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63- 22/05/1984 - 2
Gilles Deleuze - vérité et temps cours 63 du 22/05/1984 - 2 transcription : Catherine Gien Duthey ...entre l’image actuelle et l’image virtuelle, ce serait cette fois ci, un circuit entre le décor description et le mouvement de monde - par opposition avec l’enchainement des actuels dans les situations sensori-motrices. Est-ce que ça nous donne le virtuel ? est-ce que le mouvement de monde nous donne le virtuel cherché ? On a déjà vu, non hélas ! encore hélas ! il ne nous donne pas le virtuel cherché car le mouvement de monde est précisément l’actualisation du monde lui même, en tant que virtuel, l’actualisation, simplement, il faut ajouter : dans un espace-temps féérique ou psychotique. Fin de tout ça, on retombe à zéro ; quelle est l’image virtuelle avec laquelle notre image actuelle entre en coalescence ? Mais justement du fait qu’on repose la question tout a changé, et on dit bien forcément on s’était trompé de ( ?), c’est que, on a cherché de plus en plus large, on a cherché des circuits de plus en plus larges ; notre image actuelle, on a voulu qu’elle fasse un circuit avec des groupes d’images-souvenir, c’était déjà large, et puis avec des images-rêves, c’était encore plus large, et puis avec des images-monde, c’était encore plus large. Alors on se dit ben non, fallait prendre le chemin inverse car tous ces circuits relativement larges [elle peut pas fermer la porte ?] , tout ces circuits relativement larges, sur quoi est-ce qu’ils reposent ? Est-ce qu’ils auraient pas une base étroite ? Est-ce que, si vous reprenez mon schéma, est-ce qu’il y aurait pas là, un petit circuit minimum ? Si bien que j’aurais presque ça : image actuelle, image virtuelle. Si je trouvais, il faudrait que je trouve quelque chose qui fasse circuit avec l’image actuelle et qui n’ait pas plus d’extension que cette image actuelle. Donc, un tout petit circuit qui fonctionnerait comme pointe intérieure de tous les autres circuits. Voyez, qui serait comme la pointe intérieure de la toupie, la toupie qui tourne. Supposons une toupie qui ne cesse de s’agrandir, hein, une toupie conique, elle a des circuits de plus en plus larges qui tournent, mais la pointe qui tourne sur elle-même c’est le plus petit circuit, c’est ça qu’il nous faut - on se trompait, vous comprenez, on se trompait, on cherchait dans le plus large, alors que c’est dans le plus étroit qu’il fallait chercher. Dans le plus petit, seulement est-ce qu’il y a un plus petit ? Ben oui, il y a un plus petit. S’il y a un plus petit, vous comprenez, on la tient notre coalescence. On aura coalescence d’une image actuelle et d’une image virtuelle. Qu’est-ce qui nous donnera la preuve, je dirais mieux, la coalescence d’une image actuelle et d’une image virtuelle nous sera donnée lorsque nous pourrons dire : c’est la coalescence d’une image actuelle et de "son" image virtuelle. La sienne. Il faut que l’image virtuelle soit l’image virtuelle de cette image actuelle. J’aurai le minimum de circuit, j’aurai la base de tous les autres circuits, j’aurai le circuit minimum, le plus petit circuit du monde. Alors que j’allais chercher dans les grands circuits du monde. Il faut donc inverser la direction, mais il faut revenir, à ce que j’ai déjà entamé plusieurs fois - c’est là je veux regrouper, juste, parce que c’est indispensable - une seconde série de textes extraordinaires, de textes. Lorsque Bergson lance une question, vous pouvez entendre de manière objective ou subjective à la fois. - Objectivement, il demande, quand est-ce que le passé apparait ?
Est-ce que le passé apparait quand le présent n’est plus ?
Donc coexistence objective du présent et du passé, coexistence subjective de la perception et du souvenir, contemporanéité des deux. Ce qui revient à dire quoi ?
Donc vous voyez le thème de Bergson est très simple. Le souvenir (s) est strictement contemporain de la perception. Ou le passé est strictement contemporain du présent qu’il a été. Image actuelle, image virtuelle. Vous me direz, bon, si c’était vrai, on pourrait saisir ce souvenir du présent. Non, on peut pas . Il y a un souvenir du présent contemporain du présent lui-même. Pourquoi ma conscience ne pourrait pas le saisir ? Parce que par nature il est inutile, ça ne l’empêche pas d’exister ; combien de choses inutiles existent. La loi de la conscience c’est l’utile. Quand est-ce que j’ai besoin du passé ? Quand est-ce que j’ai besoin d’évoquer le passé ? La réponse bergsonienne est très simple : j’ai besoin d’évoquer le passé en fonction d’un nouveau présent. C’est toujours en fonction d’un nouveau présent et c’est en fonction des exigences d’un nouveau présent que j’ai besoin d’évoquer le passé. Mais j’ai jamais besoin - un présent étant donné, au moment où il est donné - d’évoquer le souvenir de ce présent. J’aurai besoin du souvenir de ce présent quand ce présent ne sera plus présent, quand il y aura un nouveau présent en fonction duquel, l’ancien présent, c’est-à-dire le souvenir, pourra me servir. Mais le souvenir contemporain du présent, il n’a pour moi aucun intérêt. Je veux dire, j’ai le souvenir de tout ce qui est présent, en même temps que c’est présent, ce souvenir du présent, il ne me sert pas, j’ai tout intérêt à le refouler. Je ne l’évoquerai que lorsque je serai sorti d’ici, si cette évocation me sert pour mon nouveau présent. Par exemple je rencontre quelqu’un, je dis : ah ben, oui, ce matin, il s’est passé ceci. Ca me sert en fonction d’un nouveau présent. Mais sur le moment, le passé qui est contemporain du présent n’offre pour moi aucun intérêt. Si bien que, je ne le saisis pas, il reste inconscient. Ce souvenir direct du présent, ce souvenir toujours contemporain du présent qu’il a été, reste inconscient. Il ne deviendra conscient que sous forme d’images-souvenir, en rapport avec un nouveau présent ultérieur. Sauf dans un cas : supposez une espèce de trouble, là aussi, parlons de pathologie. Une espèce de trouble pathologique qui fait que, je n’arrive plus exactement à m’adapter. Si c’est un raté de l’adaptation, là je vais saisir simultanément le présent en tant que présent et son propre souvenir contemporain. Je vais saisir la même chose comme perception et comme souvenir. Je vais saisir en même temps, la même chose comme présent et comme passé. Remarquez que c’est une preuve. Car s’il y a bien ces phénomènes même dans des données pathologiques, ces phénomènes ne pourront s’expliquer que dans la mesure où il y aura bien un souvenir contemporain du présent. Sinon ces états seront inexplicables. Or cet état est ( ?). Il est bien connu sous le nom je crois, de paramnésie. La paramnésie, qu’on appelle parfois sentiment de ‘déjà vu’ ou de ‘déjà vécu’, il faut juste comprendre ce que c’est. Ce n’est surtout pas une réminiscence. Quand on ne peut pas expliquer les phénomènes de paramnésie, on invoque une réminiscence, on essaye de les réduire à l’impression d’une familiarité. L’impression d’une familiarité bon, mais l’impression d’une familiarité, c’est comme un sentiment de ressemblance. Cette situation présente me dit quelque chose. Réminiscence. Qu’est-ce que ça me rappelle ? La paramnésie n’a strictement rien à voir avec ça. On peut dire c’est une différence de degré, ça veut rien dire une différence de degré. Il y a aussi une différence de degré seulement entre avoir des cheveux et être chauve. Ca empêche pas que d’un degré à l’autre il y a saut qualitatif, il y a transformation qualitative. La paramnésie c’est pas du tout le sentiment d’une familiarité. C’est la certitude d’avoir vécu le présent déjà dans ses moindres détails, dans chacune de ses particularités. C’est un phénomène de "croyance", on vit la même chose "comme en train d’être vécu" et "déjà vécu". Certains sujets, tout comme il y a des bons magnétiseurs ou pas - certains sujets sont doués pour la paramnésie. Certains sujets parfaitement normaux ont des expériences, tous on a des expériences de réminiscence , du type, "tiens, ça me dit quelque chose". La paramnésie dans sa différence de nature avec la réminiscence, c’est plus rare. Surtout que, elle dure parfois que un instant très très, que quelques secondes quoi. Vous êtes dans un jardin avec quatre personnes, tout à coup vous traverse la certitude que ce moment, que vous êtes en train de vivre, vous l’avez déjà vécu dans son moindre détail. Il y a une phrase d’un grand romancier russe qui s’appelle Biély que je trouve si belle que- je veux dire, c’est toujours, d’ailleurs on aura l’occasion d’en reparler - il dit à un moment : « Est-ce excitation de la membrane cérébrale... ou bien déficience du cervelet ? ». Je pense à ça, parce que, à cause de euh ( ?), ce qu’on nous annonçait comme étant l’avènement d’une pensée nerveuse, c’est-à-dire d’une nouvelle forme de l’excitation cérébrale se révèle la déficience du cervelet à l’état pur et c’est toujours le problème de l’image et sa caricature, on peut jamais s’en tirer, y a pas d’image nouvelle qui ne suscite ou parfois fois même précédée par ses caricatures. Alors pour la paramnésie, est-ce que c’est excitation de la membrane cérébrale ou déficience du cervelet, dans le cas de la pathologie, il faut avouer que, c’est même pas les psychoses qui présentent les cas de paramnésie, les vrais cas de paramnésie c’est ce qu’on appelle les processus de démence, il y a une espèce de démence qui est très intéressant, euh, c’est ce qu’on appelle les démences pré-séniles, notamment une maladie très très intéressante, euh, vous savez la démence, ça se distingue tout à fait de la psychose, puisque que vous savez la démence se définit par des processus de dégénérations nerveuses, quand il y a euh, y a toujours des processus de dégénération, déficience du cervelet quoi. Y a une maladie, la maladie de Picq, j’ai pas le temps de vous expliquer ce que c’est, euh, y sera toujours temps si vous l’avez, je crois hélas c’est ce qu’on appelle les démences pré-séniles puisque elles atteignent pas, c’est pas les même processus de dégénérescence que dans les démences séniles, que dans ce qu’on appelle vulgairement le ramolissement cérébral, non c’est pas les même régions nerveuses qui sont attaquées et je crois bien que - je voudrais pas faire de diffamation, je crois bien que le destin tragique de Rita Hayworth, c’est une maladie de Picq, c’est une démence pré-sénile, que là dans des conditions dramatiques, je crois hein. Et bien dans la maladie de Picq, il y a des phénomènes de paramnésie très très frappants ( ?), il a vécu tout ça, il a exactement vécu toutes ces positions, toutes ces situations. Alors, voyez que, dans la paramnésie, Bergson peut trouver une véritable épreuve cruciale pour un premier paradoxe fondamental du temps.
Je dirais si je résume ce paradoxe, quoi que vous fassiez vous pouvez pas échapper à la situation suivante, il faut que le passé coéxiste avec son propre présent.
Notre tort c’est que nous jugeons toujours le passé par rapport à un nouveau présent en fonction duquel il est passé.
Si nous dégagions cette autre dimension, nous nous apercevrions que le passé est strictement contemporain du présent qu’il a été. Ou que si vous préférez, que le souvenir est strictement contemporain de la perception. Le texte de Bergson est très beau, j’en lis un court passage... A condition que je le trouve : « Plus on y réfléchira, moins on comprendra que le souvenir [il dit beaucoup plus clairement que moi, j’aurais mieux fait de me tenir à ça là, de vous lire ça] Plus on y réfléchira, moins on comprendra que le souvenir puisse naître jamais, s’il ne se crée pas au fur et à mesure de la perception même. Ou le présent, ou bien le présent ne laisse aucune trace dans la mémoire ou c’est qu’il se dédouble à tout instant dans son jaillissement même, en deux jets dont l’un retombe vers le passé, tandis que l’autre s’élance vers l’avenir. » Bien, dans la seconde phrase il dit quelque chose d’un peu nouveau. Ca ne fait qu’un. S’il est vrai qu’il y a coexistence, contemporanéité de la perception et du souvenir, c’est-à-dire du passé et du présent que ce passé a été, si les deux sont contemporains, comment expliquer, il faut qu’à chaque instant, le temps se dédouble en deux jets dissymétriques, dont l’un s’élance vers l’avenir et dont l’autre tombe dans le passé. A ce moment là, la coexistence du présent et du passé, exprime directement cette différenciation du temps à chaque instant. Voyez que Bergson est en train de flanquer en l’air tous les schémas successifs du temps, tous les schémas du temps qui empruntent la forme de la succession, pour y substituer un mouvement de la différenciation ;
En d’autres termes, si je dis, le passé et le présent, le souvenir et la perception sont strictement contemporains, je dis : le souvenir, c’est l’image en miroir du présent.
Non, le souvenir c’est l’image en miroir de la perception ou si vous préférez, le passé c’est l’image en miroir du présent.
Est-ce que Bergson le dit ? heureusement il le dit. Il le dit lorsqu’il écrit. Voilà. (coupure)
..".Si d’une existence virtuelle, c’est écrit, virgule, d’une image en miroir". Point. « Tout moment de notre vie, tout moment de notre vie offre donc deux aspects, en même temps, il est actuel et virtuel, perception d’un côté et souvenir de l’autre.
Cette image en miroir, cette image virtuelle, vous me direz mais, mais c’est une image souvenir ! Non, c’est un souvenir pur. Peut être est-ce que ça devient plus clair ? c’est pas une image souvenir.
Elle deviendra une image souvenir par rapport à un nouveau présent. Mais par rapport au présent qu’elle a été ce n’est pas une image souvenir. Pourquoi ?
C’est une image purement virtuelle. Pourquoi c’est une image purement virtuelle, c’est pas une image en voie d’actualisation. En effet elle est le corrélat de l’image actuelle. Elle n’a pas à s’actualiser, puisqu’elle est l’un des deux côtés d’une image biface dont l’autre face est actuelle.
Elle est la face virtuelle d’une image dont l’autre face est actuelle. Elle a donc pas à s’actualiser. Elle s’actualisera, c’est-à-dire elle deviendra image-souvenir par rapport à un nouveau présent. Mais par rapport au présent qu’elle a été, elle n’est pas une image-souvenir, elle est une image en miroir, c’est-à-dire un souvenir pur. Elle n’a pas à s’actualiser.
Enfin, nous tenons notre réponse, nous tenons le début de notre réponse.
La coalescence se fait effectivement entre quoi et quoi ? entre une image actuelle et son image virtuelle. Et son image virtuelle qui ne se présente pas comme une image-souvenir, mais qui se présente comme une image en miroir.
Ca va jusque là ? Si ça va, vous êtes tout prêts à la relance. Ce que je viens de découvrir mais je pouvais pas le découvrir avant. Les grands circuits, vous voyez bien que mes grands circuits images- souvenir et même images- rêve et même images- monde, reposent tout entier sur ce petit circuit.
C’est qu’une toupie, tout ça est en déséquilibre absolu. Tout repose sur le petit circuit. Le petit circuit, le circuit minimum d’une image actuelle et de sa propre image virtuelle. Rien de plus. A une condition : c’est cette coalescence, il n’y a plus enchaînement d’actuels, il y a coalescence d’une image actuelle et de son image virtuelle.
Et pourquoi on appelle ça image-cristal ? J’appelle ça image-cristal à une seule condition,
A peine vous vous donnez ça, vous avez déjà un circuit. J’invoque Losey, on pourrait invoquer Ophuls aussi. Il y a des circuits, d’appareils, fameux circuits de 360° comme dit Losey à l’aide de miroirs. Il ajoute même il vaut mieux des miroirs vénitiens. Rappelez-vous Eva, dans "Le Servant", les miroirs. Bon, le circuit d’appareils 360° avec l’aide de miroirs, qu’est-ce que ça nous donne, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est que dès que vous avez votre consolidé hein, vous pouvez pas l’arrêter. A savoir l’image virtuelle capte le personnage actuel. L’image en miroir procède à une capture. Elle capte. Dans la mesure où elle capte le personnage actuel, elle devient actuelle. A une condition, c’est que le personnage actuel devienne virtuel et en effet il va être repoussé hors champ.
Ca se voit très bien lorsque les facettes - d’où mon appel aux miroirs vénitiens à travers Losey - lorsque les facettes se multiplient. Plus les facettes du miroir se multiplieront, plus l’actualité de l’image actuelle, plus l’actualité du personnage actuel passera dans les images virtuelles multipliées. Par exemple le même personnage actuel vu dans mille facettes à la fois. il y a un grand film expressionniste là-dessus : un couple où un équilibriste est vu dans les cent paires de jumelles des spectateurs. La multiplication des facettes de l’image virtuelle va la rendre de plus en plus apte à capter l’actuel en même temps que l’actuel va être rejeté hors champ, n’existera plus hors du miroir c’est-à-dire deviendra virtuel pour son compte. Il suffit de mettre deux miroirs face à face pour que le personnage actuel s’évanouisse, devienne virtuel alors que l’image en miroir s’empare de l’actualité. Cas célèbre, Citizen Kane. Cas encore plus célèbre : il suffit de multiplier les miroirs pour que les miroirs multipliés capturent toute l’image actuelle, l’actualité n’étant plus qu’une virtualité parmi d’autres et les personnages, les personnages actuels ne pourront récupérer leur actualité qu’en brisant tous les miroirs, en découvrant qu’ils étaient de tout temps l’un à côté de l’autre et en se tuant l’un l’autre. Scène célèbre de "La Dame de Shanghaï". Le peu que je dis là suffit peut être à nous faire sentir que chez Orson Welles, on trouvera toutes les figures de l’image-cristal. Bon, à peine on a défini, si vous voulez là, notre progression est relativement rigoureuse, à peine on a défini l’image-cristal par coalescence d’une image actuelle et de son image virtuelle, qu’on s’est trouvé lancé dans une première voie.
Voyez, premier degré, définition très générale, je dirais définition nominale de l’image-cristal :
- coalescence de l’image actuelle et de son image virtuelle.
Premier caractère qui en découle :
Bon, ma question est : et puis après ? Ca ne peut pas nous suffire, c’est là que je refais mon appel de la dernière fois, qu’est-ce qui va pouvoir se passer ? C’est-à-dire quels caractères on va pouvoir euh, est-ce qu’il y a quelque chose qui s’enchaîne avec ce premier état, cet échange actuel virtuel ? Ca nous suffit pas, vous sentez bien, ça peut pas, ça ne peut pas finir comme ça. Donc faut chercher, euh faut chercher d’autres choses.
Il y a deux couples qu’il ne faut pas confondre, qui faut pas confondre logiquement.
Je veux dire est fondamental, c’est pour ça que dans mon rêve aussi ça serait, mais je ne le ferais jamais, de faire un an un cours de terminologie. Euh ce serait des exercices pratiques de philosophie. Vous comprenez virtuel ne s’oppose pas à réel, virtuel s’oppose à actuel.
Ce qui s’oppose à réel c’est possible, voilà.
Le virtuel en tant que virtuel, c’est-à-dire non actualisé, peut être conçu comme ayant une pleine réalité. Je peux parler d’une réalité du virtuel en tant que tel, d’où par exemple une formule de Proust dans le plus pur français : « réels sans être actuels, réels sans être actuels, idéaux sans être abstraits ». Le virtuel a une réalité, il y a une réalité du virtuel. Comprenez ? Ca change tout je veux dire. Quand je dis l’image actuelle et son image virtuelle, l’ensemble est réel. Le virtuel n’est pas du tout un possible. Pour ça c’est une simple remarque de logique. Alors ? Evidemment ça commande énormément de choses parce que, dans les philosophes que vous connaissez, chez les penseurs que vous connaissez, vous pouvez vous demander. Là y a un choix aussi dans les genres de problèmes. Il y a ceux qui ont parié pour le couple possible/réel et pis il y a ceux qui ont parié pour le couple virtuel/actuel. Généralement les philosophes du couple virtuel/actuel font une critique de la notion de possible et disent le possible est une fausse notion. Donc là y a beaucoup de complications.
Mais pour le moment j’en reviens exactement où nous en sommes :
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