à la Maison de la recherche de la Sorbonne, située n°28 rue Serpente, dans la salle de conférences, M° Odéon.
Dans le champ de l’esthétique, le genre (littéraire, cinématographique, musical) peut être conçu comme une catégorie sous laquelle on subsume un ensemble d’œuvres présentant des similarités significatives. Cette notion de genre semble n’avoir de commun que le nom avec le genre entendu comme catégorie qui exprime — parfois — l’appartenance au sexe masculin, au sexe féminin ou aux choses neutres. Là où l’anglais différencie nettement, avec les termes genre et gender, le français dispose d’un seul vocable, « genre ». Cette ambiguïté lexicale est à la source de notre réflexion.
Bien que les notions de genre et de gender soient, à l’évidence, hétérogènes, l’utilisation croissante de ces concepts dans nos différents domaines de recherche témoigne d’un même besoin : celui de penser le réel par équivalences, de le classifier pour mieux le comprendre. Les singularités — qu’il s’agisse de celles d’une œuvre, d’une vie, de pratiques sociales ou politiques — se détachent mieux sur fond d’identités, de ressemblances. Cette forme que prend la pensée quand elle assigne des genres autorise à mener de front la réflexion sur les genres et les genders.
Genres et genders sont donc le cadre d’un même processus de classification. Mais les genres ne se contentent pas de classer. Ils établissent des hiérarchies, implicites ou explicites, et évolutives. Genre et gender partagent en effet un autre trait essentiel : leur historicité. Les genres naissent et meurent, les genres se construisent, évoluent, se mélangent, jusqu’à la subversion. Cette dialectique est intrinsèque à la notion de genre littéraire, cinématographique ou musical : un chef-d’œuvre apporte au genre dans lequel il s’inscrit un profond renouvellement. Les règles génériques sont des règles de plomb, les frontières des genres sont poreuses et destinées à être transgressées. Le gender est quant à lui un outil de réflexion qui débouche directement sur la perspective d’une remise en question des hiérarchies et d’une classification conçue comme enfermante. Plus généralement, les genres sont liés à des traditions, des représentations, des idéologies. Et les pratiques artistiques, sociales ou politiques, dans leur évolution historique, amènent à de constantes redéfinitions des genres comme des genders.
Au sein des concepts de genre, donc, un paradoxe : prétendant apparemment dire et saisir des ressemblances, des similitudes, autrement dit de la fixité, le genre est continuellement travaillé par le changement.
Ce paradoxe devient le lieu de notre réflexion commune.
Accueil des participants et ouverture du colloque par M. le Pr. Olivier Picard, directeur de l’ED « Mondes anciens et médiévaux » (Paris IV)
État des lieux lexical par Pedro Duarte (Paris IV)
Introduction générale par Aude Leblond (Paris III) et Joëlle Wasiolka (Paris IV)
Modérateur : Thibaut Trétout
— Michael Alvarez-Pereyre : Création et refonte des genres en linguistique (10h - 10h25)
— Barbara Le Lan (Paris IV) : « Et là, il me dit : “Comment définissez-vous la notion de genre ?”… Genre je sais même pas ce que veut dire genre, tu vois… » (10h25 - 10h50)
Pause
— Renaud Alexandre : La satire latine classique : un genre littéraire ? (11h25 - 11h50)
— Yaël Hirsch : Le récit de conversion a-t-il mauvais genre ? (11h50 - 12h15)
Table ronde, présidée par Mme Bénédicte Delignon (MCF, ENS-LSH)
Modérateur : Pierre Sauvêtre
— Édouard Felsenheld : De l’Odyssée d’Homère à Nausicaä de la Vallée du Vent de Miyazaki : hybridation, mue, recyclage (14h35 - 15h00)
— Joëlle Wasiolka : Abolition et permanence des frontières génériques : un récit "épique" dans l’Agamemnon de Sénèque (15h - 15h25)
— Aude Leblond : Une réincarnation de la fable au XXe siècle ? La Fable du monde de Supervielle (15h25 - 15h50)
Pause
— Benjamin Renaud : François Bon, retour au roman ? — une lecture de Tumulte (16h25 - 16h50)
— Camille Boutron : Lorsque le genre comme identité sexuée croise le genre esthétique : une approche au travers des représentations sentiéristes au Pérou dans les années 1980 (16h50 - 17h15)
Table ronde, présidée par M. le Pr. Pierre Cotte (Paris IV)
Modérateur : Antoine Gaudin
— Mickaël Ribreau : À la frontière de plusieurs genres : le Contra Iulianum de saint Augustin (9h10 - 9h35)
— Bénédicte Elie : Ahasvérus, une œuvre ouverte, à la confluence de plusieurs postulations génériques (9h35 - 10h00)
Pause
— Pénélope Laurent : La vida descalzo d’Alan Pauls, de la plage à la page (10h40 - 11h05)
— Guillaume Girard : « Mélanger les genres » : impératif et/ou opportunité de la compétition politique au Bénin (11h05 - 11h30)
Table ronde
Modératrice : Aude Leblond
— Pedro Duarte : Les dénominations de l’être ambigu ou équivoque (« hermaphrodite, androgyne ») dans le monde gréco-romain (13h35 - 14h00)
— Magalie Roux : Hypsipyle et l’épisode lemnien dans la Thébaïde de Stace : le refus d’une subversion élégiaque (14h00 - 14h25)
— Thibaut Trétout : La duchesse de Berry : une princesse à la croisée des genres (14h25 - 14h50)
— Laure de La Tour : Huysmans face à Charcot et Zola : polémique et subversion du discours médical dans Les Foules de Lourdes (14h50 - 15h15)
Pause
— Antoine Gaudin : Infléchissement des « figures hiératiques » du genre : économie formelle et résonance culturelle de l’affect amoureux masculin dans le film criminel américain des années 1990 (15h55 - 16h20)
— Claudine Le Pallec Marand : A la conquête des genres de la représentation de la sexualité à l’écran — la littérature critique à l’assaut de l’érotisme (16h20 - 16h45)
— Pierre Sauvêtre : L’Amour comme subversion de la subversion des genres (16h45 - 17h10)
Table ronde, présidée par Mme le Pr. Jacqueline Dangel (Paris IV) et Mme le Pr. Raphaëlle Moine (Paris X)
Conclusion des deux journées