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16- 18/03/1986 - 5
Deleuze / Foucault - Le Pouvoir cours 16 - 18/03/1986 - 5 Gilles Deleuze aut participant RequestDigitalE 5min 37 Et il signale chez Cummings des formes que l’on appelle, en linguistique, des formes agrammaticales, c’est-à-dire incorrectes grammaticalement ou bien qui ne répondent pas aux règles de la grammaire. Des formes agrammaticales. Je prends un exemple. Dans un poème de Cummings, vous trouvez la formule, vous pardonnez ma prononciation - splendide poème d’ailleurs - « he danced his did ». Dans le poème, ça devient, ça devient... c’est une splendeur. Tout d’un coup on lit ça, le poème est très beau, et puis. C’est que, d’autre part, tout est tendu vers le surgissement de ça, que vous reconnaissez, d’une forme agrammaticale [ ?]. Ça n’existe pas, dans aucune langue, à commencer par l’anglais et l’américain, ça ne peut exister. Il ne peut pas y avoir de construction, de did avec le pronom possessif « he ». Bon, pas possible. [ ?] montre très bien que vous pouvez avoir des constructions grammaticales correctes qui seraient du type : he did his dance, il fit sa dance, si vous voulez, mot à mot. Ou bien, deuxième formule correcte : he danced, il dansait, his dance, il dansait sa dance. Troisième formule correcte selon [ ?] : he danced what he did, si je comprends bien, il danse tel qu’il fit. Bien, voilà ces trois formules correctes, vous les alignez, vous voyez qu’il y en a
une qui comprends « did », « he did his danse »,
il y en a une qui comprend « danced »,
et il y en a une autre qui comprend aussi « did ». Vous les alignez, comme vous les superposez, vous les faites tendre vers une limite et vous obtenez l’espèce de barbarisme, la formule agrammaticale : he danced his did.
Si vous voulez, je dirais que, dans le cas du poème de Cummings, la formule agrammaticale a exactement le même rôle que l’interjective chez Céline. C’est la manière dont vous organisez un ensemble de langage, vous le rassemblez en le faisant tendre vers une limite, limite... Alors je ne dirais plus, comme Foucault tout à l’heure, limite qui serait la mort, mais limite qui serait la formule agrammaticale, la formule bégayante, le formule aphasique qui, elle, est vraiment la limite du langage.
Alors, je vous demande de réfléchir à tout ça pour la prochaine fois. Est-ce que - je termine sur une seule question - est-ce que l’on peut, je ne dis pas que ce soit la seule définition possible, est-ce que l’on peut définir la littérature moderne ainsi ? C’est bien, il me semble, ça correspond à l’hypothèse de Foucault,
Donc j’ai fait la première partie de ma besogne. En quel sens Foucault nous parle-t-il d’un nouveau mode d’être du langage dans la littérature moderne ? Mais on bute sur le problème suivant, pour une fois : pourquoi réserve-t-il ça au langage et pourquoi est-ce qu’il ne nous dit pas aussi : l’âge moderne, l’âge d’après l’homme, se constitue sur un rassemblement semblable de la vie et du travail ? Pourquoi est-ce qu’il nous dit que seul le langage se rassemble ? Alors que, peut-être, il y a autant de raison pour dire : il y a rassemblement du langage, mais il y a rassemblement de la vie aussi et il y a rassemblement du travail aussi. Pourquoi Foucault ne veut-il pas ça ? Et est-ce que nous avons des raisons, nous, de le vouloir, de le souhaiter ? Bon, ben je crois que ça s’éclaircit de plus en plus. Vous voyez, hein, pour la prochaine, s’il y a des choses sur lesquelles il faut revenir...
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La voix de Gilles Deleuze en ligne |