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16- 18/03/1986 - 1

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Deleuze / Foucault - Le Pouvoir cours 16 - 18/03/1986 - 1 Cours du 18 mars 1986 Gilles Deleuze aut participant RequestDigitalE 11 min 14

... oui. Ah ! Cette succession de trois formes : forme-dieu, forme-homme, forme-surhomme, il faut voir que c’est pas limitatif, hein. Je veux dire : elle se passe sur une durée très restreinte et très localisée, puisque nous considérions la pensée classique XVIIème - XVIIIème, la pensée XVIIIème - XIXème avec la forme « homme », puis la forme « surhomme » fin XIXème - XXème, mettons gaiment pour euh... XXIème. Et, tout ça, c’est une durée très restreinte et très localisée, européenne. Mais, même sur une durée si restreinte, qu’est ce qui nous est comme révélé ? Ce qui nous est révélé, c’est : en quoi ces formes dépendent de ce qu’on pourrait appeler une archéologie, ou, peut-être mieux encore, une géologie de la pensée. Ces formes, en effet, dépendent de certaines opérations de la pensée et c’est, pour nous, intéressant pour l’avenir, pour ce qui nous reste à faire, d’essayer de définir ces mouvements géologiques de la pensée. Et c’est là-dessus que je voudrais insister aujourd’hui parce que la dernière fois on a repéré relativement bien ces mouvements géologiques de la pensée qui produisent les formes que je viens d’énumérer.

Et je disais d’une certaine manière : la forme « Dieu », elle est le produit d’un mouvement archéologique ou géologique de la pensée que l’on peut appeler le dépli. Le dépli. Et la forme « homme », si vous m’avez suivi la dernière fois, c’est le produit d’un mouvement archéologique ou géologique de la pensée que l’on peut appeler le pli. Et vous ne vous étonnerez pas, dès lors, en lisant Foucault, de remarquer à quel point le dépli et le pli constituent comme deux espèces de matrices, même au niveau du style. Je dirais que Les mots et les choses, c’est une espèce de chant très souvent lyrique fondé sur ces deux opérations, le mouvement de déplier et le mouvement de plier, de replier. Et, ce que j’ai essayé de montrer, les deux dernières fois, c’est, en effet : comment la forme « Dieu » dépend d’un dépli généralisé, comment la forme « homme » dépend d’un repli généralisé. Comme si la pensée, là, trouvait quelque chose qui lui était essentiel lorsqu’elle se lance dans ces exercices qui consistent à déplier quelque chose ou à plier quelque chose. Il nous manquerait, alors, un troisième mouvement archéologique, un troisième mouvement géologique d’où dépendrait la forme « surhomme ».

Si le terme manque chez Foucault, peu importe, on peut toujours l’inventer uniquement par commodité et ce qui doit revenir normalement au surhomme, et qui n’est ni le pli ni le dépli, c’est le surpli. Alors on aurait notre trinité conceptuelle de mouvements géologiques : déplier, plier, surplier, le dépli, le pli, le surpli. Mais, ce ne serait pas une totalité, ce serait les mouvements géologiques qui correspondent à trois périodes distribuées sur une durée, encore une fois, courte et localisée. Si bien que ma question, ce sur quoi je voudrais insister, pour en finir, aujourd’hui, c’est, justement, la mort de l’homme et le surhomme, une fois dit que c’est pas des choses effarantes, c’est beaucoup plus simple qu’on le dit, cette histoire de la mort de l’homme et du surhomme.

Bien plus : qu’est-ce que veut dire Foucault, donc, dans le texte « Qu’est-ce qu’un auteur ? », quand il dit : retenons donc nos larmes ? La mort de l’homme, il n’y a pas de quoi pleurer. Il n’y a pas de quoi pleurer, retenons donc nos larmes. Je veux dire : c’est central pour la pensée de Foucault, puisque, depuis peu, depuis sa mort, il y a tant d’imbéciles qui reviennent sur : ah il avait dit qu’il croyait à la mort de l’homme, donc il croyait à rien, etc... Il faut pas exagérer, parce que la première chose à se demander, quand on parle de la mort de l’homme et qu’on la comprend comme la disparition de la forme « homme » au profit d’une autre forme, ben il convient de se demander si la forme « homme » a été si bonne que ça. Finalement la forme « Dieu », la forme « homme », c’est des formes consistantes, mais, quitte à parler de bon et de mauvais, est-ce que la forme « Dieu », ça a été tellement bon que ça ? Pour la pensée, pour la manière de penser ce qui existe...

Est-ce que la forme « homme », ça a été si bon que ça ? Tout ce qu’on peut souhaiter à la forme « surhomme », s’il y a une nouvelle forme en train de naître, c’est que, au moins, elle soit pas pire que les deux précédentes. La forme « Dieu » et la forme « homme ». Or il y a toutes chances pour qu’elle soit pas pire que les précédentes ; elle aura ses inconvénients, elle aura tout ça, mais il faut prendre tout ça très calmement. Alors, je reviens à notre principe général. Pourquoi cette succession de formes et d’opérations géologiques correspondantes ? Ce que je voudrais presque consacrer, aujourd’hui, c’est notre séance à essayer de donner une consistance à ce mouvement du surpli, c’est-à-dire ce mouvement formateur du surhomme en tant qu’on le suppose distinct et du dépli et du pli.

Mais je dis : revenons à notre principe général. Notre principe général est que toute forme, quelle qu’elle soit, est un composé de forces. Si on comprend pas ça, on peut rien comprendre. On peut rien comprendre de ce qui nous occupe, du problème qui nous occupe. Toute forme est un composé de forces, ou si vous préférez, un composé de rapports de forces. Les forces sont extrinsèques, c’est-à-dire une force n’a pas d’intériorité, elle se rapporte du dehors à d’autres forces, donc les relations de forces sont extrinsèques. Si bien que, je peux dire : ce que nous devons considérer, dans le cas de la succession Dieu - homme - surhomme, ce que nous devons considérer, c’est le composé des forces dans l’homme d’une part, des forces dans l’homme d’une part et, d’autre part, de forces du dehors. Les forces dans l’homme entrent en composition avec des forces du dehors. Si je dis : c’est la proposition générale, il en sort deux problèmes.
-  Suivant la période considérée - premier problème - avec quelles forces du dehors les forces dans l’homme entrent-elles en rapport ?

-  Deuxième question : compte-tenu des forces du dehors qui entrent en rapport à tel moment avec des forces dans l’homme, quelle forme en découle ? Ce sera pas forcément la forme « homme ». Et j’essaye de répondre mieux à l’objection que l’un de vous faisait, à la question qu’il posait, lorsque l’un de vous disait, la dernière fois : oui mais « forces dans l’homme » ça présuppose déjà l’homme. Ça présuppose déjà une forme « homme ». Non. Non. Si je prends « forces » au sens propre de forces. Je peux parler par exemple de forces dans l’animal. Qu’est-ce que ça voudra dire « forces dans l’animal » ? Ben je prends des remarques courantes, par exemple au XIXème siècle on dit que l’animal se définit par la motilité, force de se mouvoir, et l’irritabilité, force de recevoir des excitations. Si je dis : les forces dans l’animal, c’est motilité et irritabilité, je ne me donne encore aucune forme animale. Je peux parler de « forces dans l’animal », « dans l’animal » signifiant quoi ? Uniquement une région de l’existant, c’est-à-dire une résidence des forces, un point d’application des forces. Je dirais : la motilité et l’irritabilité sont des forces qui ont leur point d’application dans l’animal, c’est-à-dire dans une région de l’existant, je ne présuppose aucune forme encore. Vous voyez : il n’y a aucun, il me semble aucune pétition de principe à parler de « forces dans l’animal » ou de « forces dans l’homme » à un moment où nous n’avons encore aucune forme animale ou aucune forme humaine. Donc, de même que je dis : les forces dans l’animal, c’est par exemple mobilité, motilité, irritabilité etc., je peux dire : les forces dans l’homme, c’est la force de concevoir, la force d’imaginer...

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