Editions Le Passager clandestin, 256 p., 18 euros. ISBN : 978-2-916952-72-7
Ce livre réunit des textes parus dans la presse (L’Humanité, Libé, Politis, Le Monde, Regards, Le Nouvel Obs...), ou dans des revues (Vacarme, Réfractions, Cahiers du genre, Mouvements, Revue de l’OFCE, Non fiction...) depuis trente-cinq ans.
Il est une sorte de double-témoin : de la pratique et de la théorie ainsi que de leurs rencontres répétées, mais aussi de ce que, à tous les étages de la question féministe, la pensée est convoquée. Au début des années 1970, il y avait les slogans féministes, le jour- nal Le torchon brûle et une figure de référence, Simone de Beauvoir. Comme dans l’histoire passée, les féministes passaient pour des agitées et l’intellectuelle se déclinait au singulier. Geneviève Fraisse appartient à la génération qui a mis la figure de la femme intellec- tuelle au pluriel, en nombre.
Autour de Jacques Rancière et de la revue Les Révoltes logiques, elle se fait his- torienne des idées d’émancipation, démontrant que cette histoire était réfléchie par les actrices elles-mêmes. On comprend alors que les femmes font l’Histoire. À son entrée au CNRS, en 1983, elle poursuit la généalogie de la pensée féministe, notamment celle qui se déploie à l’ère démocratique. Et puis, la pra- tique de cette généalogie redoublait, comme en écho, les questions d’actua- lité féministe.
Celles-ci se sont égrenées des années 1970 à aujourd’hui : réflexion sur le col- lectif politique du mouvement des femmes, sur le féminisme au temps de la gauche, sur le débat autour de la parité. Vint alors le moment, inattendu, des charges politiques où les textes sont aussi des interventions directement liées à l’agenda des institutions ou des medias.