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20- 22/04/1986 - 1

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Deleuze / Foucault - Le Pouvoir cours 20 - 22/04/1986 - 1 Cours du 22 avril 1986 Gilles Deleuze aut participant RequestDigita* 12 :09

Alors, ben, en fait, c’est aujourd’hui que nous commençons ... la tentative de déterminer ce qui nous a paru être nécessairement un troisième axe dans la pensée de Foucault. Donc c’est très harmonieux :
-  le premier trimestre, nous l’avons passé à l’axe du savoir.
-  Le second nous l’avons passé à l’axe du pouvoir.
-  Et puis reste ce troisième axe, dont nous n’avons pas cessé de nous approcher d’une certaine manière, mais qui reste très mystérieux et, après tout, il est mystérieux. Et, la dernière fois, j’essayais de vous dire que, ce troisième axe, sans doute, il avait été présent dès le début entremêlé dans les deux autres, mais que c’est tardivement et en rapport avec des problèmes, du point de vue de la pensée, pressants, des problèmes pressants, ou qui, pour Foucault, manifestaient une urgence de plus en plus grande que va apparaître la question : dans quelles conditions ce troisième axe peut-il se présenter pour lui-même, peut-il se démêler d’avec les autres ? Donc je considère que, sur savoir et pouvoir, j’ai dit en tout cas tout ce que j’étais capable de dire, tout ce que je pouvais dire et donc, avant qu’on en finisse maintenant avec... et qu’on ne s’occupe plus que du troisième axe, euh... je demande s’il y a des questions, s’il y a des points... Non ? Bien.

Alors axe ou dimension, nous pouvons maintenant, du point de vue qui nous occupe, faire ou refaire une récapitulation. Je dirais que la première dimension c’est celle de l’extériorité et des formes d’extériorité. Et cette dimension des formes d’extériorité constitue le savoir. Je veux dire il faut essayer de préciser ce que ça veut dire. Qu’est-ce que c’est l’extériorité et les formes d’extériorité ? C’est sans doute L’archéologie du savoir qui va le plus loin dans l’analyse des formes d’extériorité. Et l’on voit bien, si l’on... si l’on surveille l’emploi du mot « extérieur » ou « extériorité » chez Foucault, on voir bien que « extériorité » a deux sens. Tantôt « extériorité » signifie dispersion, dissémination. Tantôt « extériorité » signifie béance ou disjonction. Ce qui est en état de dispersion renvoie à une forme d’extériorité, ce qui est en état de disjonction renvoie à un rapport d’extériorité. Or, d’une certaine manière, Foucault ne cesse de rappeler ou d’affirmer une sorte de primat des formes d’extériorité sur toute forme d’intériorité. Bien plus : les formes d’intériorité sont finalement de pures et simples apparences ou, il faut corriger, tantôt des apparences, tantôt des commodités, tantôt des moyens subordonnés. Les formes sont fondamentalement des formes d’extériorité. C’est déjà dire que l’extériorité n’est qu’une dimension. L’extériorité, à mon avis, à ma connaissance, l’extériorité se dit toujours par référence à des formes chez Foucault. Alors, par exemple, du langage, qu’est-ce qu’on dira ? Oui, du langage on dira que c’est relativement une forme d’intériorité. Relativement c’est une forme d’intériorité, en quel sens ? En ce sens que le langage contient, comprend les mots, les phrases, mais quand je dis « l’intériorité » est toujours subordonnée, ça veut dire quoi, ça veut dire que, s’il est vrai que le langage est une forme qui contient les mots et les phrases, en revanche c’est un milieu de dispersion pour les énoncés.

Or il se trouve, on l’a vu, je reviens pas là-dessus, que les mots et les phrases ne sont en quelque sorte que l’écorce des énoncés. Donc, si je dis : le langage est une forme d’intériorité, oui, c’est vrai, relativement aux mots et aux phrases. Seulement les mots et les phrases, encore une fois, c’est l’enveloppe des énoncés et, par rapport aux énoncés, le langage n’est pas une forme d’intériorité, il ne comprend pas, il ne contient pas les énoncés, mais les énoncés se distribuent, se dispersent dans le langage. C’est une forme de dispersion et, en ce sens, une forme d’extériorité. De même, on l’a vu, la lumière pour les visibilités. Je peux dire de la lumière qu’elle contient ou comprend les choses, les états de choses, les qualités sensibles, mais les visibilités qui ne se réduisent ni aux choses, ni aux états de choses, ni aux qualités sensibles, la lumière ne les contient pas, mais les visibilités se dispersent dans la lumière. C’est donc, ça, une extériorité dissémination, dont je peux dire à la fois qu’en tant que forme elle est toujours relative. C’est finalement la même chose qui est forme d’extériorité et forme d’intériorité, mais ça n’a pas la même valeur. Ce qui apparaît comme forme d’intériorité par rapport aux mots et aux phrases est en fait et plus profondément forme d’extériorité par rapport aux énoncés qu’il convient de dégager des mots et des phrases.

Et je dis : l’autre sens du mot « extériorité » c’est la béance ou la disjonction, entre quoi ? Ben cette fois-ci la béance ou la disjonction impliquent le rapport entre les deux formes d’extériorité, c’est- à-dire extériorité redoublée puisque non seulement il y a deux formes d’extériorité, le langage, par rapport aux énoncés, la lumière par rapport aux visibilités, mais il y a extériorité entre les deux formes. Il y a extériorité d’une forme à l’autre. Cette extériorité, cette fois-ci, c’est une extériorité disjonctive de disjonction. Voir n’est pas parler, parler n’est pas voir. Disjonction du voir et du parler. Si bien que, d’une certaine manière, je peux dire : l’intériorité, pour autant qu’il y en a, est toujours, toujours subordonnée, toujours seconde par rapport à des formes d’extériorité. Et c’est pour cela que l’on peut considérer Foucault comme menant une double critique : critique de l’intériorité psychologique, de l’intériorité supposée de la conscience et critique de l’enfermement.

J’ai insisté souvent sur ce point que je résume : non Foucault n’est pas un penseur de l’enfermement, pourquoi ? Parce que aussi bien l’intériorité psychique que l’enfermement physique se trouvent étroitement subordonnés à des fonctions d’extériorité. Blanchot, là, rendant compte de L’histoire de la folie, a une formule excellente : qu’est-ce qui est enfermé ? Ce qui est enfermé, c’est le dehors ; et on n’est pas, on n’est pas encore capable de comprendre, là, au point où nous en sommes, on n’est pas encore capable de comprendre ce que veut dire « ce qui est enfermé, c’est le dehors ». On peut juste pressentir, on essaiera de devenir capable de comprendre ce que ça veut dire, mais ce qu’on peut pressentir pour le moment c’est que, en effet, l’enfermement est une fonction secondaire, tout comme l’intériorité psychique, l’enfermement physique est une fonction secondaire par rapport aux formes d’extériorité. L’enfermement est au service des formes d’extériorité. Exemple : l’enfermement du lépreux est au service d’une fonction d’extériorité qui est exiler. L’enfermement de la prison, l’enfermement dans la prison est au service d’une fonction d’extériorité qui est quadriller le champ social. Au point que des fonctions comme exiler ou comme cette autre fonction, quadriller le champ social, peut très bien, dans d’autres conditions, s’opérer indépendamment de tout enfermement. Indépendamment, le quadrillage peut s’opérer indépendamment de la prison.

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