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Deleuze / Foucault - Le Pouvoir cours 21 - 29/04/1986 - 4 Cours du 29 avril 1986 Gilles Deleuze aut participant RequestDigita* 6 :34 + 39 :28

Les plis de cette ligne et il y cherche la vie comme absolue mémoire. Ça, on retient, absolue mémoire, parce que j’en aurai besoin - page 28 : « ces mêmes plis, Roussel les écartait d’un geste concerté pour y trouver un vide irrespirable ». « Ces mêmes plis, Roussel les écartait d’un geste concerté pour y trouver un vide irrespirable, une rigoureuse absence d’être dont il pourrait disposer en toute souveraineté. Leiris éprouve dans la plénitude mobile d’une vérité que rien n’épuise, les étendues - les mêmes étendues - les étendues que les récits de Roussel parcourt au- dessus du vide comme sur une corde raide ». Là on retrouve absolument le problème que je me permets d’appeler problème passionné. Le problème passionné, c’est toujours ceci : d’accord, mettons que notre seule chance ce soit plier la ligne du dehors, pour trouver quoi ? Pour trouver un instant de repos, pour l’arracher à la mort. Le seul moyen d’arracher la ligne du dehors à la mort où elle nous entraîne, c’est la plier et vivre dans les plis.

Mais voilà qu’il y a toujours la tentation : écarter les plis. Écarter les plis pour retrouver l’irrespirable et c’est Roussel et l’étrange mort de Roussel. Ou bien, non pas moins audacieux, mais plus prudent, comme Leiris, s’entourer des plis.
-  S’entourer des plis pour continuer à vivre et respirer.

C’est vraiment... Mais qu’est-ce qu’a fait, là je peux le dire très très... avec beaucoup de respect quant à Foucault, qu’est-ce qui s’est passé pour lui ? Est-ce qu’il y a eu un moment... s’il s’agit pas seulement de métaphore, et j’essaierai de montrer qu’il s’agit pas exactement de métaphore... euh, qu’est-ce qui s’est passé pour lui ? Est-ce que, à un moment, il a vraiment écarté les plis à la manière de Roussel ? Alors que, pendant longtemps, il avait su vivre, d’une certaine manière, à la Leiris. Qu’est-ce qui se passe ? Bon. Je dis : le problème, là, il est tellement « la vie/la mort » que, pour moi, les derniers livres de Foucault font pas tellement problème. Il était urgent de trouver, au prix même d’un recul apparent, Il était urgent de trouver les conditions sous lesquelles on pourrait poser le problème froidement, de manière froide, intelligible, je dirais presque conceptuelle car, dans tout ce qu’on a fait aujourd’hui, il n’y aurait pas de [ ?], à quelque prix que ce soit. Et, le prix, il était presque indiqué par Heidegger. Eh ben commençons, commençons par nous confronter aux grecs. Si c’est eux qui ont inventé le pli, comme le pense Heidegger, si les grecs se définissent par ceci : c’est eux qui ont inventé le pli de l’être, si ce sont les grecs qui ont plié l’être, mais qu’est-ce que ça veut dire ?

Qu’est-ce que ça veut dire chez Heidegger ? Supposons ! On continue dans le noir, dans... Si les grecs ont vraiment fait ça, cette chose prodigieuse, si ça part d’eux, allons voir chez les grecs. Et Foucault est prêt à s’embarquer alors dans une aventure qu’il n’a jamais [ ?] à savoir étudier une longue période, étudier une longue durée, lui qui n’a étudié que des durées courtes et volontairement courtes, il est prêt à s’installer sur une longue période qui répond aux conditions de nécessité pour que le problème soit froid. A savoir : des grecs à nos jours, qu’est-ce qui s’est passé, dans les manières de plier, c’est-à-dire de constituer une subjectivité ? Plier c’est constituer la subjectivité.

Il y a mille manières de la constituer, sûrement les grecs ne l’ont pas constituée de la même manière que nous, mais s’il est vrai que les grecs ont été les premier à en constituer une, c’est-à-dire à plier de l’être, comment ça s’est fait ? Il faut, d’accord, il faut accepter de commencer, de recommencer avec les grecs, de voir ce qui s’est passé là-bas, à tel moment, et donc il faut accepter une nouvelle confrontation avec Heidegger, puisque Heidegger faisait crédit aux grecs d’avoir été les premiers et les seuls, finalement, à plier l’être.

Alors plier l’être, plier l’être... bon, il est temps que ça cesse d’être une... Il faut repartir à zéro. Repartir à zéro, en apparence, à savoir : en quoi la philosophie... - ce qui était la question lancée par Heidegger, mais peut-être pas par lui seulement - en quoi la philosophie est-elle une chose grecque ? Pourquoi la philosophie est-elle dite une chose grecque ? Est-ce que ça veut dire que plier l’être et être philosophe c’est la même chose ? Est-ce que ça veut dire que le philosophe, c’est celui qui plie l’être ? Ce serait curieux, ça. C’est une drôle d’occupation plier l’être. Qu’est-ce que ça veut dire, ça ? Pourquoi la philosophie est-elle une chose grecque et est-ce vrai que c’est une chose grecque ? Vous vous reposez un petit peu...

Vous voyez sûrement où on en est. Peut-être vous voyez où on en est. Euh... Je dis juste, là, pour conclure cette partie, eh ben supposez que plier la ligne du dehors ait un sens, ce sens sera celui-ci : d’une part ou à la fois,
-  faire qu’elle se détourne de la mort et qu’elle produise une subjectivité. S’entourer de plis.

Bon et on en est là, bon, ben ce problème, en effet, qui d’une certaine manière est très intense avant même qu’on ait compris... Il faut précisément les conditions un peu de distance qui nous permettent de comprendre de quoi il s’agit. D’où cette espèce de redépart à zéro avec les grecs puisque ce sera pour Foucault le lieu de confrontation par excellence, lieu de confrontation avec Heidegger. Alors, aujourd’hui, mais je... c’était presque... quand je dis « volontaire », je me donne trop, mais, moi ça m’ennuie pas, il faut que, vous, ça vous ennuie pas non plus... Tout ce qu’on a fait était vraiment d’une très très grande obscurité, puisque je ne cherchais qu’une chose, c’était vous donner conscience d’un mouvement, mouvement qui me paraît commun à Heidegger, à Blanchot et à Foucault, mais dont vous sentiez qu’il s’orientait d’une certaine manière.

Et, comme quelqu’un, tout à l’heure, me le faisait remarquer très justement, comprenez que, là aussi, je pense pas du tout diminuer Heidegger, mais que les exercices, les exercices étymologiques de Heidegger, qui font partie des grandes pages de Heidegger et l’impossibilité de penser cette philosophie, la philosophie heideggérienne, indépendamment de ces exercices de haute-voltige étymologique, chacun de ceux qui ont ouvert un livre de Heidegger ont assisté à ces merveilleuses étymologies qui font bondir les hellénistes, mais pourquoi ? Les hellénistes ne s’y reconnaissent pas, mais ces premiers jeux - exercices de Heidegger, est-ce que c’est pas comme l’équivalent de ce qu’a pu être l’exercice linguistique de Roussel ? C’est-à-dire des exercices où un énoncé se plie sur un autre énoncé de telle manière que l’autre énoncé lâche des doubles, si bien que, à cet égard, je pourrais dire... euh... une espèce d’équation pour mieux vous faire comprendre : Foucault sur/ Roussel = Heidegger /sur les exercices étymologiques de... de Heidegger. Les exercices étymologiques de Heidegger, c’est quelque chose de l’ordre des Impressions d’Afrique de Roussel. Et c’est inséparable de son langage philosophique. Tout ce que j’essaie de dire sur tous les tons, c’est que le Raymond Roussel fait vraiment partie intégrante de l’œuvre philosophique de Foucault. Et tout comme il y a un aspect - je dis pas que ce soit le dernier mot de Roussel - tout comme il y a un aspect « vaste plaisanterie » chez Roussel, plaisanterie verbale, plaisanterie... la linguistique élevée à la hauteur d’une plaisanterie, il y a chez Heidegger une espèce d’humour allemand qui n’a donc pas les même signes que l’humour peut-être trop français de Roussel, il y a une espèce d’humour allemand, euh... qui inscrit, là, cette espèce de nécessité de plier, de faire le pli des mots sur les mots de telle manière qu’on force un mot à lâcher des doubles. Et, plus tard, je dis : on sera amené à voir... mais je le dis maintenant...comme on sera amené à étudier certains exercices étymologiques de Heidegger, peut-être est-ce que vous vous rappellerez à ce moment-là que, l’équivalent, Foucault le cherche dans son rapport avec Roussel. Alors, sur tout ceci, encore une fois, qui est d’une confusion totale, mais c’est bien pour moi, c’est bien que ce soit tellement confus, puisque je ne prétendrais pas faire un cours sur Heidegger, mon intention est tout à fait autre.

Mon intention, encore une fois, c’était vous donner un sentiment et pas une analyse, un sentiment de ce que veut dire « pli de l’être », voilà. Si je vous l’ai donné, on n’a pas fini, alors j’essaierai de parler plus avec des concepts, mais euh, c’est ça que je cherche. Bon, sur toute cette partie de notre séance aujourd’hui, est-ce qu’il y a des remarques à faire, des choses sur lesquelles il faudra revenir dans l’avenir ou bien certains d’entre vous qui trouveraient ça radicalement insuffisant Ou même radicalement incompréhensible... euh ?

-  Question : [ ?]si j’ai compris quelque chose

-  Deleuze : mais oui, mais oui

-  Interlocuteur : ? si j’ai compris quelquechose...tu disais que le dehors est le plus lointain ce dehors a un dedans...

-  Deleuze : Parfait. Parfait parce que ça anticipe..., en effet, tout ça, ça s’oppose parfaitement, mais presque ça avait un lien puisque, ça entame déjà, ça entame... qu’est-ce que ça veut dire cette réponse ? Les grecs, les grecs... Les grecs furent les premiers et les premiers à quoi ? Alors c’est là, presque..., je crois que tout ce que j’ai à faire maintenant c’est répondre à... aux questions que tu viens de poser, donc ce sera à toi, après toute cette nouvelle partie, à dire s’il y a une réponse ou s’il n’y a pas de réponse. Je crois et je pose aussi la question parce que ça me paraît pas évident... D’où vient la question d’un rapport privilégié - disons « privilégié » pour le moment - d’un rapport privilégié des grecs avec la philosophie ? D’où vient cette question ? Il me semble, c’est pas mal dire pour la situer, mais dans le sens que tu viens de dire, que c’est une question allemande. Et que c’est une question très situable qui est née avec le romantisme allemand. Elle est née dans des conditions très spéciales qui affectent, en effet, le romantisme.

Et c’est pour ça que, à mon avis, le premier chez qui on la découvre, fondamentalement, c’est Hegel. C’est Hegel. Et si Heidegger lui a donné aujourd’hui une telle forme qu’elle est pour nous liée à Heidegger, non, le premier moment de cette question surgirait avec Hegel, du moins la grande forme de cette question. Il y a eu des prédécesseurs. Mais, si, ensuite, des auteurs aussi différents que Nietzsche, Heidegger, reprennent la question « pourquoi les grecs et la philosophie ? Pourquoi la philosophie est-elle une chose grecque ? », c’est euh... c’est Hegel qui, sans doute, a posé, a donné à la question la première forme, la première forme catégorique et la première réponse catégorique : il n’y a pas de philosophie hors des grecs. C’est eux qui inventent la philosophie.

Alors la question « pourquoi », là... Pourquoi, d’abord, ça vient du romantisme allemand ? Je voudrais faire une hypothèse. Je dirais que le romantisme est profondément lié à la notion de territoire et de perte du territoire. Le romantisme, là, s’installe vraiment sur..., il me semble, de nouvelles bases qui sont le territoire et la perte du territoire. Est-ce que c’est lié à tous les grands mouvements nationalitaires, à l’après révolution de 89 ? Tout ça, sûrement, ça a des raisons historiques. Et ça veut dire quoi ? Le territoire et la perte du territoire. Il y a une année où on s’occupait de musique, je m’étais beaucoup intéressé au Lied et le contenu le plus profond du Lied c’est, il me semblait, Adieu je pars ! Adieu je pars ! Ou bien, ce qui revient au même : je reviens ! Quitter le territoire, revenir dans le territoire, voilà une affaire romantique par excellence. Et pourquoi ? Parce que, en même temps qu’il découvre le territoire, le romantisme est l’avancée la plus profonde qui découvre le rapport et l’inadéquation du territoire et de la terre. Quitter le territoire, pourquoi ? Pour affronter les puissances de la terre. Ça c’est une question très très datée, très... C’est le romantisme allemand.

Pour mon compte, je dirais : les classiques peuvent pas connaître cette question. Les classiques connaissent les milieux, ils s’intéressent aux milieux, ils ne s’intéressent pas aux territoires. C’est pas un problème de territoire, les classiques, ils s’intéressent au milieu et, dès lors, à la création. Le grand problème du romantisme c’est : territoire et fondation. C’est plus la création, c’est la fondation, c’est plus les milieux, c’est les territoires. Adieu, je pars et, dans mon cœur, j’emporterai... Voilà. Et le territoire est toujours en, comment dirai-je, en déséquilibre avec la terre. Comment rejoindre la terre ? Quitte à ce que la terre me ramène au territoire. Les jeux du territoire et de la terre, ça c’est un problème hautement romantique, c’est même, pour mon compte, c’est comme ça que je définirais le romantisme. Eh bien, et dans cette affaire, il faut comprendre que le territoire communique avec la terre mais que, justement, le point où le territoire communique avec la terre, c’est le point sacré du territoire. Là où le territoire communique avec la terre, il y a le sacré. Et comment se vivent les allemands ? Dans leur nationalisme naissant ? Nous autres, allemands, nous avons le territoire, nous avons découvert le territoire. Le territoire est allemand. c’est à dire le territoire va jusqu’à être allemand. Le territoire est essentiellement allemand. Mais la terre, elle, elle est grecque. Tout dans le romantisme allemand, cette espèce de... ce qui peut apparaître comme une espèce de nostalgie, étonnante nostalgie du monde grec. Mais nostalgie au sens vraiment de retour à, retour aux grecs, parce que les grecs, oui, la terre, elle, elle est grecque. C’est-à-dire que, sans doute, les grecs ont parcouru dans le sens inverse ce que les allemands parcourent dans l’autre sens, dans le sens inverse. Bon.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Essayons de progresser. Je dis que la question “pourquoi la philosophie apparaît-elle chez les grecs ? »... d’abord il faut être très prudent, ça veut dire quoi ? La philosophie apparaît chez les grecs, ça veut dire quelque chose comme, au plus simple, oui, les autres formations n’ont aucun mot qui ressemble à philosophie. Car c’est un drôle de mot. Le philosophe, ce... je peux dire au moins, ce que ça n’est pas, ça n’est pas le sage, ça n’est pas le sophos. Bien plus, le philosophe se construit et apparaît sur la destruction du sophos. C’est quand il n’y a plus de sages que les philosophes apparaissent. Et cette race qui apparaît, cette race des philosophes, ils sont amis, comme on traduit, amis de la sagesse, mais non pas sages. Les grecs connaissent l’existence de sages, si bien que je commence, très insuffisamment, à répondre à ta question. Les grecs ont connu des sages, ils nous donnent même la liste de leurs sages. Par exemple Solon est dit un sage. Il n’est pas dit philosophe. Les autres formations sociales ont connu des sages. Mais cette chose étrange, comprenez, le groupe des amis de la sagesse, ça c’est quelque chose de très particulier, qu’est-ce que ça peut vouloir dire ? Les amis de la sagesse qui ont pris la place des sages. Il faut croire que philos doit vouloir dire quelque chose de très particulier. Philos.

Du coup la question, c’est pas « qu’est-ce que la sagesse ? », la vraie question de la philosophie, c’est : qu’est-ce qu’être philos ? Et, par là-même, détruire la sagesse, tuer la vieille image des sages. Peut-être que, comme tu disais, les sages c’est la poésie première. Les sages s’exprimaient en quoi ? En poèmes. La parole du sage est une parole poétique. Bon. Peut-être, mais quand on dit « les grecs ont inventé la philosophie », on entend bien : ils n’ont certainement pas inventé la sagesse qui les précédait. Et même dans la Grèce archaïque, il y a des sages. Et c’est quand il n’y a plus de sages, qu’apparaît cette société des amis de la sagesse. Alors comment expliquer ça ? Qu’est-ce que c’est ces amis de la sagesse ? Qu’est-ce qu’ils nous disent ? Si je résume beaucoup, à mon avis, il y a trois directions qu’il va falloir étudier de très près. Trois directions. Trois sortes de réponses, je parle des réponses sérieuses... Trois sortes de réponses sérieuses ont été données.

-  Je dirais que la première est proprement philosophique, et elle va de Hegel à Heidegger. Bien plus, on peut avoir des surprises. Tout comme on a des surprises, peut-être, en voyant que, d’un certain point de vue Raymond Roussel peut nous servir dans une histoire heideggérienne et bien, peut-être qu’il y aurait lieu de s’apercevoir qu’ un auteur, oublié, mais merveilleux, un auteur français, qui participe au post-romantisme, à savoir Ernest Renan, a écrit des pages qui n’ont jamais cessé de donner des sujets de baccalauréat sur le miracle grec, sur ce qu’il appelle le miracle grec et que, si l’on se reporte au texte de Renan, on a la joie d’éprouver des surprises fantastiques sur la nature de ce miracle. Je dirais une première... première lignée qui donne une réponse philosophique à cette question.

-  Il y a une deuxième lignée que je dirais non plus philosophique mais historienne, qui a commencé très tôt et qui a abouti à une série de livres particulièrement frappants de l’école helléniste française contemporaine. Elle ne commence pas avec eux, mais je retiendrai avant tout l’expression qu’ils en ont donnée de nos jours et c’est, avant tout, Détienne, dans un livre chez Maspero, Les maîtres de vérité, où, là aussi, il prend si bien ton problème que la question que Détienne pose, c’est la vérité qui en grec se dit Aletheia a été pendant longtemps la propriété de la parole poétique et magique, ou, si vous préférez, la parole de la sagesse. Qu’est-ce qui se passe pour que, en Grèce, et quelle est l’histoire du mot Aletheia pour que, en Grèce, elle devienne un certain moment et dans certaines conditions paroles philosophiques tout à fait différente de la parole poétique ou magique ? Et, la réponse, la grande tendance de l’école historienne est de nous expliquer que, un tel lien de la Grèce avec la philosophie implique un espace très particulier. La formation d’un espace que, à un certain moment donné de leur histoire, les grecs ont fait, espace à la fois physique ou géographique et social et qui a rendu possible un nouveau mode de pensée, la philosophie. Outre Détienne, il y a Jean-Pierre Vernant dans deux livres, euh... je me rappelle pas bien... l’un, Mythe et pensée chez les grecs, chez Maspero aussi, et aux Presses Universitaires, je crois bien, Les origines de la pensée chez les grecs. De même Vidal-Naquet

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