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81-12/03/85 -1

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Gilles Deleuze : Cinéma et pensée cours 81 du 12/03/1985 - 1 transcription : GUILLAUME Charline

Ah, une troisième interview ? alors il y a bien, il y a bien ici un spécialiste des questions que je traite mais un spécialiste très critique - il ne souhaite pas d’interview alors je respecte, je n’ai pas les moyens de faire autrement, je respecte son désir. Mais il n’y a personne d’autre qui soit compétent dans ce domaine de la sémio-critique ? hein ? Bon...
-  téléphoner à Martinet,
-  téléphoner à Martinet ? Mais est-ce qu’il s’intéresse au cinéma, Martinet ? je ne sais pas. Bien, bien ! Mauvaise volonté partout ! Bon. Qui est-ce qui s’y connaît un peu dans les textes des sémio-criticiens ? êcoutez, vous me cachez quelque chose, là ! il y en a sûrement qui s’y connaissent mieux que moi.

-  Alors, et ça va ton travail, toi ?
-  Moi ?
-  Oui.
-  Oui ça va.
-  Ça va, mais tu interviendras peut être ?
-  Oui, peut être, j’interviendrai.
-  Ah bon ?
-  Ah oui, mais pas sur la sémio-critique. (rires)
-  Ah ! ah ! mais pas là-dessus ?
-  Non, sur les problèmes de la narration, oui mais pas sur la sémio-critique.
-  Ah bah c’est pareil, la narration, c’est pareil ! alors tu interviendras, alors du coup, je t’interviewe, hein ? Non ?
-  Oui, oui, oui.
-  Alors, je vais finir mon truc sur la sémio-critique et puis je dirai les troubles profonds dans lesquels je suis, .... et je t’interviewe.
-  Mais, c’est aujourd’hui même ? (rires)
-  On verra d’après le temps que ça nous prend, hein ? moi tu sais..je...
-  Mais moi, je... Ça m’arrangerait que ce soit la fois prochaine, il faut que j’étudie.
-  Il faut que t’étudies ? Mais, c’est ton sujet ! Ah, on verra ! en tout cas, si tu as quelque chose à dire, tu m’arrêtes, hein ? tout de suite. Et puis tout le monde, je ne demande que ça.

Alors ! ah ! vous vous rappelez où nous en sommes ? Dans cette histoire de la sémio-critique telle que Christian Metz la fonde, il y a trois, trois choses qui interviennent, trois choses de base, qui interviennent. Je disais :
-   • Un fait, un fait considéré comme historique. Le fait historique, c’est que le cinéma s’est constitué comme "cinéma de narration". C’est le fait "Hollywood".
-   • Deuxième élément : non plus un fait mais ce que j’appelais, quitte à mieux justifier : une approximation. Dès lors, si le "fait du cinéma", c’est sa constitution comme cinéma de narration, l’image cinématographique est assimilable à un énoncé. Précision, qu’il faut donner immédiatement : est-ce un énoncé de la langue ou est-ce l’énoncé d’une langue ? Non ! Pour une fois j’insiste sur la prudence, au moins la prudence apparente de la démarche de Metz. Il ne s’agit pas de l’énoncé d’une langue. Qu’est ce qu’un énoncé qui ne serait pas l’énoncé d’une langue ? C’est un énoncé que l’on appelle analogique ou iconique. C’est-à-dire, un énoncé qui opère par "ressemblance", au lieu d’opérer par unités conventionnelles discrètes ou discontinues. Une langue opère avec des unités conventionnelles discrètes ou discontinues qui correspondent à des énoncés de langue. Les énoncés iconiques ou analogiques opèrent tout autrement, ils opèrent par ressemblance. Bon, donc c’est en ce sens que je dis : il y a une approximation. L’image cinématographique est un énoncé par approximation ou si vous préférez, c’est un énoncé analogique ou iconique.
-   • Troisième élément : l’image cinématographique étant un énoncé, on peut lui appliquer des procédures langagières - bien qu’il ne soit pas lui-même énoncé d’une langue. On peut lui appliquer des procédures langagières que l’on pourra appliquer à tout énoncé, de quelque nature qu’il soit. Qu’est ce que ces procédures langagières ? Nous l’avons vu la dernière fois, c’est le syntagme et le paradigme, ou plutôt la relation syntagmatique et paradigmatique que nous avons définie. Nous les avons défini, je vous rappelle :
-  la relation syntagmatique, c’est la conjonction d’unités quelconques présentes, de manière à former un énoncé.
-  la relation paradigmatique, c’est la disjonction d’unités présentes avec des unités absentes, comparables à quelque égard que ce soit, à des égards variables. Donc ça, je suppose que c’est très clair, s’il y a quelque chose de pas clair - j’ajoute, pour la nécessité que tout ça vous le possédiez bien pour comprendre le reste. J’ajoute que vous voyez dès lors, comment va se développer la thèse de Metz consistant à nous dire : les premiers grands auteurs et les premiers grands critiques de cinéma considéraient le cinéma comme une langue. C’était le thème de la langue universelle. C’est un stade naïf.

En philosophie je vous disais, c’est ce qu’on appellerait un stade "dogmatique" ou un stade "pré-critique". Pourquoi n’en est-il pas ainsi ? C’est que, une langue se définit très précisément. Une langue se définit très précisément par l’existence d’une double articulation - et il n’y a que la langue, à qui ça convient, cette définition : l’existence d’une double articulation. C’est-à-dire de deux niveaux d’articulations.
-   • Un premier niveau qui concerne des unités dites significatives ou monèmes.
-   • Un second niveau qui concerne les unités distinctives ou phonèmes. Il y a langue lorsqu’il y a ces deux niveaux et que ces deux niveaux sont fixes et non interchangeables. Le cinéma ne nous présente en rien ce phénomène dit de "double articulation". Le cinéma n’est pas une langue.

En revanche, le cinéma est un langage, d’où la grande formule de Metz : « Le cinéma, langage sans langue. » Le cinéma est un langage, pourquoi ? Parce que bien sûr ses énoncés, sont "non langagiers". Ce sont des énoncés analogiques ou iconiques. Mais paradigme et syntagme sont des règles d’usage qui concernent d’une part, les énoncés de la langue, mais d’autre part ne se confondent pas avec ces énoncés de la langue et s’appliquent à tout énoncé qu’il soit langagier ou non. Donc il y a des règles d’usage langagière qui s’appliquent aux énoncés non langagiers du cinéma. Ce qui signifie une chose très simple : syntagme et paradigme, comme le dit tout le temps Metz, sont des notions dont l’origine est linguistique, c’est-à-dire ce sont des règles d’usage qui portent d’abord sur les unités de la langue, phonèmes et monèmes, mais qui peuvent également porter sur toutes sortes d’autres expressions. Sur des expressions non langagières. Par exemple, si l’on peut dégager des règles syntagmatiques et paradigmatiques concernant, non plus les phonèmes et les monèmes, mais les pièces du vêtement ; on dira que le vêtement ou la mode, est un langage sans langue, c’est-à-dire un ensemble d’énoncés non langagiers, pourtant soumis aux règles langagières du paradigme et de la synta... euh du paradigme et du syntagme. Vous voyez, paradigme et syntagme ne se confondent pas avec les caractères essentiels de la langue, ce sont des règles d’usage des éléments de la langue mais ils ont beaucoup plus d’extension que les éléments de la langue. Ils s’appliquent non seulement aux éléments de la langue mais à d’autres choses aussi.
-  Ce à quoi d’autre ils s’appliquent, on l’appellera : langage sans langue.

En ce sens on dira, la mode est un langage sans langue, il peut y avoir un langage des fleurs - il y aura un langage des fleurs si vous pouvez dégager des paradigmes et des syntagmes qui s’appliquent aux fleurs, qui seront dès lors et qui formeront dès lors, des énoncés non langagiers. Ou ce qui revient au même, des langages sans langue. Je dirais énoncé non langagier si je pense au caractère analogique de l’énoncé ; je dirais langage sans langue si je pense aux règles d’usage syntagmatique et paradigmatique qui s’appliquent à ces domaines. C’est ça qu’il faut que vous compreniez bien. Donc on ne cherchera jamais les caractères d’une langue dans le cinéma, en revanche on cherchera les règles syntagmatiques et paradigmatiques auxquelles les images iconiques du cinéma sont soumises.

Voilà d’où mon appel, mon appel angoissé : est-ce que ceci est parfaitement vrai ? Tout le reste en dépend hein ? si vous, si vous n’avez pas, si cela n’est pas très très clair, vous ne pourrez pas comprendre la suite, vous ne pourrez pas comprendre mes troubles profonds, vous ne pourrez pas comprendre, voilà quoi...

-  Est-ce que, je voudrais bien comprendre mais, j’ai une question très naïve, est-ce que dans le mouvement (inaudible)..., on ne peut pas dire ...

-  Non, ça sûrement on ne peut pas le dire, il me semble. Que le fait que ça bouge, n’indique aucun élément - la double articulation au sens linguistique n’est pas une articulation quelconque. Par exemple en parlant j’articule ; ce n’est pas de cela qu’il est question dans la double articulation au sens des linguistes. Double articulation au sens des linguistes signifie qu’il y a deux niveaux mettant en jeu des unités discrètes c’est-à-dire discontinues de natures différentes. Les unes peuvent être assignées comme "phonèmes", c’est-à-dire ce sont des traits distinctifs, ce sont des éléments distinctifs - c’est-à-dire qu’ils entrent dans des rapports de distinction les uns avec les autres. Par exemple b et p, oui. L’autre articulation, c’est que avec ces éléments distinctifs, on forme des éléments significatifs. Par exemple "billard" et "pillard". Alors on peut dire en un sens très général du mot articulation que le mouvement serait une articulation. On ne peut pas dire, au sens linguistique du mot articulation, que le mouvement est une articulation.

-  Est-ce que le mouvement est le préalable à une articulation comme dans le rapport même...

-  Ah ben oui, mais là tu me devances, c’est-à-dire, tu prends une position radicalement anti-sémio-critique, car si tu te rappelles - tu étais là la dernière fois ?
-  Oui !
-  le point de départ de la sémio-critique, j’insiste là-dessus : le fait du cinéma n’est pas le mouvement, c’est la narration. Car - ils en ont besoin absolument, car s’ils disaient le fait du cinéma c’est le mouvement ; on comprend qu’à ce moment là, il n’y aurait plus de sémio-critique, c’est à dire, il n’y aurait aucun point de vue langagier sur le cinéma ou du moins le point de vue langagier sur le cinéma, apparaitrait dans des conditions complètement différentes. Ce qui nous a paru, l’acte de base de la sémio-critique, c’est très délibérément, leur mise entre parenthèses du mouvement en disant : "ce n’est pas le mouvement qui peut définir l’image cinématographique". Ils ne nient pas que, l’image cinématographique bouge, mais encore une fois ils vont jusqu’à dire que ce n’est pas ça, qui distingue l’image cinématographique de la photo. La distinction de l’image cinématographique et de la photo, d’après Metz, là les textes sont formels, si étonnant qu’ils soient, c’est que, l’image cinématographique est narrative tandis que la photo n’est pas narrative.

Alors toi, ton point de vue qui réclame que l’on reprenne en considération le mouvement comme caractère fondamental de l’image, est déjà en dehors de la manière dont il pose le problème en sémio-critique.
-  Oui, d’ailleurs c’est pour ça que je ne comprends pas la manière de poser le problème. Si moi je crois, j’espère que tu la comprends ; tu ne la partages pas hein, tu ne la partages pas mais tu la comprends très bien.
-  C’est comme si il disait, que le langage, que le langage... chez l’homme à la libération d’un visage...
-  A la libération ?... Je dirais que pour eux, ce n’est pas le même plan que la linguistique comme science, évidemment, ne commence que, à partir du moment où l’on considère la langue indépendamment des conditions de possibilités auxquelles elle peut renvoyer, du côté du rapport mains/visage. ça, ils ne se cacheraient pas de l’isoler hein, ils ne se cacheraient pas, hein ?
-  J’ai une question à vous poser : quand vous définissez le, quand vous dites que le cinéma est un langage sans langue, ça veut dire que vous dites nécessairement que le langa...que la langue n’est pas une image. C’est-à-dire que vous excluez de la langue, la tendance limite. Mais si on définit le langage, si on donne du langage, de la langue, une définition cratylique ou cratylienne comme le Socrate du Cratyle, rien n’empêche de considérer que le cinéma est une langue et un langage à la fois. La deuxième question étant... concerne les notions de paradigme et de syntagme. Tout le problème est de savoir si les notions de paradigme et de syntagme ont un sens irréductiblement linguistique ou s’il faut les étendre, étendre leur sens à d’autres domaines, et étendre leur sens d’application à d’autres domaines.

-  C’est terrible, je vais répondre tout à l’heure.

-  J’aurai une question.(inaudible).. il y a des règles de paradigmes et de... Mais il y a quand même des règles qu’on peut dire syntagmatiques du cinéma comme euh les personnages, dans une langue on accepte qu’il y ait des phonèmes, et ça pourrait représenter une idée, un monème. Bon dans un film on peut avoir un acteur qui joue mais qui représente une idée, l’idée du personnage. Donc est-ce que, on ne peut pas dire, quand même que, le cinéma est une langue ? Puisqu’il y a des règles syntagmatiques.

-  Bon, là il faut que je recommence. Non ça m’embête ces questions parce que ; voilà, j’essaye de revenir. D’abord quant à la première question qui m’a été posée, il ne faut pas me dire « vous ». Je rappelle que je suis en train, pour des besoins qui sont les miens, de rapporter une thèse, qui ne m’appartient en rien. Donc ce n’est pas moi qui vous propose ceci ou cela, au point où j’en suis, je ne peux pas faire autrement que, passer par un exposé de ce qu’on appelle la sémio-critique. C’est donc de la sémio-critique dont je parle. Alors là, la question, là si, si nous sommes d’accord avec ou si nous ne sommes pas d’accord pour chacun de vous et pour moi, ne se pose pas puisqu’on essaye de comprendre ce qu’ils disent.

Deuxième remarque, dire au point om nous en sommes de l’analyse : mais voyons puisque l’image de cinéma ou d’autre chose pourrait être soumise à une syntagmatique et une paradigmatique, donc ce serait une langue - m’inquiète davantage puisque c’est que, à ce moment là, vous n’avez pas du tout suivi. Ce n’est pas un reproche, ce que je me suis efforcé de dire, sur la différence telle qu’elle était prise aujourd’hui par les linguistes entre la langue et le langage. Quant à invoquer Platon, la mimétique ou bien plus dans l’autre intervention, invoquer des "Idées" si je comprends bien qui pourraient être exprimées ; tout cela implique comme si dans votre tête, ce que je croyais avoir réussi la dernière fois, c’est à dire une détermination de ce que c’est que la langue, avait tout à fait échoué. Car à aucun moment, je dirais que, des Idées ou des concepts n’interviennent. Je recommence. Une langue - il faudrait que vous me suiviez bien ; il ne faut pas invoquer Platon par exemple, puisque Platon ne se propose, à ma connaissance, en aucun cas de distinguer langue et langage. Alors euh, il est très difficile d’invoquer un auteur au niveau d’un problème qu’il n’a jamais posé et qui n’est pas le sien.

Entendons-nous..(coupure) .il y a une distinction non moins importante et peut être plus importante entre langue et langage. Les deux distinctions ne se valent pas. Si l’on essaye de dire quelle est la distinction langue/langage dans la linguistique moderne, peut être est-ce qu’on peut l’énoncer de plusieurs manières, je disais la manière qui me parait la plus commode est celle-ci : on définit la langue par un système de double articulation.
-   • Première articulation, les unités significatives. Alors là, les unités significatives sont composées d’un signifiant et d’un signifié. On pourra appeler le signifié Idée ou concept ; mais ce n’est pas lui qui intervient. Ce qui intervient est, ce n’est pas lui qui est considéré dans la langue ; ce qui intervient dans la langue c’est à un premier niveau, première articulation : l’articulation des unités significatives qu’on appellera des monèmes. Que, à un monème corresponde un concept ou plusieurs concepts, c’est une question que nous laissons de côté. Ce n’est pas ça qui définit la langue. Ce qui définit la langue c’est, un premier niveau d’articulation mettant en jeu des unités significatives. Ça ne suffit pas pour définir une langue, pour définir la langue.
-   • Il faut y joindre un second niveau d’articulation, c’est à dire il faut que, ces unités du premier niveau reposent d’une certaine manière sur des unités d’un second niveau. Ces unités d’un second niveau sont dites des "phonèmes". Ce sont des unités non significatives ; donc le propre de la langue, ce sera de faire du significatif avec du non significatif. Les phonèmes ne sont pas significatifs, ils sont uniquement distinctifs. Ce qui veut dire : un phonème se définit par rapport aux autres phonèmes, dont il se distingue de tel ou tel point de vue ; par exemple « sonorité/surdité », des phonèmes sourds et des phonèmes sonores, des « labiales » et des « dentales », tout ce que vous voulez, qui sont des unités uniquement distinctives sans aucune signification. On nous dit qu’il y a langue lorsque l’on se trouve devant un système à double articulation de ce type. On nous dit que, seule la langue présente un tel système. Plus le code de numéro de téléphone dans certains cas, et encore pas dans tous les cas. Voilà, ça, ça définit la langue.

Si vous n’avez pas un système à double articulation de ce type, c’est-à-dire tels que les deux niveaux soient en plus fixes et non interchangeables, vous n’avez pas de langue et vous n’avez pas le droit de parler de langue. Bon, vous me direz, si vous me dites là-dessus, Platon parlerait de langue dans d’autres conditions ; je ne sais pas parce que je ne vois même pas en Grec une distinction langue/langage, à première vue en tout cas. Je ne vois pas, je vois bien une distinction langue/parole ; je ne vois pas chez les Grecs une distinction langue/langage ; non pas que ça leur manquait, c’est leur problème, ils n’en avaient pas besoin de ça, c’est comme ça.

Nous passons maintenant à langage. Le langage, se définit comment ? Je disais, et bien le plus simple c’est de dire : le langage se définit pas des règles d’usage. Concernant quoi ? Concernant deux aspects : la combinatoire et la sélection. Si vous préférez, la connexion et la sélection ; pourquoi ? Parce que, il faut bien des règles d’usage pour savoir quelles unités significatives - d’où je reviens à la langue - quelles unités significatives sont combinables les unes avec les autres, lesquelles ne le sont pas. Il faut bien des règles de sélection pour savoir à quel moment pourquoi, tel mot, telle unité est choisie plutôt qu’une autre...hein ? Donc, la langue telle que nous venons de le définir, de la définir exige des règles d’usage portant sur les unités des deux articulations.

Pensez à une chose très simple : une langue précise n’a pas une infinité de phonèmes. Et même les langues se distinguent les unes des autres par les phonèmes qu’elles mettent en jeu ; avant de se distinguer par les unités significatives qu’elles construisent. Bon. Vous pouvez faire des tables phonématiques correspondant à telle ou telle langue. Le langage consiste donc dans les règles de combinaison, de combinatoire et de sélection portant sur les unités de la langue. Ces règles s’appellent règles syntagmatiques et règles paradigmatiques. Les règles syntagmatiques sont des règles de combinatoire, les règles paradigmatiques sont des règles de sélection. Exemple : as-tu dis billard ou pillard ? Je fais appel à une règle paradigmatique. Si je dis :" le pillard s’est emparé du bateau", je fais appel à une règle paradigmatique, euh pardon syntagmatique. J’opère une combinaison. Combinaison des phonèmes à leur niveau et combinaison des monèmes à leur niveau.
-  C’est le deuxième point ; nous définirons donc le langage par la détermination et l’exercice des relations syntagmatiques et paradigmatiques, conçues comme règles d’usage.

-  Troisième et dernière remarque : les syntagmes et paradigmes - je dis ça pour allez plus vite que règles syntagmatiques et règles paradigmatiques ; les syntagmes et paradigmes portent sur les éléments de la langue. La question est : portent-ils sur d’autres choses ? Portent-ils sur d’autres données ? On peut me répondre, non. S’ils ne portent pas sur d’autres données, je dirais : il n’y a de langage que de la langue. Puisqu’en effet syntagme et paradigme comme règles d’usage définissent le langage. S’ils ne portent que sur les données de la langue, je dirais ; il n’y a de langage que de la langue...hein ? Supposons, que je puisse définir des syntagmes et paradigmes dans leur définition, règles de combinaison et règles de sélection, qui portent sur d’autres données que les données de la langue, c’est-à-dire : les deux sortes d’unités prises dans la double articulation. Si je peux définir, des syntagmes et paradigmes qui donnent, qui portent sur d’autres données que les données de la langue, je dirai qu’il y a dès lors des langages "sans langue". Ils sont sans langue puisque les données ne sont pas des données de langue ; ce sont pourtant des langages puisque ses données sont soumises à des syntagmes et paradigmes.

De telles données qui sont soumises donc à des règles langagières - bien qu’ils ne soient pas, bien que ce ne soit pas des données de la langue - pourront être dits des énoncés ; énoncés non verbaux. Langage sans langue et énoncés non verbaux sont strictement corrélatifs, puisque les énoncés non verbaux ce seront les données comme n’étant pas des données de la langue, mais auxquelles s’appliquent les règles d’usage syntagmatique et paradigmatique et les règles syntagmatique/paradigmatique qui s’appliquent à ces données ; qui ne sont pas des données de langue, sont elles - ces règles syntagmatiques/paradigmatiques - sont elles des règles langagières donc : aux énoncés non verbaux correspondent des langages sans langue ; et aux langages sans langue correspondent des énoncés non verbaux. Vous pouvez, en ce sens, parler de langage gestuel, mimétique ; vous pouvez parler d’un langage de la mode peut-être, vous pouvez parler d’un langage des fleurs ; vous pouvez parler d’un langage cinématographique.
-  Ouais ?

-  Euh, parlez plus fort si vous pouvez ?

-  Est-ce que les photos peuvent être considérées à leur tour comme un langage sans langue ?

Je ne sais pas, je ne sais pas. Je vais vous dire, pour une raison très simple, c’est que, ce n’est pas mon affaire, vu que je ne crois pas. Je ne crois à rien de ce que je dis mais pour une raison très simple, je n’énonce pas ma pensée - ce n’est pas ma faute, quand je vous raconte du Kant je crois à ce que je dis - quand je vous raconte ceci, je n’y crois pas et je dirai pourquoi je ne peux pas y croire. Alors la question, tout ce que il faut que, là que je me mette à leur place ; que je me dise : est-ce que pour eux, ils diraient : la photo est un langage sans langue ? Je crois que oui, ils le diraient, à mon avis ils le diraient mais, et encore, certains d’entre eux le diraient. Certains d’entre eux le diraient à cause de ces histoires de photogrammes qu’on a vus l’autre fois, on reviendra là-dessus. Je ne peux pas vous dire ! à mon avis, au moins Metz, mais il a, il a beaucoup, Metz ne le dirait pas dans sa première version, il ne le dirait pas parce qu’à la base de tout il faut qu’il y ait une narration. Et que pour lui la photo est descriptive et pas narrative. Euh, s’il n’y a pas narration, il faut que ce soit des données narratives pour qu’il y ait langage sans langue, c’est-à-dire pour que des syntagmes et des paradigmes s’appliquent. Alors je crois qu’il.. - mais ça ne me paraîtrait pas invraisemblable de faire une théorie de la photo où s’applique syntagmes et paradigmes ; d’ailleurs je suppose que Barthes, lui aurait dit qu’il y avait un langage de la photo. Je n’en suis pas bien sûr mais je pense qu’il l’aurait dit. Peut-être, oui mais de l’image, ouais peut-être, peut-être. Peut-être, en tout cas c’est moins sûr que le langage des fleurs, qui lui est.  Alors comprenez pourquoi Barthes a fait un livre sur la mode. Barthes a fait un livre sur la mode parce qu’il estimait que les données de la mode, constituaient un langage sans langue, c’est-à-dire étaient des énoncés, des énoncés non langagiers auxquels s’appliquaient des syntagmes et paradigmes langagiers. D’où langage sans langue.-Je voudrais faire une remarque.
-  Ouais.
-  Comtesse : Si à partir de quelqu’un, ce n’est pas une question, c’est simplement une remarque, c’est que, si Christian Metz, il parvient à une (...) narrative et une sémiotique à partir des définitions donc langagières (...) et donc par rapport à la narration c’est que, l’image sera définie comme, comme une image analogique c’est-à-dire comme un fait de ressemblance et donc la suite des images, ce sera la suite d’énoncés narratifs passant d’un énoncé à un autre bon. Seulement la remarque que je voudrais dire - ce n’est pas une tellement une question d’ailleurs - c’est que, Metz il est revenu un peu sur cette idée, et surtout dans un texte dans "Communications" qui s’appelle "Au-delà de l’analogie (virgule) l’image (point). Donc et la question qui se pose, elle n’est même pas ni la question à ce moment là de la narration, ni même la question des règles qui pourraient définir un langage qui articulerait ou qui lierait, qui lierait plutôt les unités de la langue ; ce n’est pas tellement ça. C’est à mon avis deux choses : d’une part ce qu’implique même la narration, en elle-même pour qu’il y ait une narration et deuxièmement, une certaine interprétation du langage mais d’un langage qui serait défini par ce qu’implique justement la narration. Et à ce moment là il dit l’important, l’important c’est que - on suppose, presque tout le monde suppose - que quand on parle, quand on dit quelque chose, lorsqu’on fait quelque chose, on crée un langage quel qu’il soit ; on parle ou on dit, ou on exprime quelque chose. Ce qui est beaucoup plus fondamental que la narration c’est, l’idée que, le langage ça fait l’expression de quelque chose ; et que le quelque chose ça serait donc comme le transcendantal précisément du langage. Le langage serait interprété comme exprimant quelque chose. Et donc c’est à partir de là, qu’il pourrait y avoir et une narration possible et des énoncés possibles. De sorte que Metz le dit : le problème que je trouve maintenant, ce n’est plus le problème simplement de l’image analogique ou iconique, c’est-à-dire qu’elle n’est plus iconique très bien, le problème du fait de la ressemblance ; mais le problème sémiotique qui se pose et pas tant nouvelle ; c’est moins le problème du fait de la ressemblance que de ce qu’il appelle le statut de quelque chose. Donc il distingue, il fait la différence entre le statut de quelque chose qui peut passer dans l’énoncé ou dans l’image, et puis le fait que l’image ressemblerait quelque, à, à quelque chose ou bien qu’elle pourrait être prise pour quelque chose. C’est simplement cette remarque là que je voulais faire.
-  Et oui.
-  Ce n’est pas tant une question.
-  Et qui n’est pas une question et non.
-  Mais qui peut en devenir une !
-  Et qui pourra en devenir une. Car tu dis très bien et tu comprends. Sympathises pour une fois avec ma situation ! Je suis forcé d’expliquer pédagogiquement - car c’est ma fonction - une distinction langue/langage que je croyais vraiment connue de vous tous comme par cœur. Je m’aperçois avec douleur qu’elle est moins connue que je ne le croyais bon. Rien qu’expliquer çà, accordes moi que ça prend une bonne heure. Tu me dis, mais attention, il y a des textes de Metz et tu invoques "Au-delà de l’analogie", et tu fais allusion comme tu le dis très bien dans une remarque, à un problème "encore plus compliqué". On est en train de se débattre dans un problème moins compliqué mais, et c’est très légitime, dans lequel certains des auditeurs ici, se débrouillent mal. Alors tu comprends, je ne l’ignore pas, ton problème plus compliqué, et on va y venir. Ce qui va devenir intéressant c’est que j’ai peur que ta remarque ne devienne plus une remarque mais franchement un reproche que tu me feras parce que si j’ai bien compris, ce que tu me tires du texte, concernant "l’Au-delà de l’analogie", moi j’en tire tout à fait autre chose. Mais je suis pour le moment incapable de faire intervenir cette remarque qui est très juste ; enfin très juste, la remarque que tu fais. On est très en deçà de çà, on en est au début c’est-à-dire les bases élémentaires sur lesquelles se construit cette sémiotique. Et je continue à dire - moi je parlerai même - je corrige un peu quand tu as consenti à revenir sur les bases, - il y a un mot où je ne te suivrai pas là pour les besoins pédagogiques : il n’y a pas de fait de la ressemblance. Mes trois moments que je distingue c’est, un fait et le mot "fait" là, ne convient que, au fait d’un cinéma de la narration.
-  C’est le fait Hollywood comme il y a, je vous disais un fait euclidien : la géométrie. Il y a un fait Hollywood : cinéma de narration. Là le mot "fait" est pleinement justifié.
-  Deuxième élément : l’énoncé analogique ou iconique, ce n’est pas un fait car comme il dit et sinon il ne pourrait pas avancer ; c’est un jugement. Il doit être rapporté à un jugement de ressemblance, au moins dans le texte, dans les textes du début. Je suis bien forcé de partir des textes du début.
-  Et troisièmement, il y a des règles d’usage paradigmatiques, syntagmatiques qui s’appliquent, à ces énoncés analogiques. Donc je vous en supplie, je ne vous demande que de comprendre ça. Vous comprenez quand c’est moi, comprenez mon drame ; quand c’est moi qui parle en mon nom, finalement ça n’a pas tellement d’importance que vous compreniez ou que vous ne compreniez pas. Parce que la question, ce n’est pas que vous compreniez ; la question c’est : est-ce que vous en tirez quelque chose ou est-ce que vous en tirez rien ? Ce n’est pas tout à fait la même question. On peut concevoir à la limite, c’est difficile mais quelqu’un qui ne comprenne rien et en tire beaucoup, peut se concevoir. Ce n’est pas, mais quand je rapporte la thèse de quelqu’un, là, il est urgent pour moi que vous compreniez et que ce soit hélas, indépendamment des jugements de valeur, que ce soit Kant ou que ce soit Christian Metz.

Donc je recommence, est-ce que c’est compris ? Je dirais ça sur ce point, il n’y a pas à discuter parce que c’est comme ça, je suis navré, c’est comme ça. Vous pouvez me dire : alors oui, que ça ne vous va pas, que ça vous va, que non, que ça ne vous plait pas bien comme position de problèmes, que vous ne pouvez pas dire que ça vous plait rudement, ça et c’est secondaire, ce n’est pas si ça vous plait ou pas, c’est... Et en tout cas la linguistique en général, il est assez important de savoir ce qu’ils veulent dire lorsqu’ils emploient tantôt le mot « langue », tantôt le mot « langage ». Parce qu’encore une fois, la distinction « langue/parole » tout le monde la connaît. Mais « langue/langage », c’est une distinction plus importante. Puisque évidemment, la parole ne pourra être définie que par l’emploi - l’emploi dans des énoncés effectivement prononcés ou prononçables - l’emploi des règles d’usage. Bon ça suppose la distinction « langue/langage ».

Alors est-ce que, est-ce que c’est limpide ? Bon, donc je répète que,
-  le cinéma va nous être présenté comme un ensemble d’énoncés icologiques, c’est à dire d’énoncés non langagiers en tant qu’ils sont soumis, pourtant, à des règles langagières de syntagmes et de paradigmes.

Vous me direz comment du non-langagier peut-il être soumis à des règles langagières ? On l’a vu, parce que les règles langagières ne portent pas seulement sur des éléments de la langue. Dès lors, vous parlerez d’énoncés non verbaux, énoncés non verbaux qui sont des énoncés en tant que soumis, aux règles du langage, paradigme et syntagme. Faites-moi un sourire et oh, ouais. Bon, allons-y.
-  Il y a quelque chose qui empêche la limpidité, c’est la fumée ici !. -Ah voilà, vous arrêtez de fumer, je vous l’ai dit déjà, vous allez avoir bientôt une récréation euh. Oui parlez fort.

-  En quoi... de Metz ; langue/langage au cinéma, si vous ne considérez la langue que comme des exemples de langage verbal. Le langage verbal... par rapport à l’image et au cinéma...

-  Alors, entendons-nous, je précise bien sûr : cette distinction n’est pas de lui, il utilise cette distinction. Il l’utilise pour dire : le cinéma n’est pas une langue, c’est un langage sans langue, c’est-à-dire c’est un couple énoncés non verbaux/règles langagières, d’accord ? Si vous me dites, quel intérêt à cela ? La seule réponse de Metz serait, que c’est le seul moyen de faire de la critique cinématographique, une science. C’est-à-dire, de la tirer d’un simple impressionnisme ou d’une critique d’humeur ou de, quoi d’autre ? Ou enfin, de lui donner une base scientifique. Ça va comme réponse ? Je crois, je crois que c’est ça son...Ou du moins sinon une science, de donner à la critique de cinéma une méthode, une méthode rigoureuse.

Comtesse - Je veux dire aussi que, du coup c’est différent des trucs qu’il dit au début du cinéma.

-  Oui, là, Comtesse a raison. Il se trouvait dans une forme culturelle, le cinéma, qui avait été agitée pendant tout le muet et au début du parlant par, le cinéma : langue universelle. Donc c’est ça, il va les traiter de naïfs, de - je dirai à la lettre philosophiquement : de pré-critique. Et c’est en ce sens que je vous disais : sa position est comparable à celle de Kant quand il fait de la philosophie critique, en assignant un fait et en se demandant à quelles conditions ce fait est-il possible. Il y a le fait de la narration, à quelles conditions ? Le fait de la narration au cinéma est-il possible ?

Réponse : à condition, que les énoncés analogiques, iconiques soient soumis à des règles syntagmatiques et paradigmatiques.

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