônées depuis les premiers mouvements militants jusqu’au cyberféminisme post-pornographique actuel, a évolué en même temps que les sociétés qui les façonnent au moyen de technologies renouvelées, accessibles et multiples. Ainsi, la troisième vague féministe, au-delà de courants spécifiques et parfois très distincts se caractérise par l’appropriation et le détournement des études postcoloniales, culturelles, et subalternes : Blackfeminism, Queer studies, Teorías trashumantes (Femenías, 2011). Le féminisme a étendu ses champs d’action et de réflexion aux différences entre les femmes, en tenant compte des coordonnées sociales, « raciales », religieuses, ethniques, et aussi des pratiques sexuelles qui fondent les politiques identitaires, les luttes et les engagements. Les passerelles et les déplacements qu’impliquent de tels positionnements vont pas sans mal/ mâle ? car les autorités, les canons, les catégories et les limites, en particulier celles du langage, des représentations et des disciplines s’en trouvent potentiellement bouleversés.
La question des sexualités traverse les œuvres et les théories : le sexe est politique (Fassin 2009). Il s’agirait par conséquent d’aborder ce mouvement incessant qui fonde nos subjectivités : « un sujet construit dans le genre bien sûr, pas seulement par la différence sexuelle, mais plutôt à travers les langages et les représentations culturelles ; un sujet en-genré dans l’expérience de la race, de la classe et des relations sexuelles ; un sujet, par conséquent, qui n’est pas unifié mais plutôt multiple, et non tant divisé que contradictoire » (Lauretis, 2007, 40). L’œuvre de Teresa De Lauretis : Alicia doesn’t, Feminism, Semiotics, Cine (1984) - traduit en espagnol par Alicia ya no, Feminismo, Semiótica, Cine en 1992 -, et Théorie queer et cultures populaires de Foucault à Cronenberg , 2007) et celle de Beatriz Preciado (Manifeste contra-sexuel, 2010 ; Testo Junkie, Sexe, drogue et biopolitique, 2008) nous invitent — entre autres bien évidemment — à envisager autrement les désirs et les sexualités, à en déborder les limites. Leurs lectures des désirs et leurs réflexions sur les technologies du sexe y sont envisagées à partir de leurs expériences et de leur engagement. Partant de leurs textes et de leurs performances (pour B. Preciado), nous souhaiterions entamer un dialogue et une réflexion sur l’engagement dans la représentation de la sexualité et du désir, ainsi que sur la représentation de la sexualité en tant qu’engagement.
Les productions cinématographiques et audiovisuelles contemporaines sont autant de manifestations complexes des engagements et négociations qui dessinent les politiques du sexe, mettant en scène et en partage notre capacité à dépasser, déjouer, détourner les assignations liées à une différenciation sexuelle toujours en vigueur. Alors que cette dernière maintient un ordre biopolitique oppressif, dont l’emprise contamine tous les circuits de nos sociétés, la mise en évidence de la dimension épistémopolitique des savoirs (un des acquis majeurs des études féministes) est prise en charge en grande partie par les interventions culturelles qu’il nous importe d’explorer.
Depuis sa création, en 2005, le séminaire intersites « Lectures du genre » a accueilli de nombreuses réflexions sur le cinéma et les productions audio-visuelles. Il a organisé en mai 2010, en partenariat avec Bordeaux 3, une Journée d’Étude intitulée « Imagerie du genre » qui a donné lieu a une publication dans la revue Lectures du genre No 8 – octobre 2011. Les questionnements qui ont animé le séminaire se sont poursuivis dans le cadre du colloque « De cierta manera : identités plurielles et normes de genre dans les cinémas latino-américains », organisé en mars 2012 par les universités Toulouse 2 et Bordeaux 3, en partenariat avec le Festival Cinelatino – 24es Rencontres de Toulouse (ARCALT). En 2013, les Journées du séminaire intersites ont été consacrées à l’exploration du genre et du glamour dans la culture pop – cinéma, musique, show TV, média – ; celle de Tours (mai 2013) fut organisée en outre dans le cadre d’un partenariat entre l’université de Tours et du Festival Désir, désirs. En mars 2013, en partenariat avec Cinelatino – 25es Rencontres de Toulouse, un Atelier « Cinéma, genre et politique » a été organisé à l’Université Toulouse 2 autour des films La sirga de William Vega (Colombie) et Joven y alocada de Marialy Rivas (Chili).
En 2014 nous vous invitons à poursuivre ces réflexions et ces partenariats stimulants en privilégiant les représentations cinématographiques et audio-visuelles – y compris leur retranscription discursive – des corps et des sexualités, en collaboration avec la 21e Edition du festival Désir, désirs de Tours et avec le festival Cinelatino – 26es Rencontres de Toulouse.
Nous souhaitons explorer les pratiques cinématographiques actuelles, latino-américaines et espagnoles, et en dialogue avec celles d’autres aires culturelles – à la lumière des théories des vingt dernières années. Ces dernières complexifient, relisent, réactualisent et déconstruisent les textes, pratiques et performances des années 70, qui ont tracé les voies de la pensée du genre actuelle.
La durée des communications sera de trente minutes, comprenant le temps de projection de séquence(s).
Propositions de communication :
Merci d’indiquer sur la proposition de communication :
le nom de l’auteur.e ;
son courriel ;
l’institution à laquelle il.elle est rattaché.e ;
un titre et un résumé d’une dizaine de lignes ;
et de l’adresser, avant le 1er décembre 2013, aux trois adresses suivantes :
L. Mullaly : lmullaly99@gmail.com
M. Soriano : soriano.michele@yahoo.fr
M. Zapata : monica.zapata@univ-tours.fr