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57-13/03/1984 - 1

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Gilles Deleuze - vérité et temps cours 57 du 13/03/1984 - 1 transcription : Anita Lanfranconi

Mes cheveux ont blanchi plus... Vous êtes des malpolis, vous pouviez dire : "Non ! non ! mais non ! "... Enfin... Voilà... Au moins, vous vous rappelez : on étudie un renversement. Un renversement, c’est pas une affaire, mais c’est quelque chose quand même de très important. C’est lorsque, voilà, le temps fut longtemps défini -pour pas durcir les choses, il s’agit d’une inspiration-, fut longtemps défini ou plutôt il fut longtemps cherché, recherché, du côté d’un mouvement du monde ou du corps en général. Et quand je dis il ne faut pas durcir, bah, bien sûr, l’âme était déjà en question là dedans puisque l’âme, d’une certaine manière, elle renvoie a un corps, elle renvoie au monde, il y a une âme du monde il y a une âme du corps... c’est possible, évidemment tout ça... reste que le temps était cherché plutôt du côté du monde et du corps et, à ce moment-là, pouvait recevoir une définition, une approximation, à savoir, il serait la mesure ou le nombre de la quantité extensive ou du mouvement extensif du monde ou d’un corps en général. J’insiste là-dessus puisque, quand même, c’est notre thème fondamental de l’année que tout cela se rattache directement et même est le développement de ce qu’on a vu là, au premier trimestre, à savoir, une conception platonicienne de la vérité.

Et puis je disais : qu’est-ce qu’il se passe ? Et là, il se passe un moment très très important dans l’histoire de la pensée alors que nous on essaie -là, si vous voulez, ce que je voudrais essayer depuis de la dernière fois, c’est le rendre un peu vivant, ce moment très important. Ce moment qui se produit très tard, après Jésus Christ, mais dans l’ignorance complète du christianisme, qui se produit avec l’École d’Alexandrie, avec Plotin, à partir du IIIème siècle ap. J.-C [troisième siècle après Jésus Christ]. Et qui éclate... pas du tout qu’il n’était pas préparé avant, évidemment il a été préparé avant... -Et ce renversement, consistait en quoi ?
-  Le temps, il sera plus cherché du côté du monde ou d’un corps en général, il sera cherché du côté de l’âme -il sera cherché du côté de l’âme.

Bon, mais vous voyez, et c’est ça qui est important pour notre schéma, je dis d’avance qu’il reste subordonné au mouvement. Simplement, ce sera plus du tout le même mouvement. Au lieu d’être le nombre ou la mesure du mouvement extensif du monde ou d’un corps en général, il sera le nombre et la mesure - par là il restera subordonné au mouvement - mais il sera le nombre et la mesure du mouvement propre à l’âme, à savoir, le mouvement intensif de l’âme. Et il pourra y avoir tous les mélanges entre les deux, il pourra y avoir des compénétrations entre cette nouvelle conception bien plus, il pourra y avoir toutes sortes d’éléments préparant la nouvelle conception dans l’ancienne. Aussi, je disais tout à l’heure il faut pas durcir et puis il faut durcir les choses pour bien marquer que, même si c’était préparé, il y a quelque chose de tout à fait nouveau.

Ça n’empêche pas qu’on reste dans l’atmosphère complète de... le temps n’est saisi dans une image indirecte. Le temps n’est saisi, l’heure n’est pas encore venue, où la philosophie affrontera une image directe du temps. Et, je dis : mais ce renversement peut-être nous rapproche de cette heure où, voilà, que le temps va être le nombre ou la mesure du mouvement intensif de l’âme, voilà que le temps est une dépendance de l’âme et non du monde ou du corps en général. Ça implique que "nombre et mesure" changent le sens. En effet, le nombre et la mesure d’une quantité intensive ne peut pas être du même type que le nombre et la mesure d’une quantité extensive, c’est-à-dire du mouvement local. Il faudra trouver un autre sens, il faudra trouver une autre théorie du nombre, et là aussi elle pourra être préparée chez Platon - ça n’empêche pas. Non, c’est compliqué.

Et, alors, ce qu’on a vu la dernière fois, c’est que, en même temps, la même différence que, et les mêmes rapports aussi, mais la même différence que l’on peut faire -il me semble- entre l’École d’Alexandrie, c’est-à-dire le néoplatonisme, et Platon ou le platonisme, c’est la même qu’on peut faire, du point de vue de l’art, entre l’art byzantin et l’art grec. Et, ce qu’on a vu la dernière fois, c’était comme une introduction à cela, qui montre bien et que je résume très rapidement et qui portait sur quatre points fondamentaux : quatre points fondamentaux pour distinguer Platon et Plotin d’une part et aussi bien, l’art grec et l’art byzantin.

-  La première différence fondamentale concerne la forme, à savoir que chez Platon, d’une certaine manière aussi - si vous là aussi, si vous durcissez trop ça devient des... ça frôle le contresens, si vous mettez des nuances nécessaires, c’est exact, je crois - chez Platon, la forme est géométrique - alors, Dieu que je vais vite en disant ça - c’est-à-dire la forme est avant tout configuration rigide. Définie par quoi ? Qu’est-ce qui définit une configuration rigide ? C’est une intersection de plans. C’est des plans dans des rapports de parallélisme, de perpendicularité, d’intersection. La forme, elle est donc une configuration rigide définie par une intersection de plans c’est-à-dire par une répartition de positions privilégiées sur ces plans. Encore une fois : plan de l’écliptique, plan de l’Équateur, toute l’astronomie, toute l’astronomie géométrique. Avec Plotin - et pourtant souvent il empruntera et passera par le vocabulaire de Platon - c’est ça qui rend les choses fascinantes, quoi, qui fait que les textes doivent être interprétés, doivent être... chez Plotin, même quand il reprend les termes platoniciens, on sent [que] l’atmosphère est toute autre, c’est une autre atmosphère, c’est pas le même monde. C’est que, chez lui, la forme n’est plus une configuration rigide, la forme est avant tout une forme de lumière, c’est une figure de lumière. Et les figures rigides, ne sont que des conséquences des figures de lumière. Qu’est ce que ça veut dire ? Et à quel titre ? Et comment est-ce que des figures de lumière sortiront en dernier instant des figures rigides ? Les mathématiques, la géométrie deviennent subordonnées à toute une optique. Primat de la figure de lumière sur la figure rigide.

je fais une courte parenthèse, c’est pas tout à fait indifférent au cinéma, je veux dire je pense au texte du début du cinéma, au grand texte, par exemple au grand texte de Gance sur l’architecture lumineuse, c’est un thème qu’on retrouvera au début du XXème siècle : l’architecture des lumières. Bien plus, la version noire on la trouvera... il vient de paraître un très beau livre qu’il faut que vous lisiez, et je vous dirai une autre fois pourquoi il faut que vous le lisiez avant la fin de l’année, c’est le livre de Paul Virilio qui s’appelle... sur le rapport du cinéma avec la guerre, et qui s’appelle Logistique de la perception. Et Virilio rappelle que les nazis, à la fin de la guerre, quand déjà tout était détruit, quand Berlin était détruit, se lançaient dans des tentatives, c’est complètement de la folie tout ça, tout comme jusqu’au but ils enverront leurs trains des déportés etc, comme s’ils avaient encore le temps... Là, dans Berlin détruit, Berlin renaissait à lui, car le célèbre ministre nazi Speer reconstruisait un Berlin uniquement avec des faisceaux lumineux. C’était à la lettre une ville de lumière, c’est-à-dire les faisceaux de DCA étaient censés en même temps reconstruire des colonnes lumineuses, à la place de l’architecture détruite. Bon, alors en effet de Gance à cette version diabolique des nazis... ce thème qui en effet commence au début du XXème siècle et n’a pas fini l’idée d’une architecture de lumière, qui en fait n’est que reprise par les nazis, et s’il fallait chercher le lointain ancêtre, le lointain ancêtre de l’idée d’une architecture de lumière, avant d’être une architecture de pierre : c’est l’art byzantin, c’est la philosophie de Plotin. Ça, c’était le premier point, donc :
-  la substitution de la forme de lumière à la forme géométrique c’est-à-dire à la forme comme configuration rigide.

-  Deuxième trait, il concernait non plus la forme mais la profondeur, ce que les grecs appellent le bathos - b-a-t-h-o-s. Et je disais, dans une perspective platonicienne ou de Grèce classique, la profondeur est toujours contenue ou enveloppée, c’est-à dire elle est subordonnée. Elle est subordonnée à quoi ? Elle est subordonnée à la largeur et à la longueur. Le processus philosophique qu’on appelle division chez Platon - comment diviser un concept ? - est un processus qui se fait, selon les termes mêmes de Platon, en largeur et en longueur. Qu’est ce que ça veut dire : La largeur et la longueur enferment la profondeur, domestiquent la profondeur, se subordonnent la profondeur ? Les grecs de l’âge classique redoutent la profondeur. Et, en effet, ce qui va domestiquer la profondeur dans l’art grec, c’est quoi ? - c’est l’avant-plan. C’est l’avant-plan qui va être en effet le plan déterminant, le plan fondamental parce qu’il va déterminer les autres plans. Parce que c’est avec lui et par rapport à lui que les autres plans entreront dans des rapports d’intersection. Il y aura un primat de l’avant-plan. La figure est définie en l’avant-plan. Et elle enferme la profondeur dans sa largeur et sa longueur. Et toute la statuaire grecque répond à ce critère sommaire. Les moments forts de la sculpture sont ceux qui viennent en même temps, en avant-plan.

Tandis que ce que je disais, avec Plotin, tout comme avec l’art byzantin, vous assistez à un phénomène fondamental qui est la libération du profond, la libération du bathos. Libération de la profondeur comme sans-fond, et ce sans-fond, c’est la lumière même. La lumière vient du sans- fond. La lumière, c’est le bathos même. Si bien que cette lumière va se présenter comme une série de puissances - une série des puissances. Le profond, ça va être une série de puissances, un échelonnement de puissances en profondeur, tel que la largeur et la longueur ne seront plus que des conséquences, exactement tout comme je disais tout à l’heure, les figures géométriques, les figures rigides ne seront plus que la conséquence des figures de lumière. Là je dis, et ça revient au même à un autre niveau, la largeur et la longueur ne seront plus que les conséquences de la profondeur et de l’étagement des puissances en profondeur.

Si bien que la division prendra, la division platonicienne, et ils pourront dire qu’ils sont platoniciens, seulement voilà que la division ne sera plus, comme chez Platon selon la largeur et selon la longueur. La division comme processus de la pensée - comment un concept se divise-t-il ? - sera une division en profondeur. Le Dieu ne se divisera plus en largeur, ou ne se divisera plus seulement en largeur, pour donner les espèces de Dieu - le dieu de ceci, le dieu de cela, le dieu de cela - mais le Dieu s’étagera en profondeur, suivant une série de puissances - Zeus un, Zeus deux, Zeus trois, Zeus puissance quatre dieux, Zeus puissance cinq, etc- sera découvert le bathos de la division. Alors, bien sûr, ils ne renonceront pas à la division en largeur, les différents dieux, - vous comprenez ? Il faudra que la division en largeur se subordonne à la division en profondeur. Je veux dire, les différents dieux, ils ne pourront apparaître qu’en rapport avec une certaine puissance de Zeus en profondeur. Par exemple, c’est au niveau de Zeus puissance quatre que les différents dieux apparaîtront. Au niveau de Zeus puissance trois, puissance deux, puissance plus vous remontez... Comme si c’était l’étagement des degrés de profondeur, c’est-à-dire un mouvement de l’intensité, qui allait s’exprimer à tel ou tel niveau dans les divisions suivant la largeur. C’est la largeur et la longueur qui dépendront de la profondeur alors que, tout à l’heure, c’étaient la largeur et la longueur qui emprisonnaient la profondeur. Libération de la profondeur qui est quelque chose d’essentiel dans l’art, essentiellement dans l’art byzantin. Ça c’était le deuxième point, vous voyez que...

-  Troisième point : il s’agissait plus ni de la forme ni de la profondeur, il s’agissait directement du mouvement. Ça en découle. Le mouvement n’était plus le mouvement extensif ou local - c’est pareil - Le mouvement local, c’est, en effet, un mouvement tel que le mobile passe d’un lieu à un autre lieu, c’est-à-dire d’un point privilégié à un autre point privilégié sur un plan. Car le mouvement plan n’est plus le passage d’un corps rigide d’une position à une autre. Ça va de soi, ça s’enchaîne, puisque la figure n’est plus la figure rigide, le mouvement peut plus être le passage du corps rigide d’une position à une autre. Donc,- qu’est-ce qu’il va être ? - ce sera le mouvement de la lumière même. La lumière n’illumine plus des corps rigides en mouvement, car ça ce n’est qu’une conséquence. Le corps rigide en mouvement, il ne fait que réfléchir la lumière. Bien avant cela, c’est-à-dire bien plus profond, il y a un autre type de mouvement, à savoir : la lumière est en elle-même mouvement. Elle est en elle-même mouvement - en tant que quoi ? - en tant qu’elle crée des formes. Et il y aura autant de mouvements qu’il y aura de lumières. La lumière du soleil n’est pas mouvement au même sens, c’est-à-dire suivant l’étagement des profondeurs. La lumière du soleil a une puissance plus haute que la lumière de la lune. Aussi le mouvement des formes solaires n’est pas le même que le mouvement des formes lunaires. Et à la limite, le mouvement local, c’est-à-dire le mouvement extensif, n’est plus, à son tour, qu’une extrême conséquence du mouvement de la lumière en elle-même et par elle-même. Dans l’art byzantin, le mouvement est celui de la lumière. Il n’est pas celui d’une forme qui réfléchit la lumière.

Voyez, il fait trois points, c’est exactement le même, à trois niveaux :
-  du point de vue de la forme ;
-  du point de vue du sans-fond, c’est-à-dire de la profondeur ;
-  du point de vue du mouvement.

Si j’essaie de les résumer en une quatrième formule, je dirai : c’est le thème des illuminations qui vient remplacer le thème du transport.

Et vous me direz : " Mais la lumière, la lumière, Platon, il cesse pas d’en parler !" - évidemment et puis après ? bien oui, il en parle, il en parle tout le temps. C’est une optique géométrique. C’est une lumière subordonnée au transport. L’illumination remplace le transport. - Qu’est-ce que ça veut dire ? Ils pensaient que - tout simple, il suffit de regarder de près même tout le jeu des métaphores aussi chez Platon et chez Plotin, c’est pas... c’est un autre monde, quoi, un autre monde du nôtre, un autre monde très curieux... Je veux dire, qu’est-ce qu’il se passe dans le platonisme, perpétuellement ? Ce qu’il se passe dans le platonisme, on l’a vu à propos de la doctrine de la vérité chez Platon, ce qui est fondamental, c’est le rapport modèle/copie - modèle/copie. Qu’est-ce qu’il fait le démiurge, celui qui fabrique le monde ? Il le fait finalement d’un œil et d’une main : il contemple le modèle et il fabrique la copie. Je dirais : la métaphore clé, c’est l’empreinte. Et l’empreinte, c’est, en effet, une théorie des plans... C’est une empreinte. Ou, si vous préférez, c’est une philosophie qui est dominée par le concept de l’impression, au vrai sens du mot. Le démiurge "imprime" dans la matière la marque du modèle. C’est du domaine du tampon - modèle/copie. Chez Plotin, on dirait souvent, que c’est pareil. Mais rien du tout. Si vous essayiez de vivre les métaphores. Et, chez lui, c’est plus du tout, c’est pas modèle/copie pour une raison très simple : c’est que le démiurge, il a beau invoquer le démiurge, c’est plus du tout le démiurge de Platon : ça n’est plus un démiurge qui contemple d’un œil et qui produit d’une main, c’est une étrange puissance à qui il suffit de contempler pour produire. Il ne produit pas parce qu’il contemple, il produit en contemplant, du fait qu’il contemple : c’est la contemplation qui est production par elle-même.
-  Ça veut dire quoi, ça ? - Ça veut dire que le rapport n’est plus du tout modèle/copie, c’est-à-dire n’est plus du tout l’impression. Le grand thème, c’est, cette fois-ci, l’expression. La lumière s’exprime. Et on va le voir dans les deux métaphores fondamentales qui vont remplacer le modèle/copie.
-  Ça va être source/miroir, d’une part ;
-  d’autre part, germe/développement.

Et ça va marquer la philosophie pour longtemps, ça va marquer la philosophie jusqu’à la Renaissance. Ça va être une philosophie de l’expression : Le germe s’exprime dans l’arbre ; le miroir exprime la lumière. Et dans la Renaissance vous allez avoir tout le temps, par exemple, jusque chez le fameux cardinal Nicolas de Cuez, XVème siècle, qui va avoir une importance fondamentale pour toute la pensée moderne. Vous allez avoir des pages entières, c’est -y plutôt comme un germe ? c’est-y plutôt comme un miroir ? C’est pas du Platon, ça dérive de Plotin, ça. C’est plus du tout le domaine modèle/copie. C’est fini. Car modèle/copie, c’est un modèle tactile. Là, il dérive du modèle optique. Bon, voilà. C’était ça mon point de départ, sur cette espèce de révolution alexandrine ou byzantine.

Ce qu’il faut montrer, c’est en quoi, alors - c’est là où nous en sommes - ce qu’il faut montrer, c’est en quoi, vraiment, il en sort, nécessairement, cette nouvelle conception du temps, à savoir, le temps, c’est le nombre ou la mesure du mouvement intensif de l’âme. Vous voyez ce qu’il nous reste à faire, aujourd’hui, ce qui nous reste à faire, c’est pourquoi de l’âme a un mouvement intensif, qu’est-ce que c’est ce mouvement intensif, si vous avez suivi, c’est le premier point, vous le pressentez déjà. On a déjà tous les éléments pour pouvoir définir, on se trouve devant quand même une rude tâche :
-  montrer comment l’âme est inséparable d’un mouvement intensif qui n’est plus du tout un transport local, qui n’est plus un mouvement extensif - et montrer comment ce mouvement intensif peut être mesuré par un nombre, qui sera le temps ; mais encore une fois, c’est ça qui m’importe, le nombre ou la mesure d’un mouvement intensif peut pas être du même type que le nombre ou la mesure d’un mouvement extensif, d’un mouvement dans l’espace, d’un mouvement local qui passe d’une position à une autre.

-  D’où, premier problème : qu’est-ce que c’est que la nature du mouvement de l’âme ? Voilà mon premier problème : qu’est-ce que c’est que la nature du mouvement de l’âme comme mouvement intensif ? Si je sais ça, j’aurai beaucoup avancé sur la figure du temps. Et ben, on le sait, on le sait, on le sait et je reviens toujours à la différence fondamentale entre la quantité intensive et la quantité extensive. Car la quantité intensive, de quelle manière est-elle pensée ? Elle est nécessairement pensée sur les espèces de la partie et du Tout, et son régime, c’est l’extériorité des parties. On appelle quantité extensive, une quantité où la présentation du Tout suppose celle des parties, et où les parties sont extérieures les unes aux autres. On dira des parties, qu’elles composent le Tout. En tant que telle, une partie n’en contient pas une autre. Ce qui contient les parties c’est, même si c’est une partie - c’est une partie par rapport à un autre Tout. Ce qui contient les parties, c’est toujours un Tout, c’est le Tout de ces parties-là. Compris ? Tout ça ? Tandis que le paradoxe de la quantité intensive, -c’est quoi ? - c’est qu’elle ne se laisse pas penser dans le rapport suivant conformément au rapport parties/tout, elle se laisse penser dans un rapport profondément paradoxal qui est le rapport un/zéro. Elle opère avec un et zéro. Elle opère pas avec parties/Tout.
-  Parties/Tout, c’est les deux pôles de la quantité extensive ;
-  un/zéro, c’est les deux pôles de la quantité intensive.

Pourquoi commence à un/zéro ? Eh bien, oui, un/zéro... C’est que la quantité intensive, c’est : "ce dont la grandeur ne peut être appréhendée que comme unité". Entendez bien ! ce dont la grandeur, quelle qu’elle soit, ne peut être appréhendée que comme unité. [...]

C’est que quarante dégrés, c’est pas composé de quarante fois un dégré. Tandis que quarante mètres c’est composé de quarante fois un mètre. Quarante fois un dégré, c’est un dégré ; quarante degrés, c’est pas quarante fois un dégré. Quarante degrés est une quantité qui ne peut être appréhendée que comme unité exactement comme trente dégrés, comme cent dégrés, etc.

Toute quantité intensive est telle que sa grandeur ne peut être appréhendée que comme unité. Vous me direz, "ça, on la connaît celle-là : c’est la définition que Kant donne de la quantité intensive". Et oui... Ça ne me gêne pas, parce que je crois que c’est un très grand contresens sur Kant, et quand on parlera de Kant on devra revenir sur ce point - c’est un très grand contresens sur Kant et qui a engagé des interprétations très fâcheuses du kantisme - s’il peut y avoir quelque chose de fâcheux dans ce domaine - et qui a engagé des interprétations extrêmement fâcheuses, que de croire que Kant, il donnait là une définition "originale" de la quantité intensive, qu’il y a même toute une interprétation chez les allemands qui se fonde sur la théorie kantienne des quantités intensives pour comprendre la nouveauté de Kant, alors que, à mon avis - et c’est évident que j’ai raison, il n’y a pas le choix. Kant n’a fait que rependre la plus traditionnelle des définitions de la quantité intensive si bien que, à coup sûr il a une grande nouveauté, mais ce n’est pas là, qu’est sa nouveauté.

Une fois cette objection donc repoussée, je dis : "bah, oui, la quantité intensive, c’est celle dont la grandeur ne peut pas être appréhendée que comme unité" et ça ne suffit pas, alors qu’est-ce qu’il va distinguer deux unités puisque toute quantité est intensive, a une grandeur qui ne peut pas être appréhendée que comme unité ? Vous comprenez le second caractère de la quantité intensive en suit directement, j’ai même plus le choix : qu’est-ce qui va distinguer deux quantités intensives ? C’est la distance variable de l’unité sous laquelle on appréhende sa grandeur avec zéro. La distance de quarante degrés avec zéro sera plus grande que la distance - plus grande ? oui plus grande -ça voudra dire quoi, "plus grande" ? On laisse entre guillemets - ça sera plus grande que la distance de trente degrés avec zéro. Pourtant, les distances sont indécomposables. Sinon, ça serait de la quantité extensive. La distance de trente degrés à zéro est indécomposable, la distance de quarante degrés à zéro est indécomposable. Alors, comment dire que l’une est plus grande que l’autre ? Tout simple. C’est ce qu’on appelle une "ordination". Je dis pas de combien - parce que je n’ai pas à dire de combien. Vous me direz : "si, je dis c’est dix degrés", rien du tout : je ne dis pas c’est dix degrés. Je le dirai lorsque j’aurai traduit les quantités intensives en quantités extensives. Je peux juste dire qu’il y a une ordination des distances toutes indécomposables, et que quarante degrés est plus loin, plus distant de zéro que trente degrés. Ah, bon ! C’est donc la distance à zéro. Voilà pourquoi je dis : " la quantité intensive n’est plus pensée sur les espèces du rapport parties/Tout, mais sur les espèces du rapport unité/zéro".

-  Est-ce que c’est fait pour nous étonner ? - Oh, non ! C’est pas fait pour nous étonner !- C’est que la quantité intensive, c’est le profond - c’est le profond.

-  Vous avez pas un petit bout de craie... ? Je voudrais faire un... je voudrais faire un petit dessin, non ? Pas de petit dessin.

C’est le profond. Je dis, "tout se passe dans la quantité intensive dans le rapport un/zéro". - Ça veut dire quoi, ça ? - C’est que la quantité intensive est inséparable d’une échelle. On appelle "échelle" l’ordination des distances indécomposables. L’échelle, ça sera quoi ? Un puissance un, dans les quantités intensives il n’y a pas : 1, 2, 3, 4, 5, 6. Ça, c’est l’usage extensif du nombre.
-  Qu’est-ce qu’il y a ? Est-ce qu’il y au moins un premier, deuxième, troisième, quatrième ?- Ah, mais ça se va trop vite de dire premier, deuxième, troisième, quatrième. C’est le nombre ordinal. Ça c’est déjà plus intéressant, c’est plus proche de l’intensif. Mais le nombre ordinal, - d’où il vient ?- Ah, je n’ai qu’une idée là-dessus, c’est que le nombre ordinal d’ailleurs il est tellement néoplatonicien mais je ne sais pas, c’est que le nombre ordinal, en fait, il vient des puissances. Il vient des puissances. On peut rien comprendre au nombre ordinal. Les logiciens, ils ont fait toutes les tentatives, à mon avis, les logiciens modernes, ils ont fait depuis Russell, ils ont fait toutes les tentatives pour engendrer le nombre ordinal. Soit à partir du cardinal, soit par lui-même. Ça a toujours foiré - et toujours à mon avis, c’est des sentiments comme ça, ça a toujours foiré. Parce que, pour une raison simple, parce que la seule origine possible du nombre ordinal, c’est la puissance. Il faut considérer que les puissances sont premières par rapport au nombre ordinal. En d’autre termes, peu importe, je développe pas ça... c’est... je dis, la quantité intensive, c’est quoi ? C’est pas 1, 2, 3, 4, 5, 6, ou du moins le nombre de la quantité intensive c’est pas 1, 2, 3, 4, 5, 6, c’est .un puissance un, un puissance 2, un puissance 3, un puissance 4, un puissance petite n... Je dis : "chaque quantité intensive a une grandeur qui ne peut être saisie que comme unité". Eh oui... Je peux préciser : "chaque quantité intensive a une grandeur qui est saisie comme unité sous une puissance déterminable". Un puissance 3, c’est pas la même chose que un puissance 4, du point de vue des intensités.

-  Qu’est-ce que c’est, la série des puissances ? La série des puissances, dont chacune est appréhendée comme unité sous telle ou telle puissance, c’est le profond.

Vous voyez en quel sens la quantité intensive est pensée avec les deux termes uniques - l’un, le zéro-, puisque chaque quantité intensive aura une grandeur saisie comme unité sous telle ou telle puissance. Et l’échelle des puissances sera déterminée par rapport à zéro. 1 puissance 1, 1 puissance 2, 1 puissance 3, 1 puissance n, petits points, zéro. Après que je dis ça que dans vos cœurs vous dites : "ah, bah, non. Non ! vous vous dites, c’est pas possible. Ou, du moins, c’est beaucoup trop sommaire." Car, vous me dites : "si tu as raison, il faut remanier le schéma". Et je réponds :" évidemment remanions-le, pour aller ainsi au devant de vos désirs, remanions-le". L’expression du mouvement intensif ne sera évidemment pas là...- il me faut un bout... J’aimerais faire comme Laurel et Hardy, vous savez comme Laurel allumait son pouce, Moi j’écrirais avec mes doigts, j’écrirais à la craie... vous avez pas une petite craie là ? C’est fort, une petite craie ... ! Ô, d’ailleurs, pour ce que j’ai à écrire, c’est quand même... Elle arrive, elle arrive... On n’y croît pas dans mon adresse ! Merci beaucoup.

Voilà. Je dis, c’est très choquant, cette formule. Ce qui est bon de ce que je viens de dire, si j’ose dire ? Ce qui est bon c’est l’idée que... que la quantité intensive... - aïe ! ouille ! écraser l’os d’une jambe contre l’armature d’une chaise, ça c’est le monde platonicien -. Voilà. C’est ça le secret de la quantité intensive, alors développons le secret.
-  Vous savez ? marquer une puissance, comme ça convient .... [Il dessine au tableau] .. alors, je peux opposer... ah non ! C’est pas fini ! [Il dessine au tableau] Ça, c’est la quantité extensive, enfin, c’est le nombre de la quantité extensive. Ça, c’est le nombre de la quantité intensive. En apparence...

-   Est-ce que je peux faire une petite remarque idiote... ? 

-  Non, pas tout de suite, dans deux minutes tu fais la remarque idiote, j’ai un espoir qu’elle n’aura plus lieu d’être faite...

Mais ! C’est très choquant, ça... ! C’est absurde, c’est absurde... Pourquoi il fallait bien passer par là, il faut aller doucement... Ça, il faut le remettre à l’endroit. C’est parce que... comment vous voulez se débrouiller ? Il faut bien, il faut bien prendre des guides sur la quantité intensive, alors évidemment je commençais par un... mais c’est pas ça le mouvement de la quantité intensive...

C’est à rétablir suivant la profondeur, et suivant la profondeur, la vraie formule de la quantité intensive :1 puissancen, qui est le sans-fond... - et après ? ... et après ?... Qu’est-ce que vous allez mettre après ? ... On peut inventer, c’est pas dans Plotin, ça il l’a pas dit parce qu’il le pensait tellement qu’il n’éprouvait pas le besoin de le dire. ’Il n’avait pas ce symbolisme, là je précise ça ne peut être dans Plotin, mais ça y est en esprit, ça y est en lumière... Dans l’UV du second semestre [...], c’est pas à moi de le valider, j’ai pas le choix :

Il y a 1 puissance n, 1 puissance n-1, 1 puissance n-2... 0 : là vous avez montré notre échelonnement selon la profondeur, vous avez la puissance du sans-fond. De l’un puissance n, l’Un-au-delà-de-tout, ce que les néoplatoniciens appelleront l’Un-au-delà-de-tout, qui est le sans-fond du profond. Le profond, c’est la succession de ce qu’ils appelleront les hypostases, qui sont les puissances. Et là, on comprend que chacune se définit par quoi ? par sa distance par rapport à zéro. 1 puissance n, atteint par - tout bien lumineux, 1 puissance n a une distance indivisible à zéro. Comment vous pouvez dire quelle est la nature plus - plus quoi ? plus grande, suivant la profondeur, que 1 puissance n-1 ? Et vous ne direz jamais que 1 puissance n =1 puissance n-1 +1, ce qui serait strictement un non-sens géométrico-mathématiques, un non-sens arithmétique. Là, vous tenez ! vous tenez votre série de puissances à partir d’un sans-fond. Et vous avez justifié l’idée de départ, que vous retrouverez chez Kant. Mais, c’est pas par hasard. Il y en a qui s’étonnent et ... de la Critique de la Raison Pure de Kant, le chapitre sur la quantité intensive, qui est un chapitre génial qui a quatre pages. Ça n’a rien d’étonnant pour nous ! Puisque, encore une fois, c’est pas un chapitre original du kantisme. Il n’a pas besoin de plus de quatre pages pour parler des ... jusqu’à la Renaissance. On n’a pas cessé de rencontrer [...] Et maintenant comme on l’a perdu, ça nous revient tout frais et on dit "Ah, Kant ! alors que pas du tout ! Je veux pas dire que Kant n’est pas nouveau, mais si vous n’assignez pas la nouveauté d’un auteur là où elle est, et les créations d’un auteur là où elle est, vous êtes foutus parce qu’à ce moment-là vous déformez tout, quoi. Ça a été le drame de beaucoup de néokantiens allemands. Ils ont piqué dans Kant là le truc en disant : "c’est ça la révolution kantienne", et puis que Kant peut-être que c’est pas ça... c’est très fâcheux, c’est très fâcheux, d’où les mésaventures de Heidegger ... enfin... bon ... voilà...

-  Alors, la remarque idiote, elle subsiste ?
-   C’est par rapport à la nature du nombre qui est une limite... si on voyait dans les nombres naturels, il faudrait dire que les 1 qui apparaissent au-dessus de la limite, donc 1 puissance 1, 1 puissance 2, 1 puissance n, c’est pas la même chose que les 1 sont sous la limite, que le 1 puissance n, 1 puissance n-1... 
-  Bah, je crois que déjà aucun n’est nombre naturel, nombre naturel, il y a longtemps que les grecs ont décollé déjà avec la notion de nombre naturel, oui. Mais, je dirais même de l’ensemble 1 puissance n-1, aucun n’est... puisque, c’est une unité, c’est à la lettre ce qu’il faudra appeler ou ce qui recevra plus tard un nom, c’est les nombres dites nombrants. C’est des nombres nombrants par opposition aux nombres nombrés, les nombres de l’extension, les nombres de la quantité extensive, étant des nombres nombrés.

Alors, en effet, l’origine d’une théorie des nombres idéaux ou des nombre nombrants, elle est dans Platon. Heureusement, dans des textes qu’on a perdus... Comment on le sait ? Eh bah, on le sait par Aristote. On sait par Aristote et par d’autres commentateurs que dans l’enseignement de Platon, il y avait une théorie célèbre des nombres nombrants, que l’on a essayé de reconstituer, tout ça. Tout ce que j’ai dit, c’est qu’il y a bien donc déjà des éléments chez Platon, je veux pas dire que c’est une révolution radicale, mais tout ce qu’on sait c’est que la théorie des nombres nombrants chez Platon est très indépendante de cette idée d’une série de puissances. C’est tout à fait autre chose. C’est des nombres supragéometriques, mais qui vont précisément rendre compte de l’ordre des combinaisons géométriques. Ça ne serait pas, ça ne serait pas gênant.

Voilà d’où ce premier point. Mais, j’ajoute, alors, vous comprenez ?...

Dès lors, du mouvement extensif, je disais, c’est le fait d’un corps qui change de position, qui passe d’un point privilégié à un autre défini sur un plan ou des plans. D’après ce qu’on avait vu précédemment. Là, je ne peux plus dire ça. Le mouvement intensif, défini dans le rapport de la série des puissances à zéro, c’est-à-dire dans l’ordination des distances indécomposables, il va être inséparable, non pas d’un changement de position mais, disons-le, d’une chute,(chute de la craie) d’une chute. Mais raison de plus, on revient toujours au même... oh, mais l’idée que le temps soit inséparable d’une chute et d’un chute de l’âme, c’est quand même pas tellement nouveau, c’est pas tellement plotinien puisque c’est en plein dans Platon. Eh oui, eh oui ! Il y a même tout un mythe célèbre, le mythe du Phèdre, pour expliquer cette histoire du temps et de la chute de l’âme. Bon, d’accord, c’est en plein dans Platon, l’idée du temps et du rapport avec la chute de l’âme. Bah oui, mais c’est pas ça qui compte. Ce qui compte c’est que, avec Plotin se fait hélas - pas purement ! On peut pas tout avoir d’un coup - pas purement, une fantastique... un fantastique renouvellement de l’idée de chute. Vous me direz que cette chute, est à fait nouvelle. Parce que chez Platon il n’y a pas tellement de problèmes. La chute, c’est vraiment une chute réelle, c’est une dégradation. On tombe dans le corps, l’âme tombe dans le corps, c’est une chute je dirais, pour parler tout simple, c’est une chute péjorative.

En ce sens ce qu’en a fait Platon, il est est plus proche, il est plus près des chrétiens que ne l’est Plotin, et c’est forcé Plotin parmi ses contemporains... il est plus près des chrétiens, Platon. D’une chute au sens chrétien, mais chez les chrétiens, est-ce que c’est aussi si simple que ça ? Tandis que là vous sentez la chute, je m’empresse de dire, bien sûr, ça continuera, et chez Plotin la chute reste une chute, disons alors, une chute réelle - une chute réelle.
-  Dire que le temps dépend de l’âme, c’est dire qu’il est le nombre ou la mesure de la chute de l’âme. Et Plotin le dit formellement, dans la troisième Ennéades, dans le chapitre sur le temps.

Donc, il s’agit pas de discuter ça. Ce qu’il s’agit de dire, c’est que "chute" devient un terme extrêmement ambigu parce qu’il y a deux sens. Et que, chez les néo-platoniciens la chute n’est pas seulement réelle. Bien plus, il n’y a pas de chute réelle sans qu’il y ait aussi et plus profondément, une chute idéelle, idéale. Qu’est-ce que ça veut dire, une chute idéale, idéelle ? C’est une chute qui n’a pas besoin de se faire pour être une chute. C’est la plus belle des chutes. C’est la chute qui n’est pas une dégradation. Finalement, qui est-ce qui connaît une chute réelle ? C’est les figures rigides. Il faut être rigide pour tomber, pour avoir une chute réelle. La lumière, elle tombe, mais une chute idéale et perpétuellement idéale. C’est-à-dire qu’elle n’a pas besoin de tomber pour tomber. La lumière tombe. Moi, corps rigide, je tombe quand je trébuche.

Mais la lumière tombe....

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