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8- 17/12/1985 - 1

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Sur Foucault Les formations historiques 
Année universitaire 1985-1986. Cours du 17 Décembre 1985 Gilles Deleuze (partie 1/4) 
 Transcription : Annabelle Dufourcq 
(avec l’aide du College of Liberal Arts, Purdue University) 34 minutes 27

Alors, vous voyez, le problème. Ça coïncide bien avec la fin du trimestre. C’est... après une espèce de tableau que nous avons fait du savoir selon Foucault, nous étions comme poussés... je veux dire, c’était pas par volonté, c’était pas par... nous étions réellement poussés vers un second domaine, celui du pouvoir. Et je veux dire : j’ai le sentiment que c’est arrivé ainsi pour Foucault. C’est-à-dire qu’il a réellement commencé par une épistémologie, ou par l’essai de constitution d’une doctrine du savoir et que c’est cette doctrine du savoir qui l’a littéralement poussé vers la découverte d’un nouveau domaine qui allait être celui du pouvoir. Si bien que, ce qu’on cherchait déjà la dernière fois, c’était l’espèce de transition qui nous fait passer du savoir au pouvoir et on avait procédé par une série de remarques, en effet, de remarques les plus concrètes possibles. Et on se proposait, pour aujourd’hui, d’étudier de plus près un texte, parce que c’est un texte mystérieux de L’archéologie du savoir. En effet, vous comprenez, on a toujours été très embarrassé pour répondre à la question, si cette question était posée, jamais, mais enfin, enfin, enfin, enfin : donnez-nous un exemple d’énoncé. Au moins on sait maintenant pourquoi on était embarrassé si bien qu’on ne l’est plus. C’est que c’est très très difficile de donner un exemple d’énoncé. En effet les énoncés se distinguent des mots, des phrases et des propositions, mais, en même temps, ils leur sont complètement immanents. Je ne peux pas donner un exemple d’énoncé qui ne passe par ce que l’énoncé n’est pas, à savoir des mots, des phrases et des propositions. Si bien que chaque fois qu’on me réclame un exemple d’énoncé, ben je donnerai une phrase ou une proposition et je pourrai seulement expliquer en quoi l’énoncé ne se confond pas avec la phrase même. Mais comme il n’existe pas hors de la phrase, il m’est très difficile de donner un exemple. Si bien que, à la lettre, si quelqu’un maintenait son exigence - un exemple, un exemple d’énoncé ! - Foucault répondrait comme il le fait et c’est, c’est, c’est là-dessus que devrait porter notre séance aujourd’hui, il répondrait : A Z E R T, azert. Alors, évidemment, les souvenirs nous viennent. On se dit, ah ben oui les stoïciens, par exemple, avaient un mot secret, ce mot secret c’était blituri, c’était le grand mot magique, « blituri » chez les stoïciens désigne le mot qui n’a pas de sens. Alors, est-ce que « azert » est, en ce sens, l’énoncé secret, A Z E R T ? C’est pour ça que le groupe de pages de L’archéologie, 109-114, que, je vous demandais de lire, si possible, il faudrait le suivre de très près. Je retiens, dès la page 109, une première remarque de Foucault. Il s’agit de montrer qu’un énoncé n’implique pas forcément une grammaire ou une syntaxe. Et, pour le montrer, il nous dit : une équation est un énoncé. Et il ajoute : une courbe est un énoncé. Un graphique, une courbe de croissance, une pyramide d’âge, un nuage de répartition forment des énoncés (p.109). Une équation, une courbe sont des énoncés. Est-ce qu’on peut dire l’inverse ? On a envie de dire l’inverse. En tout cas, j’ai tout de suite envie de dire l’inverse. Mais à quelles conditions est-ce légitime ? Tout énoncé est une courbe. Ce serait important pour nous, ce serait intéressant, très intéressant pour nous parce que ce serait une manière d’insister sur l’irréductibilité de l’énoncé à la phrase. Peut-être que la courbe énoncée impliquerait une phrase, mais ce ne serait pas la phrase même, ce serait la courbe de la phrase. Mais qu’est-ce que c’est, la courbe d’une phrase ? Bon, laissons. 113-114, il nous en dit un peu plus. Car il nous dit ce qui est énoncé et ce qui n’est pas énoncé dans des exemples aussi insolites que les précédents. Une courbe est un énoncé. Là il nous en dit un peu plus, parce qu’il nous dit ce qui n’est pas énoncé et ce qui est énoncé. Qu’est-ce qui n’est pas énoncé ? Des lettres que vous prenez au hasard. A la lettre une poignée de lettres. Une poignée de lettres n’est pas un énoncé. Des lettres que vous prenez au hasard, à la lettre, ce n’est pas un énoncé. Euh, vous voyez ce jeu intelligent : le Scrabble, hein ? Vous prenez une poignée de lettres, vous avez dans la main une poignée de lettres : c’est pas un énoncé. Bon. En revanche, vous recopiez les lettres sur une feuille de papier, ces lettres que vous avez tirées au hasard : c’est un énoncé. Vous les recopiez, c’est un énoncé. Il faut aller lentement parce que c’est une drôle de chose qu’il est en train de nous dire. Si je recopie cette poignée de lettres, si je reproduis ces lettres sur une feuille de papier, c’est un énoncé. Enoncé de quoi ? Enoncé d’une série de lettres n’ayant d’autre loi que le hasard. Il faut bien retenir ça : énoncé d’une série de lettres n’ayant pas d’autre loi que le hasard. Mais ma poignée de lettres, c’est pas un énoncé. Ou bien - vous pouvez voir que l’exemple est équivalent - des lettres sur le clavier d’une machine à écrire. A Z E R T. Ce sont les premières lettres sur le clavier des machines à écrire françaises. Ces lettres sur le clavier d’une machine à écrire, ce n’est pas un énoncé. Si je les recopie ou si je les dis, c’est un énoncé. Enoncé de quoi ? C’est l’énoncé de l’ordre des lettres sur une machine française. Voilà. Du coup les questions abondent et on croit avoir compris. Mais, avant même de croire avoir compris, il faut voir comment se termine... Vous voyez, vous retenez bien, hein : ma poignée de lettres n’est pas un énoncé, si je le recopie sur une feuille de papier, c’est un énoncé. Si je les recopie sur une feuille de papier ou si je les dis, c’est un énoncé. A Z E R T sur le clavier ce n’est pas un énoncé. Si je dis « A Z E R T » ou si je le recopie sur une feuille de papier, c’est un énoncé. Il conclut, p.117 : « une série de signes... » En effet les lettres du scrabble ou les lettres sur le clavier, c’est déjà une série de signes, c’est pas encore un énoncé. Et bien, « une série de signes deviendra énoncé à condition qu’elle ait à "autre chose" .... ». « A condition qu’elle ait avec "autre chose".... », entre parenthèses : « "autre chose" (qui peut lui être étrangement semblable, et quasi identique comme dans l’exemple choisi) ». « "autre chose" qui peut lui être... » euh, c’est très très curieux, ça c’est du pur, pur Foucault... « "autre chose" (qui peut lui être étrangement semblable, et quasi identique.... ». Donc : « une série de signes deviendra énoncé à condition qu’elle ait à "autre chose" (qui peut lui être étrangement semblable, et quasi identique comme dans l’exemple choisi) un rapport spécifique, qui la concerne elle-même ». Vous voyez : une série de signes, A Z E R T, devient énoncé, à condition qu’elle ait avec "autre chose"... Qu’est-ce que c’est que l’autre chose ? Les mêmes signes sur le clavier qui, eux, ne sont pas un énoncé et pourtant l’énoncé est étrangement semblable et quasi-identique. Pourquoi je dis « c’est du pur Foucault » ? C’est du pur Foucault, parce que s’il y a quelque chose, un problème euh, comme ça, un problème fluent, un problème... amusant, un problème fascinant qui l’a hanté... chacun a ses problèmes fascinant... chez Foucault c’est le problème du double. Qu’est-ce que c’est qu’un double ? Et on ne pourra pas s’en sortir de tout, de tout notre essai d’explication de Foucault, si on ne traverse pas cette épreuve qui est l’épreuve du double et le problème du double. Et ça, ça le hante, ça l’a hanté du début à la fin de... Qu’est-ce que c’est que le double ? Qu’est-ce que c’est qu’avoir un double ? Alors, euh, autre chose d’« étrangement semblable » et pourtant autre, d’« étrangement semblable et quasi identique ». C’est la première fois pour nous : nous voyons surgir l’existence du double chez Foucault. L’énoncé est le double de quelque chose qui lui est « étrangement semblable et quasi identique ». azert. azert énoncé est le double de azert sur le clavier. Et pourtant l’un n’est pas un énoncé, l’autre est un énoncé. Bon, alors on se dit, oh ben c’est... on a compris, il dit une banalité. Qu’est-ce que ce serait de dire une banalité ? Ce serait, par exemple, dire : pour qu’il y ait énoncé, et ben il faut dire ou écrire. Alors les lettres sur le clavier, ce n’est pas un énoncé, mais, si je dis les lettres sur le clavier ou si je les écris sur une feuille de papier, à ce moment-là j’énonce. Enoncer impliquerait : dire ou écrire. En d’autres termes, ce serait dire quelque chose qui existe. En d’autres termes ce serait, en quelque sorte : pour qu’il y ait énoncé, il faut qu’il y ait une copie. Il faut que je recopie la succession des lettres telle qu’elle est sur le clavier ou il faut que je recopie les lettres que j’ai prises au hasard. A ce moment-là, il y aurait énoncé. C’est stupide. Pourquoi c’est stupide ? Ne serait-ce que parce que le clavier lui-même, sur lequel les lettres ne sont pas un énoncé, le clavier lui-même est une copie. Chaque machine française copie le modèle français de la machine. Donc s’il y a copie des conditions de l’énonciation, il faudrait dire : les lettres sur le clavier sont déjà des énoncés. Donc ça va pas. Est-ce que ce serait mieux de dire : ah ben oui, on a compris, pour qu’il y ait énoncé, il faut qu’il y ait désignation et, lorsque je recopie les lettres sur le clavier, en effet, là, j’ai un énoncé, parce que j’ai une instance qui désigne quelque chose et qu’est-ce que c’est ce quelque chose ? Et bien c’est une instance qui désigne l’autre chose étrangement semblable et quasi identique, à savoir : les lettres sur le clavier. Donc je dirais, à ce moment-là : oui, il y a énoncé quand il y a quelque chose qui désigne. Ou, ce qui revient au même de ce point de vue : il y a énoncé quand il y a quelque chose qui signifie. Et je dirais : le désigné « A Z E R T » sur le clavier, c’est pas un énoncé, en revanche, quand je recopie sur le papier... Vous voyez je ne définis plus l’énoncé par la condition de recopier, je le définis par la condition de désigner, parce que la seconde série désigne la première étrangement semblable et quasi identique. Ce serait idiot aussi. Pourquoi ? Ce ne serait pas idiot à une condition : ce serait que j’arrive à définir la désignation ou la signification sans rien présupposer de l’énoncé. Peut-être que c’est possible, j’en sais rien. [interruption de l’enregistrement]. Car, dans les définitions classiques de la désignation et de la signification, l’énoncé est présupposé. Donc je ne peux pas définir l’énoncé par la désignation, ni par la signification, pour la simple raison que ce sont des dimensions de l’énoncé qui présupposent l’énoncé lui-même. Ce qui désigne, c’est un énoncé lui-même. Ce qui désigne, c’est un énoncé lui-même. Ma seconde réponse, lorsque je croyais avoir trop vite compris, ben, elle s’écroule. On me dira : et ben il faut définir l’énoncé par ce que toutes les autres dimensions présupposent, aussi bien la désignation que la signification, à savoir : il faut définir l’énoncé comme chaîne signifiante, parce que, là, la chaîne signifiante, elle ne présuppose pas l’énoncé, elle est constituante ou elle peut passer pour constituante. Ça va pas non plus cette fois-ci ! Car si je définis l’énoncé par la chaîne signifiante, qu’est-ce qui m’empêchera de dire que la chaîne signifiante est déjà sur le clavier ? Et me voilà revenu à zéro. Et, ce retour à zéro, ça revient à dire... je me prends la tête entre les mains et je me dis : qu’est-ce que c’est cet autre chose ? Si l’énoncé est fondamentalement en rapport avec autre chose d’étrangement semblable et quasi-identique, cet autre chose n’est ni un désigné, ni un signifié, ni un signifiant. Qu’est-ce que ça peut être ? On repart à zéro. Alors ce long chemin, ça nous a servi à quoi ? Ça nous a servi à faire des impasses. On sait que, ça, on peut pas, on peut pas, on peut pas... Et puis surgit un mot, un mot que Foucault... auquel Foucault attache beaucoup d’importance et que, très bizarrement, il commente assez peu. Dès le début de L’archéologie du savoir, il suffit de regarder la table des matières, on voit que, en gros, puisque c’est le titre d’une partie et pas d’un chapitre, que la première grande partie s’appelle « Les régularités discursives ». Les régularités discursives. Et puis on voit que, dans la dernière partie, un chapitre, le chapitre 2 de la quatrième partie s’appelle « L’original et le régulier ». Et quel est le thème de ce chapitre sur L’original et le régulier ? Ça consiste à nous dire, en gros, vous savez, quand vous voulez définir - il ne dit pas que c’est sans importance - mais quand vous voulez définir un énoncé, il y a quelque chose qui est sans importance c’est le critère de l’original et du banal. Quand vous voulez savoir... là aussi il faut pas aller trop vite, parce qu’il faut pas en conclure que, pour Foucault, une proposition mille fois dite ou un énoncé mille fois dit et un énoncé nouveau... non, il dit que le critère de nouveauté ou de banalité n’est pas constitutif de l’énoncé lui-même. Un énoncé banal n’est pas moins un énoncé qu’un énoncé original. En d’autres termes « banal / original » n’est pas une distinction pertinente quand on veut savoir ce qu’est un énoncé. Ça nous importe. Pourquoi ? Parce qu’on a vu que l’énoncé se rapportait à « on parle ». Ben, le « on », il n’est pas plus banal qu’original. Le « on » n’est pas le « on » de la banalité. Banal ou original n’est pas pertinent par rapport au « on parle » comme condition de toute énonciation. Bien. Alors, l’énoncé n’est ni banal ni original, il est régulier. « Régulier », ça veut dire quoi ? Qu’il obéit à des règles. Quelles sont ces règles ? On a vu que c’est des règles très particulières, puisque, quand on a commenté la nature de l’énoncé, on éprouvait le besoin..., j’éprouvais le besoin d’emprunter à Labov le terme de règles facultatives par différence avec les règles obligatoires. C’est donc de drôles de règles. Toute règle n’est pas règle d’énonciation. Sans doute l’énoncé implique-t-il des règles très particulières, celles-là mêmes qu’on a appelé « règles facultatives ». Reste que l’énoncé est une régularité. Bon. Ça reviendrait à dire : très bien, c’est une régularité, pas n’importe quelle régularité. Dès lors il faut croire que, lorsque je disais « règle facultative », ça impliquait pour nous que ces règles-là se définissent par rapport à quelque chose, par rapport à quelque chose, mais quoi ? Qui serait pas la même chose que les règles obligatoires. En d’autres termes par rapport à quoi les règles énonciatives se définissent-elles ? Par rapport à quoi ? Ni l’original, ni le banal. Par rapport à quoi les règles proprement énonciatives se définissent-elles ? Là on va avancer, peut-être. Peut-être... Je dis : les règles énonciatives sont des règles qui se définissent par rapport à des singularités. C’est par rapport à des singularités. Ha ! J’ai l’air de m’étonner d’avoir fait un si grand progrès. Et oui. Parce que : est-ce que ce ne serait pas une manière, déjà, de confirmer la distinction des règles facultatives et des règles obligatoires ? Les règles facultatives concernent des singularités qu’elles régularisent. Tandis que les règles obligatoires concernent toujours de l’universel. Ce serait commode. Ce serait une rude confirmation. Mais on laisse ça, hein. Les règles énonciatives concerneraient des singularités. Ce qui est ennuyeux, c’est, je le dis tout de suite, c’est que Foucault emploie assez peu le mot « singularités », et pourtant il l’emploie. Par exemple dans L’ordre du discours, vous trouvez cette phrase : « le logos élève les singularités au concept », au niveau du concept. Et, comprenez, même en coupant du contexte, c’est une critique du logos qu’il fait, parce que le concept c’est l’universel. Le logos élève les singularités au concept, c’est-à-dire : il les transforme en universalité. Puis, par-ci par-là, Foucault emploie le mot « singulier », « singularité », mais, en même temps, on ne peut pas dire qu’il en fasse une affaire de terminologie. Moi je crois que c’est encore plus beau. Vous savez, chez les philosophes, il y a toujours, au niveau terminologique, il y a toujours deux sortes de termes. Il y a des termes auxquels ils attachent une importance explicite, par exemple « énoncé » pour Foucault. Là il vous dit explicitement : attention, ce que j’entends par « énoncé », c’est pas ce qu’on entend par « phrase », « proposition ». Et puis il y a des termes que le philosophe n’éprouve pas le besoin... dont il se sert et dont il n’éprouve pas le besoin de vous dire « attention ». Et il le glisse au coin d’une phrase, comme ça. C’est à vous de vous débrouiller. Il faut, à ce moment-là, c’est... c’est des concepts non plus explicites de ce philosophe, c’est des concepts implicites. Ça n’est plus des concepts « regarde », c’est des concepts « clin d’œil » ou « coup d’œil ». Je reviens à mon thème. Voilà. Premièrement. ... [Faisons ?] simples hein ! Ça a l’air d’être des mathématiques, mais c’en n’est pas... [ ???] [il écrit au tableau]. Voilà. Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai fait une émission, une émission de singularités, trois singularités. Ou, comme on dit en mathématiques, j’ai marqué trois points singuliers. Ces points singuliers, tels quels... Bon, j’ai tracé, là, sur un plan, trois points singuliers. Une de leurs singularités, c’est qu’ils ne sont pas sur la même ligne. J’aurais pu faire une autre émission de singularités, j’aurais fait... [il écrit au tableau]. C’était une tout autre émission de singularités. Là j’ai fait mon émission de singularités, celle-là. Puis c’est tout. Vous remarquerez que mes points singuliers sont indéterminés. Aaah. Un effort en plus. Je vais faire tout autre chose. Je fais ça, et puis... Bon. Qu’est-ce que j’ai fait ? C’est une seconde figure. Pour parler tout simplement, je dirais : j’ai uni les trois points singuliers. J’ai tracé trois lignes. Bien. On va très lentement parce que je crois que c’est plein de pièges tout ça. Plus vous croirez avoir compris tout de suite, moins vous aurez compris. En même temps si vous comprenez [ ???], c’est embêtant Alors, qu’est-ce que je peux dire, plutôt que « j’ai réuni mes points singuliers » ? Je dis : j’ai régularisé. J’ai régularisé. En effet chacune des lignes est une ligne de points réguliers. Une ligne de points réguliers unit une singularité à une autre ou, si vous préférez - j’introduis un autre mot parce qu’il va nous être très utile - une ligne régulière, une ligne de points réguliers ou, si vous préférez, alors [ ???], une série de points réguliers va du voisinage - ça c’est une notion mathématique, il n’y a pas besoin de savoir les mathématiques pour savoir qu’elle a une grande importance mathématique - ... va du voisinage d’un point singulier au voisinage d’un autre point singulier. Voilà ma ligne de régulier. Apparaît l’idée de série. Donc, la régularité, c’est une série de points qui va du voisinage d’une singularité au voisinage d’une autre singularité. Bien. Est-ce que... est-ce que je peux concevoir..., à ce niveau, tout à l’heure..., dans ma première figure, là, mes points singuliers étaient indéterminés. Là, quand j’ai régularisé, ils reçoivent une détermination, à savoir : sommets d’un triangle. Mais, en tant que points indéterminés, tout à l’heure, ils existaient comme singularités. Ils étaient indéterminés. J’avais trois points singuliers. Est-ce que je peux... Est-ce que c’est nécessaire que la régularisation soit triangulaire ? Je dirais que la régularisation triangulaire, c’est une régularité, c’est-à-dire c’est une forme sous laquelle j’ai régularisé mes points singuliers. Est-ce que c’est la seule, ou bien - continuons à essayer de fixer les mots, les mots qui terminologiquement vont être très très importants - est-ce qu’une autre série était possible que la série « triangle », avec les mêmes points singuliers ? Ah oui, ben oui, une autre série était possible. On en voit tout de suite une...

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