Sabine Arnaud (éd.), La Philosophie des vapeurs, suivi de Dissertation sur les vapeurs et les pertes de sang, Mercure de France, « Le Temps retrouvé », 2009, 350 p., 17,20 euros. ISBN 9782715228641.
Voici deux textes fameux à la fin de l’Ancien Régime, traitant, de façon légère et amusante, d’un sujet alors à la mode : la maladie des vapeurs, ces crises touchant massivement les femmes des élites parisiennes, ces « lectrices » pourvues d’une imagination débordante, ce mal qu’on nomme aussi « hystérie ».
Le premier texte, La philosophie des vapeurs, écrit par Claude Paumerelle en 1774, propose en vingt-cinq lettres adressées par une vieille marquise à une jeune comtesse qui s’apprête à entrer dans le monde une initiation aux humeurs qui caractérisent son état et son genre. Cette « philosophie » peut dès lors devenir le signe de l’accomplissement d’une femme du monde, qui sait jouer des maux de tête, des palpitations, des emportements, des crises de nerfs, de la mélancolie, des étourdissements ou des spasmes, comme des coups de foudre, pour tenir son rang.
Le second texte, Dissertation sur les vapeurs et les pertes de sang, écrit par Pierre Hunauld en 1756, se présente comme un dialogue entre un médecin et une jeune marquise à propos du vague à l’âme en vogue.
Cette « philosophie des vapeurs » témoigne en définitive de la douceur de vivre d’un moment autant que de la décadence et de la dégénération d’un monde qui s’apprête à disparaître.