Pour un prochain numéro de la revue internationale Enfances Familles Générations
Rédactrices invitées :
Marie-France Bureau, professeure agrégée de droit, Université de Sherbrooke (Canada) Martine Gross, ingénieure de recherche en sciences sociales, CNRS (France).
Argumentaire :
Ce numéro de la revue internationale Enfances Familles Générations portera sur les problématiques soulevées par les manifestations de la diversité familiale et notamment les configurations homoparentales et transparentales.
Les réformes importantes mises en place par les législateurs occidentaux quant aux structures normatives entourant la parenté ont fait l’objet de nombreux travaux depuis les années 1980. Les études en sciences sociales portant sur les transformations des modèles familiaux, le démariage, le rôle des divers adultes dans la vie des enfants et les nouvelles technologies de reproduction ont également mobilisé les chercheurs. Depuis une dizaine d’années, les enjeux entourant la parenté – la redéfinition, la reconnaissance, l’accès, l’inscription des liens, etc. – intéressent tant les sociologues, les anthropologues, les psychologues, les médecins que les juristes et constituent un objet de recherche à la fois complexe et fascinant pour les chercheurs de ces divers champs disciplinaires.
Dans cette optique et compte tenu des développements rapides (tant des pratiques sociales que des transformations législatives), l’homoparentalité semble avoir été un point de cristallisation, un sujet d’étude et d’investigation fécond en raison non seulement de ce qu’il représentait en terme de rupture, de nouveauté, de remise en question de ce qui paraissait évident dans l’adéquation entre le couple, la biologie, la généalogie et l’éducation des enfants, mais aussi de ce qu’il révélait des transformations de la parenté depuis quelques décennies.
Date limite pour l’envoi d’une proposition : 3 février 2014 Le résumé (1500 à 2000 caractères, espace compris) doit être soumis en ligne sur le site Web de la revue EFG à l’adresse suivante : efg.inrs.ca
Après acceptation du résumé, le manuscrit complet d’une proposition retenue par les rédactrices invitées devra être soumis en ligne avant le 16 mai 2014.
C’est pourquoi nous souhaitons mobiliser ce thème, non pas tant comme objet d’étude en soi ou comme phénomène social isolé, mais plutôt comme manifestation de la diversité familiale, comme révélateur des enjeux contemporains de la parenté. Nous nous intéressons particulièrement à la façon dont les problématiques auxquels font face les parents gais, lesbiens et trans s’inscrivent dans les questionnements plus larges posés par les phénomènes actuels que sont la pluriparentalité, la demande de certains enfants nés du recours à un don de gamètes, d’accéder à l’information sur leurs origines biologiques, et les dynamiques de genre dans la famille.
Nous invitons également les chercheurs à s’interroger dans une optique à la fois sociologique, anthropologique, psychologique et juridique aux sujets de recherche qui ont été moins explorés comme celui de la transparentalité, celui de l’analyse des discours publics et médiatiques portant sur les réformes législatives ayant trait à la parenté de même qu’à l’étude du vécu des familles homoparentales dans leur rapport aux institutions.
1. Du point de vue juridique, quels sont les obstacles juridiques auxquels sont toujours confrontés les membres des minorités sexuelles en ce qui a trait à l’accès à la parenté ?
Comment les hommes gais ont-ils accès à la parenté compte tenu des nombreux pays où la GPA est interdite et l’accès à l’adoption limité ou inexistant ? ̈Quelles sont leurs stratégies ? La reconnaissance du « mariage pour tous » en France comme ce fut le cas en mai 2013 change-t- elle la donne (point de vue comparatif avec d’autres juridictions tel le Québec, la Belgique ou l’Espagne). Les personnes trans demeurent-elles parents lorsqu’elles ont eu leurs enfants avant leur transition ? Le fait d’avoir obtenu un changement de sexe limite-t-il ensuite l’accès à la parenté, à la fertilité ?
2. Regard comparatif et analyse des discours sur la conjugalité et la parenté.
L’homoparentalité et l’union des conjoints de même sexe sont emblématiques des grandes transformations de la parenté et des réformes législatives portant sur la famille amorcées au tournant des années 2000 dans la plupart des pays francophones, en Europe ou au Québec. Cette nouvelle façon de faire famille et les revendications des communautés LGBT ont suscité débats et controverses tant parmi les experts que dans l’opinion publique et dans les médias. À une époque où certaines juridictions ont modifié leur approche normative à l’égard de ces questions depuis plus d’une décennie et où d’autres, comme la France, sont en plein cœur du débat, l’analyse des discours entourant ces réformes s’avère pertinente. Les analyses sociologiques et de droit comparé pourront éclairer l’influence de la tradition juridique, de la religion et du modèle étatique sur l’émergence de ces questions et sur les résistances observées. Comment analyser les réticences des législateurs occidentaux à définir une parenté sociale ou à envisager plus de deux parents (coparenté à 3 ou 4 parents).
3. Problématiques relatives au vécu des familles homoparentales
Les études empiriques portant sur le vécu des enfants élevés en famille homoparentale et sur les parents gais et lesbiens ont essentiellement porté sur la constitution des familles lesbiennes et sur le développement des enfants élevés par des parents de même sexe. De nouvelles études portant sur ces familles face aux diverses institutions (école, système de santé, travail, etc.) sont nécessaires pour observer les impacts des changements normatifs dans la vie concrète des familles, des enfants. En l’absence de tels changements, quels sont les effets de l’absence de statut légal pour l’un des parents ? Quels liens les parents gais et lesbiens entretiennent-ils avec les membres de leur famille ? Quels sont les effets de la visibilité ou de l’invisibilité de ces familles dans l’environnement proche ou plus lointain ? Comment les familles préparent-elles ou non leurs enfants à affronter des regards homophobes ou des propos hétéronormatifs ? Quelles sont les conséquences en matière de prise de risques pour les populations LGBT, de l’accès limité aux procréations assistées et des obstacles pour adopter un enfant ? Enfin, nous sollicitons également des études sur ce que fait l’homoparentalité aux normes de genre. Les familles homoparentales transmettent-elles les normes de genre ou au contraire les renouvellent-elles ?
La proposition doit être soumise en ligne sur le site Web de la revue avant le 3 février 2014. Pour ce faire, vous devez créer un compte d’usager en tant qu’auteur, en cliquant sur l’onglet « S’inscrire ». Votre soumission doit comprendre un titre provisoire, un résumé (1 500 à 2 000 caractères, espace compris) ainsi que les coordonnées de tous les auteurs.
Les manuscrits complets (50 000 à 60 000 caractères, espaces compris, excluant le résumé et la bibliographie) des propositions retenues par les rédactrices invitées devront être soumis en ligne avant le 16 mai 2014.
Les auteurs sont priés de se conformer aux règles d’édition de la revue :
www.efg.inrs.ca/index.php/EFG/about/submissions#authorGuidelines
Tous les manuscrits sont acceptés ou refusés sur la recommandation de la direction et des responsables de ce numéro thématique de la revue, après avoir été évalués à l’aveugle par deux ou trois lecteurs externes.
Contact :
efg@ucs.inrs.ca