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Gilles Deleuze / Foucault - Le Pouvoir cours 13 - 25/02/1986 - 46 min 11 Transcription : Annabelle Dufourcq (avec l’aide du College of Liberal Arts, Purdue University) Il ne parle pas du visible et de l’énonçable. En revanche il fait la plus pure et la plus complète théorie de l’énoncé dans livre et le visible a disparu. Et, au lieu d’une dualité énoncer-voir ou énonçable-visibilité, au lieu d’une telle dualité, il y a une dualité milieu discursif, formation discursive (à quoi répond l’énoncé) et milieu ou formation non-discursive. Donc je peux dire que dans L’archéologie du savoir, il y a mise entre parenthèses de la visibilité comme forme positive et que ce qui n’est pas l’énoncé est simplement désigné de manière négative : milieu non-discursif. Je me dis : comment expliquer ça, que L’archéologie du savoir court-circuite le visible et s’en tienne à une théorie de l’énoncé, s’il est vrai que le savoir a deux pôles ? C’est là où je m’avance un peu, je dis : à mon avis, c’est parce que, de tout temps, l’énoncé avait le primat. Si l’énoncé a le primat, on peut concevoir que, dans un livre qui traite de l’énoncé, l’autre pôle ne soit plus désigné que négativement, puisque ce n’est pas le pôle essentiel du savoir. Ça me force à dire, au moins - une fois que j’ai fait cette hypothèse qui rend compte d’un problème réel chez Foucault - ça me force à me dire : s’il était vrai que c’est l’énoncé qui a le primat, pourquoi aurait-il un primat ? Pourquoi est-ce que l’énoncé dans le langage aurait un primat sur le visible dans la lumière ? Donc je suis forcé de m’avancer encore un petit peu et de dire : eh bien oui, il y aurait une manière qui consisterait à répondre : finalement le visible est une dépendance de l’énoncé, on ne voit que ce qu’on dit, ce serait une première hypothèse à vérifier. C’est-à-dire le visible c’est un simple produit du langage. Bon. Je me dis... alors peut-être que certains d’entre vous pourraient se dire : ah ben oui, cette hypothèse elle est suffisante, elle est bien, elle me convient. Moi, elle ne me convient pas, pourquoi ? Pare qu’à ce moment-là il faudrait supprimer les textes, le nombre de textes infini de Foucault où est toujours posée une irréductibilité du visible à l’énonçable. Ce sont deux formes irréductibles et je ne vois pas le moyen... il n’est jamais revenu sur ces textes. Certains comme le texte sur Magritte, Ceci n’est pas une pipe, sont des textes tardifs, euh... Donc : impossible de faire du visible une dépendance de l’énonçable. En revanche, lorsque je dis « l’énoncé a le primat sur le visible », lorsque je dis cela, je ne dis pas du tout que le visible se réduise." Avoir le primat sur" ne signifie pas se laisser réduire. Alors tout ce à quoi je m’engage c’est à essayer de dire en quoi... Dans la mesure où, d’autre part, la fonction du langage est la production d’énoncés, il s’agit de produire des énoncés, je peux dire : l’énonçable est la forme de spontanéité du langage, d’où l’importance de la différence que Foucault a faite - c’était l’objet de nos analyses au début - l’énoncé diffère en nature, n’est pas la même chose qu’une phrase ou une proposition, car en [ ?] l’énoncé dans sa différence avec phrase et proposition, je crois que Foucault veut dégager la forme sous laquelle le langage exerce une spontanéité. Alors, si vous m’accordez ceci, mais c’est beaucoup demander, ça, j’en suis conscient, si vous m’accordez ceci, il n’y a plus tellement de difficultés. Car je peux dire : si l’énoncé a le primat c’est parce que l’énoncé est forme de spontanéité tandis que le visible est seulement forme de réceptivité et il appartient à la forme de spontanéité de déterminer la forme de réceptivité. La forme de spontanéité, qu’est-ce que c’est que la spontanéité ? C’est l’acte de détermination. Euh, tandis que : que qu’est-ce que c’est que la réceptivité ? C’est la forme du déterminable, le réceptif c’est ce qui est déterminable. Dès lors : dire « l’énoncé a le primat », c’est dire : c’est l’énoncé qui est déterminant, le visible est seulement le déterminable. Est-ce que ça éclaircit ? Ça éclaircit ? Interlocuteur : ? je ne comprends pas pourquoi le pouvoir d’affecter a le primat sur le pouvoir d’être affecté ? Deleuze : c’est une nouvelle difficulté, mais je dirais : au niveau des rapports de forces, il ne peut plus y avoir de primat ; le primat est d’une forme sur une autre forme, les rapports de forces ne passent pas par des formes. Donc il n’y a pas de primat, ou, du moins, on verra qu’il y a un primat, mais c’est, dans les rapports de forces, pour un troisième élément qui n’est ni le pouvoir d’affecter ni le pouvoir d’être affecté, qui va être autre chose. Bon, ça va ? C’est clair tout ça ? Mais je pense que ça peut être l’impression de beaucoup d’entre vous que, cette année, ce qu’on fait depuis le début semble parfois extrêmement abstrait. Alors ça m’ennuie beaucoup parce que, évidemment, c’est le plus fâcheux et ça ne devrait pas être comme ça. Alors je voudrais ajouter une recette pour ceux qui trouvent que ce qu’on a fait reste abstrait. [ Je ne peux pas discuter d’une impression.. Je crois, pour rendre tout ça concret, il faut prendre des jalons. Le premier jalon, le premier point de repère quant au savoir, c’est : il faut que les choses vous disent quelque chose. Il faut que ça vous dise quelque chose. Si ça ne vous dit rien... Je parle... quand je dis « Il faut que ça vous dise quelque chose », j’entends bien : tout ne se passe pas par une compréhension, la compréhension est abstraite. Mais si quelque chose vous dit, là on est dans le concret. Ce qui devrait vous dire quelque chose au niveau de l’analyse du savoir, c’est : dans quelle situation est-ce qu’on voit bien, est-ce qu’on se rend bien compte que voir et parler ce n’est pas la même chose ? Là c’est concret. Ça c’est un point concret. Parler ne s’enchaîne pas avec voir, mais entre voir et parler il y a bataille, il y a différence de nature au point que, encore une fois, je vois ce dont je ne parle pas et je parle de ce que je ne vois pas ; ça c’est très concret, on peut avoir l’impression que oui..ça rend bien compte du statut de l’audiovisuel. Et je vous disais : tout l’effort du cinéma contemporain, sous un de ses aspects, c’est creuser ces différences, ces divergences entre voir et parler. Alors ça, je tiens à ça. Je dis : s’il y avait une source concrète de toutes les analyses que je vous ai proposées sur le savoir, c’est-à-dire sur l’intrication voir - parler, ce serait là, la source concrète.
Pour ce qu’on a fait sur le pouvoir, alors... Si ça ne vous dit rien, c’est que ou bien j’ai raté ou bien c’est vous qui ne répondez pas à un thème, ça peut arriver, c’est un thème qui ne vous dit rien, à la lettre. Alors là je suis impuissant, je ne puis quelque chose que dans la mesure où il y a une complicité, c’est-à-dire que dans la mesure où ça vous dit quelque chose. Au niveau du pouvoir, je dirai la même chose. Ce qui est très concret, la source concrète de toutes les analyses sur le pouvoir, ce serait quoi ? Ce serait cette idée que, dans toutes nos expériences même quand on ne s’en rend pas compte, nous nous heurtons au pouvoir, c’est-à-dire que le pouvoir est toujours un ensemble de micro-pouvoirs et ce sont ces micro-pouvoirs que Foucault prétend analyser. Mais l’idée que nous nous heurtons constamment au pouvoir... ce sont des choses aussi simples, oui, l’idée que je ne peux pas traverser la rue ou que je ne peux pas arrêter ma voiture sans qu’il y ait un flic possible, mais ça... avec une contravention... mais il me suffit d’une chose aussi simple pour que tout devienne concret. On n’arrête pas de se heurter au pouvoir. Bien, alors, si notre vie est comme balisée par des micro-pouvoirs que nous exerçons et qui s’exercent sur nous, pouvoir d’affecter, pouvoir d’être affecté, en quoi consistent ces rapports de pouvoir etc. ? Et enfin, troisième point concret : est-il vrai que ces rapports de pouvoir sont comme un tissu qui rende compte, chez nous, des rapports entre voir, quand nous voyons, et parler, quand nous parlons ? C’est ça, il me semble, qui est concret. Alors, j’ai l’impression que si ces thèmes, ces 3 thèmes très concrets, très très simples...C’est pas de la philosophie là, c’est comme des repères dans notre expérience vécue. Je vous dis : dans l’expérience vécue... voilà l’expérience vécue que Foucault... si on n’a pas de complicité avec cette expérience vécue, euh, vous aurez beau comprendre tout ce que je dis, ça restera abstrait. Ces trois points de complicité vécus, si je me sens euh... en affinité avec Foucault, c’est parce que je participe à ces trois points, pas de la même manière sûrement, d’une autre manière. Si je ne participais pas à ces trois points au nom d’une espèce d’expérience vécue, c’est évident que je ferais autre chose qu’un cours sur Foucault. Alors, si j’essaie de redire... Voilà : il faut que, dans votre expérience vécue, vous ayez un certain problème, même spontané, même involontaire, quoi, un certain problème : qu’est-ce qui se passe entre voir et parler ? Je conçois très bien : vous pouvez être extrêmement intelligent, extrêmement créatif, tout ce que vous voulez, et que vos problèmes ne passent pas par là. Je dis : ce qui est sûr c’est que Foucault n’était pas le seul, même en art puisque, encore une fois, tout le cinéma contemporain joue sur cette béance entre voir et parler, cet « entre », « qu’est-ce qu’il y a entre voir et parler ? » Je dirais, par exemple, si vous prenez un autre philosophe considérable : chez Merleau-Ponty, vous ne trouverez jamais un problème de ce type, pour lui parler s’enchaîne avec voir. C’est une prise de conscience très spécifique de certaines situations de vision et de certaines situations de parole. Si vous me dites là-dessus : pourquoi est-ce que Foucault valorise ces situations de vision et de parole où se déclare un hiatus entre voir et parler ? Je vous dis : ah ben non, ça revient à dire « pourquoi Foucault dit-il ce qu’il dit ? », ben c’est parce qu’il est Foucault, j’en sais rien pourquoi, c’est ça qu’il avait besoin de dire et envie de dire, donc... La première complicité ça doit être ça. Je vous dis la seconde complicité, c’est les micro-pouvoirs qui forment un tissu auquel on ne cesse de se heurter dans notre vie. C’est l’expérience que Foucault appelle l’expérience de l’homme infâme. L’homme infâme, c’est celui qui, comme une mouche ou comme un papillon se heurte sans cesse..., c’est assez proche de l’expérience kafkaïenne des bureaux dans Le château, toujours un bureau à côté du bureau, bon... Tout un système de micro-pouvoirs. Alors, bon, moi j’essaie de... j’essaie..., si j’essaie de le traduire dans mon expérience. C’est pas une expérience personnelle .« Expérience vécue » ça ne veut pas dire « une expérience personnelle », ça veut dire « ce qu’on remarque dans la vie ». Moi je suis frappé..., alors là je ne fais plus du Foucault, je suis frappé..., alors je vous l’ai dit, dans l’expérience de la vie la plus quotidienne, comment on saute d’un micro-pouvoir à un autre. Je vous disais dans un ménage, la distribution des micro-pouvoirs, hein. Quand un bonhomme rentre le soir ou quand une femme rentre le soir : « quelle tête tu fais » dis l’un à l’autre. « Ah quelle tête tu fais ». C’est marrant : « quelle tête tu fais », bon, c’est-à-dire la convocation à parler, ou la convocation à montrer, explique-toi. Je vous le disais l’année dernière, parce que, ça, je le vis, il faut que vous le viviez aussi ou bien c’est abstrait, je vous disais : moi ce qui me frappe dans la vie, c’est pas du tout que les gens n’arrivent pas à s’exprimer, c’est qu’on les force à s’exprimer quand ils ont rien à dire. Et c’est ça le pouvoir. Qu’est-ce que c’est le pouvoir de la télé ? Qu’est-ce que c’est le pouvoir des journaux [ ?]. Bon, il téléphone à un pauvre type et il lui dit : « exprime-toi, dis un peu ton avis ». C’est quelque chose d’effarant, on est convié dans les sociétés disciplinaires, on est convié du matin au soir à donner notre avis, mais sur des trucs... [ ??] ou pas souvent en tout cas, pas sous la forme de cette question-là, c’est... Bien : ça c’est un micro-pouvoir. Quand je vous dis : le pouvoir fait voir et fait parler, on te forcera à parler, je dirais, à ce moment-là, c’est pas seulement la télé. Et, en effet, dans les ménages... et c’est forcé, je ne dis pas que ce soit mal. Comment faire autrement ? Se taire, c’est pas bien, ça finit par être pesant. Tout ça c’est sans issue, mais c’est la bouillie de l’expérience vécue. Si je rentre fatigué, je me réclame du droit de ne pas parler. C’est délicieux, ne pas parler. Mais c’est fantastique : ne pas avoir d’avis ! Ah, mais c’est une joie ! Alors, qu’est-ce que c’est les gens de pouvoir ? C’est ceux qui ne savent pas que c’est une joie de ne pas avoir d’avis. Ne pas avoir d’avis, c’est pas du tout être comme le type dans les sondages qui répond « j’ai pas d’avis », hein ? Celui-là il a un avis. C’est bien autre chose. C’est pas non plus garder une intériorité. Ne pas avoir d’avis, c’est faire le vide. C’est faire le vide. Et faire le vide c’est précisément, on arrive à ce que j’ai encore à dire, c’est une manifestation de résistance. Lorsque ne pas avoir d’avis, c’est simplement ne pas avoir d’avis, c’est fâcheux, ces demandes de renseignements. Mais lorsque ne pas avoir d’avis consiste en « sur ce point je fais le vide, parce que ça ne me concerne pas ou ça ne m’intéresse pas », hélas, ça peut être mal aussi, ça peut être complètement se livrer au pouvoir, ça peut être aussi, tout dépend des... ce qui veut dire que tout ça, c’est... je fais appel à des expériences... Alors s’il y en a parmi vous qui n’ont pas ou qui ne communiquent pas avec ce type d’expériences vécues qui me paraissent à la base de la philosophie de Foucault, c’est que, en effet, ce cours risque pas de leur apporter grand-chose. Et ça arrive, les années changent, on change de sujet tous les ans, il se peut très bien que, une année, ce que j’ai à dire vous dise quelque chose et, une autre année, que ça ne vous dise rien. Mais ce que j’essaie d’expliquer, c’est qu’il y a deux opérations toujours, deux opérations simultanées quand vous avez la...la patience d’écouter quelqu’un, il faut bien vous compreniez d’après les concepts, il faut aussi que vous ayez une sphère d’expérience vécue qui recoupe ce dont il s’agit dans les concepts.
Pensez à la manière dont, par exemple, euh, Proust décrit le baron de Charlus, c’est une merveille quand il dit, là, dans une page inoubliable, « la voix de Charlus enveloppait une nichée de jeunes filles ». La voix de Charlus, quand Charlus tout d’un coup se met à parler aigu, la voix de Charlus enveloppait une nichée de jeunes filles. Ce sont les singularités de Charlus. Douze, vingt, quarante jeunes filles hantent la voix de Charlus. Euh. Il y a des animaux en nous, mais pas des animaux comme formes. Il y a des animaux comme singularités en nous, c’est pas la même chose qu’une forme, jamais personne n’est une vache parmi les hommes, mais il y a des hommes qui ont des singularités bovines. Alors je dis l’ensemble de singularités que j’abrite en mon sein, et bien c’est d’une autre nature que mes formes, mon corps, mon âme etc. Et l’on retrouverait, là, le domaine des formes et le domaine des rapports de forces. Les rapports de forces et les rapports d’un point singulier à un autre. Quel rapport y a-t-il entre telle singularité - la nuque - et telle explosion de colère ? Là il y a un rapport de forces. Ce serait ça le pouvoir. Et je dis, à la lettre, vous c’est quoi ? Tout dépend ce que vous appelez « vous-même », ce que vous appelez « moi ». Oui, on peut toujours dire moi, faut pas s’indigner, faut pas dire : je ne dirai plus moi, il faut bien parler comme tout le monde. On dit bien « le soleil se lève » alors que le soleil il ne se lève pas, hein, c’est la terre qui tourne, on continue à dire « le soleil se lève », il n’y a aucune raison de changer, aucune raison d’en dire moins, mais ça n’a aucune importance. Un certain nombre de gens savent que, le moi, il n’y en a pas, mais on continuera à dire le moi, parce que le moi c’est précisément une habitude ; alors on tient à ses habitudes. C’est pas qu’on ait l’habitude de dire moi, c’est le moi qui est une habitude. J’ai habitude avec moi-même, alors le moi c’est celui de l’habitude. Bien, mais qu’est-ce que je suis ? On peut vivre comme ça, mais qu’est-ce que je suis ? Je suis un tissu de singularités. Un tissu de singularités et puis mes formes physiques ou psychiques, c’est des courbes qui unissent ces singularités.
Si vous vous vivez comme ça, d’abord la vie vous deviendra beaucoup plus plaisante. Si vous vous vivez comme une courbe intégrale, là, qui se ballade et qui entoure des singularités d’une autre nature, oui, vous pouvez décider de... enfin il ne faut pas vous forcer. Ou bien ça vous dit quelque chose ce que je dis, ou bien ça ne vous dit rien et vous vous dites : il est en train de délirer. C’est un bon critère, ça, parce que si vous vous dites [ ?] ou il délire, si vous vous dites ça, c’est que vous n’avez pas... et, là, ce n’est pas du tout un reproche, vous n’avez pas cette complicité vécue au niveau de cette année. L’année prochaine il se peut que je parle d’autre chose avec quoi vous aurez une complicité vécue. Si ce que je dis vous dit quelque chose de très confus, puisque je parle uniquement, là, de cette structure du vécu, si ça vous dit quelque chose, alors, oui, à ce moment-là, tout ce qu’on raconte depuis le début est bon, c’est-à-dire vous ne pouvez plus considérer que c’est abstrait, c’est pas abstrait. Simplement il faut être sensible, je crois, à ceci... Du point de vue des concepts, ça devient toute une affaire : donner un statut des singularités, donner un statut des intégrales qui passent au voisinage des singularités... ; finalement la courbe intégrale va avoir comme produit : moi. Et la courbe, elle entoure bien autre chose que moi. La courbe, elle cerne les singularités constitutives.
Alors, vous voyez, il peut y en avoir une qui vient d’un grand père, elles sont tellement... c’est-à-dire appartenir à une lignée génétique. Il y en a une autre qui me vient, par exemple, d’un rapport avec un ami, euh... Là ce sera une singularité acquise. Il y en a une autre... est-ce que c’est moi qui l’ai créée, mais quel moi ? De toute manière on est constitué de singularités. Alors, ce qu’on appelle un caractère, c’est une moyenne des singularités de quelqu’un. On fait toujours une moyenne des singularités. Alors on dit : ah ben oui, il a l’habitude de se mettre en colère, c’est pas ça la singularité, la singularité c’est la circonstance précise d’une, d’une seule mise en colère qui, d’une certaine manière, contient toutes les autres, c’est ça la singularité. Si vous faites une moyenne où vous concluez : ah ben oui, moi, je suis coléreux, vous êtes dans le domaine des formes, vous n’êtes plus dans le domaine des singularités, des singularités ponctuelles. Mais, encore une fois, si ceci ne vous dit rien, c’est excellent. Si ceci vous dit quelque chose, c’est très bon, vous vivez ainsi. Si ceci ne vous dit rien, c’est très bon aussi, vous vivez autrement.
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