Laé Jean-François

Professeur

Entre l’ethnographie urbaine et la discipline des corps, Jean-françois Laé étudie les situations limites : tribunaux, aide sociale, enfermement ordinaire, hommes à la rue, précarité extrême. Par une sociologie narrative, il ordonne les récits qu’on lui a confiés, des scènes vues, entendues puis montées. Par ce parti pris, apparaît un ordre de marche des individus, des familles, guettés par la pauvreté, la folie, la maladie, la mort, la destruction. Ainsi tient-il à la fois une posture de philologue, un regard aigu sur la réalité large, et une conceptualisation des institutions où s’effectue une certaine maintenance des corps qui échappent sans cesse.

(voir la présentation détaillée de ses recherches plus bas)

Membre du GTM-CRESPPA UMR 7217 -CNRS- Paris 8.

Publications

LIVRES

  • 2016. Postface de JF Laé « un arpenteur sans fond », réédition « Le roman de la désaffiliation » de Robert Castel, éditions Tiré à part, 2016.
  • 2015. Dans l’œil du gardien. Edition du Seuil (Coll. Raconter la vie).
  • Dans une cité HLM ordinaire du Nord de Paris, des gardiens cheminent au jour le jour. Un œil surveille, l’autre apaise pour piloter les solidarités. Avec eux nous marchons dans les escaliers, les sous-sols à relever les incidents, à inaugurer les appartements flambants neufs, dans une séance de médiation et dans un centre de formation. De plus près, on voit ce que d’habitude on ne voit pas : un métier qui se transforme, les regards des locataires entre eux, les défiances et les altercations, les jeunes dans les halls et les petites plaintes, une réalité infiniment plus contrastée sur fond de rénovation urbaine.

  • avec Numa Murard, 2012,Enquête dans la ville ouvrière. Deux générations dans la débine, Montrouge, Montrouge, Bayard.

  • avec Philippe Artières, 2011, Archives personnelles. Histoire, anthropologie et sociologie,Paris, Armand Colin.

  • L Asile aux Fous Laé Artières Presses universitaires de vincennes 2009

  • avec Philippe Artières (dir.), 2009,L’asile aux fous, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes. [présentation]

  • Les nuits de la main courante. Ecritures au travail, Paris, Stock, 2008.

  • avec Arlette Farge, Patrick Cingolani, Franck Magloire, 2004,Sans visages. L’impossible regard sur la pauvreté,Paris, Bayard.****

  • avec Philippe Artières, 2003,Lettres perdues. Ecriture, amour et solitude. XIXe et XXe siècles, Paris, Hachette.

  • 2001, L’ogre du jugement. Les mots de la jurisprudence, Paris, Stock.

  • avec Arlette Farge, 2000, Fracture sociale, Paris, Desclée de Brouwer.

  • 1996, L’instance de la plainte. Une histoire politique et juridique de la souffrance, Paris, Descartes et Cie.

  • avec Numa Murard, 1995, Les récits du malheur, Paris, Descartes et Cie.

  • avec Robert Castel (dir.), 1992,Une dette sociale: le Revenu Minimum d’Insertion, Paris,L’Harmattan.

  • travailler au noir jean francois lae

  • 1989,Travailler au noir, Paris, Métailié. (disponible en partie sur google books)

  • avec Numa Murard, 1985, L’Argent des pauvres, Paris, Seuil.

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Chapitres dans un ouvrage collectif (ou actes publiés)

  • 2016, JF Laé « Archives mineures et sociologie narrative », in I. Perreault et MC Thibault, « Récits inachevés », PU Ottawa.

  • 2016, JF Laé avec Fabien Deshayes, « quand les usagers écrivent et constituent leurs dossiers. Agir le droit pas à pas », in P. Delcambre et C. Matuszak « Ecrire au magistrat », PU du Septentrion.

  • 2016, « Se voir écrit dans un dossier administratif », (avec Fabien Deshayes), in ouvrage collectif, Delcambre, Les écritures éducatives, Presses du Septentrion.

  • à paraître 2016, « Archives mineures et narration sociologique », in I. Perreault et MC. Thifault, La fièvre des récits , Presses Universitaires d’Ottawa.

  • 2012, « La propriété sociale, une transmutation du politique dans le contractuel”. In Robert Castel, Claude Martin, Hommage à Robert Castel, Paris, La Découverte.

  • 2010, « Sorties du silence, les écritures mineures ? » In : Jean-Paul Payet, Corinne Rostaing, Frédérique Giuliani (dir.), La Relation d’enquête. La sociologie au défi des acteurs faibles, Rennes, P.U.R., 2010, pp. 223-232.

  • 2009, « La photographie prédatrice. Les enfants pauvres à Chicago en 1900 », in : Annie Stora-Lamarre (dir.), Les âmes mal nées, Besançon, Presses Universitaire de Besançon, pp. 229-242.

  • avec Isabelle Astier, 2008, « Les travailleurs sociaux contre le contrôle social », in : Philippe Artières et Michèle Zancarini-Fournel (dir.), 68, une histoire collective (1962-1981), Paris, La Découverte, pp.

  • 2006, « La bise du chien », in : Jean-François Laé, Arlette Farge, Rose-Marie Lagrave, Philippe Mangeot, Gérard Mordillat, Sept images d’amour, Paris, Les Prairies Ordinaires, pp.

  • 2006, « Entre l’institution et la rue : le parcours du mental patient », in : Stéphane Beaud, Joseph Confavreux, Jade Londgaard (dir.), La France invisible, Paris, La découverte, 2006, pp.

  • 2003, « Le travail au noir, vestibule de l’emploi », In : Joanna Shapland, Hans-Jörg Albrecht, Jason Ditton, Thierry Godefroy (eds.), The Informal Economy : Threat and Opportunity in the City, Fribourg, Iuscrim, pp. 185-198.

  • 2002, « L’intimité, le pouvoir et le droit », in : Annie Stora-Lamarre (dir.),La cité charnelle du droit,Annales littéraires de l’Université du Franche-Comté, n°736, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, pp. 17-34.

  • 2001, « La place vide du suicidé dans le droit », in : Philippe Artières, Emmanuel Da Silva (dir.), Michel Foucault et la médecine,Paris, Kimé, pp.

  • 2000, « La fonction de l’intimité dans l’hébergement », in Claire Lévy-Vroeland (coord.) Logement de passage, Paris, L’Harmattan, pp. 85-92.

  • 1999, De la propriété sociale et de la place des utilités en droit ancien. Décade de Cerisy sur « La propriété », juillet 1999. Dir. E. Balibar, R. Castel, C. Colliot-Thélène, B. Ogilvie.

  • 1998, « Les beaux récits de la jurisprudence. Qu’est-ce qu’un événement pour la jurisprudence ? », in : François Laplantine, Joseph Lévy, Jean-Baptiste Martin, Alexis Nouss (dir.), Récit et connaissance, Lyon, Presses universitaires de Lyon, pp. 29-46.

  • 1997, « Le corps, la personne et les affects dans le divorce: généalogie ». In Jacques Ion et Michel Peroni, Engagement public et exposition de la personne, Edition de l’Aube, 1997. ; pp.

  • 1997, « La disgregazione dei legami familiari », in : Paolo Guidicini, Giovanni Pieretti, Maurizio Bergamaschi (dir.), Gli esclusi dal territorio, Mila, Franco Angeli, pp.

  • avec Numa Murard, Corinne Lanzarini, 1996, « Between Break-up and Abandonment of the self: l’homme à la rue », in : Paolo Guidicini, Giovanni Pierreti, Maurizio Bergamaschi, Extrême Urban Poverties in Europe : Contradictions and Pervers Effects in Welfare Politics, Milan, Franco Angeli, pp.

  • 1995, « Le temps inventif de la jurisprudence », in : Jean-Loup Gourdon, Evelyn Perrin et Alain Tarrius (dir.), Ville, espace et valeurs,Paris, L’Harmattan, pp. 497-506.

  • 1993, « L’haleine du chauffeur. Genèse de l’alcool au volant à travers la jurisprudence », in CRESAL, Les raisons de l’action publique: entre expertise et débats, Paris, L’Harmattan, pp. 67-84.

  • avec Numa Murard, 1988, « Temporalité, historicité et décalages », In : Mémoire des lieux: une histoire des taudis, Dossiers des séminaires du Ministère de l’Equipement et du logement n°5/6, pp. 11-22.

  • 1992, « La diagonale du pauvre », In : Robert Castel, Jean-François Laé (dir.), Une dette sociale: le Revenu Minimum d’Insertion, Paris, L’Harmattan, pp. 9-30.

  • avec Numa Murard, 1991, « Artisanat et travail au noir: une rencontre historique », in : Solange Montagné-Vilette (dir.), Espaces et Travail clandestins, Paris, Masson,

  • Articles dans des revues à comité de rédaction

    • à paraître, 2016, Un coup de cuillère de trop ? Récit au travail et travail du récit aux prud’hommes. ( avec Isabelle Astier )

    • 2016. JF Laé, « Ferme ta caisse ». Récit publié dans Sociologie et Sociétés, numéro: Sociologie narrative, le pouvoir du récit. Montréal. Volume 48, numéro 2, automne.

    • 2014, « Je ne veux pas trop te coûter, tu sais ? ». Nouvelle parue dans ESPRIT, novembre 2014. Numéro spécial « Peut-on raconter le chômage ? »

    • Note de lecture pour Esprit. « Le miracle et l’enquête. Les guérisons inexpliquées à l’épreuve de la médecine ». De Laetitia Ogorzelec, PUF, 2014.

    • 2013, Esprit, n° de décembre. Une vie à crédit. Brève chronique de l’endettement permanent
      ( avec Numa Murard)

    • 2011, « Une polyphonie ? Ecrire les familles en assistance éducative. »
      In Les cahiers Dynamiques ( 2). (Avec Fabien Deshayes)

    • 2011, « Ecrire ses rêves, une conversion biographique ? », Tumulte, nº36.

    • avec Philippe Artières 2009, « Temps couvert sur Cherbourg. L’agenda du mois de mai 1968 d’un employé de l’arsenal », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, nº107, pp. 79-87.

    • avec Marianne Kemperneers, 2008, « Présentation : Écritures et documents personnels : une sources sociologique ? », Sociologie et Sociétés, Vol XL, n°2, pp. 9-14. (numéro spécial : « L’archive personnelle, la grande oubliée » ).

    • 2008, « Le soldat, l’amputé et l’ouvrier », Carnets de bord, pp. 28-32.

    • 2008, « Le clapotis des mots gracieux », Sociologie et Sociétés, Vol. XL, nº2, pp. 109-128.

    • avec Numa Murard, 2007, « L’éducateur photographe », In : Mouvements, publication en ligne : http://mouvements.info/L-educateur-photographe.html

    • 2006, « Le sensible : lorsqu’on est pris entre deux feux », in Le Sensible ; édition de l’Aube, CRESAL, 2006.

    • 2006, « La prise de corps chez Michel Foucault, une attention aux mouvements », Sociologie et Société, Vol. 38, n°2, pp. 175-188. (numéro spécial : « Michel Foucault : sociologue ? »)

    • 2005, « L’intimité dans le droit : des jeux de véridiction », in : Françoise Reumaux (dir.), Passeport pour le vrai/faux, Paris, Kimé, pp.

    • 2005, Boire, bien boire, un reportage radio [PDF], Carnets de bord, 2005, n°9, p.52-58

    • 2004, « Les beaux cas de Michel Foucault », Le Portique, nº13-14, pp. 108-113.

    • 2004, « Le sociologue, le banal et les singularités », L’Inactuel, nº10, pp. 189-198.

    • avec Philippe Artières, 2004, « L’enquête, l’écriture et l’arrière cuisine. Chronique d’une enquête sur une correspondance », Genèses, n° 57, pp. 81-109.

    • 2004, « Injonction d’écriture dans un centre de cure d’alcoologie », La faute à Rousseau.

    • 2004, « Entre la loi et les gestes ordinaires: la jurisprudence », Carnets de bord, nº 7, Genève, pp. 12-19.

    • 2003, « L’intimité : une histoire longue de la propriété de soi », Sociologie et Sociétés, vol. 35, nº2, pp. 139-147.

    • 2003, “Une écriture de la rue ”, Le sociographie, nº 11, pp. 69-75.

    • avec Bruno Proth, 2002, « Présentation : Les territoires de l’intimité, protection et sanction », Ethnologie Française, Vol. 32, pp. 5-10. (numéro spécial : « Intimité sous surveillance »)

    • 2002, « Les règles du silence en droit », Ethnologie Française, Vol. 21, nº 1, pp. 61-67.

    • 2002, « Émotion et connaissance. L’emprise du sensible dans l’enquête sociologique », Sociétés & Représentations, nº13, pp. 247-257. (numéro spécial : “ Histoire et archives de soi ” présenté par Philippe Artières et Dominique Kalifa)

    • 2001, « O alcoolismo na sociedade contemporânea: O silencio dos homens e as discussioes das mulheres ». Congresso Brasileiro de Saûde Coletiva ( Lisbonne, ABRRASCO), 2001.

    • 2001, « Des écrits ordinaires et de l’intimité dans l’hébergement », Nouvelles Pratiques Sociales,Vol. 14, nº2, pp.75-87.

    • 2000, « Les récits de la souffrance sociale », Caen, Colloque sur le témoignage, IMEC.

    • 2000, « La brebis blessée, le troupeau et l’observation de l’homme », Cités, n°1.

    • 1999, « Entre protection rapprochée et protection de l’Etat: Une main courante d’un centre d’hébergement », L’homme et la Société.

    • 1998, Voix, mémoire et intimité: l’homme à la rue, Gillet, nº6.

    • 1998, Exposition de la souffrance, droit et action publique. Edition de Lyon, 1998.

    • 1998, Des bidonvilles parisiens: 1950-1975. Actes du colloque de Lisbonne, 1998.

    • 1998, « Y-a-t-il une personne dans la jurisprudence? », Gillet.

    • 1998, « Power Relations are Always Local », Egine publish.

    • 1998, « Le travail au noir, vestibule de l’emploi », Max Planck Institute’s Series on Criminological.

    • 1996, « Les oripeaux de la domesticité : à propos de l’appel à débat sur le chômage », Mauss, nº7, 205-208.

    • 1996, « Le pouvoir des corps et des mots: l’injure grave dans le divorce, » Revue Interdisciplinaire d’Etudes Juridiques, nº 36, pp. 63-98.

    • avec Numa Murard, 1996, « Le grand célibataire et la rue », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, nº113, pp. 31-39.

    • 1996, « La main courante en HLM et l’événement », Sociologie et Sociétés, Vol. 28, nº1, pp.177-188.

    • 1996, « L’origine d’un concept », Informations sociales, nº54, pp. 18-22.

    • 1995, « Les récits du malheur », Informations Sociales, n°48, pp. 114-123.

    • 1995, « Ecoute-voir. Entre su ou perçu? » L’homme et la Société, (avec N. Murard)

    • Genèse de l’alcool au volant à travers la jurisprudence (1930-1980) [PDF], Droit et Société, 1995, n°29, 157-179 (Genèse de l’alcool… en version HTML)

    • 1994, L’homme à la rue, Esprit, nº 202, pp. 15-28.

    • 1994, « L’événement pour la jurisprudence: entre affects et comparaisons », Sociétés, n°47, pp. 8-13.

    • 1994, « L’affection qui fait souffrir. La montée d’une plainte
      jurisprudentielle au début du XXe siècle
      », Lien social et politique, nº 32, pp. 131-138.

    • 1992, « Un fils ferrailleur », Ancre : Revue de l’Education Surveillée, nº 1.

    • Rééditée : 1992, Informations Sociales, n°20, pp. 48-57.

    • 1992, « Économie, culture et sociabilité »,Sociologie du Travail, n°4.

    • 1992, “Un minimum alimentaire”, Autrement, n°132.

    • 1991, « L’inaptitude à la RATP: de la protection à la sanction », Sociétés contemporaines, nº8, pp. 107-125.

    • avec Isabelle Astier, 1991, « La notion de communauté dans les enquêtes sociales sur l’habitat en France. Le groupe d’Économie et Humanisme, 1940-1955 », Genèses, n° 5, pp. 81-106.

    • 1991, « Crises des banlieues. La Documentation Française, coll. Regards sur l’actualité, n 172.

    • 1991, « Besoin et nécessité », Informations Sociales, n°13.

    • 1991, « « Pilule amère ». Stratégie de survie », Projet, n° 227, pp. 91-100.

    • 1990, « Le travail au noir, vestibule de l’emploi », Sociologie du Travail, vol. XXXII, nº1, pp. 23-37

    • 1989, « La mission d’équité urbaine et ses référents. L’évaluation des politiques incitatives », Annales de la Recherche Urbaine, n°44-45, pp. 49-58.

    • 1989, « Chausser les gants pour s’en sortir », Les Temps Modernes, n°521, pp. 126-138 (numéro : Colloque sur Erving Goffman. Cerisy-la-Salle)

    • avec Numa Murard, 1988, « Protection et violence », Cahiers Internationaux de Sociologie, vol. LXXXIV, pp. 19-38.

    • 1988, « Comment raconter? », in : Esprit, hors série, pp. 66-75.

    • avec Numa Murard, 1986, « La fortune du pauvre », Actions et recherches sociales,n° 2, pp. 75-89.

    • avec Patrice Noisette, 1985, Je, tu, il, elle apprend : étude documentaire sur quelques aspects sur l’illettrisme, Paris, La Documentation Française, série « Le point sur », 70 p.

    • avec Christian Girard, Henri-Noël Ruiz, 1985, « L’autopromotion du logement pauvre en France », Annales de la Recherche Urbaine, n° 25, pp. 54-60.

    • avec Numa Murard, 1985, « Formes de consommation populaire », Les Temps Modernes, n° 465, pp. 1910-1924.

    • 1984, « Le parler populaire », Informations Sociales, nº8, pp. 20-26.

    • avec Numa Murard, 1984, « Justice à blanc », Esprit, n° 4, 1984, pp. 157-165.

    • 1983, « Naissance à Chicago », Informations Sociales, n°3.

    • avec Numa Murard, 1983, « En attendant le facteur », Informations Sociales, n°1, 1983, pp. (numéro sur les transferts sociaux)

    • avec Numa Murard, 1982, « Argos, histoire fausse », Urbi. Revue d’art, d’histoire et d’ethnologie des villes,N° VII.

    Colloques, récents
    -10 juin 2015, communication « une ethnographie de gardiens d’immeuble HLM». Séminaire CREMISS, centre de recherche des LSSC Montréal.

    -16-17 octobre 2014 Colloque Besançon, « Emmêler et Démêler la parole. La relation de soin à l’épreuve de la communication. « Le Care au prud’homme. Ne pas y aller avec le dos de la cuillère. »

    EMISSIONS DE RADIO
    2004 « Boire, bien boire (mp3)« , France Culture
    2005 « Qu’est-ce que chômer veut dire » France Culture, emission « Radio Libre » (Octobre 2005) :
         – Première partie (mp3 – 1h)
         – Deuxième partie (mp3 – 1h)
    2008 « Les nuits de la main courante (mp3, 30 minutes)« , France Culture, émission « La suite dans les idées), 29 avril 2008
    2008 « Des mots, des maux (mp3), émission « Idéaux et débats », Radio Libertaire, extraits, 30 minutes, 27 mai 2008
    2008 « Enquêtes sociales et vie populaire« , émission « Les Lundis de l’Histoire », France Culture, 7 juillet 2008 (extraits en mp3)
    2008 « Aller ou non aux Prud’hommes (format RealMedia)« , émission « Sur les Docks », France Culture, 5 décembre 2008
    2009 « Main courante, écriture ordinaire (MP3)« , émission « Surpris par la nuit », France Culture, 21 mai 2009
    2010 « L’enfant, le secret et la justice« , émission « Sur les Docks », France Culture, 2 février 2010
    2010 « Retour sur Enquête, 1« , France Culture, Sur Les Docks, décembre 2010
    2010 « Retour sur Enquête, 2« , France Culture, Sur Les Docks, décembre 2010

    Recherches

    Parcours et problèmes de recherche

    Entré à l’Université Paris 8 Saint-Denis en 1984, Jean-François Laé publie avec Numa Murard, L’Argent des pauvres (Seuil, 1984), une narration sur une cité de transit construite en 1975, l’argent social et à l’économie de survie, les échanges qui s’y développent et les modes d’adaptation: ruses, harcèlements des services, jeux cruels du langage jusqu’à l’autopunition. Ce sont les modes de débrouillardises qui sont l’objet du livre, leurs conséquences sur l’occupation de l’espace du logement, des immeubles, les rapports concrets aux guichets sociaux. Les auteurs cherchent à rendre compte « de ce que les gens font de ce qu’on fait d’eux » : les rythmes de vie, le rapport à la santé et à l’hôpital, les façons de vivre au féminin et au masculin, de remplir le congélateur – l’arme principale contre la pénurie -, les surveillances réciproques. On y voit tout un écosystème qui prend place de chacun était à établir, sous le régime de la réciprocité et de l’interchangeabilité des ressources de toute nature. Ces matériaux sont repris sous forme de nouvelles dans Les récits du malheur (avec Numa Murard, Descartes et Cie, 1995). Comme des récits intuitifs de l’enquête sociologique en milieu populaire, lorsqu’on a affaire à des sentiments, des drames collectifs ou intimes. En choisissant le mode d’exposition de la nouvelle, on est introduit autrement dans le monde privé et domestique des ouvriers pauvres, ce lieu privilégié de la peine privée et de la vulnérabilité sociale.

    Entre ces deux dates, 1985-1995, l’auteur mène une seconde enquête sur les travailleurs qualifiés, hors entreprise, qui tournent autour du petit artisanat traditionnel, et dont les résultats sont publiés dans Travailler au noir (Paris, Métailié, 1989). Y est interrogée la nature du travail au noir sous trois aspects: une production de biens et de services, une activité à la frontière de la légalité/illégalité, un temps d’activité dépendant de la biographie des sujets. En imprimant sa rationalité dans l’ensemble de cette économie souterraine, l’État social est discrètement présent dans les manières même de contourner les lois et les règlements. Derrière l’image du travail au noir, et malgré ses petites inventions et sa temporalité distincte, se tient l’État enregistreur à la recherche des pratiques qui lui échappent, à la marge de la rentabilité. Ces pratiques au noir participent fortement à la retransmission des savoir-faire des métiers, maintiennent les compétences à niveau et parviennent régulièrement à se transposer sur le marché du travail officiel.

    En 1990, Jean-François Laé se dirige vers des corpus de texte de jurisprudence, une autre façon de faire l’histoire du malheur et de son expression, à travers quatre études: la place de la faim et du vol en milieu populaire, les accidents du travail qui marchent dès 1835 avec l’industrialisation naissante, l’alcool dans les cabarets puis au volant des premières automobiles, enfin le thème de l’affection brisée qui servir de levier pour indemniser les déchirements entre proches. L’auteur montre qu’avant la loi, il y a la jurisprudence, et avant cette dernière, il y a des « agencements de récits qui forcent » les jugements. La part belle est donnée aux récits publics qui infléchissent les concepts juridiques. Cette mise en historicité sera publiée dans L’Instance de la plainte. Une histoire politique et juridique de la souffrance (Paris, Descartes et Cie, 1996). La jurisprudence étudiée au XIXe siècle permet de formuler les problèmes d’une société, les mots et les notions utilisés pour agencer les événements, les circonstances, les degrés de causalité, les chaînes de dépendances. Ainsi voit-on se distribuer une multitude d’attitudes et de minuscules événements, des nouvelles façons de penser l’action de l’homme, ses risques et ses responsabilités qui s’insèrent dans des disciplines industrielles, des politiques sociales qui font le sens d’une société. Cette mise en récit de la jurisprudence, une extraordinaire collection de récits de heurts et de malheurs, est à nouveau déployée dans L’Ogre du jugement. Les mots de la jurisprudence (Stock, 2001). Mais c’est aussi une histoire du droit à l’œuvre que l’on y voit, cherchant ses mots, polissant ses concepts, en inventant de nouveaux concepts, à travers une longue série d’affaires judiciaires. Ainsi voit-on la notion d’injure migrer du code pénal au code civil pour qualifier l’inconduite d’un époux, l’adultère criminel céder le pas au divorce par consentement mutuel, le préjudice moral se préciser, les responsabilités comme les nuisances se détailler et se codifier. Où est la faute, l’offense, l’inconduite ? Ces questions, sans cesse, sont reprises et remises sur l’établi du droit. Ce regard ethnographique sur le droit lie le sens commun et les catégories juridiques, et cet empirisme nous fait voir autrement la fabrication des concepts juridiques.

    A partir de 2000, l’auteur prend la voie d’une sociologie des écritures ordinaires, à travers des journaux personnels, afin d’interroger autrement des contextes que l’auteur connaît bien: la sortie du salariat, la maladie ou le soin de soi, l’énoncé de nouvelles souffrances, mais aussi la folie, la prison, la sexualité. Sont interrogés ces lieux de l’écriture, les usages qui en sont fait, la « culture de soi » ou le pouvoir sur autrui qu’ils manifestent, afin d’expliciter les notions de subjectivité, d’intimité et de secret, de vie privée et vie publique, d’engagement de soi et de norme de production de soi. Ainsi le journal d’un homme à la rue est analysé avec Arlette Farge dans Fracture sociale, (Desclée de Brouwer, 2000)

    Puis avec Philippe Artières, il prend des lettres échangées entre une mère et son fils, en 1946, alors que, le second est incarcéré préventivement à la prison de la Santé, pour analyse le régime des émotions, le jeu des mots et des silences qui s’y déroulent. D’autres archives sont étudiées, une lettre d’un illettré en 1970, des biftons de femme en prison, et ces documents seront publiés dans Lettres perdues. Ecriture, amour et solitude. XIXe et XXe siècles (Hachette vie quotidienne, 2003). Dans ces deux ouvrages, l’ethnographie et l’histoire se marient avec bonheur, en interrogeant de très près des mots, leurs sens, les émotions qui les traversent et le pouvoir qu’ils exercent.

    Retour sur les récits en 2006, par six études sur des écrits professionnels nommés des « mains courantes ». Cette fois nous naviguons d’une cité HLM à un service de cure d’alcoolémie, un lieu de vie pour handicapés et centre d’hébergement pour hommes à la rue, un service de milieu ouvert et une maternité. Malgré les éléments éparpillés et les fragments d’écriture, entre extraits de rapports et pièces de dossiers, s’éclairent les manières dont les pactes se formes entre les professionnels. De l’autre côté du miroir, on touche du doigt les mille petits désordres, les points de résistance, les échappées, les refus, ce qui se passe en sommes au plus près du quotidien des personnes pris en charge. Ces écrits « en main courante » affichent aussi une langue opératoire, spécifique d’un métier, d’un service, d’une époque. C’est surtout cette dimension qui intéresse J.-F. Laé qui pose d’entrée de jeu une simple et forte question : « Comment lire une main courante ? ». On peut ainsi considérer que l’ouvrage propose une méthode de lecture qui est solidaire d’un point de vue théorique sur ces textes issus de la pratique. L’importance accordée au « comment lire ? » invite en effet à tourner les pages des mains courantes, à scruter les mots, à travailler sur une constante contextualisation des discours qui sont tenus. L’auteur ne s’attarde pas sur la description matérielle des objets écrits mais plutôt à une « lecture dense », experte, quasiment érudite, de textes sans qualités sur lesquels on ne projette jamais cette finesse d’interprétation, nourrie ici d’une longue fréquentation des métiers de l’aide. L’impression est saisissante, d’autant que l’auteur évite l’apologie désormais convenue de la trivialité. Ce travail est publié dans Les nuits de la main courante. Ecriture au travail (Stock, 2008).

    Les projets qui se succèdent visent à interroger les écrits qui participent de l’entreprise que se sont fixées les sciences humaines, c’est-à-dire d’une restitution intelligible du monde social, à partir, non de l’absence d’archives mais des quelques traces laissées par un individu ou une institution, ce que l’auteur nomme le degré zéro de l’archive personnelle. Une analyse du « très quotidien », de cette masse d’écritures souvent passagères, de ce qu’éprouve chacun des scripteurs au jour le jour, de la manière dont il se représente et dont il se rêve, une manière qui change suivant l’endroit qu’on occupe et le temps auquel on appartient. Une grande collection d’archives est présentée avec Philippe Artières dans Les Archives personnelles. Histoire, anthropologie, sociologie (Armand Colin, 2011) où les auteurs s’interrogent sur ce que fait le scripteur en écrivant ce qu’il écrit et quels sont les destinataires implicites de chacune de ces archives ? Que dit-il et que fait-il lorsqu’il écrit ; que cherche t-il a faire en écrivant pour lui et pour autrui, pour opérer quoi et se conduire comment ? À travers quelle contexture les auteurs se disent, s’exposent, s’engagent, se regardent en train de faire ou de penser faire? En quoi ces écrits marquent les relations et les sentiments, le temps et l’action présents ; avec quel code et sur quel régime d’intensité ? Ces questions visent à saisir le social en acte, dans les actes d’écriture.

    En 2010, c’est un retour sur enquête qu’effectue l’auteur avec Numa Murard. Sur les lieux, Elbeuf, 30 ans après. De l’eau a coulé sous les ponts. Les deux chercheurs persistent à raconter ce qu’ils voient, ce qu’ils sentent, sans euphémisme. « Aller dans leurs sens », écrivent les auteurs, c’est affirmer que malgré toutes leurs pertes, les gens continuent à vivre, à agir, à penser. Ainsi vont-ils de lieux en lieux, de discussions en longues histoires autour du logement, de l’argent, des échanges, de la famille.
    Si les histoires des années 2010 ressemblent à celles des années 1980, l’ouvrage montre quelques différences remarquables : les enfants qui ont maintenant 40 ans ne font plus des familles nombreuses, tout au plus ont-ils 3 ou 4 enfants ; la scolarité des petits enfants est prolongée de quelques années, jusqu’aux portes de l’université, mais sans ressources, ils doivent aller travailler dans les métiers techniques ; les décohabitations sont plus franches, l’indépendance plus facilement conquise, même si en cas de coup dur, le retour au bercail s’envisage. On suit ainsi de près les différences entre générations, les reconstructions du passé pour expliquer la palette des destins, l’organisation de la famille qui se déplace, devient plus sensible aux enjeux « psychologiques », permet une expression plus forte des sentiments, un rapport aux institutions et à la justice plus ouvert et batailleur. Et ce à différents niveaux : l’histoire collective de la fin d’une cité de transit, l’histoire du devenir des différentes générations, puisque les enfants ont eux-mêmes des enfants, l’histoire du travail et du chômage, ces grandes matrices des biographies, les histoires judiciaires et médicales imbriquées dans cette série d’histoires collectives.
    En deuxième partie, est réédité l’Argent des pauvres paru en 1985. L’ouvrage se nomme « Enquête dans la ville ouvrière. Deux générations à la débine », Bayard, 2011.

    Avec ce dernier ouvrage, la boucle est bouclée semble t-il. On peut dire que l’auteur en trente ans a pris un chemin de ronde entre l’ethnographie urbaine et la discipline des corps à la M. Foucault, entre les mots du droit et des analyses goffmanienne des situations limites : tribunaux, aide sociale, enfermement ordinaire, précarité extrême. Le plan de coupe dominant, c’est la narration, une sociologie narrative peut on dire, ou l’auteur prend ses responsabilités en agençant les récits qu’on lui a confiés, des scènes vues, entendues et montées sur des concepts discrets. L’effet de lecture est redoutable, car finalement l’auteur nous propose de le suivre pas à pas, en nous montrant ce qu’il voit, ce qu’il lit, ce qu’il pense comme s’il nous autorisait à nous tenir derrière son épaule. Par ce parti pris, c’est un tableau cohérent qui apparaît à chaque fois au fil des lectures, celui de la mise en ordre de marche des individus, des familles, guettés par la pauvreté, la folie, la maladie, la mort, la destruction. La force de la démonstration tient sans doute à ce point de départ constant : le néant ou le désordre, la dissipation ou la chute à partir duquel l’auteur tient à la fois une posture de philologue, un regard aigu sur la réalité large, une conceptualisation des institutions où s’effectue une certaine maintenance des corps qui échappent sans cesse.

    Dire que l’auteur se tient entre M. Foucault et E. Goffman, c’est souligner qu’il ratisse d’un côté vers des procédés historiques : large quadrillage des concepts du droit, application rigoureuse de l’ordre réglementaire, systématisation et désindividualisation du pouvoir ; de l’autre côté, un regard sur les procédés pratiques – les allées et venues dans les institutions, les espaces de replis des professionnels, les jeux d’échange pour tenir les gens. Dans ce dialogue virtuel, on entend Foucault déplier le panopticon tandis que Goffman expose les cheminements, les pourparlers et les ruses dans les couloirs. En pointe de mire, s’affirme chez Jean-François Laé une certitude sur les échappées de la vie. Les disciplines ont beau s’exercer, enjoindre, contraindre, les subjectivités sont au bout du rouleau de l’analyse. Ces dernières forment le support final de tous les exercices du pouvoir, à défaut desquelles, il n’y a rien. D’où sa vive attention vers le dépotoir des gestes ordinaires, des pratiques aussi banales que l’écriture ou les postures du corps, les échanges économiques ou les réseaux de parenté. Une ethnographie en somme des exercices du pouvoir.