EA 1571

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Prix de thèse des éditions du CTHS décerné Caroline Fayolle

vendredi 18 juillet 2014

Caroline Fayolle est lauréate du 6e concours de thèse d’histoire des éditions du CTHS pour sa thèse intitulée Genre, savoir et citoyenneté. Les enjeux politiques de l’éducation des filles (de 1789 aux années 1820) , soutenue en novembre 2013 sous la direction de Michèle Riot-Sarcey à l’université Paris 8 (EA 1571).

Résumé  :
Cette thèse se propose de réinterroger avec le concept du genre les rapports entre éducation, citoyenneté et régénération pendant la période révolutionnaire et postrévolutionnaire. S’inscrivant dans une histoire politique et culturelle de l’éducation, elle croise l’analyse des pratiques scolaires et des discours relatifs à l’instruction et à la pédagogie. Alors que les révolutionnaires ambitionnent de refonder les rapports entre les sexes, ils placent dans l’éducation, jugée toute puissante, l’espoir de faire advenir une « femme nouvelle ». En intégrant les filles dans l’école primaire publique à partir de l’an II, les législateurs aspirent à former des « matrices de citoyens », des mères républicaines capables d’engendrer des hommes libres. Dans les premières années de la Révolution, temps d’ouverture des possibles et de genèse de la démocratie, cette entreprise de régénération des femmes suscite des conflits d’interprétation qui révèlent des enjeux politiques. Des institutrices et des militantes révolutionnaires divulguent aux filles un savoir politique visant à leur permettre d’exprimer leur part de souveraineté. Plus radicales, des voix minoritaires considèrent que l’instruction est capable d’effacer les différences sociales entre les sexes et de faire des femmes des citoyennes actives. Pour autant, sous le Directoire, l’école opère une division sexuée des savoirs qui consolide une division sexuée des travaux maintenant les femmes à l’écart du gouvernement de la Cité. À partir de 1802, le désengagement de l’État vis-à-vis des écoles de filles révèle son progressif abandon du projet de régénération des femmes. Dans le contexte de l’élaboration du Code civil, des médecins au service du pouvoir, affirmant que les femmes sont déterminées par leurs fonctions reproductrices, remettent en cause leur capacité à se perfectionner. L’école de filles tend à devenir un instrument pour moraliser la société dans le but de clore la Révolution. Mais, au commencement du XIXe siècle, des expérimentations pédagogiques innovantes témoignent de la persistance de l’espérance d’émanciper les femmes par le savoir.