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Sociétés contemporaines : « Classes populaires et services publics »

Christelle Avril, professeure agrégée au département de sociologie de l’université Paris 8 a dirigé avec Yasmine Siblot (Université Paris I) et Marie Cartier (Université de Nantes) le dernier numéro de la revue Sociétés contemporaines consacré aux rapports entre « classes populaires et services publics« .
Créée en 1990, la revue Sociétés contemporaines est rapidement devenue l’une des principales revues de sociologie française. C’est une revue thématique et pluridisciplinaire : chaque numéro comporte une série d’articles sur un thème.

CLASSES POPULAIRES ET SERVICES PUBLICS
Sociétés Contemporaines n°58, 2005
Christelle Avril, Marie Cartier, Serge Ebersold, Sibylle Gollac, Julien Langumier, Yasmine Siblot
Jusqu’à une période récente, les sciences sociales ont privilégié une approche de l’Etat et des administrations par le haut, comme dans la sociologie des haut fonctionnaires. Mais quelles sont les pratiques et les représentations des services publics des agents et des usagers appartenant aux classes populaires ? Qu’impliquent pour eux les politiques de « modernisation » mises en oeuvre depuis les années 1980 ? Les articles de ce dossier explorent ces questions à partir d’études empiriques menées à des échelles différentes et en utilisant diverses méthodes.
ISBN : 2-7475-9102-6

Introduction du dossier : Classes populaires et services publics (PDF).
Résumé des articles

Sociologie des « événements »

Lors des cours de Licence de la mi-novembre 2005, des discussions se sont engagées à propos des « événements », à partir des violences elles-mêmes mais aussi de leurs causes et de leurs effets, ainsi que des réponses politiques.
Sous ma responsabilité et avec leur accord, je voudrais poursuivre le débat en portant à la connaissance de tous les lecteurs potentiels les textes que m’ont remis Fouad, Eric, Myriam, Bérangère, Pierre et les autres…
Claire Lévy-Vroelant, professeur de sociologie.
[note : il est possible de commenter ces textes à l’aide du formulaire qui se trouve en bas de la page]

Fouad, 18 novembre 2005
Avant de répondre à votre question (En quoi les événements qui se déroulent ces derniers jours sur le territoire français vous concernent-ils?), je me suis demandé si le récepteur allait comprendre ma réponse sans rien connaître sur l’émetteur (moi). Autrement dit (je pense) qu’on ne peut pas comprendre si on ne connaît pas la situation de l’autre. Parce que la question posée est en même temps vague et précise. C’est pour cela que j’ai préféré me présenter en quelques lignes afin que ma réponse soit bien comprise et surtout de me comprendre moi-même.
Voilà : je m’appelle Fouad, j’ai 23 ans, je suis marié, de nationalité marocaine, j’habite dans une cité dans le 91, avant j’habitais dans une cité à Mantes la Jolie, dans le 78). Je suis en France depuis 4 ans, j’ai un Bac + 2, un DEUG de Lettres et Littérature française au Maroc. J’ai un niveau 2ème année de BTS Assurance (je vais expliquer après pourquoi j’ai le niveau BTS et pas le BTS). Maintenant je suis en 2ème année LMD de sociologie (à Paris 8)
Je tiens vraiment à cette présentation même si ça concerne ma vie privée, mon but est de comprendre (et faire comprendre) ma réponse. Cette réponse repose sur trois éléments : en tant que personne étrangère, en tant que personne mariée et qui a une petite famille, en tant qu’étudiant en sociologie.
1. Pour ce qui est de ma réponse en tant que personne étrangère, je voulais d’abord dire quelque chose sur mes origines. Chez moi au Maroc, on considère la France et les Français comme un bon exemple dans tous les domaines et surtout pour ce qui concerne leur comportement envers l’autre : le respect, le dialogue, les français sont un peuple ouvert envers les autres… (C’est du moins) ce que j’ai appris à l’école. Tout cela pour dire qu’on aime la France chez nous. On s’est intéressé à l’histoire de ce pays en faisant des recherches, pour moi c’était à l’université que « je me suis approfondi » dans l’histoire de la France : la civilisation, la littérature… Mais le problème aujourd’hui, c’est que dans ce que je suis en train de vivre ici en France, je ne trouve rien de ce qu’on apprend chez nous sur les Français. Où sont les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité ? ces paroles que j’entends toujours dire par des gens qui ne savent même pas ce que cela veut dire… (ils les répètent) parce qu’ils les ont eu en héritage par rapport à leur histoire, ou bien ces gens sont obligés de les dire pour dire, « c’est la démocratie », ou bien c’est devenu tout simplement une habitude de le dire sans en avoir la conscience, ou bien…
Si vous voulez que je vous dise la vérité, je suis en train de vivre un cauchemar. Je n’aurais jamais imaginé que les gens nous traitent comme des sauvages, des esclaves qui n’ont pas le droit à la parole, pas le droit de s’exprimer comme eux.
Savez-vous quel est le problème de la France ? – et la France n’est qu’un exemple du monde entier – c’est que pour vous, les gens qui viennent d’un pays arabe ne sont pas des êtres humains (souligné en rouge). Moi je vous dis, réveillez-vous, ce n’est plus le temps de l’esclavage, ce n’est plus l’époque où nos parents ne savaient pas dire non devant des conditions de travail telles qu’en témoigne notre histoire. Réveillez-vous ! Nous sommes des êtres humains tout comme vous, nous aussi on a des sentiments qu’on aimerait bien que vous respectiez, comme nous le faisons nous-mêmes. C’est vrai qu’on est différents, mais ça ne veut pas dire forcément que vous, vous êtes mieux que nous ! Nous aussi nous sommes intelligents, nous avons un savoir, nous avons une culture, nous avons surtout une histoire que vous n’avez pas le courage de connaître. Quand je parle de notre histoire et de notre culture, je ne parle pas du Couscous ou du Tagine, je parle de notre civilisation. Pour moi le problème n’est plus celui de gens comme moi qui quittent leur pays en croyant trouver plus civilisé que le leur, le problème, maintenant, c’est vous ! J’insiste là-dessus. Quand vous parlez d’intégration (dans le dictionnaire c’est : s’assimiler à un groupe), pour moi je ne pense pas m’intégrer dans un pays ou plutôt dans une société où il n’y a pas de respect surtout envers les étrangers, où il n’y a pas de dialogue, où il n’y a pas de solidarité… C’est parce que chez moi dans la société marocaine, je n’ai pas été éduqué comme ça. Je sais ce que veut dire le respect, le dialogue, la solidarité surtout envers les étrangers. Ce n’est pas pour que les autres disent qu’on est bien… Plutôt c’est pour dire que les bonnes manières sont gravées dans notre cœur et que personnellement je n’ai jamais osé blesser personne, ni moralement ni physiquement, et encore moins des Français. Vous savez pourquoi ? Parce que j’aime ce pays, que je le sens une partie de moi et que je ferai tout pour le bien de ce pays. Je voudrais ajouter ceci : il y a des gens qui disent que le problème c’est notre religion, c’est-à-dire que ce qui se passe en France c’est à cause de l’Islam et des musulmans. Moi je suis tout à fait contre (cette opinion). Je vais tout simplement répondre à ces gens selon leur niveau de savoir – puisqu’ils n’ont pas eu le temps d’aller eux-mêmes faire des recherches pour bien connaître notre religion et qu’il leur suffit de regarder la télé et de faire des jugements qui n’ont aucun rapport avec la réalité – je veux leur dire que l’Islam c’est comme le Code de la route : s’il y a une personne qui passe au feu rouge, on va dire quoi ? Que le problème c’est le Code de la route ou la personne ? C’est la même chose dans notre religion, jamais l’Islam n’a été pour la violence, et je veux parler tant de ce qui se passe en France que de ce qui se passe dans le monde entier. Je voudrais ajouter une petite précision qui est très importante : l’Islam, ce n’est pas fait que pour les Arabes, c’est fait pour tout le monde, mais personne n’oblige personne d’être musulman, c’est un choix personnel.
Ce qui me touche vraiment, c’est de laisser le sort de la France et l’image de la France entre les mains des politiciens qui font des discours pour leur profit personnel – élections 2007 – surtout quand ils parlent des expulsions des étrangers qui ont une relation avec les violences (dans les banlieues). Moi je leur dis : vous croyez qu’un étranger va faire un voyage de 3000 kilomètres pour faire ces choses-là ?
Juste entre parenthèses, en parlant de l’intégration, on est déjà intégré depuis chez nous, au Maroc, puisqu’on parle le français avant d’arriver ici en France, je parle de la langue parce que c’est le premier problème de l’intégration. Alors, que veulent dire les Français quand ils évoquent l’intégration ? Qu’eux aussi, quand ils vont s’installer dans un pays arabe, ils vont parler notre langue ?
2. Pour ce qui est de ma réponse en tant que personne mariée, tout d’abord je voulais dire, comme l’Etat est la cause de ce qui se passe aujourd’hui, les parents aussi sont à l’origine de ces évènements, puisque ça concerne leurs enfants : je veux parler de l’éducation. La plupart des parents n’ont pas d’autorité sur leurs enfants. Pourquoi ? Tout simplement, l’enfant grandit sans ses parents, l’enfant grandit dans la rue parce que ses parents n’ont pas le temps d’éduquer leur enfant, ils ne veulent que ramasser de l’argent, travaillant jour et nuit, pour eux les enfants c’est un projet qui fait rentrer de l’argent dans la famille avec les allocations familiales. Ils n’ont pas compris qu’un enfant c’est un être humain qui a des sentiments, qui a besoin qu’on soit là pour lui et surtout qu’on parle avec lui. S’il n’y a pas de dialogue permettant à l’enfant d’éclairer beaucoup de choses qui lui seront utiles pour son avenir, quand l’enfant ne trouve pas chez lui ce dont il a besoin, il se dirige vers son environnement et c’est là que commence le problème : l’enfant est confronté à des phénomènes inexplicables, violence, racisme, ce qui va avoir une influence sur lui et appartient à ce climat de violence.
Personnellement, mes enfants sont nés ici en France, ils seront français. C’est donc moi le premier responsable de leurs actes si jamais je n’arrive pas à leur transmettre les bonnes valeurs de la société. Donc il me faut être toujours là pour eux, il faut établir un dialogue, il faut être ouvert, il faut leur donner de bonnes réponses avec de bons arguments, il faut les considérer comme des amis mais avec des limites. Je n’oublierai jamais le conseil de mes parents : un enfant c’est comme une feuille blanche, à sa naissance il n’a rien dans la tête, et c’est aux parents décrire les mots, c’est-à-dire de donner une bonne éducation dont les résultats apparaîtront dans l’avenir. Donc l’éducation, c’est très très important, afin d’éviter ce qui se passe aujourd’hui, d’éviter la violence, d’éviter de se faire justice soi-même.
3. Concernant ma réponse en tant qu’étudiant en sociologie, je voudrais faire une petite précision. Comme je l’ai signalé au début, avant de faire de la sociologie j’ai été étudiant en BTS Assurance à Paris. J’étais dans une école privée, mon rêve c’était d’avoir mon diplôme et de travailler après comme les autres. Mais mon rêve ne se réalise pas, pour une simple raison c’est que je n’ai pas trouvé de stage. Ils me disent que je suis « Marocain » et en plus j’habite dans une cité, donc ce n’est pas possible. Ce qui m’a énervé le plus c’est qu’à l’école où j’étais, ils n’ont pas voulu m’aider à trouver un stage comme ils le faisaient avec les « Français ». La conséquence est que je n’ai pas eu le droit de me présenter à l’examen final. J’ai sacrifié deux ans de ma vie pour rien. Au lieu d’avoir un diplôme, j’ai de la souffrance. Est-ce qu’on peut parler d’égalité dans ce cas-là ?
Heureusement pour moi je ne me suis pas arrêté là, puisque maintenant je suis en 2ème année de sociologie et que j’ai tout l’avenir devant moi, il suffit d’avoir la volonté, le courage, et d’y croire.
Pour moi, en tant qu’étudiant en sociologie, je ne vais pas m’arrêter sur les évènements présents, mais je vais revenir plutôt quarante ans en arrière, et faire des recherches sur l’histoire, la colonisation, l’immigration, etc. , pour bien comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Parce qu’on voit des évènements dont on savait déjà qu’ils auraient lieu, il faut chercher la source des problèmes. Il ne fallait pas donner trop d’importance à construire des bâtiments, des lieux qui ne servent à rien si on ne s’intéresse pas à la personne et surtout aux sentiments, ce ne sont pas les murs qui sont importants, ce sont les hommes, les êtres humains.

Finalement je peux dire que les évènements d’aujourd’hui en France, c’est seulement un échantillon de ce qui se passe ou va se passer dans le monde entier, parce que les gouvernements n’ont pas le temps d’écouter la population et d’établir un dialogue qui serait utile pour les deux parties. Alors, les gens choisissent malheureusement un autre moyen pour se faire entendre et attirer l’attention, c’est la violence. Tout type de violence, du vol au terrorisme, ils préfèrent se faire justice eux-mêmes, même en sacrifiant leur propre vie, en oubliant leur culture, leurs traditions, leurs valeurs, leur religion… Ils se disent que leur vie ne sert à rien s’ils n’ont pas les mêmes droits que les autres, il n’est plus question ici d’intégration ou de religion, c’est question de mauvaises pensées, des jugements qui se font sans avoir le courage de connaître l’autre, parce qu’on s’arrête à chaque fois à une image qui est diffusée à la télé, on n’essaye pas de comprendre ce qu’il y a derrière.

Je m’excuse d’avoir été assez long dans ma réponse. Mais il s’agit de sentiments que je vis chaque jour, c’est donc plus qu’une simple réponse à une simple question. J’aurais voulu avoir votre opinion aussi sur ce que j’ai écrit, c’est dommage qu’il n’y ait pas une matière qui traite vraiment ces phénomènes. C’est dommage aussi que Paris 8 n’organise pas des voyages dans les universités marocaines pour mieux nous connaître avant de juger. Je serais le premier à accueillir les étudiants intéressés.

Pierre, 18 novembre 2005
Depuis deux semaines, à 20 heures et pendant plus de 20 minutes, la télévision projette des images de voitures brûlées, d’écoles ravagées par les flammes et de jeunes gens qui parlent plein de rage dans la gorge.
Sur fond de musique rap (comme pour cataloguer les jeunes) certaines radios de talk show invitent et interviewent des hommes politiques qui n’ont jamais la même clé pour répondre à des besoins et à des attentes.
Car je pense que ces gens ont de réels besoins et de réelles attentes. Même si leurs modes d’action paraissent parfois incompréhensibles, je pense que pour les comprendre il faut se mettre à leur place. Pour comprendre ce qu’ils vivent, il faut tout d’abord remonter au jour de la mort de Zyad et Bouna, puis de l’attaque de la mosquée et des expressions utilisées par des hommes politiques dont un précisément…
Il faut ajouter à toutes ces données, le chômage, et le racisme que vivent ces jeunes (au travail et en sorties). Tout cela assemblé donne un mélange « explosif ».
On peut donc dire que ce ras-le-bol s’exprime par des modes d’action parfois difficilement compréhensibles mais qu’ils apportent des changements malgré ce qu’on entend. Ainsi, des budgets pour des associations ont été remis en place. Mais ce n’est pas non plus un grand bouleversement qui s’observe. Des changements se font attendre et dans cette attente, le ras-le-bol ne s’est pas endormi malgré le couvre-feu…

Eric, le 25 novembre 2005
Ma réaction est la suivante : j’ai suivi plusieurs débats télévisés, et les interprétations sur ces évènements ont été très diverses. Certains parlent de délinquance pure, et d’autres d’actes désespérés de la part de ces jeunes.
Je trouve que la plupart de ces débats sont restés assez en surface, c’est-à-dire beaucoup sur la forme mais pas assez sur le fond. Je m’explique : les réactions des gens face à ces émeutes sont : « ces jeunes sont des casseurs, des voyous, des délinquants » ou plus célèbres, « des racailles »…
Ces jeunes brûlent des écoles et des voitures, même si tout ceci est dommage, la vraie question est de se demander POURQUOI, et non faire des réflexions comme « ces jeunes sont stupides ». Seuls quelques sociologues invités sur les plateaux ont posé la question, qui est restée bien souvent sans réponse. Hors tous les sociologues savent que les écoles participent de façon massive (en quantité) à la reproduction des différences sociales, de plus l’école est une institution, elle représente l’Etat. Donc, brûler une école, c’est comme brûler un personnage de papier au carnaval, c’est symbolique. Les voitures représentent des signes extérieurs de richesse, en général c’est le bien le plus représentatif de la condition sociale d’une personne, « j’ai une voiture donc j’existe », alors brûler une voiture est une manière significative de dire : « eh bien on n’a rien de toutes façons, alors on n’est pas à une voiture près ». C’est là aussi très symbolique, cette façon de concevoir les choses, la vie : ils n’ont rien à perdre.
Beaucoup de ces jeunes ont arrêté l’école très tôt et n’ont pas les mots à leurs maux. Ils n’ont trouvé que ce moyen pour exprimer leurs frustrations. Mais on peut constater qu’aujourd’hui dans notre société pour se faire entendre on est obligé de tout faire brûler, de casser… Les manifestations « passives » ne servent plus à grand chose. Prenons le cas des agriculteurs, des routiers ou bien des ouvriers obligés parfois de séquestrer leur patron pour se faire entendre. La société est dure, alors les moyens sont durs.
On parle d’intégration à des jeunes qui sont nés en France. Si naître en France n’est pas synonyme d’intégration, alors qu’est-ce ?
Le travail aurait dû être fait sur leurs parents ou sur la génération précédente. Ils sont français alors à quelle France leur demande-t-on de s’intégrer ? Encore une fois ces jeunes qui sont dans la misère et qui ont besoin d’argent, pourquoi brûler des écoles et des voitures alors qu’il serait logique d’aller brûler des banques, là où il y a de l’argent ? Cela prouve que ces personnes ont besoin et soif, très soif, de reconnaissance sociale.
C’est pour tout cela que je ne crois pas au mot « intégration », l’histoire et les évènements récents nous ont montré que cela ne fonctionne pas. Je crois plus en « l’adaptation ». On ne peut pas demander à des gens qui ont une culture ou croyance différente de tout oublier pour faire place à une autre culture, ce n’est pas possible, encore une fois l’histoire le prouve. L’alternative à ce processus d’intégration est pour moi un travail d’adaptation à faire, et cette fois-ci sur le fond et la forme. Une personne ayant une culture ou croyance différente ne l’empêche pas de s’adapter dans la société dans laquelle il vit, croire le contraire pour moi s’apparente à être anti-social.

Myriam, 23 novembre 2005
En tant que Française née sur le sol français, je me dois de me sentir concernée par les évènements qui se déroulent sur le territoire. En tant que jeune issue de l’immigration et ayant grandi en banlieue, je suis complètement touchée par les problèmes qui se posent aujourd’hui. Depuis mon enfance, j’entends parler d’intégration, de discrimination, de racisme… mais l’affront que nous a fait Monsieur Sarkozy est extrêmement grave ! Jusque là j’ai toujours soutenu les démarches de notre ministre par rapport à la « tolérance zéro ». Mais entendre des propos racistes de la bouche d’un homme d’Etat est inadmissible. Nous sommes la France de demain, c’est de nous que dépend la réussite, la richesse de notre pays. Certains oublient que l’immigration n’est que le résultat du besoin de main-d’œuvre pour la reconstruction de la France d’après guerre. Par la suite, nos parents ont été placés à la périphérie des villes, on leur a construit des hyper-marchés et des stades et on les a négligés. Leur reconnaissance et leur humilité étaient telles qu’ils ne se sont jamais plaint. Mais après le silence de plusieurs générations, nous réclamons « notre dû » : un droit égal pour tous, et surtout du respect. Monsieur Sarkozy dans ses campagnes nous parle de « mixité sociale » mais il refuse les 20% de logements sociaux obligatoires dans son département, il préfère payer une taxe !
Les jeunes issus de l’immigration sont français, ils n’ont rien à prouver, alors que l’on arrête de nous parler d’intégration et qu’on nous parle plutôt d’égalité des chances. Qu’on nous aide à trouver notre place dans la société, c’est là la solution. Au lieu de cela on répond à nos problèmes par un système de répression et la mise en place du couvre-feu, qui avait été établi pour la dernière fois pendant la guerre d’Algérie en 1955. Ce qui se passe aujourd’hui était prévisible. Aujourd’hui nous connaissons nos droits et nous les réclamons. Les solutions aux grands problèmes ont toujours été trouvées après de grandes révolutions. Aujourd’hui, c’est le moment pour le gouvernement de reconnaître ses erreurs, d’écouter les jeunes et de réparer l’affront qui a été fait.

Bérengère, le 23 novembre 2005
Les évènements de violences urbaines qui frappent les banlieues me concernent dans le mesure où géographiquement j’habite dans une banlieue. Une banlieue qui a été touchée la première puisque je réside dans le 93 non loin du point de départ, Clichy –la-Garenne. Ces faits me concernent d’autant plus du fait que je suis dans la tranche d’âge des personnes qui exercent ces violences.
Je pense qu’on peut comprendre le « ras-le-bol » des jeunes qui se sentent parqués dans des cités, oubliés par le gouvernement et opprimés par la société.
On peut se poser la question de savoir comment ces problèmes peuvent se résoudre. Est-ce que le gourvernement agit de la bonne façon en exerçant encore la politique « tolérance zéro » ? Est-ce que cette façon d’agir ne va pas envenimer encore plus les choses ?
Les évènements me concernent mais concernent également tout le reste de la population.
Je pense que lorsque l’on vit dans une agglomération où règne l’individualisme on se sent rapidement seul et oublié du système.
Ce « ras-le-bol » était prévisible et est légitime.
Je ne pense pas qu’il faille les blâmer mais plutôt comprendre pourquoi ils agissent ainsi et pourquoi le gouvernement a fermé les yeux pendant des années.
Je pense également que le gouvernement n’agir pas de la bonne manière en l’occurrence Sarkozy dans le sens où il punit. Il est vrai que cela peut faire peur, comme par exemple à Clamart (92) où l’on a trouvé un enfant de 10 ans avec un bidon d’essence. Mais on s’attache aux actes de vandalisme au lieu de s’attacher aux raisons du vandalisme et de ces violences urbaines.

Sameh, 23 novembre 2005
Tout d’abord je dirais que les évènements qui se sont déroulés récemment… ne datent pas d’hier. Que ce soit pour les problèmes sociaux profonds qu’on rencontre dans les banlieues comme pour les actes de violence poussée. Je veux dire que les voitures brûlées, il y en a toujours eu dans mon quartier – le Luth, à Gennevilliers – certes par intervalles irréguliers qui, je pense, reflètent la mauvaise humeur de la personne vandale. Ce qui est nouveau, c’est que la violence semble s’être propagée sur tout le territoire, dans un même temps. En effet, c’est la colère des jeunes qui a éclaté dans les cités. Et dans les provinces. Ca, c’est le discours des médias. Mais allons au delà… La cause superficielle donnée à ces actes de violence massive serait un certain discours de Sarkozy à l’encontre des « jeunes » en général. Ce discours a pu en effet énerver certains mineurs, mais la colère qui réside dans le cœur des banlieusards est plus vieille et très profondément ancrée. Elle est due à une frustration face au sentiment de rejet qu’ils ont toujours subi de la part des employeurs, et même des professeurs dans l’enceinte scolaire (les professeurs, face à des élèves difficiles, vont (les) abandonner, les rejeter au fond de la classe, au lieu de les encadrer davantage. Ce qui les pousse justement à quitter l’école).
Toutefois, personne n’a répondu à la question : pourquoi cette absence de réclamations derrière les actes de délinquance ? Tout simplement parce que la majorité des pyromanes sont des mineurs à peine concernés par les faits. Ils sont tombés dans l’engrenage médiatique et ont répondu à une provocation qui avait pour seul but de faire passer des lois racistes et inacceptables dans d’autres circonstances ! Les médias ont nourri cette situation, cette ambiance chaotique et d’insécurité afin de mieux faire passer des mesures telles que le couvre-feu, l’apprentissage à 14 ans, ou pis encore, l’expulsion de jeunes en situation régulière vers leur pays d’origine !!! Un certain slogan s’est développé : « Tu aimes la France, tu restes ; tu ne l’aimes pas, tu la quittes ! ». On pourrait très bien répondre à cela : « Pour pouvoir aimer la France, il faudrait avant tout qu’elle nous aime ! Il faut donc que la République cesse de bafouer nos droits ! ». Je trouve cela INADMISSIBLE. C’est loin d’être la bonne solution, mais c’est évidemment la plus simple et la plus radicale : au lieu d’arranger les problèmes, on les fait disparaître. J’appellerai ça : « la solution finale du Gouvernement Sarkozy-De Villepin ». Tout ce qu’ils vont récolter avec de telles mesures sera une guerre civile !
En ce qui me concerne, je considère que j’ai réussi à l’école malgré ma ville d’origine – et je ne suis pas la seule ! – mais rien ne me certifie que je ne subirai pas moi aussi de discrimination à l’embauche face à mon nom ou mon quartier, voire à ma faculté d’origine… Néanmoins, il me faudra persévérer, et non pas tout casser parce que cela va mal.

Sabrina, 22 novembre 2005
En tant que citoyenne, ces évènements me concernent. Je pense qu’ils sont le révélateur d’un problème qui s’est aggravé et endurci depuis plusieurs années car il n’a pas été traité convenablement par les différents gouvernements. Or, nous choisissons notre gouvernement avec les élections. Comme 80% des français, j’ai voté pour Chirac aux dernières élections (sans être d’accord avec ses choix politiques, puisqu’il se montre incapable depuis 10 ans à résoudre ce problème).
Ensuite, ces évènements m’affectent directement puisque j’habite, j’étudie et je travaille en Seine-Saint-Denis. Cela peut se traduire par les bruits incessants des sirènes de police qui résonnent depuis deux semaines, les perturbations des transports liées à ces évènements, pis encore la porte du collège où je travaille qui a été brûlée. Mais au-delà de cela, la stigmatisation, les amalgames et l’incompréhension qui découlent de ces évènements m’affectent. Que ce soit au niveau des médias, des politiciens et autres intervenants sur ce sujet, je me sens dévalorisée voire insultée par les discours tenus par certains. J’ai l’impression qu’être d’origine étrangère (surtout africaine) vivre en banlieue et être musulman deviennent des sorts de déviance dans notre société. L’action d’une partie a suffi à renforcer la mauvaise image que l’ensemble avait déjà.
Ces évènements me concernent car je vis dans les mêmes conditions que ces casseurs, je comprends leur récolte sans accepter leur manière d’agir.
En tant que fille d’immigrés je me sens concernée par les mesures mises en place à l’encontre des étrangers impliqués dans ces casses. Pour moi il y a une inégalité face à la peine encourue par les casseurs : un casseur freançais vaudrait-il mieux qu’un casseur étranger vivant en France depuis plusieurs années ? Cette inégalité face à la loi traduit une discrimination bien présente en France dans d’autres domaines.

Yousfi, 22 novembre 2005
Je n’arrive pas trop bien à imaginer le profil du jeune casseur sans-papier que Monsieur Sarkozy souhaite expulser, ou a expulsé, surtout quand on voit combien il est difficile d’arriver jusqu’en France de façon irrégulière.
Je trouve que les mesures d’expulsion de personnes titulaires de titres de séjour sont dangereuses. D’une part je me sens visé et je me dis qu’en ce moment il ne faut pas que je me trouve au mauvais endroit au mauvais moment. D’autre part cela signifie qu’on renvoie des jeunes dans des pays qu’ils n’ont peut-être jamais vu. Cela ne résout rien je pense. D’autant plus que des propositions de retrait de naturalisation ont déjà été faites. Comment peut-on alors se sentir français ou envisager de la devenir de façon permanente ?
En ce moment, on se sent insulté en permanence, en tant qu’immigré, musulman, jeune. Que ce soit par les hommes politiques, mais aussi par les médias, qui visiblement ne comprennent pas grand chose.
L’incident de la mosquée montre, je pense, que le ministre de l’intérieur n’avait qu’une envie : mettre le feu aux poudres. En effet, il ne lui aurait rien coûté de s’excuser simplement. Au contraire, il a prétendu que les grenades lacrymogènes n’avaient pas été lancées par des CRS.
Je trouve l’histoire du couvre-feu complètement abusive (peine jusqu’à deux mois de prison ferme). Pendant une période les bus et les trains étaient coupés très tôt, déjà qu’en temps normal ils sont très insuffisants !

Camille, 23 novembre 2005
Comme je suis américaine, je ne connais pas bien les problèmes des minorités dans les banlieues de Paris. Et bien que j’aie réfléchi pendant longtemps sur ce problème, je ne suis pas arrivée à une solution immédiate. Pourtant, il me semble que l’éducation serait importante pour casser le cercle vicieux de la pauvreté et du chômage qui afflige les minorités.
Je ne comprends pas la raison pour laquelle les jeunes ont brûlé les écoles. Je sais qu’ils sont fâchés, qu’ils cherchent un moyen de montrer leur colère, mais détruire les écoles n’est pas une bonne réponse. Si on éduque les enfants d’aujourd’hui, ils auront plus de compétences et plus de possibilités d’obtenir des emplois bien rémunérés et à un plus haut niveau etc. Ca doit être la mission du gouvernement : améliorer les écoles et aides les gens à avoir de l’espoir pour le futur.

A., 23 novembre 2005
Je me sens particulièrement concernée par les évènements survenus dernièrement car je suis depuis peu habitante du 93. Comme ils sont apparus premièrement dans ce département, je me sens évidemment plus touchée. De plus, les premières victimes, mortes dans le transformateur EDF, sont plus jeunes que moi. Alors forcément je trouve cela vraiment injuste de mourir à cet âge-là. Si jeunes, ils n’ont même pas eu le temps de découvrir la vie.
Voyant depuis peu une certaine réalité (malheureusement négative) du 93, j’ai d’abord pensé qu’ils devaient être en tort s’ils avaient voulu fuir la police.
Mais avec la sur-médiatisation de ce drame, et des émeutes qui s’en sont suivies, je suis arrivée au constat suivant :
« il y a des bons et des mauvais partout. Tous les immigrés ne sont pas à mettre dans le même panier parce que certains font vraiment leur maximum pour s’en sortir, dans un monde où il y a rarement de l’égalité. »
Mais malheureusement une minorité de ces immigrés ne sont pas dignes d’avoir un titre de séjour car ils ne font pas grand chose pour s’intégrer. Même si c’est difficile, ils abandonnent trop facilement à mon goût. Et même s’ils abandonnent, ils ne sont pas obligés de faire du mal.
Ils disent qu’ils sont français, et qu’ils n’ont pas de moyens d’expression, mais je pense qu’il faudrait faire un sondage pour savoir combien d’entre eux sont inscrits sur les listes électorales. Malheureusement, certains ne veulent que les droits français et pas les devoirs. Ils peuvent s’exprimer à travers le vote (…) Parfois j’ai envie de dire qu’ils réagissent primitivement. Mais attention, pas tous !!! Malheureusement c’est cette minorité qui marque le plus nos esprits. C’est bien dommage.
Parlons aussi du comportement abusif de certains policiers. On devrait en dévoiler beaucoup plus car avec l’uniforme ils se croient protégés et tout permis. On ne sait pas ce qui les amène à réagir comme cela.
Je pense que si les gentils rencontrent les méchants, cela peut arriver à une sorte de haine, racisme, etc. M’étant fait agresser par des Nord-africains, je développe inconsciemment un léger racisme envers eux, c’est incontrôlable.
On se rend compte que certains triment pour avoir pas grand chose, et que d’autres l’obtiennent si facilement en volant ou pire, en agressant ; que les plus faibles peuvent se laisser tenter par cet engrenage et se dire : pourquoi pas moi ? (…)

Zilia, 23 novembre 2005
Nous sommes tous concernés par les évènements violents qui se sont déroulés et développés depuis plusieurs semaines.
La mort des deux jeunes à Clichy a paru aux yeux des leurs comme une injustice, ce soir-là la violence venait des proches, des parents, des adultes qui ont du travail…
Mais cet événement et d’autres comme le discours de Sarkozy ou la bombe lacrymogène dans la mosquée, ce sont des gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase. L’incendie de voiture, ou l’incendie des locaux sont la démonstration du « ras-le-bol » des jeunes issus de l’immigration. Depuis la seconde guerre mondiale, les constructions de HLM ont provoqué un regroupement des communautés et une séparation avec les « monde des pavillons ». Les jeunes se sentent exclus : eux-mêmes français, ils n’ont pas les mêmes droits que les enfants des Français. Il y a trop de discriminations dans le travail, beaucoup trop de difficultés à trouver un logement correct, et la police elle-même qui devrait nous protéger « agresse » les jeunes d’une certaine façon. Face aux policiers, nous ne sentons pas de la protection, nous nous sentons plutôt en danger.
Je pense qu’il faudrait tout d’abord construire un habitat meilleur, plus adapté à la taille des familles, pour de meilleures conditions de vie.
Ensuite je pense qu’il faut qu’on change les mentalités de la France et des entreprises françaises.
Les jeunes issus de l’immigration ne peuvent pas accéder à un poste de représentation, car ils renverraient une « mauvaise image » de l’entreprise !… Le racisme tient une place importante dans nos sociétés modernes, il faut qu’on change ça sinon la France risque de sombrer. Les jeunes issus de l’immigration sont nos actifs de demain, il faut les former et leur permettre de faire valoir leurs droits. Aujourd’hui un français de parents français a (beaucoup plus) de chances d’être embauché qu’un français de parents immigrés à même qualification. Ce système est injuste, et nous amènera à notre perte.
Enfin je pense qu’il faut réorganiser la police, il faut qu’on se sente protégé et non en danger. La police représente l’Etat, elle représente aussi la répression. Je pense qu’il faudrait changer leur uniforme et contrôler l’état d’esprit des policiers. Certains abusent de leur pouvoir, ils se croient en Amérique et se défoulent sur les jeunes.
Ce changement prendra du temps, mais il faut le faire, je pense que les mentalités peuvent changer, il faut mettre les moyens pour y arriver. Et il faut aussi que Sarkozy démissionne, pour calmer le jeu.
Il est dommage que des jeunes aient dû brûler des voitures et des locaux pour se faire entendre. Alors que ça fait plus de 30 ans que des rappeurs ou des associations revendiquent de meilleures conditions de vie pour les habitants des cités.

Diedy, 15 novembre 2005
En tant que jeunes nous sommes tous concernés par les évènements qui ont lieu depuis 13 jours sur le territoire de la France. Dans ces évènements je trouve qu’il y a deux causes :
Une cause immédiate, le déclencheur : la guerre des mots entre le ministre de l’intérieur et les jeunes des cités.
Une cause profonde, qui est la relégation et le chômage des jeunes issus de l’immigration qui ont voulu dénoncer l’injustice sociale. Ils se sont exprimés par la violence en brûlant des voitures, des salles de sport…parce qu’ils pensent que c’est par la violence que l’Etat français va les comprendre. En tirant une conclusion on constate effectivement que le gouvernement commence à trouver des solutions à leurs problèmes. Mais de l’autre côté, ces jeunes auraient pu s’exprimer pacifiquement. Personnellement je pense que le gouvernement doit agir dans la durée et non dans l’urgence.

mise à jour du 3janvier 2006
Alessandro
Les violences urbaines, qui ont caractérisé la France dans la période du 27 octobre au 17 novembre 2005, bien qu’inattendues, sont la manifestation d’un malaise social enraciné.
La France et le monde entier ont été choqués par cette révolte qui a coûté la vie à quatre personnes et, selon la Fédération française des sociétés d’assurance, 200 millions d’euros dont voitures brûlées, bâtiments endommagés etc.
Le bilan établi, il faut analyser la situation et essayer de comprendre qui sont les « émetteurs » et surtout pourquoi ont-ils fait recours à la destruction, leur dernier et pire moyen, pour faire entendre leur faible voix.
Les « émetteurs » sont des jeunes étudiants, travailleurs ou chômeurs, pour la plupart issus de l’immigration, qui ont grandi dans les cités, des milieux défavorisés où la discrimination sociale est pain de tous les jours.
Ces milieux populaires ne sont pas, comme le Ministre de l’Intérieur N. Sarkozy a affirmé, constitués d’un côté de la « racaille », les jeunes qui cassent tout, et de l’autre côté des « vrais jeunes », qui tout au plus se laissent attirer par les autres, mais d’une population qui a perdu la patience et l’espoir à force de cogner contre une discrimination tacite mais omniprésente.
Cette discrimination est causée par des barrières « architectoniques » que la société française leur impose : ségrégation urbaine, chômage des jeunes non ou peu diplômés, discrimination à l’embauche, racisme ordinaire, etc.
La désespérance sociale a impliqué non seulement les jeunes les plus « délinquants » du groupe mais aussi ceux qui croient à un futur meilleur et qui se donnent les moyens pour réussir, pour « s’en sortir ».
L’école est vue comme une institution qui participe à l’exclusion, qui transforme la relégation sociale en échec scolaire ; le monde du travail est de plus en plus difficile à atteindre et les expériences de travail sont difficiles à vivre ; la société est marquée par une génération sociale grandie dans la crise et la précarité.
Les jeunes ont décidé d’avoir recours à la destruction pour essayer de changer cette réalité qui les entoure mais dans laquelle ils n’ont pas envie de rester.
Ces événements remettent en cause le modèle d’intégration à la française, qui a permis l’intégration juridique des immigrés mais a engendré une ségrégation administrative, économique, sociale et culturelle.
J’ai développé cette courte analyse car je me sens concerné par les événements qui ont eu lieu sur le territoire français en tant que jeune, étudiant, travailleur… mais surtout en tant que citoyen, acteur social d’un monde qui crée tout sort de discriminations pour permettre à un petit groupe de personnes de dominer la majorité.

Trois nouveaux enseignants au département de sociologie

Le département de sociologie a recruté trois nouveaux enseignants :
Françoise de Barros comme maîtresse de conférences en sociologie urbaine et en sociologie des migrations. Françoise de Barros est actuellement post-doctorante dans un laboratoire du CNRS à Lyon, Triangle et a publié plusieurs articles, dont « Des « Français musulmans d’Algérie » aux « immigrés » : importation de savoir-faire algériens en métropole et catégorisation des étrangers dans les politiques du logement (1950-1970) » dans la revue Actes de la recherche en Sciences Sociales, 2005, n°159, p. 26-45.
Roser Cusso comme maîtresse de conférences en sociologie de l’éducation. Roser Cusso est actuellement post-doctorante à l’Université libre de Bruxelles. Elle est notamment l’auteure de « From development comparatism to globalization comparativism: towards more normative international education statistics », paru dans la revue Comparative Education en 2005.
Claude Dargent comme professeur de sociologie. Claude Dargent est actuellement chercheur à l’Observatoire interrégional du politique de l’Institut d’Études Politiques de Paris. Ses recherches portent principalement sur les opinions et comportements politiques et sociaux en relation avec trois variables : les identités territoriales, l’appartenance religieuse, la position sociale. Parmi ses dernières publications, citons Les Protestants en France aujourd’hui (aux éditions Payot).

réunion parcours anthropologie

REUNION D’INFORMATION SUR LE PARCOURS D’ANTHROPOLOGIE LE MARDI 29 NOVEMBRE 2005 DE 13H30 A 15H – SALLE B 336.
Les informations sur le contenu du parcours sont disponibles sur la page « parcours anthropologie » du site.

Recrutements, résultats de la commission de spécialistes

La Commission de spécialistes, regroupant rang A et rang B, réunie le 21/11/05 à 9h a auditionné 7 candidats pour le poste MC 0370 (Sociologie urbaine et migrations) et retenu le classement suivant :
1 – DE BARROS Françoise
2 – BLEVIS Laure
3 – KAKPO Nathalie
4 – ROUDIL Nadine
5 – SAUVADET Thomas

Dans la même composition, elle s’est réunie le 21/11/05 à 14h30 et après audition de 7 candidats a retenu le classement suivant pour le poste MC 0164 (Sociologie de l’éducation et approches quantitatives) :
1 – CHEVIT Bénédicte
2 – CUSSO Roser
3 – LEGENDRE Florence
4 – POUPEAU Franck
5 – LEBON Francis

La commission rang A s’est réunie le 22/11/05 à 9h et après 5 auditions pour le poste PR 1049 (sociologie) a retenu le classement suivant :
1 – DARGENT Claude
2 – COMBESSIE Philippe
3 – BATAILLE Philippe

Réunion sur la mobilité internationale.

Mme Claire Lévy-Vroelant responsable de la mobilité internationale dont Erasmus, organise une réunion dans ce cadre, le mercredi 9 novembre 2005 à 10h, en salle B336

Modification de l’inscription aux EC

Le délai pour s’inscrire aux séminaires du Master 1 et 2 a été repoussé au mercredi 2 novembre 05 (beaucoup d’étudiants de Master n’ayant pas encore fait leur inscription administrative).

Note de madame Hirata concernant le M2 :
1) La séance du 17/11 commencera à 16h30 et non à 15h30, Sabine Fortino fait un cours à Nanterre jusqu’à 15h30.

2) j’intervertis le séminaire de Danièle Kergoat, initialement prévu pour le 3/11 avec celui de M.Helene Zylberberg Hoccquard, du 10/11, la première étant en maison de repos pour maladie et empêchée d’être à Paris le 3/11.

Daniel Terrolle au Bistrot des Ethnologues

Le Bistrot des Ethnologues de Montpellier, en ouverture de la saison 200-2006, accueille Daniel Terrolle, anthropologue, maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris 8. Le thème de la conférence-discussion : « L’escamotage des plus démunis. Ethnologie des sans abris » [au Sax’aphone – rue Ernest Michel, Montpellier, à 20h30, mardi 8 novembre]
De Daniel Terrolle, sur le site du département de sociologie, vous pouvez lire : « La mort des SDF à Paris : un révélateur social implacable [PDF] », Etudes sur la mort, L’Esprit du temps, 2002, n°122, 55-68.

Le Bistrot des Ethnologues, depuis sa création en 1993, a accueilli plus d’une centaine d’universitaires à venir présenter leurs recherches.

Recrutements

Le département de sociologie recrute actuellement un-e professeur-e de sociologie et deux maître-sses de conférences.

Un poste profilé sociologie de l’éducation et approches quantitatives
N° de l’emploi : 0164 – Nature de l’emploi : MCF – Section CNU : U1900
Situation de l’emploi : susceptible d’être vacant.
Nature du concours (PR ou MCF) (se reporter aux articles 46 et 26 du décret N°84-431 du 6 juin 1984 modifié) : 26-I-1
Profil : sociologie de l’éducation et approches quantitatives
Enseignement : Licence de Sociologie ; Master de Sociologie ; Renforcement de l’encadrement méthodologique et des enseignements fondamentaux dans la discipline, initiation à la recherche dans le champ de la sociologie de l’éducation

Un poste profilé sociologie urbaine et migrations
N° de l’emploi : 0370 – Nature de l’emploi : MCF – Section CNU : U1900
Situation de l’emploi : susceptible d’être vacant.
Motif de la vacance : promotion Nature du concours (PR ou MCF) (se reporter aux articles 46 et 26 du décret N°84-431 du 6 juin 1984 modifié) : 26-I-1
Enseignement : Licence de Sociologie ; Master de Sociologie ; Renforcement de l’encadrement méthodologique et des enseignements fondamentaux dans la discipline, initiation à la recherche dans les champs suivants : sociologie urbaine et migrations. Participation au master : relations euro-méditerranéennes, monde maghrébin. Renforcement du pôle recherche en Sociologie générale, sociologie urbaine et migrations, en relation avec la MSH Nord de Paris

Un poste de professeur-e de sociologie, non profilé
N° de l’emploi : 1049 – Nature de l’emploi : PR – Section CNU : U1900
Situation de l’emploi : susceptible d’être vacant.
Motif de la vacance : départ à la retraite (surnombre)
Nature du concours (PR ou MCF) (se reporter aux articles 46 et 26 du décret N°84-431 du 6 juin 1984 modifié) : 46-1
Profil pour publication au Journal Officiel : sociologie
Enseignement : Licence de Sociologie ; Master de Sociologie ; Doctorat ; Renforcement de l’encadrement méthodologique et des enseignements fondamentaux dans la discipline, direction de recherche dans les champs suivants : travail ; politiques sociales, droit et citoyenneté ; modes de vie et transfert culturel.

Dans les trois cas :
Laboratoire d’accueil
E.D. 401 Sciences Sociales
CSU (Cultures et Sociétés Urbaines) UMR 7112
GERS (Genre et Rapports Sociaux (UMR 7111)
GRASS (Groupe de Recherche et d’Analyse du Social et de la Sociabilité ) UMR 7022

Contacts : Guy Briot courriel : gbriot@univ-paris8.fr
Site internet : http://www2.univ-paris8.fr/sociologie

Calendrier

31 octobre 2005 : clôture des inscriptions des candidats auprès des établissements

En ce qui concerne les candidats aux postes de sociologues à Paris 8 retenus par la commission de spécialistes :

lundi 21 novembre: auditions aux postes de Maîtres de conférences
    8h30-12h30 poste 0370 ‘Sociologie urbaine et migrations » ,
    14h- 17h poste 0164 S « sociologie de l’éducation et approches quantitatives »

mardi 22 novembre, 9h30- 12h30: auditions pour le poste de Professeur « sociologie n° 1049 »

8 décembre 2005 : fin des opérations de classement des candidats par les établissements

13 décembre 2005 à 10 heures : ouverture du module ANTARES/ANTEE permettant aux candidats d’exprimer leurs voeux d’affectation

19 décembre 2005 à 16 heures, heure de Paris : date limite de saisie des voeux d’affectation des candidats sur ANTARES/ANTEE (attention, les voeux exprimés par courrier ne pourront pas être pris en compte)

22 décembre 2005 au plus tard : publication des résultats sur ANTARES/ANTEE

inscriptions M1 et M2 sur internet

Les inscriptions aux séminaires du Master 1 et Master 2 sont ouvertes du mercredi 12 octobre au mercredi 19 octobre. Les étudiants doivent passer par le site de l’université, « espace scolarité étudiant ». Les étudiants doivent aussi faire une inscription pédagogique au secrétariat du Master dès qu’ils auront leur carte d’étudiant.

Arrivée d’une nouvelle secrétaire

Josette Desvois vient renforcer le secrétariat de sociologie. Elle vient de l’UFR5 (Langues) où elle avait travaillé trois ans. Elle sera au bureau 349, où elle s’occupera de la licence de sociologie (avec N’Galam Sow) et de la mineure Anthropologie.

Jean-François Laé sur France Culture

France Culture, Samedi 1er octobre 2005, 15h-17h
Emission « Radio libre »Qu’est ce que chômer veut dire ?
écouter l’émission (format RealMedia .rm)

Par Jean-François Laé, professeur de sociologie à l’université Paris 8.

Comment articuler le quotidien lorsqu’on vit le chômage comme une trahison ? Que dire quand on a plus grand chose devant soi ? Ces femmes étaient venues loger tout près de l’entreprise qui devait leur donner labeur toute une vie durant. Juste le temps de rembourser les annuités de l’emprunt du pavillon ou de l’appartement, le temps que les enfants grandissent. Mais il ne reste plus qu’un temps présent percé de pannes, de plaintes, d’intermittences, de culpabilité. Rien n’est plus coercitif que le chômage. Sans grimacer, elles nous disent cet écart, un ordinaire menacé ou au mieux, « on ne les regarde pas » ou alors comme des « manque à pas de chance ».
Comment entendre la parole de ceux qui ont perdu? Comment prendre le temps de saisir les méandres de leur blessure anonyme, silencieuse, sans visage, sans œuvre, sans réserve. Ils ( elles) sont dans la société, mais non de la société puisque nous ne les entendons pas: les chômeur(e)s.

Avec de nombreux témoignages de chômeuses et chômeurs de l’Oise. Avec le concours de messieurs Jean-Marc Vermorel, Pascal Jacobée, madame Escaffre de l’ANPE de l’Oise, le personnel de l’Agence Picasso de Creil, Gaby Huet et Bernard Callens du syndicat CFDT, Mme Kazi de la Direction du travail de Beauvais, l’association cycliste d’Estrée Saint Denis, enfin de Franck Magloire, par les extraits de « Ouvrière. récit », aux éditions de l’Aube.
Texte lu par Simon Duprez.
Réalisation : Marie Ange Garrandeau

Début des cours de Mr Weckerlé

Christian Weckerlé débutera ses cours : Genèse de la Discipline, le Vendredi 21 octobre ; et Sociologie de la Communication, le Lundi 24 octobre.

Jury de Deug septembre 2005

Le jury de Deug s’est réuni le 21 septembre sous la présidence de Véronique Petit

Liste des étudiants déclarés admis

ACHECHOUR SABRINA

BELLILI SONIA

BEN OUADA OULFA

BERTRAC DANIELLA

COUTOULY SOPHIE

CRENN FLORENCE

DUPONT AGNES

FETTOUM HAKIMA

GAILLARD ALEXANDRE

GERMAIN STANLEY

HANDOUALI HOUAIDA

KEITA FATOUMATA

KRAFFA DESIRE JACOB

LABORDE LAETITIA

MAHBOUB YAMNA

MAIZIERE PERRINE

NICOLLEAU GREGORY

PAUSICLES JOHANY

PERROT CAMILLE

SOUICI AICHA

TALLET ERIC

TAVARES FRANCISCA

TOSSOU KOSSIVI

PS : Les étudiants déclarés admis peuvent retirer un récépissé de diplôme au bureau G113, Tel : 01.49.40.64.50

Claire Lévy-Vroelant dans Le Monde

Le quotidien Le Monde publie aujourd’hui un éditorial de Claire Lévy-Vroelant, professeure de sociologie à l’université Paris 8 (Vincennes – Saint-Denis).

Logement social : une crise de l’Etat de droit, par Claire Lévy-Vroelant
LE MONDE | 13.09.05 | 13h23 • Mis à jour le 13.09.05 | 13h23
Point de vue

Les récentes catastrophes survenues dans les hôtels parisiens provoquent une irrépressible impression de déjà-vu. Ces drames s’inscrivent dans une longue série, dont les victimes sont presque toujours des étrangers ou des Français issus depuis peu de l’immigration.
Souvenons-nous de l’incendie, le 25 août 1989, à l’Hôtel Royal, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : huit personnes y avaient trouvé la mort. Il fut suivi par la création de résidences sociales, sous l’impulsion de Louis Besson, mais pauvres et immigrés logés dans l’habitat précaire ont continué à voir leurs conditions de vie s’aggraver. Que l’on relise les articles de l’époque : à quelques chiffres et termes près, les constats sont aujourd’hui, désespérément, les mêmes.

Faut-il conclure à la fatalité du « mal-logement », monstre auquel sont régulièrement sacrifiées des vies innocentes, particulièrement d’enfants et de gens de couleur ? Pourtant, les contextes et les acteurs changent. Vers 1930, les garnis et hôtels de la capitale logeaient 11 % de la population parisienne. A l’époque et jusqu’aux années 1960, l’arrivée en ville passait par un hébergement plus ou moins durable mais jamais définitif, à l’hôtel ou en meublé. La différence avec le logement ordinaire n’était alors pas flagrante. Lois et règlements étaient interprétés dans un esprit de large tolérance par les inspecteurs. Les consignes officielles y invitaient de façon répétée (en cela rien n’a changé). On vivait en garni ou à l’hôtel, mal nécessaire mais porte d’entrée, en attendant mieux.

Le développement démographique de la capitale était alors rapide. Les migrants de l’intérieur (puis de l’étranger) devaient y trouver leur place. Ce n’est plus le cas depuis plusieurs décennies. Ce qui reste du secteur environ 900 hôtels, contre plus de 20 000 au début des années 1930 ! constitue à présent la résidence des exclus du logement ordinaire, sans espoir d’en sortir pour la plupart. De tremplin, l’hôtel ­ insalubre ou pas est devenu cul-de-sac.

La composition de leur population s’est fortement modifiée. Essentiellement constituée dans les deux décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale de jeunes ouvriers (et de familles, en nombre limité), elle compte de plus en plus d’immigrés âgés et de familles originaires d’Afrique subsaharienne. De l’Hôtel du Nord et ses semblables ne reste que le souvenir cinématographique.

En cédant leurs immeubles à des marchands de biens, les propriétaires renoncent à une source de revenus médiocre et échappent à de coûteux travaux. Les hôtels tombent dans le parc privé et sont perdus comme logement des plus démunis. Les profits spéculatifs qui résultent de leur rachat par un promoteur privé sont d’autant plus élevés que l’immeuble est vide. On comprend mieux, du coup, comment certains propriétaires sont « amenés » à laisser les locaux se dégrader sur place, voire à procéder à des coupures d’eau et d’électricité… La dégradation des hôtels n’est pas uniquement le résultat inéluctable d’une gestion à court terme des gérants. Elle résulte du marché immobilier et d’acteurs qui s’y positionnent dans un contexte très libéral.

Les tenanciers, aussi, ont changé. De statut purement privé (commercial), l’hôtel s’est vu paradoxalement reconnaître un rôle social à mesure que les pouvoirs publics « découvraient », poussés par tel ou tel incendie mortel, le « drame de l’habitat insalubre ».

Deux types de réponses ont été successivement donnés. A partir de la fin des années 1960, on facilite les expropriations pour cause d’utilité publique et on crée une offre de logement spécifique : les foyers. L’habitat insalubre, bidonvilles inclus, ainsi « résorbé », des lendemains radieux s’ouvraient pour tous (ou presque). Neuf millions de logements sont construits de 1954 à 1975. Avec ses défauts, la production était devenue quantitativement satisfaisante. Ce n’est plus le cas, tant s’en faut.

Deuxième réponse : dans les années 1980, le logement est entré dans les politiques sociales. Aux objectifs quantitatifs (combien de logements nécessaires ?), on a substitué des objectifs qualitatifs : le logement des « personnes défavorisées » est devenu un programme, qui génère l’invention de nouveaux « produits logements », généralement temporaires et de qualité inférieure. L’aggravation de la pénurie a poussé les pouvoirs publics à multiplier les hébergements durables et d’urgence.

Tout se passe comme si les politiques avaient renoncé à offrir des logements à des prix correspondant aux possibilités des demandeurs. Ainsi, plus le droit au logement se voyait renforcé dans la loi, plus il devenait aléatoire dans la réalité.

Depuis les années 1990, l’intervention publique, dans ses dispositions législatives (loi Besson de 1990, loi d’orientation pour la ville (LOV) de 1991, loi de lutte contre les exclusions de 1998, loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) de 2000), pose comme priorité non plus la satisfaction de besoins en termes quantitatifs, mais l’accès des populations « défavorisées » à un logement « décent » . De garant de l’accès à l’habitat pour tous, l’Etat devient hébergeant, déléguant une partie de ses fonctions aux compétences des associations et au bénévolat.

L’ensemble des dispositifs aurait dû assurer le droit au logement. Il n’en est rien. A-t-on pris la mesure du dysfonctionnement qui s’exprime dans la formule utilisée pour décrire le logis des victimes des incendies récents : « hébergement de fortune payé par l’Etat pour des familles précaires et immigrées » ? Une proportion proche des 40 % : telle est la part des chambres d’hôtel « réservées », financées par les pouvoirs publics et leurs relais associatifs, pour loger les « populations incasables », à des prix très supérieurs au « marché » et dans des conditions souvent mauvaises.

Par ailleurs, des dizaines de milliers d’appartements sont vacants en Ile-de-France. Qu’on ne s’étonne pas, dès lors, de la multiplication des squats et logements irréguliers, lesquels sont connus et tolérés, faute de « solution de relogement », par les services sociaux, les associations et les services préfectoraux.

Le mouvement récent des travailleurs sociaux, en Ile-de-France, montre que la multiplication des solutions précaires et provisoires coûte non seulement très cher mais a atteint ses limites. Au passage, il devient difficile de noyer dans l’opprobre général les « marchands de sommeil », alors qu’une bonne part des hôteliers parisiens font leur travail honnêtement, dans des conditions difficiles, et que des associations reconnues et financées par l’Etat gèrent massivement ce type de structures.

Tous travaillent sur le fil du rasoir. Coincés entre l’injonction à secourir et l’interdiction de loger « clandestins » ou « surnuméraires », entre le respect des normes de sécurité et les blocages de tous ordres, ils pratiquent volens nolens la politique de la « patate chaude » : l’art de se débarrasser des cas « insolubles ».

Accentuation du traitement social du logement par l’Etat et fonctionnement quasi sauvage du marché, émergence de nouveaux bailleurs privés et publics de logements temporaires et d’hébergement, complexification des missions des collectivités locales et accroissement de leurs responsabilités, mobilisation publique réduite aux associations de droit au logement, tels sont les principaux éléments du changement.

Au-delà des drames irréparables, l’impuissance durable des politiques constitue un dangereux abcès de fixation dont les conséquences dépassent de loin les quelques milliers de familles qui errent de taudis en taudis. Dans son 8e rapport (2004), le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées dénonce une crise aux caractéristiques nouvelles : « La crise du logement est aussi une crise de l’Etat de droit. » L’enjeu est aussi simple et vaste que cela.

L’impossible relogement des familles, vivant à l’hôtel ou dans des logements de fortune, remet en cause l’ensemble des pratiques actuelles. La solution passe par la construction massive de logements abordables et la mise en oeuvre fermement dirigée de la solidarité nationale. Reste à réfléchir sur les innovations nécessaires en matière de partenariats public-privé, de conception architecturale, de modes de financement. Sans oublier d’écouter les habitants meilleurs experts de leur propre existence. Questions hautement politiques. Faute d’y trouver des réponses, de nouveaux drames seront à déplorer.

Claire Lévy-Vroelant est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII – Saint-Denis, chercheuse au Centre de recherche sur l’habitat du CNRS.

Article paru dans l’édition du 14.09.05

Inscription en doctorat

note : Voir aussi la page Doctorat du département de sociologie (procédure d’inscription, directeurs de thèse, laboratoires d’accueils, thèses récentes).

Informations sur la gestion administrative des doctorants et sur les procédures d’admission rentrée 2005.

Le renforcement de l’encadrement administratif des écoles doctorales a été considéré comme une des priorités du contrat quadriennal. Aussi a-t-il été convenu, dans le cadre de la réorganisation de l’adossement administratif, de créer des secrétariats d’écoles doctorales qui auront, entre autre, en charge l’admission et la gestion des dossiers des doctorants.

Dans l’attente de leur mise en place, c’est la Coordination des écoles doctorales assistée des gestionnaires du Bureau des diplômes qui assurera l’admission des doctorants pour toutes les formations.

Dès cette rentrée, les admissions en première année de doctorat ainsi que les dérogations à partir de la 4ème année feront l’objet d’une procédure informatisée.

La mise en place de cette application a été proposée par la Coordination des ED en concertation avec le Bureau du Conseil
scientifique, les directeurs des ED, le Service de la scolarité et le Service informatique.
Elle devrait constituer une amélioration pour les doctorants dont les démarches se trouveront simplifiées puisque regroupées au sein d’un secrétariat unique qui se chargera du recueil des signatures des directeurs de thèses et de celles des directeurs d’ED.
Elle présente aussi l’avantage d’avoir été développée à partir de la base de données de la scolarité centrale, donc de disposer d’informations unifiées et de permettre le suivi individualisé des doctorants.

Les candidats à l’admission ou en situation de demande de dérogation devront se présenter ou contacter la Coordination à partir du 15 octobre pour obtenir un code confidentiel d’accès à l’application informatisée. Pour une première admission, le candidat devra avoir contacté un directeur de recherche et présenter l’accord préalable de celui-ci.

La salle informatique de la recherche, située en A 2276 à coté de la Coordination, sera mise à leur disposition durant la période d’inscription (17 octobre au 30 novembre). Il est prévu un accès par Internet pour les étudiants résidant à l’étranger ou en province qui ne peuvent se rendre à l’Université.

Le descriptif détaillé de la procédure informatisée a été mis en ligne sur le site de l’Université – rubrique Scolarité – et sur le site de la Recherche et des études doctorales rubrique: services aux étudiants.

Par avance, je vous remercie de bien vouloir relayer cette information auprès de vos collègues et de diriger les étudiants concernés vers notre service.

Marie-Christine Lamiche

Marie-Christine Lamiche
Coordination des Ecoles doctorales
Tél. : 01.49.40.70.53
Fax : 01.49.40.70.41

Licence : réunions d’information obligatoires

Rentrée 2005-06

Vous venez de vous inscrire administrativement en Licence de sociologie – anthropologie (L1). Avant de procéder à votre inscription pédagogique (inscription dans les cours), deux réunions d’information sont prévues (salle B332).

Vendredi 23 septembre 2005 à 10h
Mardi 27 septembre 2005 à 14h

N.B : Vous êtes invités à venir retirer la brochure et l’emploi du temps au bureau B 348 : les lundi, mardi, mercredi, vendredi de 14h à 16h.

Bonne rentrée.

Examens 2ème session Deug

Les salles seront indiquées le jour de l’examen

Barthélemy – Textes grandes enquêtes de terrain 13/09 à 14h

Béliard- Débat 2 13/09/ à 09h30

Biheng – Lecture grandes enquêtes par questionnaire

Bonici – Travail de terrain 13/09 à 16h30

Bordiec- Domaine : jeunesse 16/09/ à 16h30

Bosc – SFC 16/09 à 11h30

Coulmont- Initiation à la sociologie 12/09/ à 10h

Davault – Travail de terrain 13/09 à 9h

Grumbach- Analyse de contenu

Hénaut- Statistiques 13/09 à 16h30

Huyard- Statistiques/ textes grdes terrain 13/09/ à 10h
Pré inscription obligatoire auprès de M. Sow

Joubert- La santé

Kadri – Travail de terrain

Laé- Observation

Lafaye – Entretien

Lévy-Vroelent- Domaine : la ville 20/09 à 10h30

Linossier- Débats I 16/09 à 11h30

Milova – MTU/ Enquête par questionnaire 12/09 à 16h

Paperman- Observation 16/09 à 16h30

Peretz – Domaines / textes de langue anglaise 14/09/ à 14h

Petit- Démographie 13/09/ à 11h30

Samuel – Domaine : Meillassoux

Sauvadet-Lecture grandes enquêtes par questionnaire 19/09/ à 14h

Siracusa -Lecture grandes enquêtes par questionnaire 14/09/ à 11h

Soulié / Gagneux – Lecture grandes enquêtes par questionnaire
CSD 14/09/ à 13h

Trat – Rapports hommes femmes 14/09/ à 14h

Trat – Travail de terrain 15/09/ à 9h30

Rattrapages examens licence/maîtrise

LICENCE – MAITRISE – DATES DES EXAMENS SECOND SEMESTRE (2)
SESSION DE SEPTEMBRE

Enseignant / Date Heure / RdV Semestre

PAPERMAN
LUNDI 19 SEPT 14H
B 332 2

SIRACUSA
MERC 14 SEPT 11H
B 332 stat 2

SOULIE
MERC 14 SEPT 13H
B 332 2

GRUMBACH
MARDI 13 SEPT 10h
B 332 stat 2

BOSC
MERC 14 SEPT 11H30
B 332 2

PERETZ
MERC 14 SEPT 14H
B 332 2

COULMONT
LUNDI 12 SEPT 14H
B 332 2

WECKERLE
MERC 21 SEPT 14H
B 332 2

LAFAYE
JEUDI 15 SEPT 10H
B 332 2

LOMBA
MARDI 13 SEPT 9H
B 332 2

PETIT
MARDI 13 SEPT 9H
B 332 2

Départs

Aïssa Kadri, qui était maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris VIII et directeur de l’Institut Maghreb-Europe a été élu professeur à l’université d’Orléans où il enseignera à partir de septembre 2005.
Henri Peretz, maître de conférences, a fait valoir ses droits à la retraite, de même que Michel Meyer, maître de conférences, Serge Bosc, PRAG, et Jean-Claude Combessie, professeur.
Pour l’année scolaire 2005-2006, Patricia Paperman, maître de conférences, sera en « délégation CNRS »