Volume 30, No 1, 2011, Editions Anthropos
Coordonné par Anne-Françoise Praz, Marianne Modak et Françoise Messant
En utilisant la notion de « production d’enfants », le titre du dernier numéro de Nouvelles Questions Féministes n’a pas pour but de choquer, mais de revisiter une réalité complexe. Au lieu d’analyser la « maternité », les spécialistes observent les investissements que la production d’enfants nécessite en travail, en temps et en savoir-faire au niveau de l’organisation de la société dans son ensemble, et le prix, qui reste très élevé, payé par les femmes qu’elles aient ou non des enfants. Quand elles travaillent à temps partiel, elles cumulent les jobs rémunérés et non rémunérés. Leur fonction est peu valorisée dans l’entreprise parce qu’elles manqueraient d’engagement professionnel afin de materner leurs enfants. A l’inverse, quand elles travaillent à plein temps et occupent un poste à responsabilités, elles encaissent des récriminations parce qu’elles délègueraient trop de tâches éducatives à des mandataires extérieures. Leurs collègues et leurs voisins se méfient d’elles et les jugent incapables de mener de front carrière et maternité, incapables aussi d’accorder cette subtile priorité à la maternité exigée par le modèle dominant de l’« identité féminine ». Un modèle qui s’impose aussi aux maternités lesbiennes. Ce numéro de NQF montre que la pression économique et sociale est si bien rôdée qu’elle parvient à culpabiliser et à discriminer les femmes avec ou sans enfants, avec ou sans travail salarié, avec ou sans conjoint, hétérosexuelles ou lesbiennes. Aussi, la production d’enfants engendre des inégalités qui s’élargissent aux dimensions de la planète : des femmes défavorisées dans les pays dits émergents produisent des enfants pour des couples aisés des pays développés.
Mais alors, comment échapper à ces contraintes contradictoires ? Depuis les années septante, les féministes n’ont pas éludé le débat sur la production d’enfants et ont tenté d’imaginer de nouvelles pistes afin d’aménager l’accès des femmes au travail et à l’enfant, mais sans parvenir à remettre en question la pression à la maternité et casser la logique de la charge de la production d’enfants sur les plus faibles. La très intéressante idée de « parentage » suggérée dans cette revue saura-t-elle peu à peu modifier les comportements ?
Sommaire :
http://www.unil.ch/liege/page84281.html
Contact pour ce numéro :
anne-francoise.praz@unifr.ch