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4- 01/12/81 - 2

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transcription : Mohammed Salah

Deleuze / Cours du 01 /12/ 1981. 502 / 4B .

faut voir, par exemple, quand Kant en tant que philosophe, ou quand Leibnitz critique Descartes ou lorsque Kant critique Descartes, il faut pas croire que ce soit une question de goût, chacun pour placer sa théorie, non quand même pas. C’est que Kant estime, par exemple, avoir découvert une manière de poser le problème de la connaissance dont Descartes n’avait pas idée ; et par rapport à cette nouvelle position du problème de la connaissance, les solutions cartésiennes ne fonctionnent plus. A ce moment là, en effet il ya "discussion", parce que vous pouvez avoir un cartésien, un disciple de Descartes, qui dit "attention !" : moi je vais construire un tel problème de telle manière, que tenant compte des acquis récents, les solutions de Descartes doivent ètre réactualisées. Donc, comprenez, il peut très bien y avoir des "polémiques" en philosophie, elles ne dépendent absolument ni de l’humeur, ni du goùt, mais elles ont une rigueur scientifique égale à ce qui se passe dans les sciences les plus pures, en mathématiques, en physique, etc. ; Et vous ne pouvez jamais juger d’une théorie philosophique si vous la séparez du cadre des problèmes qu’elle pose, et elle ne résoud que les problèmes qu’elle pose. Changer la nature d’un problème, vous ne pouvez pas rester dans le cadre de telle théorie.

Alors, qu’est-ce-que ça veut dire, etre bergsonien par exemple aujourd’hui, ou être platonicien aujourd’hui ? C’est considérer qu’il ya dans Platon, Bergson, ou dans n’importe qui, des conditions de problèmes qui se révèlent encore, aujourd’hui, bien posées. Dès lors, des solutions de type platoniciennes sont possibles. Mais donc, tout ceci c’était une remarque pour dire : ce qui se joue dans les discussions entre philosophies, est infiniment plus important que des disputes théoriques - c’est pas des disputes théoriques, Je dirais, à la lettre, si vous m’avez compris : ce sont des discussions "problématiques", à savoir concernant les problèmes, leurs conditions et leurs positions.

Et c’est pour ça que je voudrais dire, si je prends deux formules - je reviens à ma question : La formule phénoménologique : "toute conscience est conscience de quelque chose", et la formule bergsonienne "toute conscience est quelque chose", avant mème d’avoir - encore une fois, il n’est pas dans Bergson, mais vous verrez en lisant Bergson, je ne fais que résumer une thèse évidente de Bergson.
-  Voilà ma question : s’il y a une telle différence - avant mème que nous ayons compris la formule bergsonienne - s’il y a une telle différence que nous sentons - que nous pressentons entre les deux formules, c’est évidemment qu’il ne pose pas le problème dans les mèmes conditions. Alors là, si j’essaye de dire : "quelles conditions du problème, pour l’un comme pour l’autre" - là dessus je n’est mème pas ..., je ne prétendrais mème pas vous dire qui a raison. J’aurais prétendu faire mon métier, à savoir vous mettre en état de voir ce que "vous", ce qui vous convient "vous", peut être ce qui vous conviendra vous, ce sera encore une autre position de problème, à ce moment là vous la ferez et à ce moment là vous serez un "bon" ou un "grand" philosophe. Bien, mais jamais une idée sans détermination du problème auquel l’idée correspond. Jamais, sinon c’est du bavardage, sinon c’est de l’opinion, et l’opinion c’est intéressant mais très moderément intéressant. Toute phrase qui se trouve, qui peut s’énoncer sous la forme logique, "moi je trouve que", est philosophiquement nulle .

Alors, vous voyez, le soupçon que j’ai c’est ceci - et comme je vous cache pas ma préférence - c’est que Bergson est très très en avance, l’air de rien sur la phénoménologie. Et que le problème qu’il pose est finalement beaucoup plus englobant, beaucoup plus subtil que celui de la phénoménologie. Aussi je vais allez très vite sur la phénoménologie, pour dire ne serait-ce que par ingratitude, sournoiserie et je suppose que... Je dis, comme-mème, il s’agit de quel problème dans le fond ? "Toute conscience est conscience de quelque chose, toute image est image de mouvement". Au contraire, Bergson :" toute conscience est quelque chose, c’est-à-dire, toute image est mouvement". Vous voyez ? il ya pas besoin de dire toute image est mouvement, toute image est déjà mouvement.

-  Bon, quel est l’enjeu, quel est le problème là-dans ? C’est évident qu’il s’agit toujours d’un problème de la reproduction du mouvement. Et pour une raison simple, c’est que la question de la reproduction du mouvement et la question de la perception du mouvement, ne font strictement qu’un - j’ai essayé de le montrer dans nos premières scéances. Donc, je ne reviens pas là-dessus .

-  Or je demande : quel est le modèle de la reproduction du mouvement pour la phénoménologie ? Pas difficile : le modèle de la reproduction du mouvement pour la phénoménologie : ils se donnent la "perception" dans les conditions dites naturelles, et leur tâche précise c’est faire une description, c’est-à-dire, une phénoménologie au sens exact du mot de cette perception naturelle. Mais la perception naturelle reproduit le mouvement, comme le reste, il s’agit toujours d’une reproduction.
-  Ma question c’est simplement : si la phénoménologie prétend etre une description de la perception naturelle du mouvement, à quel type de reproduction du mouvement se refère t-elle ?

En douce, implicitement, nous la tenons puis-je dire, car ... il se réfère à quoi ? Prenons les textes. Je prends le cas de Merleau-Ponty, il a fait un livre célèbre, un des plus beaux livres de la phénoménologie, intitulé : "Phénoménologie de la perception". Quand il s’agit de la perception du mouvement, il se réfère à deux choses fondamentales, deux grands concepts pour expliquer la perception naturelle du mouvement. C’est selon Merleau Ponty, le concept d’ancrage :" nous sommes ancrés quelque part". C’est une version de ce que les phénoménologues appellent "être dans le monde", ou "être au monde", nous sommes ancrés - l’ancrage . Et d’autre part - mais les deux vont ensemble - la meilleure forme, "la meilleure forme" qui est une notion qui va parcourir toute la phénoménologie et qui est empruntée à la Geschtalt Theorie, mais entre phénoménologie et Geschtalt les communications étaient nombreuses.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Je prends un texte, - là j’ai pas le temps de commenter parce on y sera encore .... Dans l’édition ..., voyez 322, 323 : "la pierre vole dans l’air" - voilà un exemple - que veulent dire ces mots sinon que notre regard installé et ancré dans le jardin - Vous voyez, vous êtes dans votre jardin, et il y a a une pierre qui passe, vous dites : ouh là là... Que veulent dire ces mots sinon que notre regard installé et ancré dans le jardin est sollicité par la pierre ; et pour ainsi dire, tire sur ses ancres. C’est bien dit, c’est une belle phrase. Or, la relation du mobile à son fond passe par notre corps - à quel point vous étiez phénoménologue, hein ? - mon regard est ancré, pas seulement mon regard, mon corps est ancré dans le jardin, la pierre traverse le champ. Et je dis que c’est la pierre qui se meut. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Compte tenu de cette organisation du champ perceptif par l’ancrage, appréhender la pierre comme en mouvement c’est la meilleure forme. Comme disaient les geschtaltistes, c’est la seule forme "prégnante" en fonction de l’organisation du champ total. Et Merleau-Ponty continue : Qu’est-ce au juste que l’ancrage ? et comment constitue-t-il un fond en repos ? Le fait : tout ancrage accompagne..., suppose un fond en repos. Qu’est-ce au juste que l’ancrage ? et comment constitue-t-il un fond en repos ?" Ce n’est pas une perception explicite. En effet, ça va être une condition la perception, ce n’est pas une perception explicite. Les points d’ancrage lorsque nous nous fixons sur eux, ne sont pas des objets. Le clocher ne se met en mouvement que lorsque je laisse le ciel en vision marginale. Il est essentiel au prétendu repère du mouvement de n’être pas posé dans une connaissance actuelle et d’être toujours "déjà là", etc., etc. "Les cas de perception ambigues où nous pouvons à notre gré choisir notre ancrage, sont ceux où notre perception est artificiellement coupée de son contexte", etc.,etc. il faudrait lire toute la page, je vous y renvoie pages 322-324.

Ce que je veux en tirer c’est une chose très très simple, et même si je me trompe ça n’a aucune importance - c’est comme pour mon amusement pas pour le vôtre. Je me disais bon, mais les phénoménologues - justice à Bergson, vengeance de Bergson, l’heure arrive.. Bon, je remarque leur obstination à revenir quand il s’agit de la perception du mouvement à un type de mouvement particulier : le mouvement stroboscopique. J’ai pas le temps de développer là, c’est pour ceux qui savent déjà. J’ai vu dans beaucoup d’histoires, et beaucoup dans l’histoire du cinéma que, le mouvement stroboscopique était considéré comme une base de la perception cinémtographique du mouvement. J’ai des soupçons absolus là-dessus, ça me parait pas du tout aller de soi..., mais ça me parait absolument faux. Peu importe. Je remarque le modèle du mouvement émis par les phénoménologues est emprunté au mouvement dit stroboscopique et pas au mouvement cinématographique. Je remarque que Sartre dans l’imaginaire, commence par une série d’exemples, d’images, qui couvrent beaucoup de choses. Puisqu’il y a des images-photos, il y a des images-théatre, il y a des images-marc de café, il y a des images-rêverie, il n’ y a rien sur l’image-cinéma. Curieux ! Qu’est-ce que je veux dire, où je veux en venir ? Que dans le problème de la reproduction du mouvement - que quelque soit, je ne vais pas dire des choses trop simples, que c’est pas bien tout ça je veux dire quelque soit la nouveauté de la phénoménologie, la manière dont ils posent la question de la reproduction du mouvement, donc de la perception, nous renvoie à la première manière, c’est-à-dire, la manière pré-cinématographique. Ils sont d’avant le cinéma.

Voilà la vérité abominable que je vais vous révèler aujourd’hui : la phénoménologie est d’un âge avant le cinéma. C’est terrible, parce qu’ils ont cru etre absolument dans..., c’est terrible... C’est pas possible une chose comme ça. Eh ben, si ! parce que je dis, c’est la reproduction du mouvement "première manière". Vous vous rappellez si vous avez suivi, ce que c’est que la première manière, reproduction du mouvement : c’est reconstituer le mouvement à partir de quoi ? à partir d’instants privilégiés, c’est-à-dire, de formes en train de s’incarner. Reconstituer le mouvement non pas à partir d’intantanés, mais à partir d’instants priviligiés de formes en train de s’incarner, ça renvoie à quoi ?

Dans l’antiquité, ça renvoyait à des formes en elles-mèmes intelligibles. Là, je pèse bien mes mots. Ca renvoyait à des formes essentielles ou intelligibles, éternelles, tout ce que vous voulez. Ca renvoyait donc à des coordonnées intellectuelles.

-  La phénoménologie rompt avec ça, elle rompt radicalement avec ça, mais comment ? Avec cette vision ancienne mais en gardant tout. Car j’entends bien que pour elle les coordonnées ne seront plus des coordonnées intellectuelles, se seront des ancrages existentiels. D’accord, ça sera des ancrages existentiels, mais je ne dis pas que ça soit la mème chose. Les formes en train de s’incarner ne seront plus des formes intelligibles, se seront des formes immanentes au champ perceptif, c’est-à-dire, des geschtaltons. D’accord, la différence est immense, elle n’est pas assez grande pour rompre avec quelque chose de commun entre la vision la plus ancienne et la vision phénoménologique, à savoir : "on reproduit le mouvement avec et en fonction de coordonnées et de formes’. On a changé le statut des coordonnées pour en faire des ancrages existentiels, on a changé le statut des formes pour en faire des formes immanentes ou sensibles renvoyant à l’organisation d’un champ perceptif pur qui ne renvoie plus à rien d’intelligible ; On a fait tout ça, on continue à reconstituer le mouvement à l’ancienne manière avec des coordonnées et des formes. Dès lors, c’est forcé : toute conscience est conscience de mouvement.

Je dirais, oui, la phénoménologie c’est vraiment avant le cinéma. Et en effet, qu’est-ce qu’ils veulent ? ça s’explique tout simplement, je veux dire ce n’est pas parce qu’ils ignorent le cinéma. Ca s’explique tout seul, comprenez-moi, parce que en vertu de ce qu’ils veulent. Ce qu’ils veulent, et c’est ça leur problème, ce qu’ils veulent : c’est une description pure de la perception naturelle. Quand j’ajoute" pure" à "description", je veux dire : il ne s’agit pas de prendre sa plume, etc., description pure implique une certaine méthode que Husserl a formalisé quand il a parlé de la méthode phénoménologique, que j’ai pas le temps d’expliquer tout ça, et puis ce n’est vraiment pas mon sujet. Mais c’est ça qu’ils veulent :" une description pure de la perception naturelle".

Bon voilà, fini pour la Phénoménologie. Je suggère - ne me le faites pas dire, parce que ça serait trop léger, entendez tout ce que je viens de dire comme une question. Mais après tout : est-ce que la phénoménologie n’en resterait pas à un monde très antérieur au cinéma ? Il tient pas compte - alors aprés il a beau nous parler nous parler du cinéma, alors il ne nous parle pas jamais du cinéma, mais il nous parle du mouvement troboscopique - Husserl alors, il n’avait jamais été au cinéma ; Bergson n’on plus, pas beaucoup, mais... le Dimanche, de temps en temps, mais ...il avait beaucoup mieux compris le cinéma. C’est très bizare, à mon avis Bergson est coincé, il est coincé entre sa condamnation de principe du cinéma : à savoir c’est pas du "vrai" mouvement, et son appel à une nouvelle métaphysique où il prétend très fort que le cinéma est la plus belle contribution à cette nouvelle métaphysique. Il a saisi quelque chose, il me semble, que les autres avaient pas saisi. Et qu’est-ce qu’il a saisi ? Lui en effet, il nous lance et c’est tout le premier chapitre de "Matière et Mémoire" - il le dit pas, il le dit pas je doit le reconnaitre, mais ça fait rien. Ce qu’il dit formellement, ce qu’il va se lancer dans le premier chapitre de "Matière et Mémoire" dans un tout autre mode de production de mouvement. Pour lui, il en reste là : la science moderne a dégagé le temps comme variable indépendance, c’est-à-dire : l’analyse du mouvement se fait non plus en fonction d’instants privilégiés, c’est-à-dire avec des formes et des coordonnées mais en fonction de l’instant quelconque, c’est-à-dire, avec des instants equidistants. Il faut trouver la métaphysique de cette science là. Bon, s’il en est là, lui il est pleinement - lui ça ne l’interesse plus du tout une reconstitution du mouvement mème avec des formes proprement sensibles et des coordonnées existentielles. Ca ne l’interesse pas de tout, c’est pas son problème car son problème ne peut pas être comme celui de la phénoménologie, décrire purement une description naturelle du mouvement. Son problème va être quoi ? quelque chose de beaucoup plus insolite - je l’exprime comme ça, ça va s’éclairer petit à petit, j’espère - déduire une perception du mouvement pur, et encore une fois la perception naturelle n’est absolument pas une perception du mouvement pur, la perception du mouvement pur, on est encore à sa recherche.

Et l’idée de Bergson c’est exactement : est-ce que : à partir - vous voyez bien que là le problème se ramifie - à partir de l’image-mouvement telle nous l’avons définie, gràce à Bergson, est-ce que je peux en déduire une perception pure du mouvement ? C’est un problème complètement différent.
-  dans un cas : comment decrire une perception naturelle du mouvement ?
-  dans l’autre cas, comment déduire une perception pure du mouvement ? Je dirais, au premier problème répond la formule : "toute conscience est conscience de quelque chose". Et si c’est le premier problème qui vous interesse, vous vous trouverez phénoménologues avant d’avoir compris pourquoi. Si jamais un jour le second problème vous intéresse, vous risquez bien de vous retrouver bergsonien sur ce point, ce qui engagera pas votre ligne et votre avenir. Et en tout cas, vous cesserez de dire :" ah Bergson ou Husserl se contredisent". Car ils se contredisent absolument pas ; en un sens moins grave, en un sens bien pire : ils ne posent pas le mème problème. Savoir quel est le meilleur problème là alors ? c’est votre affaire, l’affaire de chacun. Et de ces deux problèmes, lequel vous plaît le plus ? Vous allez me dire les deux, ou certains de bonne volonté, les deux. Impossible, car ces problèmes empiètent tellement l’un sur l’autre que dans le premier cas, le second problème va devenir une conséquence lointaine du premier ; et dans le second cas c’est juste le contraire. Vous ne pouvez pas choisir les deux. D’où nous sommes renvoyé alors et enfin, nous sommes en mesure, après juste cette suggestion : "peut être que" Bergson, là je viens justifier ce .. peut être que Bergson est beaucoup en avance et que c’est le seul à avoir posé un problème de la perception du mouvement parfaitement adéquat à l’image cinématographique. Vous me direz, il n’y a pas de quoi en faire... Ben si, peut être, peut être que la pensée du cinéma dès lors, a encore plus à attendre de Bergson que nous le pensions, que nous croyons. Tout ça c’est pas grave de toute manière.

D’où, oublions tout ça, c’était des présupposés, des espèces d’introductions et reprenons. Alors, comment il va faire ? Admettons : de l’image-mouvement il veut déduire la perception pure du mouvement - la perception pure du mouvement n’étant pas la perception naturelle. A ce moment là, oui ! le cinéma a quelque chose à faire avec Bergson ; les autres, ils peuvent se contenter du mouvement stroboscopique.

Ouf vous êtes fatigués ? je continue - si vous l’êtes, je vois vos traits qui se tirent . aussi n’en ai je plus pour longtemps..

-  " Toute conscience est quelque chose, toute image est mouvement". Pour comprendre une proposition, il faut se mettre dans un état supposé par cette proposition. Là aussi, je bute sur ce fait - ça étonnera pas quelqu’un qui est en train de regarder du cinéma - en revanche ça étonnera beauoup quelqu’un d’autre. Un phénoménologue, ça l’étonnera beaucoup, "toute image est mouvement", "toute conscience est quelque chose". Je réponds parce que la prochaine fois en se souviendra plus, je réponds à toi, parce que là c’est formidable, mais que personne ne croit que je fasse une critique facile de la phénoménologie, et que pour te contrarier, c’est pas de tout dans ..., c’est juste pour essayer de situer des problèmes.

Les phénoménologues sont tellement - c’est pour rire que je dis ça - en retard, qu’ils ont gardé complètement une métaphore qui est la métaphore de l’oeil. Je dis la métaphore de l’oeil, c’est quoi ? C’est l’idée qui il y a un sujet, qui a une lumière, ou qui balade une lumière, et que la lumière va de la conscience aux choses. La conscience, serait de la lumière qui, d’une manière ou d’une autre, se poserait sur quelque chose, telle chose, ah tiens je regarderai ça,... Vous voyez, l’idée de la conscience-lumière, les choses dans l’obscurité et le faisceau de la conscience, vous avez donc tous ses termes dans la métaphore, je dis pas que ce soit une théorie, j’essaye de dégager un appareil métaphorique. La conscience-lumière ; l’objet dans l’ombre ou dans l’obscurité ; l’acte de conscience comme pinceau-lumière qui passe d’une chose à l’autre.

-  Si vous voulez évaluer la nouveauté de Bergson - et à mon avis c’est vraiment le seul à avoir présenté les choses comme ça - Lui, il dit, eh ben non, c’est juste le contraire ! eh bien : la lumière elle est dans les choses ; c’est les choses qui sont de la lumière, c’est des choses qui sont lumière, petite lumière..., petite lumière truc..., petite lumière..., petite lumière partout ! Comme il dit, une formule splendide de Bergson :"si photo il y a, la photo est déjà tirée dans les choses", si photo il y a - il y a peu de si belle formule... Simplement qu’est-ce qu’il manque ? c’est l’écran noir. La photo, elle est tirée dans les choses mais elle est translucide, ce qui manque à la lumière-chose, c’est précisement l’obscurité.

-  Vous voyez, c’est le renversement total de la position classique du problème. Et les écrans noirs c’est nous, c’est-à-dire, nous ce que nous amenons c’est l’obscurité, et c’est seulement grâce à l’obscurité que nous pouvons dire : "ah oui...nous percevons les choses". S’il n’ y avait pas l’écran noir, on les percevrait pas. Renversement complet, c’est les choses qui sont lumière et c’est nous l’obscurité, c’est pas nous la lumière et les choses qui sont dans l’obscurité. Si la photo, elle est tirée dans les choses, seulement elle est translucide. Pour que la photo prenne il faut un écran noir, c’est-à-dire, il faut qu’on arrive ; mais la photo elle est dans les choses. Bon, c’est très curieux ça, je dirais alors pour achever ma comparaison avec la phénoménologie : la phénoménologie en reste absolument à l’appareil métaphorique classique. il change parce qu’il fait tout descendre au niveau d’un description du vécu, au niveau d’une description du sensible et de l’existant mais il en reste absolument au niveau de la lumière-conscience. C’est Bergson qui fait le renversement absolu.

Peut être est-ce que vous sentez déjà ? on approche un petit peu de... on tient pas du tout, mais on approche un petit peu de : "toute conscience est pas de tout conscience de quelque chose", ça c’est la conception de la conscience lumière : "mais toute conscience est quelque chose". La lumière c’est pas vous, il n’ y a jamais eu une négation du sujet à ce niveau tel que Bergson ...tel qu’on la voit dans le Bergsonisme.
-  "Un monde sans sujet", enfin la philosophie nous livrait un monde sans sujet.

Quel auteur, quel penseur ! Bon, mais qu’est-ce que ça voulait dire ? Reprenons plus calme, il ne faut pas s’emporter dans tout ça, reprenons plus calme vraiment.

"L’image est mouvement" ; voyez, j’essaye de cerner à partir de cette espèce de lumière de la formule : "toute conscience est quelque chose", faire le tour, puis bon... on descend d’un cran . L’image est mouvement, qu’est-ce qu’il veut dire ? C’est quand mème déjà très nouveau, et pour qui ? encore une fois, je reprends ma question - pour qui l’image l’image est elle mouvement ? qui est-ce qui sait qu’il a raison Bergson, et dans quel cas nous le savons ? En effet, une image, c’est quand même drôle ... je reviens, je fais mes allées et venues. Dans la psychologie classique, on nous parle de l’imagination c’est des images quoi ? ou encore Sartre dans l’Imaginaire. "Mon ami Pierre, je regarde la photo de mon ami Pièrre, alors à travers la photo je vise mon ami Pièrre et je le vise en tant qu’absent, je ne dis pas que ça soit mauvais tout ça, j’ai pas de tout ...,la nouveauté était radicale mais sur d’autres points. Alors là, j’ai été malhonnète car j’ai pas dis - je n’ai pas chercher la nouveauté du problème de la phénoménologie. Et alors, vous comprenez, la photo de mon ami Pièrre, d’accord, ça bouge pas, mais qui de nous ne sait qu’une image, c’est pas une image si ça..., c’est peut-être une apparence de souvenir, c’est peut être "je sais pas quoi" mais si ça bouge pas c’est pas de l’image. Bachelard est absolument Bergsonien lorsque, dans sa tentative de refaire une théorie de l’imagination poétique, il va commencer par dire : "mais une l’imagination ne peut pas se définir comme une faculté de former des images, parce que l’image ne commence qu’à partir du moment où ça se déforme".

-  Il n’y a d’image que si quelque chose bouge et change, voilà une espèce de certitude toute simple, c’est pas de la philosophie dire ça, vous pouvez me parler bien sûr - à la lettre, vous pouvez me dire : mais la photo c’est une image, il ya des images immobiles, vous pouvez me dire tout ça. D’accord, oui vous avez raison, mais vous m’ôterez pas un petite conviction : s’il n’y a pas une qui bouge, qui change, il n’y a pas d’image de tout. L’image ça bouge et ça change, qu’est-ce que ça veut dire ça ? C’est d’une évidence aussi simple, ça veut dire quelque chose, à quoi il en est réduit Bergson ?. Vous verrez, dans la lettre du premier chapitre, il est assez embété, parce que avec sa petite certitude : "l’image ça bouge et ça change et sinon c’est pas de l’image". Il est embété parce qu’il se dit, il prévoit l’objection : "mais de quel point de vue tu parles ? cette question stupide, d’où tu parles ? de quel point de vue ? Il dit : en effet, c’est pas de la philosophie et ce n’est pas de la science non plus ça. Il s’en tire comme toujours les philosophes quand ils sont embétés, qu’ils savent pas bien dire de quel point de vue ils parlent, ils disent c’est le sens commun. Mais le sens commun, il a bon dos, vous sentez que le sens commun il n’a pas grand-chose à faire la-dedans. Parce qu’il ne veut pas dire - moi je crois que c’est en vertu de sa situation de coinçage. Il se serait pas coincé le grand Bergson, il aurait pas été géné de dire : "je parle de tel point de vue", je parle du point de vue de l’image-cinéma. Eh ben, d’une certaine manière, toute l’imagination a été révélée par le cinéma, parce que avant le cinéma, les poètes c’était la mème chose. Une image pour eux ça changeait, ça bougeait, et c’est à partir de là comme dit Bachelard qu’il ya une image poétique. Si ça change pas, si ça bouge pas, une image qui n’est pas prise dans un voyage, qui ne comporte pas voyage, qui n’est pas l’image d’un voyage, qui n’est pas un voyage-image, c’est pas une image. C’est rien, c’est un résidu d’image ; d’accord, la photo de mon ami Pierre c’est un résidu . Bien, alors, toute image - vous sentez, il s’agit pas de dire : l’image représente un mouvement, en se retrouverait dans la mème bouillie que la psychologie classique : il y aurait des représentations dans la conscience mais quel rapport il y aurait entre la représentation et le représenté ? la représentation serait dans ma conscience, le représenté serait dans le monde ; l’image serait l’image d’un mouvement, ça irait pas ça. Aussi Bergson reprend avec sa tranquille certitude : "l’image est mouvement". Ah bon, l’image est mouvement et peut être que le corollaire, on va voir, ça se complique. Et le mouvement, il est image ? "oui", dit Bergson : l’image est mouvement et mouvement est image. Ah, tiens : l’image est mouvement et le mouvement est image, et qu’est-ce que c’est cette identité alors ? Il y a le coeur, il y a le coeur de nous tous. Oh Bergson ! faites nous comprendre cette identité de l’image et du mouvement. Il n’y a aucune raison qu’il nous réponde, mais s’il consent à nous répondre, il nous dira - et ça doit vous éclairer complètement - il nous dira : eh ben "oui", l’identité de l’image et du mouvement est précisemment ce que vous avez toujours appelé, de tout temps, "la matière".

-  Matière = image = mouvement, oh, mon Dieu ! Matière = image = mouvement, dès le début du premier chapitre de Matière et mémoire, nous enseigne cette évidence cinématographique, mais qui, hors du cinéma, est un paradoxe fondamental. C’est une espèce de paradoxe incroyable, or comme il se réfère pas au cinéma - coincé comme il est - ça devient très bizarre ce premier chapitre. Et qu’est-ce qu’il veut dire lorsqu’il dit : matière= image = mouvement ? Prenons au le plus simple avant de prendre "matière" qui s’introduit dans le troisième terme identiques aux deux autres, image = mouvement.
-  Il veut dire ceci une image, ce n’est pas seulement qu’elle subisse une action d’autres images ; ce n’est pas seulement qu’elle réagisse aux autres images. Une image est strictement identique aux actions qu’elle subit d’autres images et aux réactions qu’elle opère sur d’autres images. En d’autrestermes,l’ensemble des images et l’ensemble des actionset des réactions des choses les unessurlesautres,sontstrictementla mème chose. Il faut se laisser aller, ne demandez pas trop tout de suite des justifications rationnelles, il faut, votre tàche se serait presque : essayer de trouver la caverne où tout ça est vrai, le monde où c’est vrai.

Q’est-ce que ça veut dire ? ça veut dire qu’une image a - si vous voulez - pour partie élémentaire..., qu’est-ce que ça serait une partie d’une image ? une image a pour partie élémentaire les actions qu’elles subit de la part d’autres images et les réactions qu’elle opère sur d’autres images.

-  En d’autres termes, une image c’est un ensemble d’actions et de réactions. Dès lors, il y a évidemment aucune différence entre image et mouvement. L’image dans sa nature la plus profonde c’est cela : c’est ce "quelque chose qui subit une action", ce quelque chose "qui exerce une réaction". Si bien que le "Tout" des images ou plutôt l’ensemble des images - puisque j’aimerai garder en toute rigueur le mot Tout pour tout à fait autre chose sui vant nos séances précédentes - c’est l’ensemble des actions et des réactions qui constituent l’univers. Conséquence immédiate - mème si vous le comprenez comme ça - comprenez-le comme ça, axiomatiquement. Je veux dire Bergson a parfaitement le droit de se donner ce sens du mot image - avant que vous l’ayez compris vous l’acceptez comme une définition formelle, mème si vous ne comprenez pas encore pourquoi. Conséquence immédiate de cette identité de l’ensemble des images avec l’ensemble des actions et réactions qui composent le monde, à savoir une image peut etre perçue, et on sait mème pas ce qu’est-ce que c’est qu’une image qui est perçue. Pas forcément, une image peut très bien ne pas etre perçue, en d’autres termes, ces images définies comme l’ensemble des actions et de réactions constitutives de l’univers, sont des images "en soit" qui ne cessent d’agir les unes sur les autres, et de réagir les unes sur les autres - là c’est très important ce que Bergson ajoute - sur toutes leurs faces, ou si vous preferez cela revient au même - dans toutes leurs parties élémentaires. Un monde d’images en soi qui ne cesse d’agir et de réagir sur toutes ses faces et dans toutes ses parties élémentaires, voilà ce qu’est l’image-mouvement. Peu importe, dites-moi là-dessus, l’image-mouvement n’existe pas en ce sens. Si vous aviez le mauvais coeur de dire ça, ce serait terrible mais bon, je pose pas la question : est-ce que ça existe ? je dis voilà ce que Bergson appelle l’image-mouvement et dans toute l’analyse d’image-mouvement va dépendre. Vous allez me dire, on va bien rencontrer le problème, est-ce que ça existe ? oui, on va le rencontrer, mais pas cette fois. Bon, alors comprenez déjà...

Mais l’oeil, je reprends ma remarque de tout à l’heure, l’oeil c’est quoi ? d’accord l’oeil, bon, c’est une image, c’est une image-mouvement. Il se définit comment cette image-mouvement ? Les excitations, comme toutes les images-mouvement, il reçoit des excitations d’aussi loin qu’elles viennent, d’aussi loin. Et il y a des réactions - d’après ce que je vois,par exemple, je lève le bras Je vois une pierre qui m’arrive sur la tète, je fais...,c’est une réaction. Ben, l’oeil c’est un système action-réaction, c’est-à-dire, c’est une image, une image-mouvement, d’accord dit Bergson. Le cerveau c’est une image-mouvement, vous, votre personnalité, c’est une image-mouvement, qu’est-ce que vous avez ? vous êtes des images-mouvement, tout.

-  S’il y a des choses différentes dans le monde, c’est qu’il y a des types des images-mouvement différentes, c’est là qu’on arrive à notre problème. Mais, vous comme moi comme le caillou comme l’oeil, etc., alors comment vous voulez que l’oeil conditionne quoi que ce soit ? mais l’image, elle n’a pas attendu l’oeil, puisque l’oeil, c’est une image parmi d’autres. Mon cerveau, il contient pas des images - ça ça fait beaucoup rire Bergson, dire que mon cerveau contient des images exactement c’est comme cela fera tellement rire Sartre, l’idée que la conscience puisse contenir quelque chose. Vous vous rendez compte : dire que le cerveau contient des images. Mais..., c’est une image, c’est une image-mouvement, il reçoit des vibrations, il envoie des vibrations. D’accord, entre les deux, quelque chose se passe, c’est ça le propre d’une image : elle convertit une image-mouvement, une image-mouvement, c’est un convertisseur ; ça convertit une action, des ébranlements. Vous me direz mais il faut quelque chose qui agisse. Non, ce quelque chose c’est une image, une image c’est..., ben oui, le monde il est fait d’ébranlements et de vibrations, d’accord, tout le monde le sait ça. On dit non, il est fait d’atomes. Non, il n’est pas fait d’atomes, seuls les atomes peuvent se définir par les vibrations et les ondes et tout ça. Et les actions qu’ils subissent et les réactions qu’ils opèrent ? tout est image-mouvement, il n’y a que des images-mouvement en soi. Et vous êtes une image-mouvement parmi les autres ; Bien plus, chacun de nous en a plusieures images-mouvements, mais ça va pas loin, on pèse pas lourd. On est une petite image-mouvement parmi une infinité d’images-mouvements.

Voilà, alors les images-mouvements n’ont absolument pas besoin ni de mon corps ni de mon oeil, puisque mon corps, mon oeil, mon cerveau, ma conscience, tout ce que j’appelle tout ça, c’est une image-mouvement un point c’est tout. Là-dessus, dans ce monde universel d’images-mouvements, c’est-à-dire, d’actions et de réactions, comment Bergson peut il nous annoncer que quelque chose va se distinguer ? Bien plus, si j’allais jusqu’au bout du Bergsonnisme, pour en finir, je dirais les vraies perceptions c’est pas moi qui les aies. Qui est-ce qui perçoit à ce niveau si j’en reste à ce stade ? ce qui perçoit c’est les images-mouvements. Percevoir ça veut dire quoi ? percevoir ça veut dire qu’une chose : ça veut dire subir une action et renvoyer une réaction, c’est ça percevoir. Les choses perçoivent en elles-mèmes, elles-mèmes et les autres choses, les choses sont des "perceptions". Dire que c’est des images-mouvements, dire que c’est des perceptions c’est la mème chose, comprenez, car ça serait un contresens catastrophique : Il ya un philosophe dans le temps qui a dit ètre c’est d’etre perçu, il s’appelait Berckeley. Ca n’a aucun rapport Bergson avec Berckeley, car Berckeley voulait dire les choses sont nos états de conscience. Bergson veut dire juste le contraire, c’est les choses en elles-mèmes qui sont des perceptions. Le grand philosophe Whitehead lui disait quelque chose de...,il avait un mot qui me semble encore meilleur que perception. Il disait : "les choses sont des préhensions". Qu’est-ce qu’une chose préhende ? une chose préhende, l’ensemble des actions qui s’exercent sur elles-mèmes.

Bon, il n’y a mème plus de problème de perception pure, la perception pure c’est pas la perception de quelque chose, c’est la chose elle-mème. C’est dans les choses qu’il y a la perception. Le problème de la déduction c’est : comment moi, image spéciale, comment moi qui fut qu’une image parmi les autres, je perçois et je m’attribue de la perception ? Nous vivons dans un monde de préhensions, ce n’est pas nous qui préhendons les choses, c’est nous qui sommes la préhension parmi l’infinité des autres préhensions. et ben ecoutez, vous êtes fatigués..

ah complètement là tu as complètemenet raison une seconde s’il vous plait

de la sémiotique j’en parlerai de

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