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(1) Sur Foucault Le pouvoir année universitaire 1985 1986 Cours du 13 mai 1986 Gilles Deleuze aut participant RequestDigitalE 10 :54

Alors voilà mon... voilà le programme que je voudrais tenir. Aujourd’hui je voudrais que la séance soit consacrée à cette conception de la subjectivation selon Foucault, c’est-à-dire la nature de ce que nous avons caractérisé comme troisième axe et, pour cela, j’avais très besoin que Félix Guattari veuille bien venir et que je puisse lui demander des choses à cet égard car on en est à un point..., ce thème de la subjectivation, vous allez comprendre pourquoi..., on en est à un point où la pensée de Foucault s’insère dans toutes sortes de courants qui, d’une part, ont participé aux causalités multiples de Mai 68, mais, bien loin d’être étouffés après, ont pris, je crois, même sous des formes parfois latentes, ont pris des développements, des développements extrêmement importants. D’où la présence de Guattari à qui je voudrais pouvoir poser des questions en fonction de ses propres conceptions, de ses différences avec Foucault, tout ça... de ses ressemblances. Donc aujourd’hui, si c’est possible, on finirait la subjectivation. Le 20 mai, là, je fais un programme le plus strict possible, le 20 mai, je poursuivrai pour mon compte et je tirerai... et je commencerai un... j’espère, je tirerai les conclusions sur tout cet ensemble, sur les trois axes et sur l’unité de l’œuvre de Foucault. Le 27 mai, je voudrais que, grâce à l’un d’entre vous, la séance se passe un peu... une forme de rapprochement de Foucault avec de grands auteurs modernes, entre autres écrivains, littéraires, mais aussi d’une autre nature, et quand je dis « l’un d’entre vous », je veux dire que l’un d’entre vous propose de vous faire écouter certains morceaux de Plis selon plis, de Boulez, et on verrait autour de ça s’il y a quelque chose à dire sur qu’est-ce que c’est ce titre Plis selon plis et l’on attacherait peut-être d’importance, une fois dit que Boulez a eu des rapports avec Michaux très précis, des rapports musicaux avec Michaux... euh... quel rapport y a-t-il entre Plis selon plis et La vie dans les plis, texte de Michaux, très beau texte de Michaux, on verrait toute cette histoire du pli, en tenant compte aussi - j’avance sur le programme - d’une remarque très intéressante qui m’a été faite et qui est : ce rapport que nous sommes en train de voir entre le dehors et le pli constitutif d’une subjectivité, cette ligne du dehors qui se plie pour constituer une intériorité très spéciale... eh ben est-ce que c’est un mouvement nécessaire, inévitable, est-ce qu’on pourrait pas concevoir d’autres mouvements ? Est-ce que tout ça n’est pas un peu étouffant ? Est-ce qu’il y a pas quelque chose d’étouffant dans tout ça ? Demande l’un d’entre vous et moi je dirais... je... je... je me sentirais assez d’accord : oui, il y a sûrement quelque chose d’un peu étouffant... est-ce que d’autres tracés de ligne seraient moins étouffant ? Je sais pas... enfin toutes ces choses.... Donc. Et enfin on ferait une dernière séance le 34, c’est-à-dire le 2... le 3, je ne sais pas, en Juin, une dernière séance en juin, sur les questions que vous avez-vous-mêmes à poser ou bien les objections que vous avez à faire et sur l’ensemble de notre travail cette année. Vous voyez ? Pas de problème ? Bien. Alors, aujourd’hui, je commence, moi, par récapituler, avant de poser les questions que je voudrais poser, pour que soit bien entendu où on en est.

Question dans l’audience : ?

Deleuze : le 2 ?

Interlocuteur :: ?

Deleuze : le 3, le 3 et puis, après, pleins de pensées nous nous séparerions. Quel travail d’ici le 3 !

Eh ben, nous avons vu, donc, comment s’esquissait un troisième axe dans la pensée de Foucault, c’est-à-dire, au-delà des rapports de pouvoir et des formes de savoir. Si vous préférez : au-delà des règles contraignantes du pouvoir et des codes institués de savoir. Et qu’est-ce que c’est ? Eh bien, au-delà des rapports de pouvoir et des formes de savoir, il s’agissait du rapport avec le dehors, notion qui, pour nous, nous paraissait à la fois très attirante et mystérieuse. Ce rapport avec le dehors dont Blanchot disait déjà que c’était en même temps le non-rapport absolu ou l’absolu du rapport, et la question c’était : cette ligne du dehors que Foucault reconnaît reprendre à partir de Blanchot, cette idée d’une ligne du dehors au-delà du savoir et du pouvoir, cette ligne du dehors, comment faire pour qu’elle ne soit pas simplement la mort, le vide ou l’irrespirable ? Ce dehors absolu, comment ne serait-il pas la mort du « on meurt » chez Blanchot, le vide ou l’irrespirable ?

Et la réponse qui nous était suggérée - mais c’est peut-être cela, la réponse étouffante, on sait pas, on sait pas encore... - réponse qui nous était suggérée c’était que la nécessité de la ligne du dehors se plie et qu’en se pliant, c’était la seule manière, semblait-il, dont elle pouvait se détacher du vide et de la mort et, en se pliant, elle constitue une région relativement à l’abri, qu’elle nous permet de vivre et de vivre, sans doute, d’une manière... d’une manière quoi ? Est-ce qu’on peut dire « authentique » ? Est-ce que ce serait un mot que Foucault accepterait ? On va voir... ça on laisse... Bon qui serait, comme dit Michaux, en se pliant, la ligne du dehors, elle serait comme l’œil du cyclone, un calme, un calme... Dans Mercier et Camier, roman de Becket, l’un demande à l’autre : eh bien, comment vas-tu ? Et l’un répond à l’autre : je suis gonflé, mais pas à bloc. Rire. Et l’autre dit : je vais bien, mais moins bien qu’avant d’avoir descendu l’escalier. Et le premier reprend et dit : je suis comme un bouchon sur la mer déchaînée. Ah ! Comme un bouchon sur la mer déchaînée... être comme un bouchon sur la mer déchaînée, est-ce que c’est pas là l’opération dans laquelle la ligne euh... en style Foucault : constituer un intérieur de l’extérieur, être à l’intérieur de l’extérieur, être le passager par excellence. Le passager par excellence, c’est celui qui se situe à intérieur de l’extérieur. C’est ça le pli de la ligne du dehors. Michaux aura des formules admirables quand il explique pourquoi il a renoncé et comment il a renoncé à la drogue. Il dit : le vrai problème, c’est, avec des vitesses infiniment rapides qui nous traversent, comment constituer un être lent ? On pourrait dire : c’est ça le problème de la subjectivation. Il s’agit plus de chevaucher les électrons. Comment chevaucher des électrons ? Il faut bien qu’avec des vitesses infinies on arrive à constituer l’être lent que nous sommes ou que nous devons être. Plier le dehors, plier la ligne du dehors, ce sera ça. Selon Foucault : la subjectivation, c’est-à-dire constituer un intérieur de l’extérieur. Vous voyez qu’il s’agit pas du tout d’une intériorité qui serait propre, se mettre à l’intérieur de l’extérieur.

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