Hôtels meublés à Paris

Les éditions Créaphis publient ces jours-ci l’ouvrage rédigé par Claire Lévy-Vroelant et Céline Barrère, Hôtels meublés à Paris. Enquête sur une mémoire de l’immigration :
« Ce livre résulte d’un pari ambitieux : saisir les hôtels meublés parisiens comme des lieux de
mémoire. (…) À interroger habitants et hôteliers, l’oubli et le souvenir alternent dans un présent
hanté de passé et d’avenir. Mais comment la mémoire pourrait-elle prospérer dans ces lieux
alimentés par l’immigration, marqués par la domination et, bientôt, défaits par la destruction ou la
réaffectation à d’autres fonctions plus lucratives ? (…) Nous sommes allées y voir de plus près, assurées du soutien des penseurs de la mémoire, ses théoriciens d’abord, historiens et sociologues, ses passeurs ensuite, écrivains et muséologues (…) L’imminence de la disparition des hôtels meublés et du milieu qu’ils constituent n’a pas peu compté dans notre détermination de pousser toujours plus loin une investigation pourtant interminable au sens premier du terme. (…) Nous savions que l’hôtel meublé était le premier logement de l’étranger, qu’il vienne de la province voisine ou d’au-delà des frontières. Nous savions que le nombre d’établissements était passé, en trois quarts de siècle, de plus de 20 000 à moins de 800, de 230 000 chambres à un peu plus de 18 000. (…) Fortement marqué par le stigmate, l’hôtel, lieu paradoxal, est aussi objet d’idéalisation et de nostalgie. Toile de fond de mythes et de légendes urbaines à travers la chanson, le cinéma et la littérature, il est aussi, de par les gens qui le traversent et l’habitent, le dépositaire de vies d’ici et
d’ailleurs et, par là même, profondément ancré dans l’urbanité de la capitale : des lieux de culture
en d’autres termes. (…) Les histoires de migration qui y ont eu cours ont pour le moment une existence faible au sein des causes mémorielles entendues, mais elles existent dans les récits des hôteliers et des clients comme dans les textes littéraires qui s’y rapportent. »

Biographies des auteures
Céline Barrère, docteur en urbanisme de l’Institut d’urbanisme de Paris, est maître assistante en
sociologie et anthropologie à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille. Elle
est membre du Centre de recherche sur l’habitat, UMR LAVUE du CNRS (Laboratoire Architecture, Ville, Urbanisme, Environnement). Ses recherches s’intéressent aux représentations des espaces construits et aux pratiques sociales qui s’y rattachent.
Claire Lévy-Vroelant est professeur de sociologie urbaine à l’université de Paris 8-Saint-Denis.
Ses travaux portent sur la ville, les migrations et le logement. Elle explore les formes marginales
de logement en lien avec la mobilité dans une perspective de sociohistoire. Elle est membre du Centre de recherche sur l’habitat, UMR LAVUE du CNRS, du comité directeur de l’European Network of Housing Research (ENHR), et du comité de rédaction de l’International Journal of Housing Research, de Housing Studies et de l’European Journal of Homelessness.