Archive for décembre, 2017

Produire des connaissances empiriquement ancrées : initiation à la pratique d’enquête à Maputo, Mozambique

À une dizaine de kilomètres du centre-ville de Maputo, capitale du Mozambique, entre la très fréquentée route nationale 1, une gare routière et le stade national, se trouve le marché de Zimpeto, le marché grossiste de la ville, entouré d’espaces très denses où nourriture et biens divers sont vendus au détail. La vente se fait depuis les camions, dans de petites baraques en dur et sur des étals à même le sol.

Pendant une dizaine de jours, début octobre 2017, des étudiants du département d’anthropologie et de sociologie de l’Université Pédagogique du Mozambique (UP) se sont rendus à Zimpeto, accompagnés par deux enseignants français de PARIS 8, Nicolas Jounin et Livia Velpry, et un enseignant mozambicain de l’UP, Carlos Manjate. Répartis en groupes de 3 ou 4, ils ont réalisé des observations et mené des conversations informelles, qu’ils analysaient au fur et à mesure. Ils ont ainsi élaboré quelques connaissances sur leur thème d’enquête et défini des pistes de recherche à poursuivre.

Ainsi, l’enquête sur les taxes perçues par la municipalité auprès des vendeurs s’est révélée être une entreprise sans fin : à chaque sortie sur le terrain, les étudiants en découvraient une nouvelle. Taxe mensuelle de location des lieux de vente, taxe journalière d’usage du lieu qui se révèle payée par tous les vendeurs, y compris ceux dont la présence n’est pas autorisée, taxe de sortie du marché appliquée aux camions venus acheter en gros pour la revente…

Les étudiantes qui avaient décidé de comprendre comment on acquérait un espace de vente dans le marché ont fini par se repérer dans la multiplicité des légitimités et des usages. Elles ont également fait apparaître que les mouvements de révolte récurrents des vendeurs informels délogés de leurs espaces habituels jouaient un rôle de régulation dans la répartition de l’espace.

À l’entrée du marché, des jeunes garçons surveillent les voitures des clients du marché et les lavent parfois. Après trois matinées passées sur le terre-plein, les étudiantes ont identifié une répartition du travail et une hiérarchie entre les différents groupes qui se partagent les zones. Le chef de ces groupes, qu’elles avaient repéré lors de la première observation, s’est avéré avoir lui aussi un chef, venu ponctuellement faire l’inspection et récupérer un peu d’argent. Au sein de chaque groupe, la division du travail est poussée et s’accompagne d’un fort contrôle de l’activité. De l’avis de plusieurs, l’ancienneté est une condition nécessaire pour gravir les échelons. Surtout, intégrer ces groupes constitue, semble-t-il, une promotion par rapport aux autres activités exercées par les jeunes garçons sur le marché, qu’il s’agisse de décharger les camions, de vendre des sacs plastiques et , de transporter les marchandises achetées, ou encore d’attirer le client.

Ce stage de terrain intensif était organisé dans le cadre du partenariat entre le département de sociologie de PARIS 8 et celui de l’Université Pédagogique du Mozambique (Cette expérience est présentée en détail dans le rapport de mission-lien). Sa conception est inspirée de l’enseignement de pratique d’enquête proposé aux étudiants en sociologie de PARIS 8 : une formation à l’enquête de terrain par la pratique, que les enseignants accompagnent à chaque étape. À partir de lieux sélectionnés par les enseignants, les étudiants choisissent un thème précis d’enquête et reçoivent quelques consignes méthodologiques simples, puis se rendent rapidement sur le terrain où ils effectuent observations et entretiens, accompagnés par les enseignants. Les données produites sont discutées, analysées et critiquées le jour-même ou le lendemain, avant de retourner sur le terrain. Ces allers et retours permettent d’élaborer des hypothèses de recherche et de dégager des analyses ancrées de façon empirique. Dans cet exercice d’attention à la réalité sociale, la connaissance des étudiants et le savoir-faire méthodologique des enseignants se combinent pour identifier de bonnes questions et quelques pistes de réponses. Les groupes alternent séances d’observations sur le terrain et sessions de travail en salle sur le campus de Lhanguene. Lors de la dernière journée, chaque groupe présente un résultat concernant son thème, constituant un ensemble d’hypothèses de travail pour des recherches à venir.

Cette année, le stage a mobilisé les 80 étudiants inscrits en 3ème et 4ème années de licence. Outre la soixantaine d’étudiants qui s’est rendue à Zimpeto, une vingtaine d’autres sont allés au marché aux poissons, accompagnés de Michel Samuel, un collègue retraité de PARIS 8, et d’Aurelio Miambo, enseignant de l’UP.

Pour en savoir plus :

S’engager à Paris 8

À l’occasion de la publication des actes du troisième colloque de L’Anthropologie pour tous, focus sur la participation d’étudiants de Paris 8 qui, sous la conduite de Corinne Davault & Marie-Paule Couto, ont produit un travail en sciences sociales – « S’engager à Paris 8 » – portant sur l’engagement politique des étudiants de l’Université, à la suite du mouvement contre la loi El Khomry en 2016. Une opportunité pour eux de produire une « enquête succincte et professionnelle », mais pas seulement.

Ils furent une dizaine de volontaires, à demander du rab. Leur objectif ? Clore l’enquête sociologique entamée durant leur seconde année de licence avec l’ensemble de leur promotion. C’est à la suite d’un appel de l’association L’anthropologie pour tous, portée entre autres par Christian Baudelot, Catherine Robert et Fabien Truong, que deux maîtresses de conférences de Paris 8, Corinne Davault et Marie-Paule Couto, décident d’embarquer leurs étudiant(e)s dans ce projet. « Leur proposition est tombée à point nommé : je souhaitais depuis longtemps co-écrire un article avec des étudiants, se remémore Corinne Davault. Cependant, je ne voulais pas qu’il soit publié sur Internet. J’estime que le papier a un tout autre charme ! La proximité géographique avec le lycée d’Aubervilliers faisait sens, et nous permettait de tisser des liens avec d’autres enseignants du territoire. » …

Lien vers la suite de l’article du magazine Intra P8 : S’engager à Paris 8

Inscriptions pédagogiques, Descriptif des cours et Emploi du temps

Vous trouverez ICI l’offre des cours de licence au second semestre 2017-2018 ainsi que les horaires.

Les inscriptions pédagogiques à partir de votre espace e-P8 (IP web) seront ouvertes du 15 au 19 janvier 2018 (12h00).

L’inscription définitive dans les cours se fera auprès de l’enseignant.e lors de la première séance.

Les cours reprennent le lundi 22 janvier 2018.

Lien vers l’emploi du temps du second semestre
Et lien vers l’emploi du temps de la mineure anthropologie et des cours «découverte» en anthropologie

COURS de Master « POLITIQUES de la NATURE »

Le cours de B. Casciarri « Politiques de la nature » (M1/M2) commencera le jeudi 25 janvier 2017, en salle B 233, de 14h à 17h. Les séances restantes se dérouleront au même horaire à l’IUT de Montreuil.

Liste des inscrits, cours « anthropologie économique »

Le cours intensif « Anthropologie Economique » (B. Casciarri) se déroulera du lundi 8 au lundi 15 janvier 2017. Les étudiants sont priés de consulter la liste définitive des inscrits ci-jointe, et de confirmer leur inscription en étant présents à la première séance, qui se tiendra le lundi 8 janvier de 10 à 16h en salle B 233 (Université Paris 8). Les séances suivantes se dérouleront ensuite à l’IUT de Montreuil (pour s’y rendre consulter le lien: http://www.iut.univ-paris8.fr/plan-acces )

NOM PRENOM
ARZIMANOGLOU MAS Nicolas
ASSOUMANI Said Ali
AZARIZ Tasnim
BENMEZIANE Anna
CAMEUS Christelle
COLINE Estéphanie
DOS SANTOS VEIGA Vilma Liliana
FAWDA Mohamed
GLAESENER Antoine
GONZALEZ Ricardo
ISSUFO Muhamed
LESTROHAN Sonia
LOISEAU Armelle
LOUAFI Walid
LOUMINGOU Larissa
MAZERAN Solal
MBAYE Ahmad
MEHRAZ Katia
N’GUI Diabate
NASRA Ahmed
PAUVERT Solveig
REYHAN Kaya
ROMERO ESPINOZA Waita
SAMUEL Joao
SOIDIKI Hassan Ali
TRUJILLO MARCHAN Maria Fernanda
ZANANTONIO Federica

Ibrahim au Québec

Rapport d’expérience à l’Université Laval (Canada, Québec), par Ibrahim D., étudiant du département de sociologie et anthropologie de l’université Paris 8.

J’ai passé une année universitaire (soit huit mois) au Canada. Dans la capitale nationale, Québec (confusion fréquente : il y a le Québec, qui est l’une des 10 provinces canadiennes, et il y a la ville de Québec du même nom, qui est la capitale de la province de Québec). J’y ai effectué ma dernière année de licence de sociologie, avec quelques cours en anthropologie vu qu’il s’agit de ma mineure.

La première chose qui m’a frappé à l’arrivée : l’accent québécois. J’avais vu au préalable quelques films de Xavier Dolan (en plein dans le cliché, je sais haha) pour me faire une vague idée linguistique de la différence entre le québécois et le français métropolitain. Elle existe, mais ça s’évapore à l’oreille au bout de quelques semaines. Le gros du challenge, c’est les expressions québécoises, absolument inédites en France pour la plupart et que j’ai dû apprendre finalement, pour ne pas me retrouver largué lors de mes conversations avec des québécois-e-s.

Le second challenge, c’était l’hiver. Le plus froid de toute mon existence. Mais c’était prévisible. Et finalement, tellement secondaire vu qu’à côté, je me suis quand même bien éclaté à faire diverses activités hivernales (patin à glace, ski de fond, etc), dans des paysages couvert de neige absolument magnifiques, sans compter les petites expériences touristiques extra-scolaires (l’Ontario, province voisine du Québec et anglophone, c’est vraiment cool par exemple). L’hiver aurait été un problème insurmontable si j’avais voulu qui le soit. Et ça n’apas été le cas, loin de là !

Passé la recherche d’appartement (en colocation, c’est quasi incontournable pour tous ceux et celles qui font le choix de ne pas vivre sur le campus), et les tracasseries administratives (faire sa carte d’étudiant, choisir ses cours, etc), l’Université Laval se révèle être un campus agréable (et très grand, il couvre 1,9 km2 de surface à Québec). C’est juste idéal pour travaillertranquille, avec la bibliothèque universitaire qui ferme à 23h en semaine (17h30 le week-end), le centre d’entraînement sportif géant avec piscine, ou le stade de football américain, où j’ai eu le plaisir de ne rater aucune rencontre des Rouge et Or, l’appellation officielle de toutes les équipes collectives de l’université Laval (pour la petite histoire, Les Rouge et Or ont fini champion universitaire après un dernier match épique contre les Dinos de Calgary à Hamilton, Ontario).

Il n’y a pas d’écart significatif au niveau de l’enseignement en salle de classe. La culture du Powerpoint est largement plus développée qu’à Paris VIII par exemple, où les cours sont beaucoup plus magistraux, et nécessitent donc une concentration plus accrue. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de profs à Laval qui ne font pas de cours sans Powerpoint, mais l’inverse est plus fréquent. En revanche, la charge de travail à la maison est plus significative à l’Université Laval qu’à Paris VIII. Les lectures sont plus fréquentes et nombreuses, tous comme les dossiers à rendre. Je ne me suis pas senti livré à moi-même pour autant, les profs sont vraiment à l’écoute, et ont des assistant-e-s et des sites de cours qui permettent de communiquer entre étudiant-e-s et profs sans problème pour des questions, ou autre. Je souligne aussi que pas mal de textes en anglais sont à lire en cours, ça peut vite devenir difficile si on ne maîtrise pas un minimum la langue anglaise, mais rien d’insurmontable non plus, ça se limite aux lectures, les cours restent en français, y compris la majorité des lectures à faire.

Le Québec a fait de gros progrès culinairement, comparé à il y a une dizaine d’années de l’aveu même de bon nombre de ses habitant-e-s. Mais ça reste un endroit où la culture culinaire reste relativement sommaire. Pour bien manger, pas le choix, j’ai dû me mettre aux fourneaux régulièrement, sous peine d’être condamné à manger de la Poutine toute l’année (c’est quasiment le plat le plus prisé de la province. Pas cher et facile à faire et manger. Fondamentalement, des frites, du cheddar et une sauce brune type barbecue).

Somme toute, Québec, c’est une belle ville, surprenante, avec un tas de bars, de restos conviviaux, de concerts en tout genre, et surtout de personnes vraiment sympa et ouvertes. C’est une expérience culturelle, universitaire et personnelle que je recommande chaudement. Ce n’est pas facile de traverser l’Atlantique et d’être éloigné des siens, mais de ma perspective, j’ai découvert tellement de choses nouvelles, que je ne regrette rien.

Lancez-vous !

D’autres témoignages d’étudiants et d’étudiantes du département de sociologie : ici.

Histoire et actualité des Bourses du travail

Dans le cadre de l’enquête « hors les murs » de M2 de Sciences sociales de l’Université Paris 8 les étudiant-e-s du parcours ETA, l’association Sciences Pop, la Commission Administrative de la Bourse du travail de Saint-Denis, et l’UL CGT, organisent une conférence-débat à laquelle vous êtes tou-te-s cordialement invité-e-s.

Jeudi 14 décembre 2017
Histoire et actualité des Bourses du travail

14 décembre 2017 de 18h à 20h
à la Bourse du travail de Saint-Denis
9-11 Rue Génin, 93200 Saint-Denis – Métro Ligne 13, arrêt Porte de Paris
Les Bourses du travail ont permis d’inventer un syndicalisme ambitieux, attentif à la culture et à l’éducation, à la solidarité entre travailleurs avec et sans emploi, à la diversité des métiers et des conditions. Elles ont pu exister grâce au soutien de municipalités engagées et progressistes. Revenir sur l’histoire de ces expérimentations permet d’éclairer les enjeux auxquels font aujourd’hui face les Bourses du travail.

Avec David Hamelin, historien, et un.e représentant.e de la CGT d’une Bourse du travail menacée de fermeture.

Claire Lévy-Vroelant : le logement, un bien commun

Claire Lévy-Vroelant, professeure de sociologie à l’Université Paris 8, était l’invitée de l’émission Là bas si j’y suis :

« Des milliers de personnes ont manifesté partout en France, le 14 octobre, pour s’opposer à la réforme des aides personnalisées au logement (APL) prévue par le gouvernement d’Édouard Philippe. En se focalisant sur le système des APL, le débat occulte le second pilier des politiques d’habitation : les aides à la pierre, qui ont prouvé leur efficacité pour combattre le logement cher. »

Vous pouvez écouter l’émission ici.