Pour un prochain numéro de la nouvelle revue de géographes Justice spatiale, publiée avec les soutiens de l’Université de Paris Ouest Nanterre, du laboratoire de Géographie Comparée des Suds et des Nords : Gecko (EA 375), de l’UMR LOUEST (UMR 7145) avec l’équipe MOSAÏQUES, du laboratoire CUBES (Université du Witwatersrand, Afrique du Sud).
Présentation :
Les inégalités genrées et les discriminations fondées sur les orientations sexuelles sont deux aspects notables de l’injustice. Dans certains pays la discrimination commence avant même la naissance, les avortements sélectifs conduisant à avoir un nombre disproportionné de naissances masculines dans des géants démographiques d’Asie. Quel que soit le niveau de richesse des sociétés, la pauvreté affecte sensiblement plus la population féminine. Le travail de reproduction sociale et les soins dispensés aux enfants et aux personnes âgées ou invalides sont inégalement
répartis entre hommes et femmes, l’emploi salarié féminin étant souvent dévalorisé, et parfois hors d’accès.
Les géographes féministes ont abordé ces questions depuis longtemps, et la production scientifique en anglais sur ces thèmes et bien d’autres est déjà abondante. La question de la justice y est souvent explicitement soulevée, d’autant plus qu’Iris Marion Young, une des grandes figures de la pensée de la justice, s’est également penchée sur les études de genre et la
théorie politique féministe. On constate des convergences entre les recherches féministes et celles qui ont porté sur les "minorités sexuelles" (les gais, lesbiennes, bi- et transsexuels), qui ont pour objectif commun de mettre en cause des normes sociales porteuses de discrimination.
Mais comment penser l’intersection entre justice spatiale et questions de genre ? Le fait que, dans beaucoup de sociétés rurales traditionnelles, les femmes soient exclues de la propriété de la terre, alors même qu’elles y consacrent leur labeur, est un exemple des dimensions proprement "spatiales" de l’injustice. La féminisation de la pauvreté a pour corollaire que les femmes sont parmi les premières victimes de la ségrégation résidentielle ; elles rencontrent en outre dans leurs vies professionnelles d’autres formes de ségrégation, beaucoup des emplois et des lieux de travail les plus valorisés restant chasse gardée des hommes. Dans la plupart des sociétés on
relève des contraintes sur la mobilité des femmes, leur présence dans les lieux publics étant perçue comme illégitime à des degrés divers, et leur faculté à aller et venir librement étant sujette à négociations. D’un autre côté, on pourrait interpréter comme une forme d’injustice spatiale envers les hommes le fait qu’une large majorité des détenus soient de sexe masculin, les hommes ayant plus de chances d’être emprisonnés que les femmes.
Les injustices affectant les minorités sexuelles ont trait à une autre forme d’emprisonnement, le "closet", qui confine à la sphère privée, ou à des enclaves urbaines restreintes, l’expression publique des identités sexuelles, les pratiques qui y sont associées étant selon les pays plus ou
moins criminalisées. Si beaucoup de ces injustices sont plus criantes dans des pays en développement ou émergents, on ne peut les supposer absentes de pays plus riches ou occidentaux.
Nous espérons recevoir des propositions d’articles sur toutes ces questions et sur les nombreux autres aspects des relations entre genre, identités sexuelles, et justice spatiale.
Les résumés d’articles (3000 signes au plus) doivent nous parvenir au plus tard pour le 30 novembre 2009. Les articles rédigés devront être remis avant le 20 mars 2010, pour inclusion dans le numéro spécial qui paraîtra à l’automne 2010.
Contact :
contact@jssj.org
Coordination :
Teresa Dirsuweit, University of the Witwatersrand, South Africa | Claire Hancock, Université de
Paris 12 Val-de-Marne, France