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11- 21/01/1986 - 3

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Deleuze/ Foucault - Le Pouvoir cours 11 - 21/01/1986 - 3Transcription : Annabelle Dufourcq (avec l’aide du College of Liberal Arts, Purdue University)

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D’où la possibilité de définir le pouvoir sans jamais parler d’homme. Pour toutes les histoires, là, la mort de l’homme etc., on le verra plus tard, on verra très bientôt que si ces idées de Foucault ont été si mal comprises, c’est parce que, dès le début, on ne comprend rien à ce qu’il dit. Un diagramme de pouvoir ne fait aucun appel à la forme « homme », même s’il la présuppose. Il doit tout entier s’énoncer en termes d’affects et de rapports entre les affects et de rapports de forces. D’où je peux dire : si la première détermination du diagramme c’est : brassage de matières non-formées et de fonctions non-formalisées, la seconde définition du diagramme, qui vaut la première, d’ailleurs, c’est : une émission d’affects ou de singularités, une émission d’affects ou de singularités correspondant à un champ social, correspondant à un champ collectif. Et, accordez-moi que, d’une définition à l’autre, il y a stricte implication. Les deux, finalement, sont deux manières de dire la même chose. Ce serait pas difficile à montre, enfin peu importe. Les deux disent strictement la même chose. Et les deux définitions nous donnent deux différences du pouvoir avec le savoir. Le savoir passe par les formes et opère dans les formes. Le pouvoir établit des relations d’un point singulier à un autre point singulier, d’un point à un autre. Le savoir considère des matières formées et des fonctions formalisées, le pouvoir ne considère que des matières non-formées et des fonctions non-formalisées. D’où : vous comprenez peut-être mieux ma question, c’est que, une fois dit que ce mot « diagramme », Foucault l’emploie une fois, il l’emploie à propos des sociétés disciplinaires, c’est-à-dire ce qu’il estime être nos sociétés et je vous disais la dernière fois : bon, très bien, mais nous on reste sur ce problème, nous lecteurs de Foucault. Est-ce que ça veut dire que le diagramme de pouvoir n’existe que pour nos sociétés ? Et que, avant ces sociétés, les autres sociétés, sociétés précédentes étaient régies par autre chose qu’un diagramme de forces. Par exemple : est-ce que le souverain remplaçait le pouvoir du diagramme ? Il y avait un pouvoir du souverain et pas un pouvoir du diagramme abstrait. Je dis : surtout pas. De toute évidence, non. Car le souverain, à son tour, n’est qu’une fonction formalisée et finalisée qui suppose un diagramme. C’est donc de toute société, de tout champ social, quel qu’il soit qu’il faut dire qu’il y a diagramme. Ce qui va nous amener enfin à une, à un problème important et, ça, on l’a vu la dernière fois et je voudrais, à cet égard, ajouter quelque chose qui préparera notre futur. Je disais : juste avant nos sociétés disciplinaires, vous avez, selon Foucault, les sociétés de souveraineté, et bien c’est un autre diagramme, leur diagramme n’est pas disciplinaire. « Disciplinaire » désigne un certain ensemble de rapports de la force avec la force, mais c’est pas le seul rapport. Encore une fois, dans un diagramme de souveraineté, il ne s’agit plus de composer les forces, comme dans la discipline, de composer les forces entre elles, il s’agit de prélever sur les forces. Le souverain c’est une force qui prélève sur les autres forces. C’est une puissance de prélèvements. Et, prélever, c’est un affect actif, tout comme « être prélevé » ou plutôt « être la force sur laquelle on prélève quelque chose », c’est un affect, ça, réactif. Donc ce sera une autre distribution des singularités dans les sociétés de souveraineté, ce sera un autre, d’autres rapports de forces, bon, mais il y aura un diagramme. Il faut dire : le diagramme n’est pas réservé aux sociétés disciplinaires, mais il y a un diagramme disciplinaire tout comme il y a un diagramme de souveraineté. Et alors, dans l’entrain, je disais, à la limite, des choses dont Foucault ne s’est jamais le moins du monde occupé, dans les sociétés dites primitives, il y a un diagramme, c’est le diagramme des alliances, qui est un diagramme très particulier et dont quelque chose subsistera dans le diagramme de féodalité par exemple, avec un réseau d’alliances mais conçu d’une nouvelle manière. Si bien que, les diagrammes, vous pouvez les multiplier, vous pouvez en faire autant que vous voulez, des diagrammes, surtout qu’il y a des inter-diagrammes, je disais. Et, finalement, il faudrait se demander... on va voir quel genre de problème ça va nous lancer, ça va nous forcer à voir, euh... Il faudrait dire finalement que, les diagrammes, ils sont toujours intermédiaires, beaucoup plus qu’ils n’appartiennent à un champ social. Les diagrammes, ils sont toujours intermédiaires entre un champ social en train de disparaître et un champ social en train de naître. Pourquoi ? Vous voyez bien où je veux en venir. C’est quelque chose qui concernerait une instabilité fondamentale du diagramme. Les rapports de forces dans un champ social sont fondamentalement instables. Qu’est-ce qui est stable ? Vous voyez tout de suite ce qui est stable, c’est que les strates, oui, c’est la formation même, mais le diagramme qui est comme le moteur de la formation, lui, il est fondamentalement instable. Mais, enfin, on va voir ça... C’est pour ça que il y a, d’après le texte de Foucault, il y aurait..., on pourrait parler d’un diagramme napoléonien, je vous disais. Le diagramme napoléonien c’est que Napoléon exactement à la charnière de la conversion de la société de souveraineté en société disciplinaire ; il se présente comme la résurrection de l’ancien souverain, du grand Empereur, mais au service d’une société complètement nouvelle qui va être une société de... un diagramme d’organisation du détail, une espèce de pasteur laïque, la surveillance du bétail. Et le diagramme napoléonien va être la conversion de la société de souveraineté en société de discipline. Mais, pour mieux insister sur des diagrammes, et il y en a partout, et très variés les uns les autres, je me dis, bon, alors, on pourrait faire, là, c’est pour les premier cycles, là, moi, c’est euh... qui n’ont pas voulu, je leur en veux, parce qu’ils n’ont pas voulu tout à l’heure..., alors je conçois, moi je pourrais leur donner des devoirs. Ce serait : construisez... Ce serait des problèmes, comme en géométrie, vous savez. Construisez le diagramme de féodalité. Alors s’ils me parlent du chevalier, là, je barre, je mets zéro : ils n’ont pas compris ce que c’est qu’un diagramme, il faut qu’ils ne parlent que d’affects de singularités et de rapports de forces. Ils s’interdiront donc le mot chevalier et chaque affect sera défini par un rapport de force, mais il y aura sûrement un « x » (petit x) qui ne pourra être effectué que par cheval. Très intéressant. Vous voulez que je vous donne un devoir... ? Même pour tous hein ? Ou une interrogation écrite, ce serait épatant... Et puis je donnerais les résultats, après, les notes, hein ? Je commencerais par la fin évidemment... Bon. Alors, bien. Et puis un autre sujet ce serait : est-ce que, selon vous, euh... nous sommes encore dans le diagramme disciplinaire ou est-ce que nous sommes déjà dans une société qui fait appel à un nouveau diagramme ? Je vous le disais la dernière fois, les partisans de l’idée d’une ère postmoderne, dans laquelle nous serions entrés, ça veut dire avant tout que, selon eux, le diagramme a déjà... comment on dit : mué ou muté ? muté ? On dit muté ? Vous êtes sûrs ? muté. Le diagramme a muté. Le diagramme a mué... Oui on dit muté, bon. C’est pas la même chose, mais, oui, bon. Alors, bien ; Ou bien, je peux dire : et la cité grecque, elle a un diagramme ? Je veux dire, ça m’intéresse beaucoup parce que Foucault, à la fin de sa vie, convertit toute sa réflexion à une réflexion sur... en partie, pas toute sa réflexion, mais une réflexion sur la cité grecque prend une importance particulière. Si bien que, si je saute dans ce dernier livre, un des derniers livres dont on n’a pas encore du tout parlé, L’usage des plaisirs, je me dis : est-ce qu’il y a de quoi trouver un diagramme ? Et là on verrait bien l’originalité de la méthode de Foucault parce qu’il faudrait voir comment Foucault définit la cité grecque, comment les historiens anciens définissaient la cité grecque, comment les historiens contemporains définissent la cité grecque. Là ce serait un terrain privilégié où on pourrait évaluer directement l’originalité de Foucault par rapport aux historiens. Or, si vous lisez L’usage des plaisirs, il me semble que ce qu’il retient comme caractère essentiel de la cité grecque, c’est très très intéressant parce que je ne dis pas que ça s’oppose, mais ça ne coïncide pas, si je prends comme critère les meilleurs historiens de la Grèce antique actuels, par exemple Vernant ou Detienne, ça ne coïncide pas. Ça ne s’oppose pas, mais ça ne coïncide pas avec les traits principaux retenus par Vernant ou par Detienne. En effet qu’est-ce qui frappe Foucault dans la cité grecque ? Il ne pense pas que les grecs ce soit le miracle, hein, il ne se fait pas des grecs une idée formidable. A cet égard, il est plein d’ironie sous-entendue vis-à-vis de Heidegger, il n’y voit pas le geste ou la geste historico-mondiale, hein, dans les grecs. Il dit : oh non, ce sont des gens intéressants, mais enfin, ça casse rien quoi ; Non, ils ne sont pas les bergers, ils ne sont pas du tout les bergers de l’Etre. Ils ne sont pas les bergers de l’Etre, mais, en un sens, comme toujours, il dit, Foucault, ça c’est sa forme d’humour, ils ont fait beaucoup moins et beaucoup plus à votre choix. Alors quoi de plus que « être les bergers de l’Etre » ? Si vous regardez le texte, vous pouvez lire L’usage des plaisirs en cherchant ça : quel diagramme de la cité grecque ce livre implique ? Il a une idée très curieuse, c’est que les grecs, ils ont inventé quelque chose de très très bizarre dans les rapports entre forces, ils pensent que la force ne s’exerce légitimement sur d’autres forces que lorsque les forces sont libres. Vous me direz : bon, mais qu’est-ce que c’est des forces libres ? Ben, sans doute, ça renvoie à des diagrammes préalables. Et ça renvoie évidemment aux citoyens grecs... vous me direz : ah oui, mais, là, que je tombe dans l’erreur que je dénonçais, je ne peux pas me donner le citoyen grec, l’homme libre. Je ne peux pas me donner l’homme libre puisque ce n’est pas diagrammatique, l’homme libre. C’est pas que ça n’existe pas, c’est que ce n’est pas diagrammatique. Donc il faut que je prenne un autre mot. C’est pas simplement une distinction de mots, je dirais des agents libres, des agents libres c’est-à-dire qui soient supposés ne pas être déjà déterminés par un rapport de pouvoir préalable ; ça c’est une abstraction, je peux très bien la faire. « Agent libre », par opposition aux agents qui sont déjà déterminés par des rapports préalables de pouvoir, par exemple les esclaves. Et la grande idée des grecs, c’est une rivalité entre hommes libres. Je crois que c’est ça, ce que dis Foucault ; Je crois, c’est à vous de le dire et de voir si... Son idée des grecs, elle me paraît très forte... On reprendra tout ça, donc c’est pas pressé, c’est juste pour lancer l’avenir. Son idée des grecs, c’est que ce qu’ils ont inventé, politiquement, alors, là, on voit qu’ils ont fait une invention politique qui n’a pas cessé d’inspirer la démocratie, après. S’ils sont démocrates, c’est en ce sens ; c’est que, pour eux, les hommes libres sont en état de libre rivalité. Pourquoi c’est diagrammatique ? Parce que je ne dis pas dans quel domaine. Dans tous les domaines. Dans le domaine quelconque. Alors il ne faut pas s’étonner que les cités grecques, elles en cessent pas de se faire la guerre, ils se vivent fondamentalement comme rivaux. C’est pas les barbares : les barbares ne rivalisent pas avec les grecs, pour un grec. En revanche le grec rivalise avec le grec. La grécité, c’est la rivalité des hommes libres. Alors, supprimons « homme », bon, puisque je ne peux plus le dire. C’est la rivalité des agents libres et, avec les affects correspondants. Prenez Platon, c’est frappant, chez Platon, à quel point il a recueilli ça. C’est pas qu’il soit d’accord, Platon, il dit : c’est ça dont la cité grecque va mourir. Mais je dis « dans tous les domaines », c’est dans la politique, il s’agit de rivaliser : les hommes libres se définissent précisément par ceci, les citoyens se définissent par ceci, c’est que ce sont des agents qui peuvent, qui sont capables de rivaliser les uns avec les autres. D’où le thème du, du euh... grec ; le thème du grec c’est : être le meilleur. Quel est le meilleur ? Et la question socratique, c’est, c’est..., elle est complétement liée à ça : quel est le meilleur ? Alors Socrate jubile, il dit : ah oui, mais dans quel domaine ? Dans quel domaine ? Tu parles de la course, alors, si parles de la course, le meilleur c’est le plus rapide, il dit. Pour la course à pieds, c’est le plus rapide. Là il y a une question simple, il y a une réponse simple. Mais est-ce que tu peux dire ça pour la politique ou pour la médecine ? Est-ce que le meilleurs médecin, c’est celui qui soigne le plus vite ? Alors l’autre il dit : « non, Socrate, c’est pas celui qui soigne le plus vite, il faut qu’il soigne bien ». - « Ah, mais oui, mais courir vite n’est-ce pas courir bien ? » Alors l’autre il dit : « ah ben oui Socrate, mais déjà je comprends plus euh... ». Alors Socrate dit : « bon, allez, on recommence. Alors le meilleurs médecin, c’est pas celui qui va le plus vite, donc le bien, c’est pas le vite ? ». L’autre il euh... Alors bon, c’est pas vite ? Qu’est-ce que ce sera la rivalité, là ? Il y a un dialogue que je trouve être le plus beau de Platon, c’est Le politique. Voilà que, Platon, il est arrivé à dire : bah oui, le politique - c’est par là que ça inspire tout le pouvoir pastoral ce texte de Platon - il est arrivé à dire : le politique c’est le pasteur des hommes, et, là-dessus, on voit plein de... - c’est du grand théâtre - plein de gens qui arrivent et qui disent : c’est moi ! C’est moi ! Vous voyez : c’est moi. Alors tout y passe. Le pasteur des hommes, c’est celui prend soin de l’homme comme troupeau. Alors : le boucher arrive et dit : qui prend soin de l’homme autant que moi, en lui fournissant la viande ? Le tisserand arrive et dit : ah non, c’est moi, hein ! Euh... oui, c’est moi qui l’habille, je lui donne sa propre laine. Sans moi, il serait comme un mouton tout nu. C’est moi le pasteur des hommes etc. et tous se battent : c’est la cité grecque. Vous posez une question et il vous est répondu : - c’est moi ! - c’est moi ! - c’est moi ! Allez dire ça chez l’empereur de Chine, il n’y aura pas rivalité des agents libres. Il y aura des hommes libres chez l’empereur de Chine, parfaitement, mais ils n’entreront pas en rivalité, en rivalité pure et directe. Ils ne rivaliseront pas. Ils rivaliseront peut-être en cachette, mais que la rivalité soit précisément, là, le rapport par lequel les forces passent... Et puis, ça peut être pas la course à pieds... La rivalité dans les jeux olympiques - c’est pour ça qu’ils inventent les jeux, les grecs, c’est avec leur thème de la rivalité des gens libres, des agents libres - alors ils inventent les olympiades, forcément, mais ils inventent aussi la démocratie, mais ils inventent encore... la démocratie c’est pas la liberté, c’est pas non plus l’égalité, c’est le pouvoir de rivaliser. Le pouvoir de rivaliser, ça, c’est un affect. Vous comprenez, je dirais, le diagramme de la cité grecque c’est la rivalité, tout comme je disais : le diagramme primitif c’est l’alliance. Et quoi d’étonnant s’ils inventent l’éloquence ? La rivalité, je dirais, implique la forme du bien adaptable à chaque domaine. La forme du bien, en tant qu’adaptable à chaque domaine, c’est... c’est ça qui définit la rivalité. Quelle est la forme du bien dans le domaine du parler ? La forme du bien dans le domaine du parler, c’est l’éloquence. Les grecs auront donc des institutions d’éloquence. La forme du bien dans le domaine de l’exercice physique, c’est, mettons, la vitesse, enfin dans certains exercices physiques, c’est la vitesse ; dès lors les grecs auront les olympiades. Et tout comme ça, quoi. Je peux dire le diagramme de la cité grecque... - tout comme il y a un diagramme disciplinaire, un diagramme de souveraineté et mille autres diagrammes - je dirais le diagramme de la cité grecque c’est la rivalité des libres agents. Et, encore une fois, dans une société despotique, dans une société impériale, il ne peut pas y avoir de rivalité des libres agents. Bon. Alors, vous voyez notre problème : nous nous trouvons maintenant non pas, comme on le croyait d’abord, devant un seul diagramme, mais devant une multiplicité ouverte de diagrammes. Ça nous va, mais vous retenez que chaque diagramme est lui-même une multiplicité, multiplicité de rapports de forces, multiplicité de singularités, multiplicité de... euh... d’affects. Eh ben oui. Chaque diagramme est une multiplicité, il y a une multiplicité de diagrammes. Mais, alors, d’où ils viennent les diagrammes ? C’est une question importante, ça. Qu’est-ce qui les parcourt ? Qu’est-ce que c’est que ce... Qu’est-ce que c’est que cette matière diagrammatique ? Qu’est-ce que c’est que cette chose-là ? Eh bien, sans doute est-ce qu’il n’y a ni début, ni fin. Il n’y a ni début, ni de fin, il n’y a pas d’origine des forces ni de fin des forces. Il n’y a que des avatars des forces. Il n’y a que des métamorphoses de forces. La question de l’origine et la question de la destination sont disqualifiées par le point de vue des forces. Ce qui veut dire quoi ? Ce qui veut dire que, non seulement il y a des mutations d’un diagramme à l’autre, mais que tout diagramme est un lieu de mutation et que c’est ça qui définit le diagramme, c’est un lieu de mutation. Et alors comment définir une mutation ? Un court texte de Foucault le dira, dans Les mots et les choses, page 229 : « mutations qui font que soudain... »...alors, là, ça va nous intéresser, parce que ça prépare encore une fois notre avenir... « mutations qui font que soudain les choses ne sont plus perçues [je mets entre parenthèse la suite] (décrites), [je retire ma parenthèse] énoncées.... »... Voilà : écoutez bien. « ...Ces mutations qui font que soudain les choses ne sont plus perçues, (décrites), énoncées, caractérisées, classées et sues de la même façon... » « Soudain je ne parle plus, je ne perçois plus »... Supprimez le « je » : « soudain on ne perçoit plus de la même manière. Soudain on voit quelque chose qu’on ne voyait pas avant. Soudain des choses se disent qui ne se disaient pas avant ». Vous me direz : on n’est pas dans le domaine du visible et de l’énonçable. Bien sûr, bien sûr, on est dans le domaine du visible et de l’énonçable, mais il y a eu une mutation. Pour qu’il y ait mutation, il faut que le diagramme soit passé par là. Ce qui assure la mutation, c’est le diagramme. Le diagramme, c’est la mutation même. Les rapports de forces sont en perpétuelle mutation. Il n’y a plus, je ne peux même plus parler de société actuelle. La société dite actuelle n’est que la conjonction de celle qui est encore en train de disparaître et de celle qui encore en train de naître. Parenthèse : Gramsci a dit là-dessus des choses extrêmement profondes, sur ce caractère intérimaire de toute société. Alors, bon. Mais, finalement, ça nous amène à un... un point très très délicat, ça, qui est quoi ? Je dirais presque : d’où vient le diagramme ? D’où vient le diagramme ? Puisqu’on a vu qu’il ne présupposait rien des formes. Je ne peux invoquer aucune forme. Il est premier par rapport aux formes. Les formes en découlent. On ne sait pas encore comment, mais il est premier par rapport aux formes. Il est premier par rapport au savoir. Il précède tout savoir. Sans doute rien ne pourrait être su s’il n’y avait pas le diagramme, mais le diagramme n’est pas du domaine du savoir. Alors, d’où il vient le diagramme ? On verra la réponse de Foucault. Pour le moment contentons-nous de ce qu’on peut. Il faut dire, deux réponses... Le diagramme... qu’il faudra considérer l’une après l’autre.... Le diagramme vient toujours du dehors. Moi je veux bien : le diagramme vient du dehors, mais ça veut dire quoi ? Ou bien ça veut rien dire ou bien ça exige une analyse de cette notion de dehors. On peut être sûr que ça exige une analyse de cette notion de dehors et qu’il faudra rendre compte de cette notion du dehors chez Foucault qui est d’autant plus importante que, dans un article en hommage à Blanchot, il intitulait son texte « La pensée du dehors ». Donc je dirais : le diagramme vient du dehors, mais on ne sait pas ce que Foucault peut bien entendre par « dehors ». Seconde réponse : le diagramme vient toujours d’un autre diagramme. Ah ouais ; pourquoi ? Parce que tout diagramme est mutation. Tout diagramme est mutation d’un diagramme précédent qui était déjà mutation. Le diagramme est fondamentalement mutant. Il exprime même, dans une société, les mutations possibles. Bien. Comment réunir les deux ? Si vous avez suivi tout ce que j’ai dit, je dirais : si vous voulez une définition du diagramme, elle est très simple, c’est : l’émission d’un coup de dés. Qu’est-ce que c’est que penser ? Penser, c’est émettre un coup de dés. Nous sommes mallarméens. Qu’est-ce que c’est que les points sur le dé ? Les points sur le dé ce sont des affects ou des singularités. Ce sont des points singuliers. Penser, c’est émettre un coup de dés. Penser, c’est émettre un coup de dés. Dès que vous pensez quelque chose, vous avez émis un coup de dés. Votre cerveau moléculaire a émis un coup de dés et vous dites : je pense. Euh. Ce qui permet à Descartes de dire « je pense », c’est que son cerveau a émis un coup de dés. Chaque fois que vous pensez, vous émettez un coup de dés ou, du moins, votre cerveau émet pour vous un coup de dés. J’émets un coup de dés, bon, c’est-à-dire : je produis une répartition de singularités. Emettre un coup de dés, ça veut dire : produire une répartition de singularités. D’accord ? Vous avez sorti telle combinaison. C’est ça un diagramme, c’est une répartition de singularités, c’est un coup de dés. Seulement, voilà, comprenez, on va tout... euh, on va tout comprendre. Car je dis : tout diagramme vient d’un diagramme précédent. Et ben oui, il y a des tirages. Il y a des tirages successifs. Il y a des tirages successifs. Alors vous vous donnez - parce qu’on ne peut pas remonter à l’infini - vous vous donnez un premier coup de dés, vous l’appelez « diagramme 1 », et puis, vous vous donnez un second coup de dés, qui donnera « diagramme 2 ». Dans quel rapport est le diagramme 2 avec le diagramme 1 ? Vous pouvez concevoir plusieurs cas. Ou bien les tirages sont complètement indépendants les uns des autres, c’est l’indépendance des cas dont se réclame la pure statistique. Chaque coup de dés est supposé radicalement indépendant de l’autre. Ça, c’est le cas extrême. Deuxième cas : le coup de dés précédent fixe des conditions sous lesquelles le coup de dés suivant est émis. Ça ne supprime pas le hasard. Mais ça fait un mixte qu’on appellera un mixte de hasard et de dépendance. On en a parlé, si... ceux qui étaient là, l’année dernière, on en a parlé, à propos du cinéma, c’était ce qui nous paraissait devoir être appelé des « réenchaînements » et non pas des enchaînements. Lorsqu’il y a succession de deux coups de dés tels que le second coup de dés dépend partiellement des conditions produites par le premier, des conditions déterminées par le premier ; Ceux qui savent un peu dans ce domaine savent que ce que je suis en train de décrire, c’est ce qu’on appelle les mixtes d’aléatoire et de dépendance ou « chaîne de Markov » du nom du savant qui a étudié ce type d’enchaînement ou de réenchaînement. Moi je crois que le rapport d’un diagramme avec un autre diagramme, d’un diagramme avec le diagramme suivant est typiquement une chaîne de Markov, c’est-à-dire chaque diagramme est un coup de dés, mais le second diagramme réenchaîne avec le précédent parce que le précédent a fixé des conditions dans lesquelles le second coup, la seconde émission se fait. Chaîne typique de Markov. On était resté là-dessus plus longtemps. Là j’ai pas le temps, cette année et puis il faudrait recommencer, mais ceux que ça intéresse se reporteraient dans des manuels statistiques, de probabilités, se rapporteraient à un chapitre sur les chaînes de Markov qui joue actuellement en mathématiques et en physique un rôle très très important. Mais, alors peut-être comprenez-vous certains thèmes, après tout... Penser, c’est émettre un coup de dés : bien sûr c’est du Mallarmé, mais c’était aussi, et indépendamment de Mallarmé, c’était aussi du Nietzsche. Et Zarathoustra est plein de cette conception de la pensée : penser, c’est émettre un coup de dés. Quand tu auras lancé les dés sur la table de la terre. Quand j’aurais lancé les dés sur la table de la terre. Il est même question, à ce moment-là, de la table qui se fend - c’est plus qu’il nous en faudrait - qui se fend suivant une disjonction principale. Bien. Et, si cette conception de la pensée coup de dés, ce serait très important de confronter, à cet égard, Mallarmé et Nietzsche car il est douteux qu’ils veuillent dire exactement la même chose, mais, enfin, c’est quand même de la même famille. S’explique mieux, en vertu de ce qu’on vient de dire, la formule de Nietzsche : la main de fer de la nécessité - formule, je la cite parce que Foucault l’aimait et la citait, dans son article sur Nietzsche notamment, il cite cette formule de Nietzsche - la main de fer de la nécessité qui secoue le cornet du hasard. La main de fer de la nécessité qui secoue le cornet du hasard. C’est la formule fondamentale de Zarathoustra. La main de fer de la nécessité qui secoue... Je le répète parce qu’il faut que vous le sachiez par cœur, hein. La main de fer de la nécessité qui secoue le cornet du hasard. Moi, je sais pas..., moi je dis, je dis..., je voudrais surtout ne pas aplatir, ne pas rendre ça justiciable d’une formule scientifique, mais je dis : c’est évident que ça implique - je ne dis pas que ça se réduit - ça implique une conception qui est déjà une chaîne de Markov. La main de fer de la nécessité, c’est quoi ? C’est que tout coup de dés précédent détermine des conditions. Ça c’est le nécessaire, c’est le cornet. Tout coup de dés... Qu’est-ce que le cornet, quand vous jouez aux dés ? Le cornet, ça a l’air d’être un cornet, mais pas du tout. Le cornet, c’est le coup précédent. C’est ça le cornet. Les coups précédents déterminent certaines conditions à partir desquelles, à partir desquelles se fait la nouvelle émission. La nouvelle émission est au hasard, oui, mais dans un mixte de hasard et de nécessité, dans un mixte de hasard et de dépendance. Elle dépend de conditions fixées par les coups précédents, si bien que j’ai une chaîne de Markov. Ah. Je dirais : d’un diagramme à l’autre, il y a retirage et redistribution d’après le second tirage. Si bien que, mettons, des sociétés primitives aux sociétés impériales, aux sociétés impériales antiques, archaïques, des sociétés archaïques à la cité grecque, de la cité grecque au monde romain, de Rome à la féodalité, de la féodalité aux sociétés de souveraineté, des société de souveraineté aux sociétés disciplinaires, etc. etc. il faut concevoir une multiplicité de retirages où l’état des forces, les points singuliers, les affects, se redistribue à chaque niveau... à chaque état diagrammatique. Vous comprenez ? Ce qui serait une manière de restaurer, évidemment, l’histoire universelle, ce dont Foucault a horreur, donc il faut dire en même temps : non, ça ce n’est pas de l’histoire universelle puisque vous faites appel constamment à des mutations, à des retirages. Tout est retiré. Constamment tout est retiré. Il n’y a qu’aux périodes mornes, aux périodes où nous sommes abattus, où on n’y croit plus que tout est retiré. Mais viennent toujours les aurores où on s’aperçoit qu’un nouveau coup de dés est possible. C’est-à-dire : un nouveau coup de dés est possible, c’est-à-dire penser, penser redevient possible. Entre temps qu’est-ce qu’il faut faire, entre deux moments où c’est bien difficile de penser, entre deux moments où c’est bien difficile de penser ? Il n’y a qu’une seule chose : courber le dos. Courber le dos sous, sous la main de fer de la nécessité et attendre que la main de fer de la nécessité se mettent à secouer le cornet du hasard ; euh, bon ; c’est, c’est du travail pratique. En tout cas, chaque fois que vous pensez, vous agitez une espèce de cornet et puis qu’est-ce qui..., qu’est-ce qui fait que tantôt ça marche, tantôt ça marche pas ? Sûrement la puissance des réenchaînements, avec quoi ça se réenchaîne, qu’est-ce que...c’est compliqué, ça, mais c’est plus notre problème. (coupure) C’est un... il est très important euh... dans la recherche de nouvelles méthodes pédagogiques et il s’est confronté au problème des... au problème d’enfant schizophrènes, d’enfants autistes et il a fait des études extraordinaires, qui ne sont pas des études en fait, qui sont une espèce de pratique où il a suivi de tels enfants dans des parcours. Il les a suivis pas du tout en se cachant.... Il les a euh.... Et pour comprendre ce que c’est que l’espace d’un... et c’est très difficile de comprendre quoi que ce soit quand on.... Que ce soit un animal, un homme ou un malade, c’est impossible, je crois, de comprendre quoi que ce soit si on ne le suit pas, c’est ça la..., c’est ça la limitation de la psychanalyse, c’est que, sur un divan, il est difficile de comprendre quoi que ce soit à.... Mais les parcours d’un enfant schizophrène, ses arrêts, les lignes qu’il trace dans l’espace, les chemins coutumiers..., par « chemins coutumiers » il faut entendre les chemins qu’il prend d’ordinaire, euh... tout ça, il en a traité d’une manière extraordinaire et, là aussi, tout comme je disais Pierre Rivière appelle le cinéma, à plus forte raison les parcours d’un enfant schizophrène appellent une transcription cinématographique qui est indispensable pour comprendre ces parcours, ces repères dans l’espace, ces... Or c’est pas de l’étude théorique, là, parce qu’il faut bien s’appuyer sur ses repères spatiotemporels, à un enfant, pour entrer le moins du monde en communication avec lui. Et, ça, les études de Deligny, à mon avis n’ont aucun correspondant nulle part. C’est très très beau. Bon. Alors j’en arrive aux conclusions de cette seconde partie. Vous voyez :
-  ma première partie sur le pouvoir c’était à la discussion des postulats très généraux.
-  Ma seconde partie sur le pouvoir, on arrive à la fin, c’était : quelles sont les différences entre pouvoir et savoir ? Et ces différences, au cours de cette seconde partie, vous voyez qu’on les a fait passer à travers plusieurs termes.

Le pouvoir ;
-  c’est la stratégie, par différence avec les strates ;
-  c’est le diagramme par différence avec l’archive ;
-  c’est la microphysique par différence à la macrophysique ou physique molaire.

Bon, puis, oh, on pourrait en ajouter... J’ajoute presque les formes du savoir... Les formes c’est toujours les formes du savoir, c’est les formes de l’archive. Tout ce qui est formé est déjà archivé, c’est affaire de strates... Eh bien les formes sont objets d’une histoire. Les forces sont plutôt objet d’une mutation, sont objet de diagramme, je dirais, par commodité, les forces sont prises dans un devenir.

Et, de même qu’il faut distinguer le pouvoir et le savoir, il faut distinguer le devenir des forces et l’histoire des formes. L’histoire est morphologique. Bien. Ce qui revient à dire quoi ? Ben, encore une fois, tout ce domaine du pouvoir, si je multiplie ses caractères, je dirais : il est informel, tandis que le savoir est toujours formé, le diagramme est informel, il va de point à point, c’est un système multiponctuel, non pas formel ; il est non stratifié, la matière non-stratifiée que Melville invoquait (« et nous allons de strate en strate dans l’espoir de trouver l’élément non-stratifié ») ; il est non-stratifié, il est instable ; il est diffus ; il est en perpétuelle mutation ; il est abstrait, sans être pourtant général - vous voyez que c’est la seule manière dont je peux marquer l’abstraction mais, en même temps, la variabilité) - il est abstrait, sans être général, en effet, il varie, il n’est pas général parce qu’il varie avec les coordonnées d’espace-temps, on l’a vu. Et si je voulais essayer de tout résumer, je dirais : d’une certaine manière, mais il va falloir essayer de comprendre, d’une certaine manière il est virtuel, il est virtuel. Mais, de même que je disais « il est abstrait sans être général », je dirais : il est virtuel sans être irréel. Il est virtuel sans être fictif. Pourquoi il est virtuel ? Ben parce qu’il est fait de petites émergences, micro, de petites émergences et d’évanouissements. A chaque instant il se remanie. Ce qui se dessinait en lui, là, s’évanouit au profit d’une autre chose, au profit d’un autre rapport de forces. Abstrait sans être général, virtuel sans être fictif, virtuel sans être irréel. En effet nous tenons énormément à la distinction qui consiste à rappeler ceci : le virtuel s’oppose non pas au réel, mais à l’actuel. Il y a une réalité du virtuel. Le virtuel est réel, il est inactuel, mais il est réel. Ce qui s’oppose à réel, ce n’est pas virtuel, c’est le possible. Possible s’oppose à réel, oui. Mais virtuel s’oppose pas à réel, il s’oppose à actuel. Donc je peux très bien dire du diagramme qu’il est, encore une fois, informel, non-stratifié, instable, diffus, multiponctuel, abstrait sans être général, virtuel sans être fictif ou irréel. Dernier caractère : c’est... tout ça tourne autour de la même chose, il ne cesse de faire l’objet de tirages réenchaînés, chaînes de markov.

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