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Journée Gradiva

Les créations des femmes et les créations des hommes ou comment repenser les identités à la lumière des créations

25 janvier - Paris


Date de mise en ligne : [16-01-2014]



Mots-clés : masculin


Samedi 25 janvier 2014

Institut d’Études ibériques et Latino-américaines
Salle Delpy (rez-de-chaussée)
31 rue Gay-Lussac, 75005 Paris
9h-18h

Présentation :

La thématique que nous avons choisie pour cette rencontre qui ouvrira l’année 2014 est à la fois familière à nos pratiques les plus anciennes et nouvelle par le projet d’envisager le masculin, la masculinité ou les masculinités après tant années consacrées à l’étude des créations féminines. Nous faisons entièrement confiance à l’inspiration de Gradiva et à la volonté participative de ses amis pour proposer un état des lieux, sans doute provisoire, sur la question du masculin dans les créations à travers nos expériences de lecteurs, de praticiens de l’analyse des textes, d’enseignants de littérature ou de cinéma ou de BD (entre autres), d’écrivains, de dramaturges etc., mais aussi sur la question des relations entre les créations des hommes et celles des femmes si tant est que la littérature et les Arts soient des lieux où se jouent les rapports de sexes et les différences sexuelles ; nous pouvons en effet imaginer que dans le processus de création ces différences s’annulent ou se transcendent.
Les œuvres pensent, repensent et donnent à penser : bien souvent, elles abritent un substrat philosophique et théorique dont elles se nourrissent explicitement. Les exemples ne manquent pas et les nourritures théoriques abondantes (sur l’identité, sur le soi et l’autre, sur identité et étrangeté, sur poétique et politique de la différence, sur le sujet nomade, sur l’hospitalité, sur l’ouverture à l’étranger, sur la créolisation, sur la poétique de l’expérience comme contrepoint à l’essentialisme) finissent par organiser autour des œuvres un concert idéologique qui brouille ce que les créations peuvent aussi apporter d’original à leur tour. Car les créations sont bien souvent l’imprévu des systèmes de pensée organisés en philosophies. Les œuvres, nous en faisons journellement l’expérience, sont sous l’influence de courants théoriques multiples, mais elles sont également susceptibles de générer de la pensée, de suggérer même des théories qui échappent à la fois au contrôle de la conscience écrivante et à l’influence des systèmes philosophiques élaborés depuis 40 ans dans le sillage des féminismes essentialistes et constructivistes et des théories déconstructionnistes qui alimentent tant de débats sur les identités sexuelles, biologiques et genrées. À côté de ces systèmes théoriques qui se succèdent, s’accumulent et nous éblouissent (Kristeva, Butler, Derrida, Cixous, Braidotti, Glissant, Irigaray, Fouque, Leclerc, Muraro, Huston...) les créations littéraires et artistiques produisent aussi de la pensée innovante et participent de façon sans doute plus souterraine à la construction d’identités masculines et féminines plurielles, atypiques, surprenantes, débordant et pulvérisant même toutes les frontières, tous les stéréotypes et tous les tabous. À la lumière des créations, de nouvelles féminités mais également de nouvelles masculinités sont proposées à notre admiration et à notre méditation.
Longtemps l’identité masculine sembla ne pas poser problème ; tandis que les femmes dérangeaient sans cesse la société par leurs revendications, leurs demandes de reconnaissance comme citoyennes à part entière, sur tous les plans de la vie personnelle, familiale, collective et politique, faisant bouger les canons, mettant à mal les stéréotypes, revendiquant l’égalité avec les hommes, cette identité masculine allait, pour ainsi dire, de soi, elle paraissait en adéquation avec elle-même, avec le système patriarcal logophallocentré et avec une domination masculine tellement généralisée et habituelle que l’on finissait par la trouver normale ou par ne plus l’apercevoir. Parallèlement pourtant nos littératures témoignent depuis toujours d’une masculinité infiniment plus subtile et captivante, qui déroge au modèle de l’homme roi et puissant, qui dérange et qui subvertit les canons au moins autant que les luttes féministes et que les écritures ou les autres créations des femmes. Aujourd’hui la question des masculinités, au moins dans les pays occidentaux dits « démocratiques » et « évolués », paraît réglée au profit d’un modèle masculin considérablement adouci et féminisé, celui de l’homme sensible, bon compagnon se prêtant à accomplir les tâches ménagères et à s’occuper des enfants et même des bébés : les papas montent sur les grues des chantiers ou sur les tours et les dômes des églises pour réclamer le droit de garde de leurs enfants et la résidence alternée, attitudes et revendications apparemment « féminisées » qui n’empêchent pas une différence inégalitaire, profondément injuste, dans la représentativité citoyenne et politique entre les hommes et les femmes, le « backlash », la montée en puissance de nouveaux masculinismes très inquiétants, les violences commises contre les femmes dans tous les foyers par les compagnons ou les conjoints, et dans tous les pays par le phallocratisme.
Gradiva se propose donc cette année d’éclairer les mutations des identités sexuelles et genrées à travers l’étude d’œuvres de création (littérature, cinéma, BD ou autres formes artistiques) riches d’un potentiel théorique, à valeur éthique et politique, souvent inexploité. Ce programme est une première partie de nos expériences du masculin, de la masculinité et des masculinités à l’œuvre dans les œuvres de création, œuvres d’hommes ou de femmes mettant en scène en toute visibilité mais également dans l’impensé de leur fabrique imaginaire, des masculins familiers ou dissonants, étonnants, mutants, susceptibles de faire bouger les lignes de fracture entre les sexes et les genres, bouleversant parfois les a priori, et pouvant modifier à la longue les sociétés par leur progressive imprégnation dans la culture.

Programme :

Matin

9h : Accueil des participants
9h30 : Quelques nouvelles de Gradiva (Nadia Mékouar-Hertzberg, Michèle Ramond)
10h : Michèle Ramond, Les uns et les autres
10h30 : Céline Nogueira : Les pères victimes : le nouveau (?) visage de la domination masculine ou l’enfant comme nouvelle arme du patriarcat
11h15 : Cecilia Katunaric : Le masculin sacré, le masculin hanté et le masculin oppresseur dans l’entrée en écriture chez Úrsula Suárez, María Luisa Bombal et Diamela Eltit
11h45 : Débat général
12h30 : Repas offert

Après-midi

14h : Héléna Mialon : "L’Homme à tête de chou" et l’autre Pygmalion
14h30 : Milagros Palma : Genre, sexualité et puissance virile des personnages masculins chez les narratrices d’Amérique Centrale
15h : Débat et pause
15h45 : Henriette Bessis : Personnalités féminines et masculines du XIXe siècle français
16h30 : Nadia Setti : Écritures intimes au masculin
17h : Débat général, perspectives et clôture de la première journée

Contact :

michele.ramond@gmail.com

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