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9- 07/01/1986 - 3

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Gilles Deleuze / Foucault - Le Pouvoir cours 9 - 07/01/1986 - 3

1 Foucault - Le Pouvoir. Année universitaire 1985-1986. Cours de Gilles Deleuze du 7/1/1986 - 3 Transcription : Annabelle Dufourcq (avec l’aide du College of Liberal Arts, Purdue University)

... je suppose qu’il ne veut pas dire « en fonction de soi », en fonction de soi comme individu, de soi comme personne. Non. Je peux considérer que j’incarne des singularités, mais, les singularités, je ne fais jamais que les incarner. Euh... alors j’incarne un petit lot de singularités, on est tous comme ça, hein, qu’est-ce que ça veut dire un sujet ? Sans doute qu’un sujet c’est une incarnation de singularités. Alors, c’est déjà par-là que je voudrais que vous sentiez que le troisième axe, qui se révèlera bien plus tard pour nous, mais il est déjà là. Cet axe de la subjectivation... comment euh... il est en train de... et pourtant on en est bien loin. D’où, enfin, maintenant, on est comme prêt, dès lors vous voyez que, ce que je reviens à dire, c’est que la seule continuité historique qui irait des temps passés à maintenant, c’est quoi ? C’est la pratique, en quel sens ? Pratique de lutte, pratique de savoir, pratique de subjectivité. C’est ça qui établit la corrélation entre les formations historiques et le ici-maintenant.

Car, après tout, on peut se dire, du coup, quand on a posé la question du ici-maintenant, on peut se dire : mais est-ce que l’histoire n’a pas été perpétuellement faite par des luttes transversales ? Est-ce que l’histoire n’a pas été perpétuellement un tissu, un réseau de luttes transversales, avant que ces luttes soient centralisées ? Est-ce que tout ne s’est pas passé comme ça ? Est-ce que, chaque fois, le centralisme n’est pas venu recouvrir, recouvrir de sa pyramide et étouffer tout ce qui avait été riche et ce qui s’était créé sous une forme de transversalité, sous une forme transversale ? Je ne souhaite pas vous convaincre, je dis juste que, comme ça...là, j’ai pas de sympathie pour le mouvement surréaliste et j’ai pas de sympathie pour le surréalisme parce que j’y vois une sale organisation centralisée, avec tribunal, excommunication etc. Qu’est-ce qu’il y avait eu avant ? On voit très bien la succession ? Il y avait eu Dada, il y avait eu le dadaïsme et, le dadaïsme, c’est un réseau. Le dadaïsme, c’est un réseau transversal et qui affecte tous les pays, tous les pays, de l’Europe euh... de l’Europe de l’est à l’Amérique, euh... le dadaïsme traversera le monde entier. Précisément parce qu’il n’est pas centralisé. Et qu’est-ce que fait André Breton ? Ceux qui aiment André Breton, vous corrigez de vous-mêmes, hein ! Qu’est-ce qu’il fait, André Breton ? Il remet de l‘ordre. Il remet de l‘ordre et il fait un truc national, un truc bien français. Le surréalisme sent le français. Et il établit ses tribunaux, et il lance ses excommunications, et il mettra tout le monde au travail forcé à savoir les pages d’écriture automatique et les petits jeux débiles euh... et tout ça. Bon. Il remet de l‘ordre. Et il en fait un centralisme français. Bon : Dada ne s’en remettra pas, je veux dire, là, s’il y a une politique dans l’art ou dans la littérature, vous pouvez prendre cet exemple parce que ça a été vraiment une lutte politique. Ça a été une lutte politique, à savoir : Dada s’est fait absolument manger, dévorer, Dada n’était plus possible à cause de la remise en ordre opérée par le surréalisme.

Bon, s’il en est bien ainsi, on peut le dire, mais, après tout, ça ne date pas de 68 les luttes transversales. Alors, faisons un grand saut dans l’histoire. C’est ce que Foucault, d’ailleurs, pressentait très fort : au moment de la Réforme, mais avant que Luther fasse son surréalisme à lui, c’est-à-dire fasse sa recentralisation, les luttes de la Réforme ont été, mais an niveau aussi bien de la paysannerie, avant qu’il fasse sa réforme appuyée par les Seigneurs, il y a eu toutes sortes de mouvements de luttes transversales engageant les gens des villes, les gens de la campagne etc. et la période de la Réforme a été un très très grand moment de luttes transversales.

Alors, finalement, peut-être est-ce qu’on découvrirait que les trois questions :
-  les nouveaux types de lutte,
-  la situation de l’intellectuel,
-  les nouveaux modes de subjectivité, mais, n’ont pas cessé de se faire dans l’histoire et que c’est ça la vraie continuité de l’histoire, mais seule la pratique est la continuité de l’histoire.

Alors, en vertu de tout ceci, on peut se dire, dès lors, ça nous donne les précautions nécessaires pour pouvoir poser la question : et ben alors, quels sont les principes du pouvoir en général ? On ne risque plus, en effet, de tomber dans des réponses par centralisation. Ce que j’ai essayé de... de... comment on dit... pour chasser le diable, là, quel est le mot ? Lucien Gouty :" d’exorciser" Deleuze : d’exorciser ! Ce que j’ai essayé d’exorciser, là, c’est une réponse à « qu’est-ce que le pouvoir ? » qui serait une réponse centrale. A la question « qu’est-ce que le pouvoir ? », ne peut convenir qu’une réponse transversale qui émiette le pouvoir en une multiplicité de foyers. Alors, qu’est-ce que ce sera ? Est-ce qu’il y a des principes de cette multiplicité ? Le pouvoir...

... sur Rivière, sur Pierre Rivière qui avait égorgé sa famille euh... Comment est-ce qu’il a distribué ce qui revient au cahier - image écrite ou sonore - et le crime lui-même - image visuelle ? Que, là, il y aurait un rapport entre l’énoncé et la visibilité et savoir s’il y a lieu où trouver une solution originale, une fois dit que les solutions très originales ont été trouvées au cinéma pour rendre compte de ces rapports entre le visible et l’énoncé. Surtout que, dans le cas du meurtre de Pierre Rivière, des meurtres faits par Pierre Rivière,..., le cahier où il raconte toute son histoire a un rôle très mobile, tantôt est conçu comme venant après le crime, tantôt comme venant avant etc. ça pose toutes sortes de questions. Donc pour le problème des rapports voir/parler, moi m’intéresse beaucoup de revoir le film sur la base de : comment Allio at- il traité cinématographiquement de ces rapports entre voir et savoir ? Mais il faut pas que vous soyez trop nombreux parce qu’il n’y aurait plus de place.

Réponse d’un étudiant : c’est comme ça [ ???]

Deleuze : c’est comme ça, alors vous pouvez être très nombreux. Et ben nous continuons, mais je crois que tout ce qui précède était absolument indispensable en tant que pratique, déjà, et pratique de pouvoir. Et maintenant, alors, on fait comme si on revenait à la question : les principes, qu’est-ce que c’est que... Qu’est-ce que le pouvoir ? Et ben, si principes il y a, ce sera évidemment des principes de pratique. Mais si principes il y a, le principe que rappelle tout le temps Foucault, c’est quoi ? Et ben, c’est, bizarrement, que, dans les textes de Foucault, il n’y a pas de longue étude au niveau des principes, je vous le disais. Si vous voulez vous y repérer, il y a quelques pages au début... deux ou trois pages qui vont très vite, au début de "Surveiller et punir", page 30-33, ça va pas loin, au niveau des principes je dis, et, dans "La volonté de savoir", pages 108..., c’est un peu plus long, là, 108-112. C’est dire que..., et ben, nous, on va faire l’inverse, on va décentrer un peu mais uniquement dans l’idée que c’est bien pour être plus clair et on va, au contraire, s’attacher assez longtemps à cette question des principes sous lesquels on peut penser le pouvoir.

Or le plus grand de ces principes chez Foucault, il me semble, il va le rappeler tout le temps dans ses analyses concrètes, c’est : il ne faut pas partir des grands ensembles. Il ne faut pas partir des grands ensembles. Qu’est-ce que c’est, ça, des grands ensembles ? Ben, dans le monde moderne, c’est, par exemple, les grandes institutions. Vous voyez tout de suite ce que ça veut dire, pour évaluer le pouvoir, il ne faut pas partir de grandes institutions toutes faites, du type : l’Etat, la loi, les classes. Finalement Foucault est le seul à avoir fait une théorie gauchiste du pouvoir ; je crois. Il ne l’est pas le seul à se l’être proposé, mais à l’avoir fait... Bon, faut pas partir des grands ensembles, pourquoi ? Sans doute parce que les grands ensembles se donnent tout faits. Ce dont il faut montrer et la genèse et l’exercice. La loi, l’Etat, les classes sont déjà des entités, comment dire, beaucoup trop grosses. Ça explique immédiatement son appel à une - dès le début de "Surveiller et punir" - à une microphysique. Une fois dit que la microphysique a consisté à dire, dans le domaine de la science physique, que, au delà des grands ensembles, les grands ensembles étant statistiques - si je donne un résumé très grossier de la microphysique - et bien, au-delà des grands ensembles qui étaient des ensembles statistiques, il fallait atteindre et constituer une science des molécules corpuscules.

Qu’est-ce que c’est, alors, des corpuscules ? Il faut saisir le pouvoir au niveau des molécules et corpuscules et pas au niveau des grandes institutions. Voilà ce que veut dire avant tout « microphysique du pouvoir ». ça veut dire une chose très simple en apparence, mais qu’est-ce que c’est que ce pouvoir moléculaire ? l’Etat, les classes, la loi, ce sont des pouvoirs qu’on appellerait molaires. Et ben non. Pour saisir le pouvoir, il faut aller jusqu’aux molécules. C’est une métaphore. Bon. "Volonté de savoir", p.120 : « L’analyse en termes de pouvoir ne doit pas postuler comme données initiales la souveraineté de l’Etat, la forme de la loi ou l’unité globale d’une domination ». En d’autres termes la théorie du pouvoir doit être locale et non pas globale, elle doit être moléculaire et non pas statistique. « ... Celles-ci (la souveraineté de l’Etat, la forme de la loi ou l’unité globale d’une domination) ne sont que des formes terminales ». C’est pas qu’il n’y ait pas d’Etat, c’est pas qu’il n’y ait pas de loi, c’est que ce sont des expressions statistiques d’une agitation d’une autre nature. Le pouvoir est une agitation moléculaire avant d’être une organisation statistique. D’où, encore une fois, je ne fais que justifier le terme « microphysique du pouvoir ». Mais, si le mot « microphysique » doit être pris au sérieux, c’est qu’on y trouvera la grande unité microphysique, à savoir : onde, corpuscule. Le pouvoir n’est pas affaire de grands ensembles, c’est une affaire d’ondes et de corpuscules. Il y a des ondes et des corpuscules politiques. Du coup, ça doit nous rappeler quelque chose ou quelqu’un dont Foucault, pourtant, ne parle jamais. Je raconte une histoire, aujourd’hui, ce sera..., ça va aider à .... une reprise, c’est-à-dire une série d’histoires. Je raconte une histoire.

A la fin du XIXème et au début du XXème siècle, deux sociologues s’opposent dans une guerre inexpiable. Diable ! Si je dis ça, c’est que c’est vrai à la lettre. C’est qu’il faut croire qu’il y avait non seulement la question de savoir, mais question de pouvoir. L’un sera écrasé par l’autre, mais, comme toujours, celui qui a été écrasé est le meilleur. Il s’agit... il s’agit de Durkheim, le grand Durkheim et de Gabriel Tarde. Et Gabriel Tarde est le fondateur de la microsociologie qui disparaîtra de France et qui ira en Amérique, où elle reviendra en France, par la voie de l’Amérique, sans qu’on sache que l’Amérique ne faisait que nous rendre ce qu’elle nous avait pris. ô douleur ! Bon, qu’est-ce qui se passait entre Durkheim et Tarde ? Là encore je crois que cette parenthèse est nécessaire. Quand je dis Durkheim a écrasé Tarde, ça a été une véritable guerre et c’est une conquête qui a fait gagner Durkheim, conquête de l’enseignement primaire, la morale laïque et conquête de l’université. Les doyens étaient des durkheimiens. Je veux dire, statistiquement, le nombre de doyens de facultés qui étaient des durkheimiens, à croire que..., c’était des grands commis d’Etat. Tarde, il n’était pas universitaire de formation, il était juge de paix, euh... Heureusement il avait été recueilli par le Collège de France - il y avait une très forte opposition, à ce moment-là, Sorbonne / Collège de France - il faisait ses cours, qui devaient être des cours merveilleux, mais, euh..., bon, son influence.., ses disciples non-durkheimiens étaient massacrés, au point qu’ils se repliaient sur le droit et, très bizarrement - j’abonde en anecdotes aujourd’hui - très bizarrement les disciples de Tarde ont été très importants dans la formation des mouvements européens et aussi dans des disciplines juridiques, par exemple un très grand juriste qui s’appelait Aurioux, pas un Aurioux récent, mais le père du Aurioux récent, le vieil Aurioux euh... le vieil Aurioux... qui a eu beaucoup d’importance au moment des accords de Matignon, qui a eu une influence politique..., était un disciple direct de Tarde. Et il a été dans deux directions, Tarde, du côté des accords de Matignon et du côté de l’Europe, très bizarre. C’était un fédéraliste, il annonçait l’Europe fédérale... enfin très très bizarre, très curieux. Peu importe !

Mais, tout ça pour dire que : qu’est-ce qu’il faisait Durkheim ? S’il y a eu une sociologie des grands ensembles, c’est bien celle-là. Et comment Durkheim fondait-il la sociologie comme science ? Il disait : c’est tout simple, il y a deux sortes de représentations. Il y a la représentation individuelle, c’est l’affaire de la psychologie, qui vaut rien, d’ailleurs, euh... et puis, il y a les représentations collectives. Les deux diffèrent en nature. Les représentations collectives ne sont pas de même nature que les représentations individuelles, la sociologie, c’est la science des représentations collectives. Bon. Je simplifie beaucoup. Mais la notion de représentation collective est fondamentale chez.... Je peux dire que c’est de la sociologie typiquement molaire. C’est de la sociologie de grand ensemble. Et c’était merveilleux, c’est très beau la sociologie de Durkheim, enfin pour ceux qui aiment ça quoi.

Tarde, qu’est-ce qu’il disait ? Tarde, il disait : ben oui, c’est très bien ce qu’il dit, Durkheim, c’est bien intéressant, mais enfin, ces représentations collectives, ces grands ensembles, quand même, ils ne naissent pas tout faits, d’où ça vient un truc comme ça ? Alors, là, Durkheim entrait dans une colère, la question « d’où ça vient ? » n’avait pas à être posée, peut-être qu’il avait raison. Mais, Tarde revenait à la charge, il disait : non, non, vous savez, tout ce qui se fait socialement, ça présuppose pas les grands ensembles, il y a toujours... Qu’est-ce qu’il y a toujours ? Et ben, euh..., sous les grands ensembles, il y a des..., il y a des courants d’imitation et puis il y a des moments d’invention. Et puis il disait : vous voyez, moi, ce qui m’intéresse, c’est la manière dont un employé de ministère ... fait son paraphe. Il y a un moment, par exemple, il y a une époque où ça change, le type de paraphe d’un employé de ministère et il dit : ça c’est bon, Tarde, c’est un petit truc, une petite invention sociale. La société, elle se forme par courants d’imitation et mouvements d’invention et c’est toujours des petites imitations et des petites inventions. Vous voyez, là, je fais même pas de la théorie, je vous dis ce qui intéressait Tarde. Vous me direz : bon, qu’est-ce que c’est que tout ça ?

Là-dessus tombe le jugement inexorable de Durkheim et des durkheimiens qui est : « mort à Tarde ! Il veut ramener la sociologie à une psychologie ». En effet il veut expliquer les représentations collectives, c’est-à-dire les phénomènes sociaux par des imitations et des inventions. C’est-à-dire : il veut expliquer le social par l’individuel ; un individu en imite un autre, un individu invente. Vous voyez ? Tarde ne s’en est jamais relevé en France. Et pourtant... et pourtant Tarde disait quelque chose qui n’avait absolument rien à voir avec ce que lui faisait dire Durkheim car, chez Tarde, l’imitation sociale ne va pas d’un individu à un autre individu et l’invention sociale ne dépend pas d’un individu. Alors qu’est-ce qu’il appelle imitation et invention ? C’est là que ça devient très beau. Mais vous comprenez, il faut... Bon, ben, il avait beau le dire, le répéter, rien n’y ferait : on lui ferait toujours dire : le social s’explique par le psychologique. Il y a des contresens qu’on ne peut pas remonter. C’est triste hein ? C’est triste.Il était très triste, Tarde. Alors qu’est-ce qu’il voulait dire ? Il voulait dire ceci, il voulait dire : l’imitation c’est une onde ou un courant de propagation. C’est un courant de propagation.

Bon, acceptons, on peut comprendre vaguement, on va voir ce que ça donne. C’est une onde de propagation. L’invention, c’est quoi ? L’invention, c’est une rencontre entre deux courants imitatifs différents. Bon. L’invention, elle se fait toujours au croisement de deux ordres. Donc l’imitation c’est une onde de propagation quelconque, l’invention c’est le point de rencontre entre deux courants, deux ondes de propagation. Alors, évidemment, la question... C’est encore rien, ça. La question qui devient sérieuse, c’est : d’accord, mais entre quoi et quoi se fait l’imitation ? D’où va, d’où part le courant de propagation, où va-t-il ? Et on l’attend là et Durkheim lui dit : « ben, vous voyez bien, ça va d’un individu à un autre individu, vous faites donc de la psychologie. Vous aurez beau dire : l’imitation est un courant de propagation, ce courant de propagation ne peut aller que d’un individu à un autre individu, puisque vous récusez les représentations collectives ».

Or, Tarde disait ceci : un courant d’imitation ou de propagation ne va pas d’un individu à un autre individu. Il va d’où à où ? Il va d’un état de croyance à un état de croyance ou d’un état de désir à un état de désir. Ce qui se propage, c’est croyance ou désir. Vous voyez où je veux en venir. Il ne s’agit pas de faire une sociologie de la représentation, il s’agit de faire une sociologie de ce qu’il y a sous les représentations et que les représentations supposent ; et ce que la représentation suppose, c’est la croyance et le désir. Et une représentation ne se propage pas, c’est pour ça qu’il faut que Durkheim se la donne toute faite. Mais les croyances et les désirs sont inséparables d’ondes de propagation et faire de la vraie sociologie, c’est-à-dire de la microsociologie, faire de la microsociologie, c’est faire l’étude des ondes de propagation de croyances ou de désirs qui parcourent un champ social. Ça devient une très grande idée qui n’a rien à voir avec de la psychologie, mais qui a bien à voir avec de la microsociologie. Les croyances et les désirs sont les corpuscules sociaux. Vous voyez la force de la critique contre Durkheim : Durkheim en reste aux représentations, il ne voit pas ce qu’il y a sous la représentation. Ce qu’il y a sous la représentation... La représentation est un grand ensemble, c’est une instance molaire. Sous les représentations, il y a les corpuscules de croyance et de désir et les corpuscules de croyance et de désir sont inséparables d’ondes de propagation et l’onde de propagation de la croyance et du désir, c’est l’imitation.

Alors c’est secondairement, on peut dire que le croyant imite quelqu’un, c’est la conversion. Quelqu’un se convertit au Christianisme aux premiers moments de l’Eglise, ça veut dire que le Christianisme comme croyance, c’est-à-dire comme molécule, comme particule sociale, se répand suivant une onde de propagation. C’est ça l’imitation. Et, l’invention, ce sera la formation d’un nouveau désir au point de rencontre de deux courants de propagation de croyance ou de désir, ou la formation d’une nouvelle croyance. J’en dis pas plus parce que ce serait... je rêve de faire un an un cours sur Tarde, mais.... C’est très beau, très beau, Tarde. C’est de la vraie microsociologie, c’est-à dire les américains, ils n’ont jamais atteint ce point de non-psychologie. Oui, il n’y a que Tarde qui ait su maintenir une microsociologie sans le moindre ... avec son histoire, là, des... notamment son grand thème c’est notamment : les représentations ne sont jamais quantifiables tandis qu’il y a une quantification sociale des croyances et des désirs et il fait une grande théorie de la quantification sociale qui engage toute une logique et il dit aussi : jusqu’à moi, il dit... il refait tout alors, à partir de sa microsociologie, parce qu’il va reprocher à la logique d’être une logique de la représentation, au lieu d’être, comme il aurait fallu l’être, une logique de la croyance et du désir, mais seulement, si la logique devient une logique de la croyance et du désir, à ce moment-là, il faut introduire de nouveaux quantificateurs en logique. Et il esquisse une étonnante logique de la croyance et du désir.

Donc c’est dire l’importance... Or, là, je crois - je veux pas dire du tout qu’il y ait eu influence - qu’il y a souvent chez Foucault un véritable ton "Tardien". Je dirais à la lettre que, vous voyez, l’imitation et l’invention chez Tarde correspondent tout à fait - vous ne pouvez comprendre ce que je veux dire que un peu plus tard - correspondent tout à fait à ce que Foucault appelle des rapports de force, car, je dis tout de suite, pour éviter tout contresens, pour Foucault et il est formel à cet égard, les rapports de forces n’ont rien à voir avec la violence, en d’autres termes ils ne se ramènent pas, ils ne se réduisent pas à la violence. Ils ont une tout autre nature. Pourquoi les appeler « rapports de force » puisqu’ils ne s’expliquent pas par la violence ? On verra, on verra pourquoi, [ ???] rapports de forces quelque chose qui excède la violence de toutes parts, mais, vous comprenez que, si les rapports de forces excèdent la violence, je peux très bien dire : l’imitation est un rapport de forces, l’invention est un rapport de forces, c’est évident. C’est évident. L’imitation implique un rapport de forces entre ce qui imite et ce qui est imité. L’invention implique un rapport de force entre les courants à la rencontre desquels se fait l’invention, etc. Bien. Et je dis que, très souvent, le ton de Foucault rappelle étrangement Tarde. Foucault a un goût extraordinaire, par exemple, pour ce qu’il appelle lui-même..., une fois..., il y a un passage de "Surveiller et punir" où il parle de..., des petites inventions sociales et il dit : la voiture pénitentiaire, on n’en parle jamais, dit-il, mais c’est une drôle de petite invention. Evidemment on parle du haut-fourneau, on parle des grosses inventions techniques et on ne parle pas des petites inventions sociales. Ça, j’ai le sentiment que... je sais pas si Foucault connaissait Tarde, je pense qu’il devait le connaître, mais, même s’il ne le connaissait pas, c’est une rencontre étonnante. Parce que, là, c’est à la lettre presqu’un texte qui serait signé par ... La voiture pénitentiaire comme petite invention sociale, par opposition aux grosses inventions techniques, ben c’est ..., c’est du pur Tarde. Alors tout ceci uniquement comme point de départ. Vous voyez : les rapports de force sont des rapports moléculaires, des micro-rapports entre éléments qui fonctionnent comme des corpus. Bon, c’est avec ça qu’il va falloir se débrouiller.

Alors, en essayant de bien classer les textes de Foucault, je dirais que, à partir de là, sa microphysique du pouvoir se présente sous... ou on pourrait en abstraire six principes. Six. Ça fait beaucoup. Et ces six principes sont autant de dénonciations de ce qu’il considère comme des postulats dans les théories classiques du pouvoir. Donc, on pourrait dégager six postulats dénoncés par Foucault. Allons-y. Ah je croyais que c’était une montre...c’est un... tu vois, j’ai cru que c’était un bracelet ça... c’est une erreur, merci beaucoup.

-  premier : on appellerait ça le postulat de la propriété. Foucault nous dit : les théories politiques font comme si le pouvoir était la propriété de quelque chose ou de quelqu’un. Or le pouvoir n’est la propriété de personne. Propriété de quoi ? Ben, par exemple, même les marxistes, à première vue en tout cas, ils font du pouvoir la propriété de la classe dominante. "Surveiller et punir" p.31 : « L’étude de cette microphysique suppose que le pouvoir qui s’y exerce ne soit pas conçu comme une propriété, mais comme une stratégie. » C’est la première fois que nous rencontrons ce mot qui va prendre une importance de plus en plus grande chez Foucault.
-  Le pouvoir n’est pas une propriété, mais une stratégie.

En d’autres termes il y a un fonctionnalisme absolu du pouvoir. Le pouvoir ne se possède pas, ce n’est pas une propriété, il s’exerce. Il s’exerce. Il ne se possède jamais, ce n’est pas une propriété. Si vous avez compris déjà tout ce qu’on a dit, ça ne doit pas vous étonner, parce que - quitte à devancer, s’il est vrai que le pouvoir est fondamentalement rapport - rapport, il ne peut pas être une propriété. Un rapport n’est pas une propriété. Si le pouvoir est rapport et si l’on prend au sérieux l’expression « rapport de forces » et si l’on dit « le pouvoir c’est le rapport même », il ne peut pas être une propriété même de [ ???]. Il s’exerce, c’est-à-dire le pouvoir est une stratégie. Stratégie... Bon, bon, bon. Stratégie, stratégie... Voilà que ce mot nouveau doit nous faire penser quoi ? Mais qu’il va falloir faire très attention et que, notamment, il va falloir ne pas confondre stratégie et strate.
-  Car le savoir renvoie aux strates et aux stratifications, mais le pouvoir, lui, renvoie aux stratégies.

Bien plus, la stratégie apparaît là où il n’y a pas stratification, là où il n’y a pas de propriété. Les couches sédimentaires, elles peuvent être possédées, le pouvoir, il n’est pas possédé, il est exercé. Et comment définir... comment Foucault définira-t-il la stratégie ? « Points innombrables d’affrontements, points innombrables d’affrontements, foyers d’instabilité ». C’est bien forcé, mais c’est pas « foyers d’instabilité » par plaisir pour faire le malin, c’est que, dans le domaine micrologique, dans le domaine microphysique, il n’y a pas d’équilibre, par nature, c’est un domaine qui répudie l’équilibre. Les strates sont en équilibre, le non-stratifié n’est jamais en équilibre. Il n’y a pas d’équilibre corpusculaire. Il n’y a pas d’équilibre ondulatoire. Il n’y a pas d’équilibre microphysique. Il n’y a pas de stabilité. Il n’y a de stabilité que statistique, c’est-à dire le stable, c’est le grand ensemble. Les grands ensembles, oui, sont possédés, mais vous pouvez deviner que, le pouvoir, il est fondamentalement diffus, fluent, instable, au niveau de la microphysique.

Ça ne veut pas dire qu’au niveau des grands ensembles... alors comprenez : au niveau des grands ensembles, bien sûr il est possédé, bien sûr il est stable, bien sûr il est en équilibre. Mais, c’est pas ça la source du pouvoir. C’est pas ça, il faut arriver, là, à cette couche microphysique qui ne se laisse pas sédimenter, qui est pure stratégie et pas strate, points innombrables d’affrontement, foyers d’instabilité, qu’est-ce que c’est ces points innombrables d’affrontement, ces foyers d’instabilité ? C’est ce qu’on a vu précédemment, c’est des singularités, c’est pas des individus psychologiques. Tarde dirait : mais, c’est des quantités de croyance et de désir, c’est des corpuscules de croyance et de désir qui sont fondamentalement instables, fluents, pris sur des ondes etc. Points innombrables d’affrontement, foyers d’instabilité, en d’autres termes : les rapports de forces sont des rapports entre singularités. Ce sont les ondes de singularités, exactement comme la microphysique nous parle d’ondes corpusculaires, c’est-à dire d’ondes qui pilotent un corpuscule, et bien les rapports de forces pilotent des singularités.

Or vous ne... vous n’avez encore rien fait, si vous vous en tenez aux grands ensembles que cette microphysiques va former. Il n’est pas question de dire que les grands ensembles n’existent pas, les grands ensembles seront effectivement constitués par cette microphysique, en d’autres termes la microphysique constitue une macrophysique. Les grands ensembles, ils ne sont rien d’autre que faits composés de ces corpuscules et de ces ondes, mais, en même temps, ils les stratifient, c’est-à-dire ils en font de grands ensembles dont on ne considère plus que les effets globaux. Les grands ensembles sont l’effet global de la microphysique.

Ouais, ça va ? Hein ? Alors j’ouvre une parenthèse encore, comme ça je n’en ouvrirai plus après. Il y a une chose dont Foucault ne parle jamais, on va faire une épreuve hein, on va faire une petite épreuve de confirmation en prenant un exemple en dehors des exemples de Foucault. Je me dis : Foucault n’a jamais parlé des sociétés primitives. Pourquoi il n’a jamais parlé des sociétés qu’on appelle « primitives » ? Il n’en a jamais parlé pour une raison très simple, je crois, c’est pas du tout parce qu’il n’aimait pas l’ethnographie, l’ethnologie, c’est parce qu’il tenait à opérer sur des séries courtes et bien déterminées. On l’a vu, ... Il avait tellement horreur de l’histoire universelle, qu’il craignait, évidemment, que s’il ne prenait pas des exemples dans une série bien assignée, bien déterminée, il aurait l’air de tomber dans une espèce de vision universelle de l’histoire.

Mais, si on n’a pas les mêmes peurs, on peut toujours essayer, car la même histoire qu’entre Durkheim et Tarde, si vous l’avez suivie, tout à l’heure, je voudrais la retrouver dans l’ethnologie moderne, car après tout les mêmes histoires se retrouvent. Dans l’ethnologie moderne, il est bien connu que les sociétés primitives sont dites sans Etat. Foucault pourrait dire : oui, elles sont peut-être sans Etat, mais elles ne sont pas sans pouvoir. Bien, mais, enfin, si les sociétés dites « primitives » ne présentent pas un grand ensemble qui les dépasse, elles présentent quand même de grands ensembles, c’est quoi ? C’est les grandes lignes de filiation. Comme disent les marxistes, ce qui remplace l’Etat dans les sociétés primitives, c’est la parenté. Bon, les grandes lignes de parenté, les grandes lignes de filiation qu’on appelle justement les grands lignages. Je dirais que les grands lignages dans les sociétés primitives sont les représentations collectives de base ou, si vous préférez, les grands ensembles. Dans les sociétés modernes, le grand ensemble, c’est plutôt l’État et la loi. Bon, supposons, ça c’est vite dit. Voilà. Je remarque qu’une oeuvre aussi admirable que celle de Lévi- Strauss... Du moins je ne parle pas des "Mythologiques", parce qu’au niveau des "Mythologiques" peut-être que tout change, les "Mythologiques" c’est une drôle d’histoire, qu’est-ce que... mais je parle des "Structures élémentaires de la parenté", livre déjà ancien. Au niveau et au moment des "Structures élémentaires de la parenté", il n’y a pas de doute que Lévi-Strauss fait un structuralisme fondé sur les grands ensembles et, évidemment, il n’y a de structures que molaires. Là, sentez qu’on en est au point où on va pouvoir peut-être confirmer nos analyses sur la différence entre Foucault et le structuralisme. Les structures sont fondamentalement en équilibre. Un déséquilibre structural, et ben, ça arrive, ça arrive, mais un déséquilibre est toujours la structure en question. La structure en tant que structure désigne un état d’équilibre. En d’autres termes, Lévi-Strauss le dit explicitement quand il affirme que les dysfonctionnements, les déséquilibres sont des conséquences, conséquences d’autre chose. Bon.

Voilà que Lévi-Strauss fait donc, au niveau des sociétés primitives, une macrosociologie fondée sur les grands lignages de parenté, les grandes lignées de filiation. Et il nous dit quoi ? Il nous dit qu’il y a des rapports entre grandes lignes de filiation. Ces rapports, ce sont les alliances - dont un cas privilégié sont les mariages - alliances, mariages, et qui sont des formes d’échange entre une ligne filiative, une lignée de filiation et une autre. Et il nous dit enfin que, si l’on considère la totalité des échanges sur un espace social suffisant, on s’apercevra qu’il y a un échange généralisé - c’est ce qu’il appelle l’échange généralisé, par différence avec l’échange restreint où l’on se contente de deux lignées, du rapport de deux lignées - et que l’échange généralisé forme un cycle fermé. Cycle fermé = structure. Voilà. Plusieurs ethnologues ont réagi et, tout en disant que l’oeuvre de Lévi-Strauss, au niveau des Structures élémentaires de la parenté, était très..., était admirable, dans la systématisation des données de l’ethnologie, que, à leur avis, jamais une société primitive n’avait fonctionné comme ça. Ils ont dit, en quelque sorte, ça n’a jamais marché comme ça. Ça marche comme ça dans la tête de Lévi-Strauss, ça d’accord, mais jamais une société primitive n’a pu marcher comme ça. Vous voyez que ceux qui ont objecté à Lévi-Strauss invoquaient un fonctionnalisme, une pratique : quelles sont les pratiques sociales effectives ? En d’autres termes, c’était des anglais et des américains. Et, notamment, un des plus grands ethnologues, avec Lévi- Strauss, était un anglais qui s’appelle, qui s’appelle toujours Leach, un très grand ethnologue. Et s’est produit, tout comme il y avait eu une polémique Tarde-Durkheim, s’est produit une autre polémique Leach-Lévi-Strauss où chacun montrait une espèce de génie dans l’art de ne pas comprendre ce que disait l’autre.

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