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64- 29/05/1984 - 3

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Gilles Deleuze - Vérité et temps cours 64 du 29/05/1984 - 3 transcription : Suellen Muniz correction : Nadia OUIS

Je dis que là il y a un passage entre :

-  le monde comme milieu actuellement amorphe, le monde plat qui se termine au bord d’un gouffre,

-  au monde doué de potentialités cristallisables infinies, c’est-à-dire au monde virtuellement cristallisable.

Et c’est l’ensemble qui fait germe milieu, le germe étant le vert rubis et le milieu passant de son état amorphe à son état cristallin. Le germe cette fois-ci aura ensemencé le milieu, il est vrai au prix d’une catastrophe. Le flamboiement universel de la fabrique.

Et ce qui est ouvert ainsi dans l’œuvre d’Herzog, j’ai peur qu’on en retrouve -c’est pas qu’ils se ressemblent ces auteurs- qu’on en retrouve un équivalent et c’est pas étonnant, dans le cinéma russe, mais un équivalent fermé. Un équivalent sombre alors que c’est éclatant chez Herzog.

En passant chez les russes, ça devient...Evidemment ça devient moins...Moins...Ça se referme. Car s’il y a un auteur, s’il y a un soviétique, un auteur russe actuel qui manie l’image cristal ça me paraît être Tarkovski. Mais chez Tarkovski, ahh...Ça va pas de soi. Je veux dire ça va de soi que c’est de l’image cristal. Prenez Le miroir, un film comme Le miroir est fait d’un cristal tournant, un cristal tournant que vous pouvez à votre choix tantôt/tantôt saisir comme à deux faces ou à quatre faces. Biface ou quadriface.

-  Biface c’est les deux femmes, la mère du héros et la femme du héros. Le héros , lui, est en hors-champ. Il n’y a que deux faces.
-  Mais aussi c’est un cristal à quatre faces, si vous faites intervenir les deux couples : la mère du héros et l’enfant que le héros a été, la femme du héros et l’enfant que le héros a de cette femme.

Et c’est à peine un cristal solide. Même dans les maisons, ça sue l’humidité chez Tarkovski. Et les belles images de la femme qui se lave les cheveux contre un mur qui est complètement dégoulinant. Il pleut toujours dans les maisons, tout ça... C’est du cristal mais à peine dégagé de son état liquide. Et ce cristal se tient comme un germe, dans un milieu. Seulement Herzog est presque optimiste puisque Herzog a la vision d’un univers qui cristallise. Tarkovski n’arrive pas à y croire et de son cristal personnel à quatre têtes : la mère, l’enfant qu’il a été, la femme, l’enfant qu’il a, le cristal tournant qui se tourne en tous les points de l’horizon, pour interroger le milieu pour poser quelle question au milieu ? Pour poser au milieu la question : Qu’est-ce que la Russie ? Qu’est-ce que la Russie ? Qu’est-ce que la Russie ? Question qu’il faut comprendre comme question évidemment métaphysique, en quoi nous sommes encore métaphysiciens, qu’est-ce que la Russie ? Et quelle sera la réponse ? Il n’y aura pas de réponse parce que la question voudra dire quel buisson ardent -thème du buisson ardent perpétuel chez Tarkovsky- quel feu serait capable d’étancher cette terre humide ? Pas du tout une vision liquide pesante. Les cristaux sont des cristaux liquides, et ça se referme. Ça se referme. Pensez à la fin de Solaris, tout ça c’est toujours cette interrogation sur le milieu : le milieu ne cristallisera pas il est trop liquide pour ça. Qu’est-ce que la Russie ? Qu’est-ce que la Russie ? C’est une question...Pour Tarkovski c’est une question métaphysique comme pour tous les russes. Les russes sont les seuls à avoir érigé la question de leur pays en question métaphysique. C’est déjà dans Dostoïevski : qu’est-ce que la Russie comme question métaphysique. En France on imagine mal un auteur français se demandant qu’est-ce que la France au sens d’une question métaphysique (rires) parce que ça fait rigoler tout le monde. Mais en Russie ça paraît tout à fait normal à tout le monde. C’est la question métaphysique par excellence : qu’est-ce que la Russie pour eux. C’est curieux..Oui mais...voilà ça revient à dire quoi ?

Ben vous voyez c’est ce qu’on vient d’introduire -si vous vous rappelez tout ce qu’on a fait sur les espaces déconnectés, les espaces vides, il faut y joindre...On a pas fini puisque j’avais annoncé des espaces probabilitaires. Des espaces comme topologiques, qui ne sont pas des notions scientifiques. Encore une fois j’insiste là-dessus, j’applique pas de la science à de l’esthétique, çe serait stupide.

Encore une fois voyez la méthode...Quand je parlais d’espaces riemanniens, ça voulait dire quoi ? Je faisais, suivant la méthode que je vous proposais, j’extrais d’un opérateur scientifique, il y a des opérateurs riemanniens qui définissent un espace scientifique. Bon. On va pas se mêler de ça parce qu’à ce moment-là on ferait des mathématiques, j’en serai pas capable de m’en mêler. J’extrais un caractère dont je demande juste évidemmment est-ce que c’est pas un contresens. Mais c’est même pas un mathématicien qui pourra me le dire. Et puis ils sont très gentils les mathématiciens, ils me diront c’est pas un contresens non, ça nous intéresse pas en tant que mathématiciens, mais c’est pas un contresens.

Alors je dis un espace riemannien le caractère que j’en extrais pour la philosophie c’est : un espace dont le raccordement des parties n’est pas déterminé, n’est pas pré-déterminé, c’est-à-dire : un espace dont les parties, se raccordent de proche en proche mais peuvent être raccordées d’une infinité de manières. Bon. Là je fais pas des mathématiques. Je peux dire appelons ça par convention espace riemannien. Parce que c’est le cas auquel renvoie un certain nombre d’opérateurs riemanniens. Du coup, si je les trouve en art, ce sera pas parce que les artistes appliquent des formules mathématiques de Riemann. Je constaterais que par exemple le cinéma produit des espaces très particuliers, par ses moyens propres, espaces dont les parties ne sont pas raccordées. Ou dont les parties peuvent être raccordées de multiples façons.

J’ai essayé de le montrer les autres années, par exemple : l’espace de Bresson. Où le raccordement se fait de proche en proche et n’est pas pré-déterminé. Je dirais très bien, c’est l’équivalent esthétiquement d’un espace riemannien. Indépendamment de ceci à savoir si Bresson sait ce que c’est un espace riemannien, ça se pose même pas. Qu’il y ait des espaces probabilitaires par exemple chez Resnais ça paraît évident. Je vais pas dire que Resnais applique des calculs de probabilité pour faire des films. Qu’il y ait des espaces qu’il faudra appeler amorphes, en un sens très particulier à savoir les espaces vides, et les espaces fondamentalement, essentiellement vides on l’a vu chez Ozu, chez Antonioni. C’est pas non plus qu’ils appliquent, c’est avec leurs moyens à eux en tant qu’artistes qu’ils produisent des espaces qui ont ce caractère conceptuel. Et encore une fois si on se demande quel est le rôle de la main chez Bresson, pourquoi est-ce que...C’est l’originalité de Bresson parce que des espaces déconnectés, des espaces dont les parties ne sont pas connectées d’une manière univoque, encore une fois on trouve ça chez toute sorte de types aujourd’hui. C’est une constante du cinéma moderne. Ce qui me paraît propre à Bresson c’est l’idée de la main. A savoir que les connexions de l’espace seront tactiles et que c’est la main qui va raccorder les portions d’espaces de proche en proche. Donc c’est pas une main préhensive, c’est très bizarrement une main constitutive d’espace et c’est pour ça que le cinéma de Bresson est tactile et entièrement tactile. Et c’est pour ça que les gros-plans chez Bresson, c’est pas des gros plans de visage, c’est des gros plans de mains. Il y a que la main qui raccorde les morceaux espaces.

Bon. Chez Ozu ce sont des espaces vides, là on peut en rajouter, les milieux cristallisés. Les milieux cristallisés là aussi, chez un certain nombre d’auteurs apparaissent avec cette fonction.

Alors si vous m’accordez toute cette histoire de l’image-cristal, je dis on a vu une image-cristal fondée sur trois ou quatre axes. Trois, si vous vous contentez des miens, quatre si vous y joignez celui de Jouanni concernant la lumière et la couleur, une fois dit que son autre axe, l’espace, je pense qu’il coincide avec le mien, milieu. Donc milieux cristallisés, donc tout va bien. Et puis ce que vous pouvez faire chacun c’est rajouter d’autres axes, trouver d’autres trucs que le bateau, que le cirque, que le bateau. Bon, on aurait un dernier problème. Qui est...Bon très bien. Mais ça ça définit les axes. Presque les éléments du cristal. Je dirai les grands éléments du cristal sont actuel / virtuel, limpide / opaque, germe / milieu. Il y aurait une dernière étude à faire, très différente. Les états de cristaux. Tout état de cristal réunit chacun tous ces éléments. Mais il y a des états cristallins très différents, suivant la manière dont ces éléments sont réunis.

Vous voulez un petit repos ? Oui ? Alors pas longtemps ? Vous sortez et vous revenez sinon alors je...

Reprise

Alors je précise que donc par excès de conscience professionnelle je ferai encore deux cours. Oui voilà, donc entre aujourd’hui et les deux autres fois, vous me donnez, ceux qui veulent l’U.V., vous me donnez les petites fiches vertes. Les petites fiches vertes, l’heure est venue.

Bon alors vous comprenez on atteint heureusement, on en a pour deux fois et quart, on atteint notre dernier problème de l’année. Mais notre dernier problème de l’année on est tellement avancés dedans que je me demande si on ne pourrait pas raccourcir d’un cours maintenant. Car, une fois donnés les axes de l’image-cristal, nous savons ce que nous voyons dans l’image-cristal et comme on vient de me le rappeler très justement, tout ça fait bien partie d’un monde où l’image-mouvement s’est écroulée. C’est-à-dire où le cinéma a cessé d’être un cinéma d’action pour devenir un cinéma de voyant. Car on agit pas dans le cristal. On peut beaucoup bouger, se remuer dans le cristal, il se passe plein de choses dans le cristal mais on agit pas dans le cristal. On agit dans les milieux réels, on agit pas dans les milieux cristallins. En revanche ce qu’on fait dans le cristal et ça vaut bien agir, c’est voir. On voit. Et c’est ce cinéma de voyant, là en un sens très simple parfois et là quelqu’un me rappelait que en effet cœur ( ?) de verre est sous le signe de l’hypnose, mais c’est pas le seul cas, c’est pas le seul cas où l’hypnose interviendra puisque par exemple l’hypnose est un thème en en un sens très différent de chez Resnais, euh de chez Herzog, l’hypnose est aussi un grand thème chez Resnais. C’est un cinéma de visionnaires.

Or s’il est vrai qu’on voit dans l’image-cristal, alors qu’on agit dans l’image mouvement qu’est-ce que qu’on voit ? Notre réponse elle est...Vous la savez dès le début puisque tout était centré la-dessus depuis le début : on voit l’image temps directe. Donc on confondra pas l’image-cristal avec l’image temps. L’image cristal c’est des organisations paradoxales d’espaces . C’est-à-dire, il me semble, il faudrait dire, l’image cristal c’est encore de l’espace que ce soit les ima....Les espaces déconnectés, les espaces vides, les milieux cristallisés tout ça. C’est encore de l’espace mais voilà c’est des espaces mais qui contrairement à l’espace euclidien ont des caractères qui ne s’expliquent plus spatialement. Qui ont besoin de faire intervenir d’autres facteurs que l’espace, pour rendre compte de leurs caractères spatiaux. Si bien que...On revient toujours à notre formule, de l’image-mouvement découle une image indirecte du temps. Mais en revanche, dans l’image optique et sonore pure, dans l’image cristal, on voit une image temps directe. C’est la présentation directe du temps par opposition à la représentation indirecte du temps. A l’image-mouvement correspond une représentation indirecte du temps. A l’image optique et sonore pure, ou à l’image-cristal, puisque l’image- cristal est le développement des images optiques et sonores pures, à l’image-cristal correspond un présentation directe du temps, c’est ça qu’on voit dans le cristal et sous quelle forme le voit-on ? Je récapitule : nous avons notre réponse. Il y a pas lieu de revenir là-dessus c’est Bergson qui nous l’a donnée, il nous a donné en tout cas le point de départ.

Ce que nous voyons c’est le temps dans son fondement même. C’est-à-dire le temps en tant que à chaque instant il se différencie en deux jets dissymétriques, les présents qui passent et tendent vers l’avenir, les passés qui se conservent, en même temps. Le passé n’est pas après le présent, le passé ne survient pas après le présent, il en est coexistant. Si bien que le temps se divise à chaque instant. En présent qui passe et en passé qui se conserve. Le passé ne se conserve pas dans notre tête, il se conserve dans le temps lui-même. Le temps n’est pas le mouvement de la perdition du passé ou la destruction du passé.

Coupure du son ...Entre guillemets parce que ce n’est pas un mouvement. Cet élan qui se divise en deux jets dissymétriques et qui fait passer, qui d’un côté fait passer tous les présents et d’un autre côté simultanément, conserve tout le passé. Voilà ce qu’on voit dans le cristal. Si bien qu’il faudrait une très rapide revue des états du cristal avant par rapport à...C’est comme si j’avais deux, deux apsects contemporains du temps. L’aspect sous lequel tous les présents passent, l’aspect sous lequel tout le passé se conserve. Et là..Et la scission de ces deux aspects ne va jamais jusqu’au bout et on sait pourquoi elle ne va jamais jusqu’au bout : elle va jamais jusqu’au bout puisque à chaque fois c’est réinjecté dans le circuit actuel / virtuel. Donc c’est une tendance, c’est un dédoublement qui n’en finit jamais de se faire. Qui, Bergson dira c’est un dédoublement qui n’aboutit pas ou qui aboutit dans des circonstances exceptionnelles il faudra voir lesquelles. Donc tout ça est limpide. Si bien que ce qu’il faudrait faire aujourd’hui mais je voudrai là alors aller très très vite, c’est comme voir ces états de cristal. Pour que la prochaine fois on soit en mesure d’attaquer directement les deux prochaines fois, les deux dernières fois, l’image-directe du temps. On retrouverait comme cela les puissances du faux. Parce qu’il est évident que l’image du temps c’est la puissance du faux. Et on serait bien contents puisqu’on aurait fini notre année. Je dis, moi j’imagine...là aussi vous pouvez faire votre liste. Moi j’imagine quatre états du cristal. Alors il faut que ça marche, il faut que ça marche à tout prix, à tout prix pour moi ! Vous vous pouvez en faire d’autres états alors il vous faudra faire d’autres exemples. Ou d’autres recherches.

Moi je vois quatre états du cristal.

-  Il y a un cristal parfait il n’existe pas, aucune importance, nous parlons de concepts. Un cristal achevé on l’a vu il n’y a pas de cristal achevé puisque le cristal est toujours la limite d’un germe cristallin et d’un milieu à cristalliser. Il y a que des cristaux arrêtés dans leur dévelopement. Mais on peut forger le concept idéal, l’idéalité du cristal c’est un cristal achevé, c’est un cristal parfait.

-  Deuxième état du cristal c’est un cristal qui a des défauts, Jouanni vient d’en parler alors là c’est là que je me servirai de ce que Jouanni a dit. Si on pense au diamant c’est ce qu’on appelle d’un mot bien joli par exemple, le crapaud. Dans un diamant, comme une espèce que fêlure au fond du diamant. Un petit étoilement, l’étoilement d’une cassure. Ça c’est le deuxième état du cristal, cristal fêlé, cristal crapaud.

-  Troisième état du cristal, le cristal en formation. Voyez qu’il se distingue fort du cristal achevé puisque là il est uniquement saisi en fonction de ses germes. Et rapporté à ses germes.

-  Puis un quatrième état du cristal : le cristal en décomposition, il me semble que j’en vois pas d’autre.

Alors on se dirait bon. Voyez ça doit....Si on trouve pas d’exemples évidents voyez que ça marche pas très bien et si on trouve des exemples c’est que c’est autre chose que des exemples. C’est qu’on l’avait déjà dans la tête avant de former ces quatre états de cristal. Alors moi je dirai pour aller très vite, là c’est pour, là je ne parle plus que de cinéma c’est pour la fin de cette séance, on retrouvera le...Qu’est-ce qui se passe ? Parmi les auteurs qui justement s’occupent de choses voisines du cirque, puisqu’on a retenu le cirque comme un cas particulier, comme un lieu cristallin par excellence. L’image cristal d’auteurs j’en vois un premier c’est Ophüls. Bon Ophüls parfait qu’est-ce que c’est ? Ça me paraît évident, lui il fait des images cristal qui renvoient à des cristaux parfaits. C’est gelé, c’est froid, c’est parfait. Je dis n’importe quoi, c’est comme ça des impressions. Qu’est-ce qui nous montre que c’est un cristal parfait ? On y entre pas et on en sort pas. C’est un peu en littérature mon équivalent je dirai c’est Raymond Roussel. Des impressions d’Afrique. Des personnages qui exécutent leurs prouesses dans des cages de verre. Et dans le cristal parfait il ne peut y avoir que un mouvement. Le circuit, c’est-à-dire la ronde. Et il n’y a pas de en-dehors, il n’y a pas de milieu. Dans le cristal parfait il n’y a plus de milieu. Il y a de milieu que par rapport au germe. Dans un cristal supposé parfait il n’y a plus de milieu, le milieu est intérieur. Le milieu est intérieur au cristal il n’y en a pas d’autre. Comme on a pu dire d’Ophüls, il n’y a pas d’extérieur du décor chez Ophüls, il n’y a que un envers du décor. Et l’envers du décor il ramasse les morts. Les vivants s’agitent dans le cristal. L’envers du décor c’est ceux qui meurent et les vivants sont réinjectés dans le cristal. Réinjection perpétuelle du ( ?) dans le cristal, rappelez vous dans La ronde, l’épisode très beau du vieillard masqué qui danse, qui danse dans le cristal. Il meurt, le médecin le ramène chez lui, défait le masque, avec cette image splendide, défait le masque, on s’aperçoit que ce masque figé de jeune homme cache un vieillard infect et le médecin ne pense qu’à une chose, recourir au le bal et rentrer dans la ronde, il est réinjecté dans la ronde. Lola Montès, les images moi qui m’émeuvent le plus dans Lola Montès c’est quand Monsieur Loyal qui a avec Lola ce rapport très bizarre d’exploitation sans pitié et d’amour, ne cesse de réinjecter sur scène Lola Montès qui, à la fois ivre et fiévreuse ayant bu et ayant la grippe n’en peut plus. Et il a des apartés familiers du type : Lola, ça va ? Lola ça va ? Et il la réinjecte dans le circuit. Bon. Je pourrai parler des valses, des fameuses valses d’Ophüls qui vont tout à fait dans ce sens et dans cette figure de la ronde, précisément. La seule chose qui puisse se passer : je pourrai invoquer tout Madame De...et notamment le rôle des boucles d’oreilles, du circuit des boucles d’oreilles qu’il y a dans Madame De..etc...Pour fonder cette idée du cinéma d’Ophüls comme état du cristal parfait.

Si bien qu’il n’y a pas de sortie, les deux aspects du temps, le présent qui passe et le passé qui se conserve, font la ronde dans la piste du cirque voir Lola Montès. Tous les anciens présents de Lola ses amours princières, ses amours royales, ses richesses etc... Tendaient déjà vers le cirque comme vers leur but final. Et le cirque les recueille et les conserve tous comme autant d’images virtuelles. Donc voilà bon .

Pour aller plus vite je me dis un pas de plus. C’est très bien ça, je dis pas que ce soit mieux c’est vous, vous voyez à quel état du cristal vous appartenez, dans lequel vous vous reconnaissez le mieux.

Je me dis un pas de plus, supposons que le cristal soit fêlé ça veut dire quoi ? Ça veut dire que d’une manière ou d’une autre il y a bien tout ça, tout se passe dans le cristal mais de telle manière que quelque chose au moins risque d’en fuir. Et d’en fuir par le fond. Il y a bien la ronde dans le cristal mais elle se défait. Et elle se défait en quoi ? Elle se transforme en galop, pour revenir aux histoires qu’on avait vu précedemment, ritournelle et galop. Voilà que la ritournelle, la ronde, va donner lieu à un galop. Qui s’engouffre dans le fond du cristal et qui s’enfuit. En d’autres termes : les passés qui se conservent, là ça nous intéresse quant à l’image future du temps, les passés qui se conservent resteront dans le cristal, inutiles, vains. Tandis que les présents qui passent vont prendre un galop qui va les faire sortir du cristal et créer un avenir, et créer une nouvelle réalité hors du cristal. C’est comme si dans le cristal les personnages avaient essayé des rôles. Et que à l’issue de ces rôles : ou bien ils resteront dans le cristal parce qu’ils auront raté, ou bien ils fileront dans la fêlure du cristal parce qu’ils auront réussi et qu’ils auront trouvé leur véritable rôle. On retrouverait tout le thème de l’acteur à un autre niveau. Etre acteur c’est essayer des rôles jusqu’à ce qu’on trouve le bon. Et le bon c’est celui où on est plus acteur. Qui ce serait ça ? Vous l’avez reconnu bien sûr. Il me semble que ça répond exactement à Renoir.

Renoir c’est les images cristal d’un type très particulier. Renoir, Renoir, Renoir, en littérature il a rapport avec qui ? en littérature il aurait rapport avec Maupassant. Hélas il a voulu faire du Zola, mais pour Zola ça marche pas. C’est pourquoi La Bête humaine n’est pas un très très bon film de Renoir, mais enfin c’est mieux qu’un mauvais film, mais c’est pas dans l’élément Zola que...Alors qu’est-ce que c’était que l’élément Maupassant ? On pourrait dire qu’au XIXème siècle vous savez le roman français il a conquis quelque chose de stupéfiant. Il a fait une espèce d’unité avec la poésie. Fantastique parce qu’il a pris comme, et il a su faire de la strophe l’élément romanesque de base. Ça c’est un des coups de génie de Flaubert. Et tout ce qu’on dit, et tout ce que Proust -à commencer par lui- a dit de si beau sur l’imparfait chez Flaubert et le rôle de l’imparfait chez Flaubert il me semble doit se comprendre à partir de cette découverte fantastique. Avoir introduit la strophe dans le roman. Si bien avoir atteint une espèce d’identité du roman et de la poésie. Seulement les strophes de Flaubert si c’est vrai que Flaubert, Maupassant, Zola, composent par strophes, c’est ça leur véritable unité d’écriture et que c’est splendide, c’est pas le même type de strophes chez les trois. Là j’ai pas le temps parce que...Je dis juste pour Maupassant, quelque chose qui n’est pas du tout dans Flaubert. La solution de Maupassant et c’est sûrement pas la meilleure, c’est pas le plus grand des trois, sa solution à lui, moi, je crois c’est que sa strophe, elle est construite - c’est pour ça que l’imparfait chez Flaubert c’est pas la même chose que l’imparfait chez Zola et c’est pas du tout la même chose que l’imparfait chez Maupassant - c’est très marrant, Maupassant, moi tel que je le vois c’est ...La strophe commence comme une espèce de description en monologue intérieur de quelqu’un qui voit quelque chose derrière une vitre. Une vitre le sépare, et toute la strophe de Maupassant c’est comme si la vitre se dégelait et devenait de l’eau vive, de l’eau vive sur laquelle quelque chose se passe. L’enchaînement description-narration chez Maupassant se fait d’une manière très particulière. Description comme à travers une vitre, narration au fil de l’eau, et les deux s’unissent merveilleusement dans l’art de Maupassant parce que c’est comme si la vitre s’était liquéfiée et était devenue cours d’eau.

Or chez Renoir, moi, je crois qu’il a tout à fait ça. Les choses sont présentées comme à travers une vitre et elles se transforment insensiblement en narration sur cours d’eau. Je dirai la vitre, c’est le cristal, c’est l’image-cristal, mais il y a toujours une fêlure par laquelle se forme et passe un cours d’eau, un cours d’eau au galop qui entraîne les personnages qui seront sauvés. Les autres ils resteront derrière la vitre. Les autres ils resteront dans le cristal. Je pense à quoi ? Je pense qu’il y a un thème constant chez Renoir et dans son maniement d’acteur. On a beaucoup parlé, ceux qui n’aiment pas Renoir, ils critiquent toujours l’improvisation chez Renoir, la manière dont les acteurs ont l’air d’improviser, il y a pas de direction d’acteurs tout ça. Et évidemment Bazin a écrit des choses très belles là-dessus, en montrant que - et ce qui va de soi - que cette improvisation est parfaitement voulue par Renoir. Parce que chez lui l’acteur ne joue jamais un rôle. L’acteur joue un rôle qui consiste à jouer un autre rôle. Ce qui donne en effet une impression d’improvisation étonnante. Pour ceux qui se rappellent un peu : "la Règle du jeu". Carette joue un braconnier mais un braconnier qui joue à être maître d’hôtel, ça c’est du pur Renoir c’est pas du tout simplement un dédoublement de rôle, c’est bien plus, c’est bien plus malin que ça, c’est bien plus vivant dans l’esprit de Renoir. Si vous prenez "Boudu sauvé des eaux", Michel Simon joue le rôle d’un clochard. Mais un clochard qui s’efforce de jouer des rôles, les rôles que lui imposent le théâtre intime et les fantasmes du libraire et de la libraire. Alors, un acteur joue un rôle qui consiste à jouer d’autres rôles. C’est la grande mise à l’épreuve des rôles. C’est ce qui se passe dans le cristal, et qu’est-ce qui en sortira ? Il en sortira quelque chose si le personnage a trouvé son vrai rôle. Il en sortira dans un galop ou si vous préférez, ce qui revient au même, il en sortira au fil de l’eau. Quand Boudu en aura marre de jouer les fantasmes du libraire et de la libraire il se tire au fil de l’eau. Dans French cancan quand la petite a trouvé le rôle de sa vie elle revient sur scène et participe au galop final. C’est le galop qui entraîne les présents qui passent et qui va les sauver. Tandis que la ronde reste pour les rôles condamnés. La règle du jeu et évidemment la profondeur de champ -si présente dans La règle du jeu- est précisément la marque de la fêlure.De la fêlure qui est au fond. Tout est organisé dans une image cristal, sous forme de circuit. Il y a ou actuel et virtuel ne cessent de s’échanger. Image actuelle des hommes, image virtuelle des animaux chassés. Si vous vous rappelez la scène de la chasse. Image actuelle des hommes aussi ou des vivants, image virtuelle des automates collectionnés dans...Et fascination de Renoir pour les automates. Image acuelle des maîtres, image virtuelle des domestiques. Image actuelle des domestiques, image virtuelle des maîtres. Tout un système de rimes qui s’échelonnent en profondeur de champ. Bon. Toute "La Règle du jeu" est fondée là-dessus. Et puis il y a une question. Truffaut pose la question alors et c’est stupéfiant à quel point il y répond mal. Là je suis sûr...Truffaut dit : « Qui est-ce qui ne joue pas la règle du jeu ? » Je crois que la question est bonne il y a quelqu’un qui ne joue pas la règle du jeu. Mais lui répond, c’est l’aviateur. Pour ceux qui se rappelent le film, c’est idiot, cette réponse, enfin c’est idiot...c’est pas raisonnable ! L’aviateur il est complètement dans la règle du jeu. Quand la femme lui dit : « Aller, enlève-moi, partons ». L’aviateur lui dit il faut d’abord que je te présente à ma mère c’est dire qu’il est complètement dans la règle du jeu : il refuse l’évasion, il reste dans l’image-cristal, il continue la ronde, il est complètement dans le coup lui. Il n’y en a qu’un et le seul qui ne suit pas la règle du jeu c’est celui qui n’est ni dehors ni dedans, ni maître ni domestique à savoir le garde-chasse. C’est le seul qui soit interdit de château. Les autres ou bien sont des patrons, ou bien des domestiques. Il y a que le garde-chasse qui n’est ni patron ni domestique, c’est le seul qui ait pas le droit d’entrer dans le château, et c’est le seul qui foutra des coups de fusil. C’est-à-dire qui fera fuir le cristal, qui fera éclater le cristal. Alors là c’est par violence. Quand Renoir est pessimiste c’est par violence. Mais Renoir a un tempérament très optimiste, très optimiste politiquement et individuellement. Et il pense que l’image-cristal c’est la sélection des rôles pour que au moins un petit nombre de personnes trouvent leur vrai rôle c’est-à-dire le rôle de leur vie. Comme il est dit dans" Camilla", dans "le Carosse d’or", comme il est dit...Où commence le théâtre, où commence la vie ? C’est la question de Renoir : où commence le théatre où commence la vie ? Et ça veut dire quelque chose de très précis. Tant que vous serez dans le cristal, vous agiterez des rôles de théâtre. Et puis voilà. Ce sera bien, ce sera pas bien, plus ou moins bien, mais vous serez faits d’avance. Seulement ça a une utilité. A force de brasser des rôles, à force d’être un braconnier qui veut jouer au maître d’hôtel, voilà vous finirez peut-être par trouver votre rôle. Et quand vous aurez trouvé votre rôle, vous filerez sur l’eau courante. Vous jouerez plus un rôle, vous serez déjà sortis du cristal. C’est ça il me semble l’idée fondamentale de Renoir. Elle est très belle parce que c’est pas une idée théorique. C’est une idée qui ne fait qu’un avec la construction de son œuvre.

Alors bon je dirai -je vais là vraiment très très vite il faudrait de longues analyses à chaque fois - si vous prenez l’admirable Fleuve, un des plus grands Renoir c’est évident. Autour du kiosque hindou les trois jeunes filles essaient leurs rôles. Bien plus, les gosses essaient leurs rôles. Le petit frère essaie son rôle de charmeur de serpents et il en meurt puisqu’il se fait piquer. Et puis il y a la petite fille avec ses grandes dents là, une vraie petite anglaise, elle est parfaite, elle essaie le rôle de son premier amour. Et puis bon quand le petit frère est mort c’est une chose bon. Elle a envie de se suicider parce qu’elle se sent responsable. Et puis non, elle va vers le fleuve - là très belles images du fleuve. Alors que le kiosque c’était voir la vie à travers une vitre, c’est devenu le fleuve. Harriet sera sauvée : elle a trouvé son rôle. Elle a trouvé son rôle tout en abandonnant le rôle de son premier amour. Bon. C’est ça Renoir, enfin c’est ça, une partie de Renoir. Si bien que l’action pourrait sauter lui met des crapauds partout dans le cristal. Il faut qu’il y ait un crapaud, au besoin un garde-chasse qui tire dans l’image-cristal. Ou bien l’eau courante qui passe à travers le cristal. C’est le salut. Si bien que pour lui des deux jets du temps le passé qui se conserve est condamné, il restera dans le cristal et se confondra avec les rôles épuisés et morts, avec les carapaces de rôles, et le présent qui passe sortira du cristal pour créer la vie. D’où sa conception de la Révolution française politiquement ou du Front Populaire politiquement.

Voilà bon et on passe bon. Je dirai les germes qui c’est ? C’est Fellini. Fellini il a fait un coup formidable. Chez lui il s’agit plus de sortir du cristal, comme chez Renoir on sort plus. Mais c’est pas non plus comme chez Ophüls, un cristal achevé. Chez Fellini il a une question géniale. Mais vous comprenez c’est pas des problèmes abstraits ça ! Pour faire une œuvre il faut avoir un souci à soi, même que les autres disent : mais tu es fou ! Qu’est-ce que c’est que ce souci-là que tu as ? Et puis il faut y tenir à ce souci il faut dire : j’ai raison j’ai raison j’ai raison ! Eh bien l’idée géniale de Fellini, et il a mis du temps pour s’en rendre compte, c’est : le seul problème c’est comment entrer. C’est pas comment rester ni comment en sortir c’est comment entrer. Comment entrer dans quelque chose. Si vous la poussez assez loin cette idée, mais comment que je peux entrer, sous-entendu dans le cristal ? Il y a que des entrées, comment entrer dans quoi ? Pas de réponse, il y a que des entrées. Qu’est-ce que c’est que le cristal ? C’est l’ensemble de ses germes. Qu’est-ce que c’est que l’ensemble des germes ? C’est l’ensemble des entrées. Le cristal c’est la transversale de toutes les entrées. Il y a que les entrées qui paient. Comme on dit il y a que les entrées de payantes. Et un film de Fellini c’est fait comment ? Il a tout fini quand il a juxtaposé toutes les entrées possibles. Il a fini. Comme il dit : on lui dit jusqu’à quand ça va a durer ce film ? Il dit tant qu’il y aura de l’argent le film durera. Mais l’argent c’est l’envers du cristal. Ben oui ! Tant qu’il y aura des entrées payantes, à enchaîner, il y aura du film. On lui coupe ses crédits ben il arrête d’entrer. Tout simple. D’où ce qu’a très bien dégagé un critique qui s’appelle (nom incompris) la structure -ce qu’il appelle la structure alvéolaire dans le films de...- Les niches, les niches successives, la structure alvéolaire type Le satyricon qui montre assez que il y a que des entrées. Qu’il y ait que des entrées j’en donne très rapidement deux, trois exemples typiques : Huit et demie mais ça vaut pour tout le cinéma de Fellini, à partir d’une certaine époque, encore une fois il l’a pas trouvé tout de suite. Une idée comme ça vous comprenez on en a pour la vie. Ça suffit à faire une oeuvre une idée comme ça et quand je le dis ça paraît complètement plat mais lui quand c’est œuvre d’art ben c’est œuvre d’art. C’est réussi.

"Huit et demi", "Les clowns", "Roma". Roma c’est quoi ? Mais à la lettre on verra jamais Rome on verra la liste, selon Fellini, de toutes les manières d’entrer dans Rome. Alors :
-  Entrée historique : on peut entrer dans Rome par l’histoire.

-  Entrée archéologique : on peut entrer dans Rome par les fresques.

-  Entrée urbaine : on peut entrer à Rome par le périphérique.

-  Entrée mémorielle : on peut entrer dans Rome par des souvenirs d’enfance.

Parfois deux entrées se mélangent. Le passage du Rubicon : entrée historique dans Rome est présentée sous forme du petit ruisselet ridicule que un collège mené par un curé franchit. Souvenir d’enfance. Deux entrées se sont contaminées. Il y a l’entrée par le périphérique, l’entrée par les fresques, l’entrée par tout ce que vous voulez. Et le film "Roma" est fait de l’enfilement de toutes ces entrées. La transversale de toutes ces entrées va être Rome. Rome C’est la transversale de toutes les entrées dans Rome, et de toutes les manières d’entrer dans Rome. Le cristal n’est plus que l’ensemble de ses germes ou l’ordination de ses germes, la mise en ordre de ses germes. Simplement ce qui est très important pour nous, c’est que toutes les entrées ne se valent pas. Mais on peut pas savoir d’avance. Il y en a qui ratent. Merveille pour nous, il y en a qui se révèlent limpides, il y en a qui s’obscurcissent et deviennent opaques : elles se ferment. L’entrée par les fresques : les fresques s’effacent, l’opacité tombe. Bon on verra je crois qu’il y a un autre cours. Tant pis on verra, on en est là et voilà bon.

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