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Deleuze / Foucault - Le Pouvoir cours 20 - 22/04/1986 - 3(3) Sur Foucault Le pouvoir année universitaire 1985 1986 12 Cours du 22 avril 1986 Gilles Deleuze aut participant RequestDigita* 34 :22

Ils expliquent à la fin qu’il faut être très prudent, il faut être très prudent dans ces réductions. Bien. Il faut être très prudent dans ces réductions, mais c’est encore mieux de ne pas les faire. C’est encore mieux de ne pas les faire, c’est-à-dire de formuler au moins l’hypothèse que l’inconscient ne connaît que des « on », des articles indéfinis, des troisièmes personnes, c’est-à- dire des non-personnes et que, quand les enfants disent : « qu’est-ce que c’est que un ventre ? », il faut entendre « un ventre ». Et que, quand ils disent « comment les gens grandissent-ils ? », ça veut dire les gens. Et « comment fait-on des enfants ? », ça veut pas dire « comment, moi, j’ai été fait ? », une fois dit que je le sais, que j’ai épié mon papa et ma maman, mais que, réellement, là, pour parler comme Foucault, les enfants font de la biopolitique : « comment naît-on ? »... Bon. Je dis que Blanchot, à ma connaissance, est le seul, le seul à avoir réagi, en tout cas le premier à avoir réagi contre cette personnologie aussi bien linguistique que psychanalytique et à avoir considéré que les articles indéfinis, dont il... il en parle pas de ça, [ ?], que les articles indéfinis n’étaient pas réductibles à du défini. De même que la troisième personne, c’est-à-dire la non- personne, le « il » et le « on » étaient irréductibles aux personnes « je », « tu ». Et ça va être cette promotion de la troisième personne en tant que non-personne, et Foucault va pouvoir prendre le relais de Blanchot à cet égard. Il le prendra au niveau des trois axes. Peut-être vous vous rappelez : sous la forme lumière, on voit. on voit. Et l’on voit des visibilités dispersées. Et sous la forme langage on parle. Et chaque sujet vient prendre sa place dans cette ligne du « on parle ». Cette place n’est pas la même, mais, de toute manière, il n’y aura pas personne, il y aura effectuation du « on » par rapport à tel ou tel énoncé, par rapport à telle ou telle famille d’énoncés. Même s’il y a des noms propres, les noms propres... pourquoi penser arbitrairement que les noms propres sont des désignateurs de personnes ? Peut-être que les noms propres désignent tout à fait autre chose que les personnes. Bien. Je voudrais juste, là, que vous... Dresser comme une espèce de critère, sans dire du tout « les uns ont raison, les autres tort », là entre deux formes de pensées très différentes, celle qui tend vers une personnologie si complexe qu’elle [ ?] et ceux qui tendent vers l’impersonnel, ce que Blanchot appellera le neutre, la non- personne, le « il » ou le « on ». Donc déjà au déb... au... Donc déjà au niveau des formes d’extériorité, au niveau du savoir, vous aviez le « on voit » et le « on parle », chez Foucault. Et au niveau du pouvoir, rapport de la force avec la force, là aussi vous ne découvriez pas des personnes, vous aviez le développement d’un « on », le « on » du pouvoir. Le quelque chose comme « on se bat », le « on » de la stratégie, le « on se bat », « on se heurte ». La force est en rapport avec la force. Et, maintenant, au troisième axe, il y aurait ce « on meurt », encore une fois cette mort qui ne cesse pas et qui n’en finit pas et qui ne se ramène pas à ma mort personnelle, qui ne se ramène pas au « je meurs ». Le « je meurs » est l’instant où, en tant que personne je coïncide avec la ligne du « on meurt », c’est-à-dire je prends ma place dans le « on ». Alors c’est pas gai. Voilà que notre première réponse, qu’est-ce que la ligne du Dehors, au-delà du pouvoir ? Ce serait la ligne de cette mort, la ligne de cette mort interminable et, là, accordez- moi que c’est dans une tout autre atmosphère, mais qu’on avait trouvé une réponse semblable chez Foucault. La mort coextensive à la vie, c’était ce qu’il retenait de Bichat, les morts partielles qui ne cessent pas et n’en finissent pas et qui nous font dire : mais finalement, est-ce que les points de résistance, ces points de résistance mystérieux..., est-ce que ces points de résistance, c’est pas toutes ces morts partielles ? Est-ce que c’est pas comme autant de points sur la ligne du « on meurt » ? En d’autres termes, il y aurait bien un au-delà de la ligne du pouvoir, il y aurait bien franchissement du pouvoir, il y aurait bien la ligne du Dehors, mais cette ligne du Dehors ce serait le « on meurt », comme plus profond encore que le « on voit », « on parle » et on se bat ». Alors, évidemment, ce serait... Voilà, c’est notre deuxième point. Evidemment nous serions très très contents si quelque chose venait nous sortir de là, mais qu’est-ce qui peut arriver à cette ligne du Dehors sinon d’être mortelle ? C’est-à-dire : nous apporter la mort comme si on ne pouvait esquiver le pouvoir que par la mort. Bien. Et que... Je veux dire, tout s’arrangerait évidemment si nous avions des raisons de penser que la mort coextensive à la vie n’épuise pas la vie. Bien plus, il faudrait pour que tout soit, pour que tout soit relancé, là aussi on n’a pas le choix. Il faudrait que la ligne du Dehors soit capable de certains mouvements qui l’arrachent à la mort. Pour le moment, hein, et, ça, je veux dire, on pourra pas supprimer ce moment-là, je dis : pour le moment la ligne du Dehors s’impose, mais elle s’impose en sa stricte identité avec la ligne du « on meurt ». Cette ligne du dehors est-elle capable de mouvements qui l’arrachent à la mort et quels mouvements ? C’est-à-dire le vitalisme, pour reprendre des termes de Foucault, y a-t-il un vitalisme qui puisse secouer ou s’échapper du mortalisme ? Ce qu’il disait à propos de Bichat : c’est du vitalisme, mais sur fond de mortalisme. Est-ce que cette ligne du Dehors peut secouer son appartenance à la mort, à cette mort qui n’en finit pas et ne cesse pas. En tout cas il faut passer cette la ligne du Dehors, elle restera ligne de la mort, quitte à opérer le mouvement qui l’arrache à la mort. Comprenez. On supprimera pas ce moment par lequel on est passé. Ce moment restera et je crois que, peut-être que pour beaucoup, pour beaucoup de gens, ben, la ligne du Dehors sera toujours marquée de ce caractère mortifère. Echapper au pouvoir : oui, la seule manière d’échapper au pouvoir... C’est comme ça, c’est franchir, c’est franchir le peu profond ruisseau. Peu profond ruisseau. Peu profond ruisseau : la mort. Bien bien bien bien...

D’où notre troisième point aujourd’hui, c’est : est-ce que l’on peut concevoir un mouvement ? Je dis bien..., vous voyez jusqu’à maintenant on a tenté d’isoler la ligne du Dehors. Ce Dehors absolu, encore une fois, plus profond, plus lointain, plus lointain que tout monde extérieur. Et on dit : ben oui, c’est la mort. Alors... Mais cette ligne du Dehors, qu’est-ce qui peut se passer ? Elle est fondamentalement mouvement. Alors, est-ce que son mouvement s’épuise en allant d’une mort partielle à une autre mort partielle ? Est-ce qu’elle se contente d’enchaîner des morts ? D’enfiler des morts ? Qu’est-ce qui peut se passer [ ?] une ligne... ? Ben, elle cesse pas d’être en mouvement cette ligne du Dehors. Alors, là, on essaie de procéder par métaphore pour s’y reconnaître un peu : c’est comme si elle était animée tout le temps de mouvements péristaltiques. La ligne du Dehors est parcourue de puissants mouvements péristaltiques qui n’arrêtent pas. Ou bien il y a un terme en embryologie : invagination. Un tissu embryologique s’invagine, ça veut dire quoi ? Former un creux. Second stade, pourquoi pas troisième stade ?

Bien, c’est la ligne que j’ai tracée, c’est la ligne du Dehors. C’est juste pour dire : mouvements péristaltiques, mouvements d invagination... tant de mouvements sont possibles. Comme si elle était parcourue de mouvements. Donc notre troisième point ça va être : s’il est vrai que la ligne du Dehors est parcourue de mouvements, comment peut-on présenter ce type de mouvements ? Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ? Ben, partons de l’hypothèse : on revient, il faut aller très doucement hein, la ligne du Dehors c’est la ligne du lointain. Le Dehors c’est le lointain. C’est le lointain absolu. Plus loin, plus lointain que tout milieu d’extériorité. Est-ce que vous sentez pas, dès lors, que, à condition que ce ne soit pas des mots, que, si c’est plus lointain que tout milieu d’extériorité, du coup, c’est le plus proche. Ce lointain-là est le plus proche. Encore faudrait-il ajouter : ce lointain, en tant qu’il est plus loin que tout milieu d’extériorité, est plus proche, est, par là-même, le plus proche, plus proche que tout milieu d’intériorité. Si le lointain est plus loin que toute extériorité, il est plus proche, il est le proche même. Et s’il est le proche, il est plus proche que tout milieu d’intériorité. C’est en même temps que l’extériorité et l’intériorité étaient récusées, on l’a vu, on l’a vu dès le premier axe, conversion du lointain au proche. Pas l’inverse hein, la conversion est dirigée. Nous partons du lointain et nous le posons comme le plus proche. Et nécessairement comme le plus proche. Pourquoi nécessairement comme le plus proche ? Il est nécessairement le plus proche puisque, en tant que lointain, il est plus loin que tout milieu d’extériorité. En tant que plus loin que tout milieu d’extériorité, il est plus proche que tout milieu d’intériorité. Je peux que répéter ça, ou bien ça prend, ça prend en vous, ça vous dit quelque chose, ou bien ça vous dit rien. Si ça vous dit rien du tour, encore une fois, vous laissez tomber, si ça vous dit un petit quelque chose, il va falloir piétiner, il va falloir ressasser tout ça, arriver à lui donner figure un peu concrète. Du lointain au proche, et ça ce thème vous le trouverez de manière obsessionnelle chez Foucault, dans Les mots et les choses, dans Les mots et les choses... mais il faudrait que j’aie la référence... voilà. Et ça c’est une formule pour... essentielle pour la pensée de Foucault : Les mots et les choses, p.350. « Il s’agit toujours pour elle », elle c’est quoi ? Euh... l’analytique de la finitude. Bon. « Il s’agit toujours... » alors on supprime « pour elle », « Il s’agit de montrer comment l’Autre [avec un a majuscule], le Lointain [avec un L majuscule] est aussi bien le plus proche et le même ». Il s’agit de montrer comment l’Autre, le Lointain est aussi bien le plus proche et le même. En d’autres termes : il s’agit de montrer comment la ligne du Dehors est dedans. Mais de même que le lointain était plus lointain que tout milieu d’extériorité, le dedans sera plus proche, plus intime que tout milieu d’intériorité. En d’autres termes, il faut que le dehors soit saisi d’un mouvement ou parcouru d’un mouvement par lequel il fait un dedans. Ou que l’Autre soit saisi d’un mouvement par lequel il fait le même. De l’Autre au même, jamais l’inverse, jamais du même à l’Autre. Du Lointain au proche, jamais du proche au Lointain. Il faut que le Lointain, l’absolu Lointain, en raison même de son absoluité soit plus proche que tout ce qui n’est qu’intérieur. Qu’est-ce que ce serait, ça ? Alors j’avance, j’avance, mais j’ai tort d’avancer, c’est pour... En d’autres termes, je dis, ça va être ça le grand point de... ça va être ça ce qui nous restera à comprendre, c’est... Je dis : il faut que la ligne du Dehors soit parcourue par un mouvement qui est le pli. Il faut qu’elle se plie. C’est l’invagination. Il faut qu’elle se plie, le pli étant constitutif d’un dedans plus intime que tout milieu d’intériorité, plus proche que tout milieu d’intériorité. Il faut qu’elle forme ce dedans, cette proximité absolue. Il faut que la ligne du Dehors se plie, se ploie. Il faut qu’il y ait un pli de la ligne. Et c’est ce pli qui arrache la ligne à la mort. Comment ? Pourquoi ? Ben je vous donne pour le moment..., c’est pour que ce soit plus simple de se suivre les uns les autres, que vous puissiez mieux suivre, les analyses à venir que je vous dis ça : la ligne du Dehors, c’est le « on meurt », et on revient pas là-dessus, on dit pas : ah non ! On n’a pas découvert quelque chose qui annule ça. Mais l’on ajoute : oui, mais cette ligne est parcourue d’un mouvement péristaltique, d’un mouvement d’invagination qui constitue un dedans. Et ce dedans est plus proche que tout milieu d’intériorité tout comme la ligne du Dehors était plus lointaine que tout milieu d’extériorité. En d’autres termes, qu’est-ce que le dedans ? Le dedans c’est toujours le dedans du dehors, c’est pas mon intériorité. Il n’y a aucune restauration d’une intériorité chez Foucault au sens de mon intériorité. Simplement, il y a un mouvement du Dehors par lequel se constitue un dedans du dehors, seul le dehors a un dedans et c’est ce que Blanchot avait compris très bien dès le... à propos de L’histoire de la folie, lorsqu’il disait : ce qui est enfermé, c’est le Dehors. A savoir : seul le dehors a un dedans. Seul le dehors a un dedans. Seul le dehors a un dedans. Il faut répéter tout ça comme des idiots pour essayer de voir si ça marche, pour essayer de voir si ça nous dit quelque chose. Seul le dehors a un dedans... bon. En d’autres termes, le dedans, c’est le dedans du dehors. C’est pas le contraire du dehors, c’est le dedans du dehors. C’est le pli du dehors. Le dedans est le pli du dehors. Là on tombe sur quelque chose. Vous devez sentir qu’on tombe sur quelque chose. Bien, c’est le pli du dehors. Qu’est-ce que c’est qu’un dedans ? Qu’est-ce que c’est qu’un dehors ? Supposons que le dehors... et en effet la ligne du Dehors, ça doit vous dire quelque chose, c’est de la marine, hein. Le dehors plus lointain que tout milieu d’extériorité, qu’est-ce que ça peut être sinon la ligne océanique ? Le savoir est terrien, et là on a quitté la terre depuis tellement longtemps. ( ?] cette notion de forme, les formes sont terrestres. Mais, bien. La ligne du Dehors c’est la ligne océanique. Qu’est-ce que c’est que le dedans ? Le dedans c’est l’embarcation, c’est le bateau, le petit bateau, c’est la barque. Mais Qu’est-ce que la barque ? La barque c’est un pli de la mer. La barque c’est le pli de l’océan. Chaque fois qu’il y a un bateau, l’océan a fait un pli. Bon. C’est, c’est curieux, ça, alors, est-ce que c’est des métaphores, est-ce que c’est des... ? Non. Histoire de la folie, page 22. Histoire de la folie, page 22, Foucault nous raconte quel était le statut des fous à la Renaissance, avant l’âge classique. Il attache beaucoup d’importance à la nef des fous. Il dit : c’est pas encore l’hôpital général. On les flanquait sur un bateau, ou bien ils y allaient tous seuls hein... sur un navire et puis ils partaient... ils s’arrêtaient et puis ils repartaient. La nef des fous. Et Foucault a un texte splendide et à propos du fou lancé sur sa nef, pages 21-22 plutôt de L’Histoire de la folie, il dit ceci que je lis lentement : « il est mis à l’intérieur de l’extérieur », « il est mis à l’intérieur de l’extérieur et inversement. » Je mets de côté « et inversement », il faudra arriver à le commenter, parce que le « et inversement » pourrait m’être objecté. Je dis : je ne suis pas capable de commenter le « et inversement » actuellement. Je pense que il deviendra... il se commentera de lui-même et tout seul, mais je dis bien que je le supprime pas, je le mets en réserve. « Le fou est mis à l’intérieur de l’extérieur... », là, quand il est lancé sur sa nef. « ...prisonnier du milieu le plus libre... » Non... euh... je lis mal : « prisonnier au milieu », « prisonnier au milieu au milieu de la plus libre, de la plus ouverte des routes, solidement enchaîné à l’infini carrefour, il est le passager par excellence, c’est-à-dire le prisonnier du passage. ». Il est le passager par excellence, le prisonnier du passage. Bien. En d’autres termes : il est mis à l’intérieur de l’extérieur, ça fait partie de ces textes où..., que j’avais prévus, où il n’y a pas besoin de distinguer dehors-dedans, intérieur-extérieur. Ça fait partie... ou les termes se valent. On dirait aussi bien : il est mis au-dedans du dehors. Le dedans c’est le dedans du dehors. Et il n’y a pas d’autre dedans que le dedans du dehors, sauf... [un magnétophone se déclenche et on entend la voix de Deleuze]... Mais c’est d’une autre fois ça ! Rires. C’est même pas de cette fois, hein ! Ah bon. Comme un rappel. Ça veut dire : j’ai été trop vite ! Le dedans c’est le dedans du dehors et l’opération de la constitution d’un dedans du dehors, c’est-à-dire l’invagination, s’appellera plus ordinairement : plissement. Le pli. Le dedans c’est le pli du dehors. Et c’est le pli du dehors qui est constitutif d’un dedans, dedans plus proche que tout milieu d’intériorité, que toute vie intérieure. Bien. Alors... On avance un peu. Ma question c’est : est-ce qu’il suffit que la ligne du Dehors se plie pour échapper à la mort ? C’est une question. Peut-être, si vous attachez à cette pliure, à ce plissement, l’importance et le sentiment d’effort insensé qu’il va falloir pour l’obtenir. Ça ne se fait pas tout seul. L’embarcation, c’est le dedans du dehors. C’est ce que Blanchot a très bien compris chez Foucault parce que, là, je crois que l’influence s’inverse, lorsque Blanchot, toujours parlant de Foucault, va dire, euh... il y a une formule splendide, alors... autant ce que je viens de lire est le pur style Foucault, là, il y a une formule pur style Blanchot : « enfermer le dehors, c’est-à-dire, c’est-à-dire, le constituer en intériorité... », « enfermer le dehors, c’est-à- dire, le constituer en intériorité d’attente ou d’exception », ah bon ? C’est-à-dire, là, quand la ligne du Dehors se ploie, se plisse, elle constitue un dedans qui est une intériorité d’attente ou d’exception. L’attente ou l’exception : qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c’est ça, échapper à la mort ? Pour échapper à la mort il fallait ployer la ligne du Dehors, mais quelle besogne d’Hercule, hein, ployer la ligne du Dehors ! On en est là, juste, hein. Je dis : pourquoi est-ce que, là, on se trouve devant quelque chose qui va être un véritable nœud pour nous de notions, où il faudra bien se débrouiller, hein. C’est parce que cette idée d’un ploiement, d’un plissement va être comme une espèce de zone commune où vont s’affronter qui ? Un certain nombre d’auteurs qui nous importent tous, enfin qui importent à une grande partie d’entre nous, à savoir Heidegger (qui jamais ne dissociera son ontologie d’une ontologie de ce qu’il appelle lui-même « le pli », le pli), Blanchot, Foucault. Alors c’est là où on sera en mesure de saisir et leurs différences et leurs ressemblances. Et autant commencer par un point juste qui est ceci : quel est ce rapport entre le dehors et le dedans ? Qu’est-ce que c’est, donc ? On me dit : la ligne du Dehors, en se ployant, constitue un dedans, une intériorité d’attente ou d’exception. Il faudrait essayer de trouver la note originale de... je dis, en gros, ça pourrait être signé Heidegger, ça pourrait être signé Blanchot, ça pourrait être signé peut-être un autre dont on n’a pas encore parlé et ça pourrait être signé Foucault ; Si l’on arrivait à marquer l’accent personnel que chacun met... Je retire personnel : l’accent singulier que chacun met, sa manière de dire les choses.

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