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7- 27/01/81 - 2

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Gilles Deleuze Cinéma / Cours du 27 / 01 / 1981 - 2 . transcription : Mohamed Salah

Tiens, voilà que Dieu est le grand laboureur ou bien que Dieu est le grand guerrier.
-  Et dans un cas, sa justice sera la justice du labour et du partage des terres.
-  Et dans l’autre cas, ça sera la justice du champ clos, ce sera la justice du guerrier.
-  Et dans un cas, je dirai : " Dieu a un glaive".
-  Et dans l’autre cas, je dirai :" Dieu et sa charrue".
-  Et dans un cas, je dirai : "je suis l’humble épi de blé".
-  Et dans l’autre cas, je dirai : "je suis le guerrier de Dieu" .

Bon, qu’est-ce que ça veut dire "Dieu est le grand guerrier", "Dieu est le grand laboureur" ? J’entends bien qu’il ne l’est pas à la lettre, je ne suis pas bête à ce point là, moi paysan, moi guerrier. Qu’est-ce que je veux dire quand je dis "le glaive de Dieu " ? j’entends bien que Dieu n’a pas un glaive. Alors, qu’est-ce que je veux dire, qu’est-ce que je délire ? puisque je sais bien que ce n’est pas vrai ? D’une autre manière, je prétends que c’est vrai. Je veux dire : je prétends que Dieu a un glaive éminent. Éminent, qu’est-ce que ça veut dire ça ? Et si je suis un pasteur qui conduit ses brebis sur la montagne, je dis que Dieu lui-même est la plus haute montagne (voir les textes dans l’ancien testament), que Dieu est "la montagne des montagnes".

-  Bon, mais j’entends qu’il est "éminemment montagne". Ca veut dire quoi ça "éminent" ? Comme dit Spinoza , spirituellement : "si le triangle pouvait parler, il dirait que Dieu est éminemment triangulaire". Eminemment triangulaire, ça veut dire quoi ? Là, il a en vue quelque chose Spinoza, il dit pas ça pour rire, il s’adresse à des gens qui - évidemment à cette époque - comprenaient très bien ce qu’il voulait dire.

- Eh bien, c’est que la question s’est toujours posée et du point de vue du signe au Moyen Age ; cela était l’un des problèmes fondamentaux de la sémiologie du Moyen Age, à savoir : "comment pouvons-nous parler de Dieu ? Qu’est-ce qu’on peut dire de Dieu ?" Il semblerait que, Dieu est tel que tout langage s’annule à son approche ; il n’y a pas de "dire de Dieu", il excède tout ce qu’on peut dire. - Donc, d’une certaine manière, je ne peux dire de Dieu qu’une chose : ce qu’il n’est pas.
-  Je peux dire : il n’est pas carré, il n’est pas ceci, il n’est pas cela, il n’est pas, etc. "Il n’est pas" : c’est ça qu’on appellera la "théologie négative".

-  Je ne peux parler de Dieu que sur le mode de la négation. Est-ce que je peux dire Dieu existe ? même à la limite je dirai - et combien les mystiques sont allés loin dans cette voie - à la limite, je dirai :" Dieu n’existe pas". Pourquoi je dirai : "Dieu n’existe pas" ? Parce que Dieu déborde "l’existence", autant qu’il déborde la figure triangulaire ; et "l’existence" c’est encore un prédicat qu’il lui reste inférieur, inadéquat.
-  Donc, à la lettre, Dieu n’existe pas .
-  Ou alors, si je dis Dieu existe, je dirai :" il existe oui , mais "émineéminemmentmment". Eminemment, ça veut dire à la lettre, en un sens supérieur, en un autre sens, en un sens supérieur . Mais alors, est-ce que c’était vrai ce que je disais tout à l’heure de la théologie négative ? à savoir elle ne parle de Dieu que par négation, elle nous dit ce que Dieu n’est pas et elle ne peut dire rien d’autre que ce que Dieu n’est pas ; je ne peux même pas dire :" il est bon, Dieu", il est tellement au-delà de la bonté..

- Bon , mais ce n’est qu’un premier aspect de la théologie négative, parce que je dis par la théologie négative ce que Dieu n’est pas. D’accord, mais ce qu’il n’est pas c’est au même temps ce qu’il est : "il est cela qu’il n’est pas". Comment ça il est cela qu’il n’est pas ? Réponse : oui, il est éminemment, ce qu’il n’est pas, il est "éminament", c’est-à-dire, ce qu’il n’est pas en un sens il l’est, "éminemment", c’est-à-dire, en un sens supérieur au sens suivant lequel il ne l’est pas . Dieu n’existe pas, ça veut dire Dieu existe, mais précisément il existe "éminemment", c’est-à-dire, en un autre sens que toutes les existences que me présente le monde, en un sens "supérieur".
-  Dieu n’est pas bon, ça veut dire il est bon, mais il est bon en un sens éminent tel que toutes les bontés de la terre ne nous en donnent qu’une très vague idée ; puisque lui, Il est infiniment bon et que nous ne connaissons de choses bonnes que de choses bonnes d’après la finitude . Vous me suivez ?

-  Voilà que la théologie négative a inventé tout un langage où la négation est affirmation parce que l’affirmation est affirmation éminente. Dès lors, le signe, les mots de ce langage, auront fondamentalement plusieurs sens.
-  Et là encore, revenons à la situation la plus quotidienne. Vous voyez, chacune de ces dimensions du signe a les deux aspects : la vie quotidienne et la situation exceptionnelle. Si le théologien négatif représente la situation exceptionnelle de ce point de vue, mais dans notre vie quotidienne on cesse pas - les mots ont plusieurs sens, les mots ont plusieurs sens, ils ont beaucoup sens - alors je passe mon temps quand je parle à dire : ah, oui ! d’accord , mais en quel sens tu dis ça ?

-  Revenons à la théologie négative, qui, finalement, est comme le grossissement de cette situation. Vous voyez, j’ai trois situations quotidiennes avec trois grossissements. Je ne dis pas que chez Spinoza soit aussi systématique, mais je dis tout est y . En effet, revenons donc à ce troisième caractère . je dis de ce point de vue là, il n’y a pas de limite dans le langage de la théologie négative. Et ça peut inspirer les plus beaux poèmes : Dieu est une montagne, Dieu est un parfum, Dieu est un glaive. Sous-entendu il n’est pas un parfum, il n’est pas un glaive, il n’est pas une montagne . Sous-entendu ce qu’il n’est pas, il l’est, mais il l’est éminemment, c’est-à-dire, en un autre sens que le sens courant, que le sens commun. Dieu est une montagne, mais une montagne éminente, c’est-à-dire, que toutes les montagnes du monde, même l’ Himalaya, ne nous donne qu’une idée confuse et tronquée, une montagne infinie, "c’est une montagne infinie", "c’est un glaive infini", etc., etc. Donc, ce langage de la théologie négative, joue sur le fait commun, quotidien, que les mots ont plusieurs sens et simplement il pousse les choses à l’extrême, et cet extrême c’est quoi ? c’est l’existence d’un sens infini et d’un sens fini dans le cas de la théologie. Les choses qui sont relativement bonnes et Dieu qui est infiniment bon. Les choses qui ont un degré de perfection et Dieu qui, lui, est infiniment parfait ; et on emploiera le mème mot parce que il faut bien se comprendre, pour ces sens différents.

-  Et alors, se tisse à ce moment là, un langage qui va être fondamentalement celui, suivant les accents que vous mettrez, de "l’équivocité", à savoir un signe a plusieurs sens irréductibles,
-  ou celui de l’analogie : un signe a des sens qui ne sont pas sans rapport là, l’équivocité c’est exactement : un signe à plusieurs sens, sans rapport les uns avec les autres. "Bon" ne se dit pas dans le même sens de Dieu et de la créature, vous trouvez constamment ça dans la théologie du Moyen Age. Vous voyez, comment cette théologie est forcément amenée à buter sur ce problème des signes : Ou bien, le langage de l’analogie, mais d’un certain point de vue ça revient au même quelque soient les différences, à savoir un mot à plusieurs sens, ces sens ne sont pas sans rapport les uns avec les autres, c’est-à-dire, ont des rapports analogiques. Analogie, de quelle type ? ce que la bonté infinie est à Dieu, la bonté finie l’est à l’homme. Vous voyez, on posera une espèce d’analogie de rapport" pour avoir une sorte de loi, en d’autres termes, l’analogie introduit une certaine règle dans les rapports d’équivocité . Alors, suivant les tendances au Moyen Age, vous avez des auteurs qui insistent sur l’équivocité des mots, quand ils sont appliqués à Dieu et à la créature. Ca ce serait si vous voulez, en très gros, ça serait, pour ceux qui connaissent un peu ces courants, ça se serait la tendance de (pseudo-Denis), d’un auteur mystérieux qu’on appelle le (pseudo-Denis) .Ou bien vous avez des auteurs qui mettent l’accent sur l’analogie, c’est-à-dire, une certaine règle dans l’équivocité, une analogie de rapport et ça c’est la tendance de Saint Thomas . Mais en tout cas, la théologie est inséparable de ceci : l’équivocité des mots. Et vous voyez que, ça lui appartient fondamentalement et c’est pour ça que l’écriture a toujours été inséparable d’un problème de l’interprétation de l’écriture. En quel sens ? Et c’est forcé que la théologie pose ce problème des signes, de l’équivocité des signes, puisque son problème fondamental c’est : en quel sens on peut attribuer : est-ce qu’on peut attribuer le même prédicat à Dieu et à la créature, et à quelle condition ?
-  à condition qu’il soit pris en deux sens sans rapport l’un avec l’autre ?
-  à condition qu’il soit pris en deux sens ayant un certain rapport l’un avec l’autre ? ou bien quoi ? La théologie n’a jamais envisagé que l’une ou l’autre de ces deux solutions. Je dirai donc que le troisième caractère du signe c’est l’équivocité .

L’équivocité ou l’analogie.

Si je résume uniquement là ce que l’on a gagné, je dirais ceci :
-  ah, oui ! je fais une espèce de résumé quoique ce soit très simple, mais c’est justement pour insister sur la simplicité de tout ça.

je dirais : d’une certaine manière en liaison avec Spinoza, nous renonçons à définir le signe par sa nature, par une nature conventionnelle supposée. C’est pas ça, c’est pas ça qui nous permet de définir le signe. En revanche trois caractères nous permettent de définir le signe, mais ces trois caractères ont comme chacun à deux dimensions : une dimension quotidienne, ( si vous voulez ) et une dimension extrême. C’est-à-dire, une dimension quotidienne, rapport avec les choses ; dimension extrême, rapport avec Dieu . Si bien que vous pouvez supprimer une des deux dimensions l’autre subsiste, mais donc ça marche à tous les coups .

-  Premier caractère : la variabilité .

Dimension quotidienne, vraiment ce qui se passe ... notre vie, notre vie, en tant notre vie ne cesse pas d’être une entreprise de réclamation de signes les uns aux autres, on ne cesse pas de se réclamer des signes.

Au contraire, position extrême le "prophète" - pas au contraire, position extrême le "prophète" : Le rapport avec Dieu est précisément réclamation un signe des signes. ça c’est l’aspect variabilité .

- Deuxième aspect : l’associativité .

Là aussi le champ ordinaire, l’existence quotidienne, c’est que chaque mot que j’emploie ne peut être défini que par sa chaîne associative. Situation extrême, mais dès lors il y a un signe des signes, à savoir Dieu comme garant d’une chaîne associative : "si Dieu le veut". Cette fois-ci ce serait l’attitude, si vous voulez, non plus du prophète mais du "prieur", de la prière "ah si Dieu le veut".

Troisième caractère : l’équivocité.

Les signes ont un sens équivoque, c’est-à-dire, tout signe a plusieurs sens ; situation extrême le "théologien". Le même mot ne se dit pas de Dieu et des créatures dans le même sens : la théologie négative.

Au moins, vous savez, si vous comparez à ce qu’on dit aujourd’hui sur le signe, si vous accordez à Spinoza ces trois ... Ce qu’on dit aujourd’hui sur le signe, s’il vous arrive de lire ou certains d’entre vous connaissent peut être Peirce qui va très très loin dans ses analyses, mais les points de départ de Peirce me paraissent plutôt moins bons que ces points de départ de Spinoza. Ca me parait très fort cette triple définition du signe : variabilité, associabilité et équivocité .

-  Alors, qu’est-ce qu’il veut Spinoza ? Supposez que pour des raisons qui sont les siennes, il veut pas de tout ça, il se dit que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue si c’est ça la vie. Et ce n’est pas simplement un problème de connaissance, c’est vraiment un problème de mode de vie, vivre comme ça, en ne cessant pas de réclamer des signes qui par nature sont des signes équivoques. Ben, non ! c’est pas bien si..., s’il y a une vérité c’est pas là dedans qu’on pourra la trouver. Mais c’est une triste vie, vous savez, très triste vie, si vous pensez à notre vie parce que ... Et finalement, qu’est-ce qu’il appellera le premier genre de connaissance, Spinoza ?
-  C’est la vie d’après des signes.

Moi, je ne vois pas d’autres moyens comme ce qu’il appelle le premier genre de connaissance, et en fait très très mélangé, comme il invoque beaucoup d’exemples très différents. La seule chose qui fasse l’unité de ce qu’il appelle le premier genre de connaissance et qui est en fait genre d’ignorance, qui n’est pas en fait un genre de connaissance, qui est en fait notre triste situation quand nous ne connaissons pas. Eh, ben ... c’est le signe, c’est le signe qui donne sa cohérence à ce que Spinoza appelle le premier genre de connaissance ;
-  et je dis : "pourquoi ça ne vaut pas la peine de vivre si c’est vivre comme ça ?" Il y a si... je dis ça, mais en tant que je fais parler Spinoza parce que, il y a au contraire, des gens - concevez - Il peut très bien y avoir des gens qui disent : mais c’est ça précisément, il n’y aurait pas de poésie sans ça, il n’y aurait pas poésie sans la variabilité du signe, sans l’associativité du signe, sans l’équivocité du signe.
-  Et c’est ça qui fait que le monde est un monde fait d’ombre et de lumière, et c’est ça le fond des choses. Et après tout, les théologiens, la théologie négative qui étaient parfois des génies, vivaient dans cette atmosphère d’un monde d’ombre et de lumière ; ils multipliaient même les mots pour fixer une espèce .. ou pour approcher ce qu’ils appelaient le "phénomène du fond". Bien plus, ils multipliaient les mots - en quel sens ? puisque le "fond" déjà c’est une notion équivoque et qu’il fallait qu’ils indiquent l’équivocité de la notion "fond" du mot "fond". Il y avait un dieu du fond, il y avait un Dieu de l’ombre et un dieu de la lumière, et le dieu de l’ombre était un Dieu du courroux, le courroux. Et le dieu de la lumière était un dieu de la gloire ; mais le Dieu du courroux, du fond, était encore plus Dieu, il était Dieu plus fondamental que le Dieu de la lumière qui lui était déjà "forme". Et tout ça, ça inspirera des textes splendides à la frontière de la mystique et de la philosophie, par exemple les textes de Jacob Beum. Ca se trouvera dans la philosophie romantique, dans la très grande philosophie romantique allemande du 19 ème, dans les textes splendides de Schelling . Où là, le langage développe jusqu’au bout sa puissance d’équivocité, où l’équivocité n’est plus de tout saisie d’un point de vue spinoziste comme un défaut du langage mais comme au contraire l’âme de la poésie dans la langue, et l’âme de la mystique dans la langue . Donc, là je prétends pas de tout ..., j’ai dis ben non ...Spinoza comprendrait mème pas ce que ça veut dire, il comprendrait même pas au sens ... Eh ben , si on lui disait ça, il dirait ... il y a même pas à lui dire ça. Imaginez, ça le concerne pas, lui c’est pas son problème. Lui il pense, mais pourquoi pense-il ça ? Que la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue là dans cette espèce de bouillie, de bouillie nocturne. Très curieux, voilà que c’est un philosophe de la lumière. Tous, tous les philosophes du 17ème, il faudrait se poser - mais je crois qu’on y arrivera que la prochaine fois - essayez de définir ces philosophies du 17ème siècle, pour qu’on se sentent plus proches d’elles, pour qu’on ait l’impression perpétuelle que, Descartes, Malebranche, tout ça c’est fini. Qu’est-ce qu’ils ont réussi ? qu’est-ce qu’ils n’ont pas réussi ? qu’est-ce qui a fait que la position du 17ème siècle n’est plus aujourd’hui possible ? Si fort que pourtant, ils nous apportent les choses et qui continuent à être actuelles. Qu’est-ce qui c’est passé entre le 17ème et le 19ème siècle ? tout ça c’est ..., mais qu’est-ce qu’ils ont réussi ? Sinon, si on ne répond pas à cette question, je veux dire, c’est des philosophes qui resteront pour vous toujours même si vous les admirez, qui resteront toujours lettre morte. Ils ont réussi quelque chose qui devenait impossible après, sûrement pas de tout parce que c’était dépassé, parce que les philosophies c’est comme ça, c’est comme ça qu’elles durent, c’est comme ça qu’elles changent. Elles changent pas comme ça par caprice de thèse, j’ai une thèse...ça c’est - il faut être très jeune pour se réveiller un matin en se disant j’ai une idée. Non, ça se passe jamais comme ça, on a jamais une idée, ça se passe pas comme ça .

-  Alors, qu’est-ce qui se passait au 17ème siècle qui leur permettaient de tenir un certain langage qui après n’était plus ... encore une fois ce n’est pas qu’ils soient dépassés ; c’est en effet pourquoi tous ces mots qui sont devenus pour nous des mots vides, "claire et distincte" ? "l’idée claire et distincte", "la lumière naturelle"- là aussi alors je prépare ce qu’on fera au second semestre sur la peinture) :

Est-ce que c’est par hasard que c’est au même temps, au 17ème siècle, que les peintres découvrent vraiment.. Je dirais pour être très sommaire, découvrent la lumière . Avant la lumière était pas connue ? si, bien sûr elle était connue ; mais ce qu’on découvre au 17ème siècle en très gros, là je vous dis des choses - c’est bien une certaine indépendance de la lumière par rapport à la forme, par rapport aux formes . Tout se passe comme si la lumière devenait indépendante des formes, si bien qu’une peinture de la pure lumière devient possible. L’exemple fameux, ou l’extrait de cette peinture de la pure lumière c’est connu, c’est Rembrandt, et encore Rembrandt Vieux, pas ... Bon, mais Spinoza - je pense tout d’un coup que, dans un texte que je vous ai déjà signalé, je crois là, le texte de Claudel, de Paul Claudel " L’Oeil écoute", le texte très beau sur la peinture hollandaise, lui-même fait le rapprochement avec Spinoza . Peut être que, ce que ces peintres font, réussissent au niveau de la peinture, Spinoza lui le réussit au niveau de la philosophie .
-  C’est-à-dire, ce qui était sous-jacent à tout le 17ème siècle, l’entreprise de "porter la pensée à une espèce de pure lumière". "Penser dans la lumière", qu’est-ce que ça veut dire ça ? ça parait tellement verbal tout ça . Vous comprenez, si vous êtes sensibles à ces échos un peu affectifs, un peu sentimentaux ; vous ne pouvez plus ensuite lire un texte même de Descartes sur "l’idée claire et distincte" en vous disant "clair et distinct" il dit ça comme ça, pour dire "vrai". C’est pas vrai qu’il dit "clair et distinct" pour dire vrai .Il dit "clair et distinct" parce qu’il apporte une conception de la vérité, il l’invente pas. Mais pourquoi, avant, on ne parlait pas de "clair et distinct" ? pourquoi ça commence avec le 17ème siècle ? On en parlait avant de "clair et distinct", vous pouvez peut être le trouver chez Saint Thomas. Par opposition à obscur et confus", il y a le couple cartésien "clair-distinct" qui s’oppose à "obscur-confus" . Bon, qu’est ce que ça veut dire ça ? Alors, on nous l’a tellement seriné, la philosophie est tellement malheureuse d’être prise par des ..., - et là je fais qu’en ajouter un à tout ce qui a eu - gênée tellement sous tous les coups par lesquels elle est passée, la philosophie. Vous comprenez, que "clair et distinct" (on avale ça comme ça.) On se dit : "bon d’accord, notion cartésienne" : "clair et distinct" , "lumière naturelle", bien ! Mais pour eux c’était pas ça. Pour eux ce n’était pas une manière de dire vrai, c’était une manière de transformer radicalement le concept de vérité, à savoir le vrai c’était ce qui était clair et distinct, c’est-à-dire, le vrai c’était ce qui était lumineux . Alors c’est la même histoire, remarquez exactement que c’est la même histoire. Je peux dire Aristote, alors lui en retourne très loin. Aristote, comment il définissait le vrai ? En très gros, peu importe, il a une conception de la vérité très compliquée, mais Aristote définissait la vérité par la "forme". Chez Descartes, vous trouverez encore le mot "forme" ; mais voilà, la forme est devenue entièrement subordonnée, à la lettre je dirai à la luminosité intellectuelle . Si bien que là, il me semble, j’ai vraiment pas forcé les choses pour dire que c’est la même histoire qu’en peinture, je veux dire le domaine que la peinture du 17ème siècle va découvrir, ou va promouvoir ou va inventer les moyens techniques, de faire une lumière indépendante des formes. La philosophie du 17ème, dans sa théorie de la vérité, va définir la vérité par une lumière, une luminosité, qui évidemment rompt avec la conception formelle d’Aristote. A la limite, c’est les formes qui dépendent de la lumière, c’est plus la lumière qui suit les formes. Il y a un type qui a comparé (alors là je fais une parenthèse de parenthèse ... ça fait rien ! ) une étudiante : il est 11h30 Deleuze : il est 11h30 il faut que j’aille faire une course, alors. Je finis juste ce point, il y a un type qui a comparé très très bien, un critique allemand qui a comparé des intérieurs d’église, 16ème siècle et 17ème siècle. Une fois dit que l’intérieur d’une église c’est un thème courant, c’est un thème d’école en peinture, il y a énormément de peintres qui ont fait des intérieurs d’église . Alors, il compare des versions 16ème et des versions 17ème ; c’est très très frappant la répartition des lumières à l’intérieur d’une église. Au 16ème, on voit (là je dis des choses très générales, il faudrait voir dans chaque cas particulier - mais en très gros, on pourrait dire une chose comme ceci : c’est qu’au 16ème, la répartition des lumières et des ombres peut être très savante, elle est au service des formes, c’est-à-dire, même dans l’ombre un objet garde sa forme. Vous voyez ce que ça veut dire ? même dans l’ombre un objet garde sa forme, c’est très frappant au 16ème siècle. L’ombre en effet - ils ont pas le clair-obscur, c’est le 17ème, les techniques du clair-obscur ce sera avec le 17ème. C’est pas qu’ils en étaient incapables : c’est des grands peintres, ce n’est pas la question être capable ou pas, ils en ont rien à faire du clair-obscur. Leur recherche est tellement, leur problème est tellement un problème de la forme, ce qui ne veut pas dire simplement du dessin, la couleur, la lumière est subordonnée, est un traitement de la forme). L’ombre aussi, ce qui veut dire que, quoi ? je dirai en gros, ce qui veut dire que c’est un espace - et ça va être très important pour nous : c’est un espace qu’il faut appeler "optique-tactile". En effet, si l’objet dans l’ombre garde sa forme, c’est évidemment par connexion tactile. Vous me suivez ? et en effet tout le tableau est optique, évidemment puisque c’est de la peinture, mais avec des référents tactiles : le contour. D’où le règne du contour notamment, est évidemment un référent tactile dans un monde tactile. C’est donc un espace, comment on dit, tactilo-optique. Qu’est-ce qu’ils font au 17ème ? Ils font une chose - alors on peut regretter, Vous comprenez, c’est là que les goûts prennent un sens ; on peut toujours dire : eh ben moi je regrette. Oui, mais à condition de savoir de quoi il est question, sinon les goûts au niveau de moi "j’aime, moi j’aime pas", ça compte pas. Il faut dire ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas. Or on peut regretter en effet, ce monde tactilo-optique, parce que le 17ème va se lancer dans un truc un peu fou . Quand on dit ils sont raisonnables, que c’est l’âge du rationalisme. Oui, mais le rationalisme c’est de la folie pure. Ils vont se lancer, je dis ça pour les peintres , pour le moment quitte à me demander si ce n’est pas pareil pour les philosophes, tout à l’heure ; parce que pour les peintres, ils vont se lancer ...
-  Ecoutez-moi bien, ça me parait prodigieux cette entreprise, :" la constitution d’un monde exclusivement optique", que le tableau chasse ses références tactiles, que le tableau ne passe plus par aucune référence tactile, c’est une idée de fou !
-  Pourquoi c’est une idée de fou ? en mème temps c’est une idée très raisonnable : à savoir la peinture s’adresse à l’oeil, donc elle n’a pas à faire des clins d’yeux tactiles. L’oeil pur, le tableau sera visibilité pure, mais justement la visibilité pure c’est ce qui rend invisibles quoi ? c’est ce qui rend invisibles les référents tactiles, à commencer par les contours. Peinture de lumière, on ne peindra plus les choses, on peindra la lumière ; à la limite, il continue à peindre des choses, d’accord . Mais plus important que les choses peintes il y a la lumière . Bon, ça peut être Rembrandt, ça peut être Vélasquez, ça peut être beaucoup. Mais cette grande peinture dite classique, en fait, si on emploie "classique" au sens de. ..de quelque chose de bien digéré ; rendez-vous compte, parce que après tout, ne plus peindre les choses dans leurs référents tactiles, mais peindre un pur espace optique. Si j’avais pas dit tout ce qui précède, je pourrais aussi vous dire, je crois, et peut être vous seriez d’accord, je pourrais aussi vous dire, mais c’est ça ce qu’elle a voulu la peinture abstraite moderne. Bon, en effet, la peinture abstraite moderne, a voulu instaurer, c’est peut être ce qui recommence tout le temps, la peinture abstraite moderne, elle a voulu instaurer un monde purement et exclusivement optique, en éliminer toutes les références tactiles.
-  Bon, si c’est ça et après il y a assez de déclarations de Mondrian qui vont dans ce sens et d’autres, c’est si ça alors, ça veut dire quoi ? Pourtant ils ne peignent pas exactement comme Rembrandt , non ils peignent pas comme Rembrandt , sans doute ils reprennent cette tentative sur d’autres bases . Qu’est-ce qui c’est passé entre temps, qui fait que la tentative "d’instaurer un monde optique" soit reprise sur d’autres bases ?

-  ça peu importe, ça nous prendrait beaucoup de temps, on verra plus tard quoi !. Mais je dis juste, maintenant retournons à la philosophie. Et je lance à nouveau ma supplication : quand vous trouverez "clair et distinct "chez Descartes, "lumière naturelle", etc., mettez-vous à la place des lecteurs de l’époque, ne vous dites pas que c’est des formules toutes faites : ah, oui ! Descartes va encore nous embêter avec "l’idée claire et distincte", etc. , c’est du bien connu. C’est du bien connu parce que (voilà on est passé assez de temps là -dessus) c’est comme si on allait de commentaire en commentaire en commentaire de commentaire, tout se perd . Et encore une fois, je dis il faut être conscient du fait qu’on en a ajouté un. Mais je vous le dis, prenons à la lettre ça :

-  c’est à dire de la même manière que les peintres du 17ème prétendaient faire, prétendaient élever le tableau, à la puissance d’un espace optique pur sans référence tactile. Les philosophes du 17ème ont prétendu constituer un espace mental pur, un espace mental purement optique . C’est pour ça on nous dit toujours : Descartes, il détruit les formes d’Aristote . Aristote c’était, on nous dit, c’est les "formes substantielles" . "Les formes substantielles", même si vous ne considérez pas le mot , même si vous ne savez pas un mot sur ce que Aristote entend par "formes substantielles", c’est évidemment liées à des référents tactiles, c’est le rapport forme-matière, et tous les exemples d’Aristote sont, du moins beaucoup des exemples d’Aristote c’est des exemples liés au travail, à savoir la forme du lit, le menuisier qui donne au lit la forme, prendre du bois et lui donner la forme de ceci ou de cela, forme du violon, forme du lit, etc. Cette activité d’information qui définit la substance par Aristote .

-  On dit que les Grecs étaient des peintres, on dit que les Grecs vivaient dans la lumière. C’est faux, c’est faux, c’est faux. Tout ce qu’on dit d’ailleurs sur les Grecs, et on peut le dire d’avance que c’est faux. Donc,ilsvivaient dans la lumière riendetout. Oninvoquelemot"eïdos"chezeux, le mot "eïdos" tout le monde nous dit que c’est un mot quand même compliqué, parce qu’il veut dire à la fois "forme", "essence" et "le vu "(ce qui est vu), l’apparition. C’est vrai que les Grecs inventent une certaine lumière, mais j’insiste là-dessus, ce n’est pas du tout une lumière pure. L’espace artistique des Grecs c’est pas du tout un espace optique, c’est typiquement encore un espace tactilo-optique.

-  Savez-vous qui seront les premiers artistes à avoir inventer un espace purement optique en en expulsant toutes les références tactiles ? Si encore une fois vous m’accordez que la même tentative en apparence, la même peut être prise à des niveau très très différents . Eh bien, c’est les Byzantins, il faudra attendre Byzance. C’est la peinture de mosaïque notamment, c’est la peinture mosaïque qui dégage une lumière pure mais qui ne la dégage pas comme ça mystiquement, dont tous les procédés techniques assurent que la lumière prend une indépendance par rapport à la forme, c’est-à-dire, la forme devient purement optique . Une forme optique, c’est une forme telle que précisément la lumière est indépendante de la forme présupposée, elle naît de la lumière.

-  Oh, il faudra attendre les Byzantins pour avoir l’idée, il me semble, d’un espace optique pur. Là-dessus, je ne dis pas de tout que le 17ème copie les Byzantins, pas plus que j’en dirai que la peinture abstraite copie le 17ème et les Byzantins. Encore qu’entre Byzance et la peinture abstraite d’aujourd’hui, Il me semble qu’il y a des rapports extrêmement troublants . Mais, ..., par exemple chez Kandinsky c’est évident, qu’entre la peinture abstraite et l’art byzantin il y a reprise d’une espèce de tradition très très ...

-  Et je dis que c’est eux qui inventent ça . Avant eux, moi je ne vois aucun espace optique pur, alors il a fallut de drôles de choses pour que., pour avoir cette idée très curieuse. Or, je dis Aristote ..., prenez les Grecs, que ce soit Aristote en Philosophie. La forme "l’eïdos" est pas du tout optique pure, l’essence c’est pas une vision pure, c’est une vision tactile, c’est un mixte vue/toucher. Et du point de vue de l’art, si vous prenez le temple grec, le temple grec c’est absolument pas la lumière pure. L’architecture grec c’est pas de tout, Byzance oui , l’architecture byzantine ça serait une architecture de la lumière ; l’architecture grecque c’est une architecture optico-tactile, ou tactilo-optique. Alors, bon, eh ben, je dis la même chose au niveau du problème de la vérité, et c’est tout ce que je veux dire finalement . Au 17ème siècle, rendez-vous compte, c’est assez formidable : qu’est-ce qu’il leur a permis de faire ça ?

-  Alors là je dis, libre à vous, vous pouvez dire là-dessus ... eh ben non, simplement moi ça me dégoûte, cette peinture de lumière ça ne m’interresse pas. Mais sachez au moins pourquoi ça vous intéresse pas ? c’est à ce moment là vous êtes des êtres, ne posent pas leurs problèmes en termes de lumière, c’est votre droit, vous saurez à ce moment là, vous aurez d’autres peintres qui vous conviendrons. Et les philosophes du 17ème, c’est le même coup je vous le dis, c’est le même coup . Voilà qu’ils projettent la pensée, l’activité de la pensée, dans un espace mental-optique. Ils inventent pour l’esprit un espace optique pur. Donc, un espace mental bien sûr, mais un espace mental conçu sur le mode optique. Par là, Descartes rompt avec Aristote. Car encore une fois la "forme substantielle" d’Aristote, elle est optico-tactile. "L’idée claire et distincte" de Descartes, elle est au contraire purement optique .
-  D’où la question, qu’est-ce qui a permis au 17ème siècle cette découverte de la lumière et de l’espace optique pur ? D’où l’importance au 17ème des problèmes de l’optique : Spinoza et sa taille de verre de lunettes, d’accord. Mais Descartes et un des ouvrages scientifiques de Descartes c’est la "Dioptrique". Bien plus, et au niveau de l’optique, que ce fait je crois, quelque chose qui est comme aussi un des secrets du 17ème siècle.

-  Un des secrets du 17ème siècle et de ses philosophies c’est que la science et la métaphysique n’y sont pas en conflit. Ils ont trouvé un équilibre de la science et de la métaphysique, et là il ne faut pas se hâter de dire que les équilibres c’est pas bon, parce que quelque chose a permit ce succès, ce succès étonnant, que la science et la métaphysique avaient trouvé une espèce d’équilibre et de rapport d’équilibre On dit parfois, on dit tellement de bêtises, la bêtise, vous comprenez, c’est pas simplement quand on dit quelque chose de faux, mais c’est bien pire, c’est lorsqu’on donne une interprétation médiocre de quelque chose de vrai. Alors, on constate quelque chose de vrai, quelque chose de vrai, c’est que les philosophes du 17ème étaient à la fois de grands savants et de grands philosophes et on dit, mais non sans mélancolie," eh ben c’est bien fini ce moment là" et on prétend, on assigne la raison, évidemment on assigne une raison ridicule . On prétend que la science est devenue aujourd’hui tellement difficile que, le même homme ne peut pas "savoir" et en philosophie et en science. C’est grotesque, c’est absolument grotesque. C’est stupide, parce que, il faut vraiment se faire une drôle idée de la science du 17ème siècle pour croire qu’elle était simple, si vous pensez à ce qu’ils faisaient à ce moment là ...

-  Mais, comment expliquer en effet que, dans tous les cas importants - même les types qui étaient pas très très savants, comme Malebranche ou Spinoza - Il y avait dans les grands philosophes du 17ème, il y en a deux extrêmement savants :
-  c’est Descartes qui, en mathématiques, est un grand créateur ; en physique est un grand créateur .
-  Bon, Leibnitz, j’en parle même pas, c’est un des grands mathématiciens qui n’a jamais existé ; en physique, c’est prodigieux ce qu’il fait, bon, c’est quand même des cas extraordinaires . Bon, mais même Malebranche et Spinoza qui, je crois, ont une culture ..comment expliquer qu’ils peuvent tenir une correspondance avec - pour Spinoza, avec des gens comme Vigens, ou être très au courant des travaux de Vigens, et très au courant des travaux du chimiste anglais Boyle ? Avoir une correspondance avec Boyle - et vous pouvez lire la grande lettre à Boyle, dans sa correspondance, il parle des problèmes extrêmement techniques et il sait parfaitement . Est-ce que nous on pourrait en effet avoir une correspondance avec un chimiste actuel ? Je crois... je ne sais pas, peut être certains d’entre vous, moi je comprendrais rien à ce qu’il me dirait, d’accord. Bon , est-ce qu’on pourrait avoir ... ?

- Mais l’argument :" c’est parce que la science est devenue si compliquée qu’il lui faut toute une vie de spécialisation". Il me semble qu’il est absolument stupide, vous savez, stupide que ... Encore une fois, si vous ouvrez un traité de Vigens la tête vous chavire, vous avez pas l’impression, comme on dit "un honnête homme est capable de comprendre ça". Si vous ouvrez, et alors, les écrits mathématiques de Leibnitz, là on en parle même pas ! Vous allez avoir exactement la même impression comme si vous lisez un livre de mathématiques modernes . Bon, alors c’est évidemment pas parce que la science est compliquée que ... Je crois que c’est tout à fait autre chose . C’est parce que le 17ème siècle avait trouvé dans des conditions qu’il rendait possible (et encore faut -il, faudrait-il déterminer ces conditions) c’est parce que le 17ème siècle a instauré des conditions d’un équilibre fondamental entre la science et la métaphysique, que les mêmes pouvaient être de grands savants et de grands métaphysiciens . Or, qu’est-ce que ça a été cet équilibre ? Si je cherche sa traduction immédiate, je dirais que cet équilibre s’est trouvé au niveau du développement d’un "espace optique pur".

-  Bien sûr j’exagère, mais j’indique juste une direction, un "espace optique pur", à savoir : la constitution d’une optique géométrique qui, d’une certaine manière, a été un des ralliements de la physique et des mathématiques - Et un espace optique pur qui a transformé le statut de la métaphysique et toute la théorie de la Vérité. Donc, espace optique pur physique, physico-mathémathiques et espace optique pur métaphysique . Si bien que "clair et distinct" ...

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