Mathier Trachman a soutenu sa thèse intitulée "Des hétérosexuels professionnels. Genre, sexualité et division du travail dans la pornographie française (1975-2010)" le samedi 26 novembre, à l’ENS Ulm.
Jury :
Michel Bozon, Directeur de recherche à l’INED, examinateur
Éric Fassin, Professeur agrégé à l’École Normale Supérieure, directeur de thèse
Rose-Marie Lagrave, Directrice d’étude à l’EHESS, examinatrice
Frédérique Matonti, Professeure de sciences politiques, Université Paris I, rapporteure
Geneviève Pruvost, Chargée de recherche, CNRS, examinatrice
Sylvie Tissot, Professeure de sociologie, Université Paris 8, rapporteure
Résumé :
Cette enquête sur le travail pornographique en France depuis 1975 a pour objectif de restituer les logiques de genre et de sexualité qui sous-tendent son fonctionnement et, dans le cas de la pornographie hétérosexuelle, la division professionnelle, sexuée et sexuelle du travail qui en résulte. En se situant sur un marché des fantasmes, les pornographes se distinguent des amateurs et se donnent pour tâche de mettre en images les désirs masculins. Cette constitution marchande de l’activité ne doit pas occulter l’économie sexuelle du travail pornographique : le métier permet l’acquisition d’un capital sexuel autant qu’économique ; les actrices sont les biens de valeurs échangés entre les pornographes. Si la pornographie se définit comme une profession masculine et hétérosexuelle, l’enquête montre que les actrices acquièrent et revendiquent les savoir-faire mobilisés dans la réalisation d’un film, et que les pornographes entretiennent un rapport ambivalent avec l’homosexualité masculine. Le travail pornographique explicite finalement les contradictions de l’hétérosexualité, mode de catégorisation qui suppose une mise en ordre des rôles sexuels des femmes et des hommes et qui n’empêche pas l’expression d’un désir homosocial.
Contact :
mathieutrachman@yahoo.fr