THEMES COURS
 ANTI-OEDIPE ET AUTRES RÉFLEXIONS - MAI/JUIN 1980 - DERNIERS COURS À VINCENNES (4 HEURES)
 SPINOZA - DÉC.1980/MARS.1981 - COURS 1 À 13 - (30 HEURES)
 LA PEINTURE ET LA QUESTION DES CONCEPTS - MARS À JUIN 1981 - COURS 14 À 21 - (18 HEURES)
 CINEMA / IMAGE-MOUVEMENT - NOV.1981/JUIN 1982 - COURS 1 À 21 - (41 HEURES)
 CINEMA : UNE CLASSIFICATION DES SIGNES ET DU TEMPS NOV.1982/JUIN.1983 - COURS 22 À 44 - (56 HEURES)
 CINEMA / VÉRITÉ ET TEMPS - LA PUISSANCE DU FAUX NOV.1983/JUIN.1984 - COURS 45 À 66 - (55 HEURES)
 CINEMA / PENSÉE - OCTOBRE 1984/JUIN 1985 - COURS 67 À 89 (64 HEURES)
 - CINEMA / PENSÉE + COURS 90 À 92
 - FOUCAULT - LES FORMATIONS HISTORIQUES - OCTOBRE 1985 / DÉCEMBRE 1985 COURS 1 À 8
 - FOUCAULT - LE POUVOIR - JANVIER 1986 / JUIN 1986 - COURS 9 À 25

50- 20/12/83 - 3

image1
31.4 Mo MP3
 

Gilles Deleuze - Cinéma cours 50 du 20/12/83 - 3 transcription : Daniel Rayburn et Thibault Masset.

Ce qui est cette composition de perspective, c’est ça que l’on appellera le nomos. Il y a pas d’être, il y a pas de nature, il n’y a pas de fusis, il y a que du nomos. Et c’est comme ça (inaudible) Protagoras.

-  C’est ce que Melville, dans le texte - je vous l’ai pas lu mais je n’ai pas de temps - appelle d’une manière très belle aussi, aussi bien que misanthrope jovial, il appelle ça... On est, je crois, dans une aire de misanthrope jovial. On en voit plein, c’est épatant, c’est le discours qui mélange une espèce d’intention cynique avec une platitude radicale. Vous savez les gens qui croient encore, que ça fait de l’effet de dire que les hommes sont nés dans la peur du gendarme, que c’est une chouette idée ça, ils trouvent que ça va loin. C’est un type de discours très, très curieux. Les gens, ils en sont revenus : « on ne me la fait pas ». « C’est pas grave, oh non, on ne me la fait pas, oh ça peut pas être aussi grave que tu dis ». (rires). Melville, alors il en a fait un tableau fantastique.

Et dans "Moby Dick" alors, dans "Le grand escroc" vous trouverez le tableau fantastique de ces discours. Mais dans "Moby Dick", il y a ce qu’il appelle « le désespoir sans façon » mais cette fois sur un bateau. Où là, c’est bien le discours de l’homme ordinaire. C’est un pauvre marin, comme quoi ce discours a plusieurs facettes. C’est Protagoras quand on l’a mis sur un navire et qu’il a le mal de mer.
-  « Quand l’homme prend l’univers entier comme une vaste blague, certains moments de cette affaire étrange et bigarrée que nous appelons la vie, lui apparaissent terriblement cocasses et bien qu’il n’aperçoive que vaguement l’esprit de cette blague, et bien qu’il se doute qu’elle se fait à ses propres dépens, rien ne le décourage, rien de lui semble valoir la peine d’une discussion. Il encaisse tous les événements, tous les crédos, toutes les croyances, toutes les persuasions, et toutes les choses les plus dures, visibles ou invisibles. Enfin, toutes les choses pour si dures à avaler qu’elles soient, comme une autruche qui peut digérer des cartouches et des pierres à fusil. Et quant aux petites difficultés et aux ennuis consécutifs à un désastre subi, intéressant ses membres et sa vie même, tous cela, et la mort comprise, ne lui semble être que des effets malicieux de bonne humeur. Des bourrades dans les côtes qui lui sont données par l’inexplicable et invisible vieux farceur. »

Vous savez comme quand le matin on se lève dans le discours ordinaire, et puis on reçoit un coup énorme sur la tête, et là qui vous ouvre, on se retrouve en sang. Et puis on se dit « Ah ben alors ça, la journée commence bien. C’est bien, ce que dit Melville. « Tout et la mort comprise, tous cela ne lui semble que des effets malicieux de bonne humeur, des bourrades dans les côtes qui lui sont données par l’inexplicable et invisible vieux farceur. »
-  « La sorte d’humeur fantasque, dont je parle, s’empare d’un homme seulement au moment extrême de la tribulation. Elle apparaît au beau milieu de son ardeur, et fait que ce qui l’instant d’avant, avait une énorme importance, lui semble tout à coup n’être qu’une partie de la farce. »

Tout à coup, ce à quoi l’on croyait, on était Empédocle, on y allait à fond et puis à un moment on dit « mais qu’est-ce que je fais là »... qu’est ce que je fais là ? C’est le réveil de Don Quichotte, qu’est ce que je fais là ?.. partie de la farce. « Il n’y a rien comme la... » Alors là il (inaudible) Moby Dick, « Il n’y a rien comme les périls de la chasse à la baleine, pour faire naître ce genre de philosophie géniale et de désespoir sans façon. Et c’est ainsi que je commençais à considérer le voyage et son but, la grande baleine blanche. » Désespoir sans façon finalement, rien n’a d’importance, ça ne peut pas être si grave que ça. Voilà, ça. Je dis juste s’il avait un endroit ou le placer, le sophiste Protagoras, ça serait peut-être là. A ce niveau du nomos, de la composition des perspectives.

-  Quatrièmement - alors là je vais très, très, très vite parce que je sens que je n’en peux plus et je sens que vous non plus. Vous allez tenir encore ?... comme ça on aura fini, hein, mais voilà. Quatrièmement, il faut que je reprenne, il faut que je ressaute, deux à l’homme original. L’homme original, il était passé derrière le mannequin. Tant que c’était Empédocle, tant que c’était Don Quichotte, ça allait encore. Mais il était devenu déjà philanthrope amer, il n’était pas loin d’être misanthrope, redoutable misanthrope. Sans doute il haïssait la haine, et il haïssait tellement la haine qu’il n’avait plus que la haine, haine partout. Il était devenu l’homme de la haine. Empédocle, s’est tué avant - sans doute, peut on supposer Empédocle s’est tué - s’est jeté dans le volcan pour ne pas devenir l’homme de la haine.

-  Achab restera un grand philanthrope, c’est-à-dire, l’homme qui a le sens de l’unité de tout ce qui vit. Mais à quel prix ? Il sera passé derrière le mannequin. Il sera passé de l’autre côté. Seulement, il se fera tuer par la baleine blanche. Alors, Don Quichotte n’en parlons pas. Sa pureté le sauve. Mais les autres, ceux qui sont passés, peut-être d’anciens Empédocle. C’est des hommes de la haine. Ou ils semblent. Et en effet, comme des hommes du mal radical, ils ont tout à fait renoncé à l’amour qui unifiait tout ce qui vivait. Ils sont passés au service de la haine qui fait mourir tout ce qui est mortel et qui trouvent que la mort ne va jamais assez vite. Ils ont une perspective dépravée. C’est un genre d’homme dont Platon a parlé déjà très admirablement. Les dépravés par nature.

Et il arriva bien des siècles après un Hermann Melville, de faire un roman court et très beau : "Billy Budd". "Billy Budd" qui a pour un héros, là je cite Melville même : « un dépravé par nature ». Le chef mécanicien du bateau qui répond au nom de Mac Claggart. Et notamment, Melville - je n’ai plus le temps de lire les textes mais lisez ce un roman tout court qui est aussi un chef d’œuvre de Melville, Melville explique que c’est « un dépravé par nature ». Et il dit, pour découvrir ça, il faut l’œil du prophète :
-  « Même si vous avez la connaissance du monde. Même si vous êtes très fin psychologue, vous passerez à côté des dépravés par nature. » Parce que les dépravés par nature c’est des malades, ils vous auront. Il faut l’œil du prophète, c’est à dire quoi ? Il faut l’œil d’Empédocle. Il aurait fallu l’œil d’Empédocle. C’est ce qu’Empédocle diagnostiquait derrière les mannequins. C’est ça qu’il diagnostiquait Et, il y une longue page sur les yeux et la couleur des yeux de Mac Claggart. Notamment, lorsqu’ il médite un sale coup. Il est très beau, d’accord, Claggart, mais quand il médite un sale coup il devient encore plus beau. Et ses yeux ? Et bien, prennent "d’inquiétantes teintes d’aquariums", qui sont décrits par Melville dans une des plus belles pages qui soient sur les yeux. Il y a, tiens ben là aussi c’est curieux, il y a un anglais et un américain, qui ont su décrire les yeux avec des mots. C’est Swinburne, dans son grand roman, "la première page". Et peut-être Melville dans « Billy Budd », fantastique description des yeux de Mac Claggart, méditant un sale coup.

Bon. C’est la perspective dépravée ça. C’est la perspective dépravée, seulement... Il se trouve que, ce ne sont pas des hommes uniques, leur unicité remonte à leurs lointaines origines. Ce sont les descendants dégénérés d’Empédocle, ce sont les descendants dégénérés de l’homme original. Je dis "perspectives dépravées" parce que c’est un terme courant en terme d’art, d’esthétique. C’est des perspectives très spéciales, par exemple dont un auteur, dont on republie l’œuvre, qui s’appelle Baltrusaiti, a étudié en peinture des perspectives dépravées, c’est très, très intéressant, c’est lié aux anamorphoses.

-  Mais, j’en termine. Leur unicité n’est qu’apparente, Mac Claggart , c’est pas, c’est pas un vrai statut. En fait, ces hommes, ils forment une sorte de chaîne, ils forment une sorte de chaîne, chacun, je dirais, attendant son moment. Pourquoi il a fallut passer par l’homme ordinaire tout à l’heure ? Parce que, un homme ordinaire, le discours du nomos, ou même le discours raisonnable, le discours de la raison, ça va très bien. Ils usent de la raison, comme explique très bien..., et Melville leur donne le nom psychiatrique qu’il convient à ces dépravés par nature, à ces perspectives dépravées, à ces corrompus, là, du mal absolu.
-  Il dit « c’est la monomanie », en effet c’est ce qu’on appelait au dix-neuvième siècle, la monomanie. Et la monomanie au dix-neuvième siècle se définissait comme un délire d’action et non pas d’idée. C’est-à-dire c’est des gens, vous pouvez vivre avec eux des années, il sont absolument raisonnables, bien. Et tout à coup - je viens de dire, vous avez avec eux une vie ordinaire très, très longue. Il y a aucun délire du type délire d’idée. Et tout à coup il y a un acte explosif, il tue quelqu’un dans des conditions...on comprend rien, pourquoi ils ont fait ça , pourquoi ils ont tué, pourquoi ? Ou ils foutent le feu.

Alors, c’est le grand thème du dix-neuvième siècle, la monomanie, c’était la terreur du dix-neuvième siècle, la terreur aussi bien à la campagne qu’à la ville. Parce que c’était les classes humbles, les classes laborieuses qui avaient de la monomanie. Le délire d’idée, c’était réservé évidemment, elles osaient rien dire...euh... Le délire d’idée c’était réservé aux riches, aux bourgeois, le peuple n’a jamais eu que la monomanie pour.....c’est-à-dire le délire d’action. A la campagne ça donnait les incendies, des incendies de trucs là, vous voyez là...euh.... Quoi ? Mais enfin comment ça s’appelle ? Vous voyez le blé...Euh... (Auditeurs : Des meules ?) Vous êtes pas mieux que moi (Auditeurs : des meules, des granges ?) Ah ben oui voilà, voilà Voilà, incendie des meules. Et à la ville ça donnait des assassinats, des assassinats faits par les bonnes. Alors, entre les paysans qui foutaient le feu, entre le paysan un peu simple qui foutait le feu aux meules. Et puis la bonne qui tuait la patronne. Ca posait un problème ça pour les psychiatres, et c’était pas rien. Tandis que du côté des bourgeois, quand j’ai bien lu la psychiatrie du dix-neuvième, j’avais été frappé par ça. J’ai jamais, je crois, je n’ai jamais rencontré cité un cas de monomanie bourgeois. Toujours a l’égard du peuple, toujours. Evidemment il y avait des monomaniaques bourgeois, mais euh ça fait rien ça correspondait...le bourgeois... il y avait des monomaniaques mais à ce moment on les laissait, à mon avis, on les laissait. On les laissait faire, on les grondait et on les surveillait quand même, mais on les flanquait pas dans les traités. Eux ils avaient le droit au grand délire d’idées.

Mais enfin, je disais, oui, c’est ce que j’appellerai, ils vont par chaîne, ces hommes. Il faudrait dire, c’est là que je reviens, ce sont, sans doute, des dégénérescenses de l’homme original, mais c’est eux qui méritent le nom "d’hommes remarquables".

Pourquoi homme remarquable ? Parce que, et pourquoi ils doivent venir en quatre, après mon trois ? Parce que mon trois, c’est le discours de la vie ordinaire, et du temps ordinaire. J’ai pas introduit le temps parce que ce serait trop long, c’est à vous de le réintroduire à chaque fois. C’est le discours de la vie ordinaire. Et eux, ils se définissent (inaudible) de l’horreur.

-  Mac Claggart attendra très longtemps, le moment de coincer le beau Billy Budd. Bien, eux aussi ils attendent leur moment ; en effet même quand ils sont tout seul type Mac Claggart, en droit ils sont pas tout seul. C’est toujours une chaîne d’hommes remarquables. Il y a une série d’hommes remarquables, toute une série d’hommes remarquables dont chacun à son heure, et attend son heure, blotti à un coin de l’écoulement ordinaire du temps et de la vie. J’invoque à moi, trois choses. Qui, dans le roman de Melville, dans "Le grand escroc", qui tient le discours philanthropique de la vie ordinaire, du type « tout ça n’est pas si grave » ? Toute une série de créatures étranges, j’en ai parlé, je vous rappelle qui commence par un albinos muet, qui écrit par pancartes, se poursuit dans un noir cul-de-jatte, lequel étant attaqué par des misanthropes qui lui disent "Mais toi, tu n’es qu’un mannequin". Tout ça c’est des thèmes obsessionnels chez Melville, « t’es qu’une espèce de mannequin en carton pâte ». Il dit « mais non, il y a des hommes qui vont me recommander », et ces intercesseurs, c’est donc, il y a donc l’albinos, le noir cul-de-jatte, et puis je ne me souviens plus l’ordre mais je vous l’avais donné, vous le verrez vous-même. L’homme au chapeau de crêpe, l’homme au crêpe sur son chapeau. Euh... L’homme à la cravate grise, l’homme, etc... L’homme docteur herboriste etc, jusqu’à une espèce de chaîne d’hommes remarquables qui tous tiennent le même discours ordinaire du « tout ça n’est pas bien grave », et chacun attendant son heure pour prendre le pouvoir sur une séquence et faire un quelque chose, dont on devine que c’est une escroquerie.

Ou bien quelque chose d’un autre ordre, une prise de pouvoir, une affirmation de puissance, et à toute cette série des hommes remarquables, dont vous voyez que, maintenant je peux enfin compléter ce qui était incomplet tout à l’heure, le discours ordinaire, le discours de l’homme ordinaire, s’oppose au discours des misanthropes, c’est-à-dire de l’homme véridique ou de ce qu’est devenu l’homme véridique. Il s’y oppose sous la forme : « allons soyez pas comme ça tout n’est pas si grave », mais lui-même, il est tenu par la chaîne des hommes remarquables, qui profitent de ce discours "tout est ordinaire, tout ça n’est pas si grave" pour chacun bondir au moment, au moment propice, la bonne occasion, et asseoir leur puissance sur une séquence de la vie ordinaire, et la détourner à leur profit. Alors qu’est-ce qu’on nous apprend d’après le peu que nous savons des sophistes ? d’où mon invocation en tout début d’année. Les sophistes c’est vite dit d’opposer Platon et les sophistes, ça se passe pas comme ça et le livre de (inaudible). Nous apprenons qu’un second des grands sophistes qui allait encore plus loin que Protagoras dans le nihilisme. Il semblait alors avoir poussé le nihilisme très, très loin...Il s’appelait Gorgias et tout comme il y a un dialogue de Platon... Gorgias, euh... « Protagoras », il y a un dialogue de Platon qui s’appelle "Le Gorgias".

Et "Le Gorgias" qu’est-ce qu’il disait après le peu que nous savons ? Ce qui l’intéressait, il avait en commun avec Protagoras de ne pas croire à la fusis, encore moins aux idées pures. Mais contre Protagoras - il était assez différent, c’est pas tellement le nomos qu’il invoquait. Ce qu’il invoquait c’est une notion chère aux Grecs. Là aussi il faudrait des heures de commentaires parce que c’est une drôle de notion, très très.... A la rentrée si quelqu’un est capable de parler de ça... on sait pas, on sait pas....
-  Le kairos, ce que les Grecs appellent le kairos : k-a-i-r-o-s. Et le kairos est le bon moment, l’occasion favorable. Je ne vois qu’un truc en musique, vous savez. Je ne vois qu’un truc en américain, toujours ma prononciation qui me peine . Je crois que, je sais plus si ça s’emploie toujours dans le même sens, ce qu’on appelle le timing, dans le jazz, le timing. Le timing, c’était pas le tempo, c’était le moment favorable pour un des improvisateurs pour intervenir. Le bon moment, par exemple, pour placer un solo de trompette. Le bon moment, c’était vraiment, le timing, c’était l’occasion favorable, quoi. Je sais pas si ça s’emploie toujours dans ce sens. Le moment il faut ou partir ou arriver. Il y a les gens qui ont pas timing, qui passent leur temps à partir ou arriver quand il faut pas. Y a des gens qui en ont, ben...c’est... Or, Gorgias faisait une morale, et comprenez, je veux pas faire de Gorgias une image noire. Le peu qu’on sait c’est que, il attachait une importance fondamentale au kairos, parce que pour lui, c’était ça le véritable objet de la science, et du discours. C’est donc très différent de Protagoras. C’est pas le discours qui est censé, par composition des perspectives et hiérarchisation des perspectives, fonder une loi, le véritable objet du discours, de la rhétorique, selon Gorgias c’est : intervenir au bon moment.
-  Savoir attendre aussi longtemps qu’il faut. Intervenir au bon moment, saisir l’occasion favorable, être l’homme du kairos.

Et, c’est pour ça, c’est comme ça qu’il définissait, selon lui, le juste. La justice, c’était quoi ? Mais la justice c’était intervenir au bon moment. La sagesse, c’était intervenir au bon moment. Et après tout, on trouvera dans Socrate et dans Platon des choses qui tiennent le plus grand compte de cette thèse de Gorgias qui est très très intéressante.

Et ce qui m’intéresse particulièrement, c’est que dans le dialogue de Platon, Gorgias se fait relayer, Gorgias il en a marre de discuter avec Socrate, et il est pris en relai par un autre sophiste qui s’appelle Polos et enfin, par le jeune et grandiose sophiste, donc ils sont trois, c’est une chaîne de trois : le jeune et grandiose Calliclès qui traite Socrate comme jamais Socrate ne fut traité.
-  Voyez, ça m’intéresse parce que c’est suivant là un moment favorable que un tel intervient etc... qu’il y a la chaîne des trois sophistes dans « Le Gorgias », qui me fascine beaucoup. Alors, alors ça veut dire quoi ? Voyez, ça va tout seul, bon, ce qu’il faudrait lire. Il y a un autre grand texte, c’est... Si vous voulez la série des hommes remarquables, et ben oui, si vous avez suivi ensemble maintenant je peux dire, mais forcement, c’est cette série des puissances ascendantes. Cette série de puissances ascendantes dont aussi depuis le début là de ce trimestre, depuis le début de notre travail cette année, on n’a pas cessé de parler, comme étant ce qui se passait dans l’image cristal, ce qui se passait dans la formation cristalline. Je vous disais il y a toujours une chaîne de faussaires. Là on la retrouve c’est notre chaîne de faussaires, c’est la chaîne de faussaires, là, chacun intervenant à son moment.

Et c’est une chaîne de puissance qui augmente, puisque dans Melville la chaîne des faussaires, la chaîne des escrocs... qui en fait sont évidemment un seul et même groupe, en seul et même personnage, qui sont un seul et même événement, une seule et même société, je sais pas quoi. Toute cette chaîne va aboutir au plus grandiose d’entre eux qui se fait appeler « le cosmopolite ». Et tout va donc, de l’albinos muet au cosmopolite bavard, au cosmopolite maître du discours, et ça a formé, toute cette chaîne des faussaires, qui constituait pour nous, toute l’ascension de la puissance du faux.

Et je dirais le grande texte qu’il faut réunir en tenant compte de nos auteurs c’est, non pas le dernier livre puisque ça... « Zarathoustra » n’est pas de dernier livre, « Zarathoustra » reste un livre inachevé, c’est le dernier livre existant de « Zarathoustra ». Quatrième et dernière partie. Quatrième et dernière partie que nous raconte... Et ça lisez-le, même si vous ne lisez que ça. Euh...Vous vous (inaudible), vous verrez pas tout ce que je cite, évidemment, mais lisez dans ce que je cite quelque chose que vous avez pas encore lu. Si c’est du Melville, c’est parfait. Mais si y en a parmi vous qui n’ont pas encore lu Zarathoustra, même commencé, commencé, aucune importance. Commencez par le Quatrième livre. Allez tout droit au Quatrième livre, aucun besoin de lire les livres précédents. Et ce quatrième livre vous raconte ceci : que Zarathoustra entend un cri. Et que ce cri est un cri multiple. Oui, c’est un cri, mais un cri multiple. Et, dans une longue promenade, il va croiser chacun de ceux qui composent ce cri. Et ça va être, mais une liste, un défilé de crapules, de faussaires, de plus en plus puissants qui s’intitulent eux-mêmes les hommes ou qui seront appelés par Nietzsche, les « hommes supérieurs ». Donc surtout ne pas confondre les hommes supérieurs avec le surhomme, ça serait une catastrophe.

Les hommes supérieurs. Et les hommes supérieurs mais c’est des crapules insensées. Des faussaires, tous des faussaires, alors c’est fascinant parce que la liste de Nietzsche est très, très belle et le texte est poétiquement sublime et philosophiquement sublime.

Je cite dans l’ordre.
-  Le premier c’est le devin. Et Le Devin, c’est une espèce de type, qui ne se cache pas. Il finit par dire à Zarathoustra : « je t’ai bien eu quand même hein ». Tous ils finissent par dire...euh. Et Zarathoustra tantôt il dit.... Il les admire, hein, Zarathoustra il a une attitude très ambiguë. Il les méprise mais il les admire beaucoup, il les admire parce que là pour des raisons, il faudrait faire, il faudrait une étude sur Nietzsche pour dire en quoi il les admire, on n’a pas le temps. Juste il les admire. Alors c’est bien parce que vous comprenez, il les croise et il y a ce Devin, c’est la lassitude, la fatigue, il peut même pas lever un bras, tout en vain, tout est vain. C’est le discours de la grande lassitude. Il n’y a rien à faire. Il n’y a rien à faire, tout est vain.

-  Le deuxième, c’est Les Deux Rois, les Deux Rois qui traînent un âne avec eux. Cette fois ci c’est pas le discours de la grande lassitude, c’est plutôt le problème de la morale. Ils invoquent le problème de la morale, à savoir la formation de l’homme. Et l’un des deux rois représente le processus de la formation et l’autre roi représente la formation supposée faite. Et tous les deux sont écœurés et disent : il n’y a plus que de la populace. C’est non plus le discours de la fatigue, c’est le discours de la morale, Les Deux Rois.

-  Le troisième, c’est l’Homme à la sangsue. Une merveille, une merveille l’Homme à la sangsue. C’est un homme qui est à moitié pris dans un marais, et qui sort son bras sanguinolent où il y une sangsue accrochée. Il tient un discours et on apprend que c’est l’homme de la connaissance. Son affaire, c’est la science, oui. C’est la science. Et que, il s’est dit, plutôt connaître à fond une petite chose, que connaître à moitié le monde entier. Exigence de la connaissance scientifique selon Nietzsche. Alors il s’est dit je vais connaître la sangsue.

On a vu même se spécialiser dans une partie de la sangsue parce que la sangsue leur paraissait un sujet beaucoup trop grand. Alors et c’est très utile. J’ai tort de rire puisque ça fait faire la science des progrès inappréciables. Alors, mais il s’est aperçu que pour connaître la sangsue, il faillait vivre la sangsue. Et vivre la sangsue, c’était vivre avec la sangsue. C’est une aventure qui nous arrive à tous, la moindre physicien il trouve le besoin de vivre avec ses particules. Alors il vit avec sa sangsue là, et il s’aperçoit que seule la sangsue sait ce qu’est la sangsue. Alors il est embêté parce que, bon, il est embêté c’est le faussaire de la science, ou plutôt c’est la science comme puissance du faux.

-  Et puis alors, après l’Homme à la sangsue, il rencontre l’Enchanteur. L’Enchanteur qui est la plus fripouille, il me semble, hein, chacun peut avoir ses préférences, pour moi c’est le pire, c’est le pire faussaire, le plus répugnant. Car en se trémoussant, c’est une espèce d’un vieux infect qui en se trémoussant, chante un admirable poème. Admirable poème de la pitié. Et ce poème de la pitié, c’est un texte de Nietzsche, et un poème que Nietzsche a écrit et auquel il avait donné pour titre « La plainte d’Ariane ». La plainte d’Ariane quand elle s’adresse à Dionysos. Et La plainte d’Ariane est un des textes les plus beaux de toute la littérature, qui commence comme ceci :

« Qui me réchauffe, Qui m’aime encore ? Donnez des mains chaudes ! Donnez des réchauds du cœur ! Etendu, frissonnant tel un moribond à qui l’on chauffe les pieds - Secoué, hélas ! de fièvres inconnues, Tremblant devant les flèches glacées et aigues des frimas, chassé par toi, pensée ! Innommable ! Voilé ! Effrayant ! Chasseur devant les nuages ! » Etc, etc... « Frappé par toi, chasseur le plus cruel, toi, le dieu - inconnu... » C’est "La plainte d’Ariane" à Dionysos. Or c’est évident que c’est un lied. Nietzsche, d’une part composait des lieds, lieders. D’autre part, il faisait des poèmes qui avaient tout naturellement la forme d’un lied. En effet, c’est un poème chanté qui est de toute beauté, d’une très, très grande beauté.

Et voilà que l’Enchanteur prend cette chanson d’Ariane, et la chante avec ses manières grotesques. Et c’est exactement comme si une espèce de vieillard dégoutant prenait un masque de jeune fille, et se dandinait comme une jeune fille en chantant « La plainte d’Ariane ». Un répugnant chanteur, n’est-ce pas, insoutenable.
-   Alors, enfin on passe après l’enchanteur il y a Le Dernier des papes, ça le dernier des papes c’est une merveille : « J’ai passé toute ma vie au service de mon maître et maintenant je n’ai plus de maître ». Le Dernier des papes, et cette fois-ci c’est, non plus, voyez l’ordre il est très bien, la morale avec Les Deux Rois,
-  la connaissance avec, plutôt le rien, avec Le Devin.
-  la morale avec Les Deux Rois,
-  la connaissance avec L’Homme aux sangsues
-  la religion avec Le Dernier pape.

Il a servi Dieu : « J’ai servi Dieu jusqu’à la fin ». Il a même perdu un œil, il lui manque un œil ; là, toutes les interprétations sont permises, pourquoi est-ce qu’il lui manque un œil ? Et « je suis sans maître » il dit, Le Dernier des papes. « Je suis sans maître, et néanmoins je ne suis pas libre, aussi je ne suis plus jamais joyeux, sauf dans mes souvenirs. ».

-  Alors, après Le Dernier des papes avec la religion, il y a Le plus hideux des hommes. Le plus hideux des hommes, vous allez voir en quoi c’est tous des faussaires.
-  Le Pape assimilé à un vieux laqué qui n’a plus de maître, qui a perdu son œil, tout ça...
-  L’Enchanteur qui chante la chanson, qui a volé la chanson de la jeune fille.
-  Le plus hideux des hommes, c’est le meurtrier de Dieu, c’est donc pas dans l’ordre chronologique, c’est celui qui a tué Dieu. Ce sur quoi j’insiste, et ce pourquoi j’insiste, là dans mon appel très solennel à votre égard : Ne croyez pas - il est célèbre, que chez Nietzsche traîne un certain thème qui est la mort de Dieu. Dieu est mort. Ne croyez pas que Nietzsche soit, le moins du monde, mêlé à ce thème. Il le dit, il en parle tous le temps. Mais contrairement à ce qui traîne vraiment dans toute la littérature sur Nietzsche, le thème « Dieu est mort » est un très vieux thème renouvelé par le romantisme allemand.

Bien loin d’être un inventeur de la formule "Dieu est mort", que vous trouvez abondement chez Hegel, que vous trouvez abondement un peu partout, et qui a plein de sens, -Nietzsche c’est celui qui dénonce l’inutilité de cette formule. Ne mettez surtout jamais Nietzsche et sa pensée dans cette affaire que Dieu est mort. Que Dieu soit mort, mais si j’ose être vulgaire, Nietzsche est le premier à s’en foutre éperdument. Et, la formule même, le met dans une telle joie que, il fait des adjonctions, des adjonctions toujours comiques. Dieu est mort, oui, mais de douze manières, et je vais vous raconter les douze manières, et les douzes seront toutes très, très comiques. Dieu est mort, bon d’accord, qui l’a tué ? Oui, il est mort de rire. Dieu est mort, oui, il est mort de rire, en entendant qu’il y avait qu’un seul Dieu. Enfin il donne mille versions de la mort de Dieu, toutes pour nous faire rire. Et il n’y attache aucune importance, parce que c’est par là même, il fait un grand critique de la forme de Dieu est mort. Car, l’idée de Nietzsche, c’est que, que Dieu soit mort, ça n’a strictement rien changé. C’est là qu’il est nouveau. C’est là qu’il est nouveau, c’est là qu’il est le anti-Feuerbach par excellence. Puisque pour Feuerbach, par exemple, Dieu est mort signifie que l’homme doit prendre la place de Dieu. Et que Nietzsche est le premier à dire, tant que vous garderez la place que ce soit l’homme ou Dieu qui s’y mette quelle l’importance ? *********************************************** "Donc, que Dieu soit mort, si c’est pour que l’homme prenne la place de Dieu, c’est strictement pareil, aucune importance, et ça le met dans un état de joie, les gens, pour Nietzsche, les gens qui croient que « Dieu est mort » est une formule importante, ne cessent pas de mettre Nietzsche dans

un état d’hilarité. Parceque lui, lui, il va vous donner d’une part des versions comique de cette mort de Dieu, et d’autre part il va vous dire vous avez strictement rien gagné, strictement rien gagné. Et c’est pour ça que le meurtrier de Dieu est dit "Le plus hideux des hommes", le plus hideux des hommes, parce que : « je ne supportais plus la pitié de Dieu » dit le plus hideux des hommes : Il a fallu qu’il se mette à la place de Dieu. Et Zarathoustra, de tous ces hommes que Zarathoustra rencontre, Le plus hideux des hommes est l’un des plus antipathique à Zarathoustra même. A moi ce serait L’Enchanteur, m’enfin, chacun a ses goûts, encore une fois.

Qu’est ce qu’il y a encore après le plus hideux des hommes ? Après Le plus hideux des hommes, il y a le mendiant volontaire, le mendiant volontaire, lui, on sent qu’on se rapproche de la fin, il récapitule tout. Il cherche le vrai. Il cherche le vrai mais partout. Est-ce dans la religion, est-ce dans la morale, est-ce dans la science ? Non : la verité n’existe que chez les vaches. Voilà ce que nous apprend le mendiant volontaire, dans un texte admirable et oui, parce que les vaches savent ruminer. Ben oui alors les vaches, elles, Où est le royaume de Dieu ? Ni dans la morale, ni dans la connaissance ni dans la religion : Le royaume de Dieu est chez les vaches. Bien, mais Nietzsche avait grand estime pour ces animaux : c’est aussi l’unité de tout ce qui vit, la vache.

-  Et puis, enfin, le dernier : l’ombre. L’ombre, est qu’est-ce qu’il appartient à l’ombre hé bien : se faire de plus en plus petite, se faire de plus en plus petite. Tu as perdu ton but et ton domaine : Elle sait plus, il faut imaginer tout ça l’ombre qui court affolée. L’ombre elle a perdu tout, elle a perdu son modèle, elle a perdu son but, elle a perdu son lieu, et tout ça, bon. Elle n’a qu’a se faire de plus en plus petite, pourquoi ? Pour que midi arrive. Incipit de Zarathoustra, les deux textes se recoupent, c’est maintenant à Zarathoustra à entrer sur scène. Il a dit, quoi ? Là vous avez votre série des faussaires. Et comme vous lirez ce livre quatre, vraiment je vous demande de vous demander, pour chaque personnage : en quoi est ce un faussaire ? Et vous vérifiez, c’est toutes les puissances du faux qui montent jusqu’à la dernière, l’ombre. N’oubliez pas que Nietzsche a titré tout un livre "Le voyageur et son ombre".

Et l’ombre est fondamentalement dans le romanticisme allemand, liée au thème du voyage. Il y a cette montée d’hommes vraiment remarquables, c’est la chaîne des hommes remarquables, la chaîne des hommes supérieurs. La chaîne des hommes remarquables, tous des faussaires. Et la puissance du faux qui monte de plus en plus. Et ils ont besoin, tout comme dans le cas de Melville, ils ont besoin du discours ordinaire. Revient comme un leitmotif chez eux : aujourd’hui tout n’est que populace. Tout est vulgaire tout est ordinaire.

Alors, qu’est-ce qu’il nous reste ? Il nous reste, ce qu’on a annoncé la derniere fois. Il nous reste la cinquième étape, à savoir :
-  pourquoi le thème du temps et du discours de la vie ordinaire est tellement important ? C’est que, c’est à travers lui que se monte la chaîne des faussaires. Augmentant de puissance en puissance à chaque occasion, augmentant puissance à chaque occasion. Et c’est sur fond de cette ordinarité que l’on accédera enfin à la question qui est celle de la puissance du faux, au niveau de plus grand, à son niveau supérieur à savoir : comment produire quelque chose de nouveau ? A ce-moment là on n’aura pas - comment l’ordinaire soutendu par sa chaîne de faussaire arrivera-t-il à une puissance du faux, qui soit vraiment la création de quelque chose de nouveau ? A ce moment-là, on aura retrouvé le vrai. Mais, ça sera pas un cercle qui se ferme. On pourra dire à nouveau :" nous sommes les hommes veridiques mais les homme veridiques de nouvelle manière puisque le vrai, ce sera le nouveau". Ce sera la création d’un quelque chose de nouveau. L’émergence d’une nouveauté dans le temps ordinaire à l’issue de toute la série ascendante, la puissance du faux.
-  Et ce sera ça, le thème de Nietzsche, lorsqu’il annoncera à l’issue de touts ces puissances du faux. L’apparition en a quelque chose de radicalement nouveau qu’il appellera : "le surhomme". - - Ça sera le thème de Melville dans "Pierre ou les ambiguïtés", lorsque Pierre le héros se lance dans la fabrication d’un livre dont l’un est écrit livre ordinaire mais l’autre n’est pas écrit livre du tout ordinaire qui est la du nouveau. Et puis, je lisais Nietzsche, Melville et voilà, puis finalement que, comme je le disais
-  c’est l’objet de la philosophie moderne par opposition à la philosophie antique.

Ce renversement, ce qui permet à Nietzsche de dire encore nous les chercheurs de vérité. Non pas du tout qu’il redevienne platonicien, qu’il réintroduise les mots. Mais c’est l’idée de l’homme véridique qui a complètement changé le sens, l’homme véridique n’est plus celui qui copie la forme préalable ou qui retrouve une forme préalable de marbre.
-  L’homme véridique c’est celui qui invente une nouvelle matière, qui invente quelque chose de nouveau. C’est-à-dire c’est L’homme de la créativité sous la forme : Le vrai ne peut pas être copié pour une raison très simple, pour une raison très simple : c’est que il nous attend pour être créé. Voilà on a repris l’ensemble tous les niveaux, toutes les étapes. Et on passera à une seconde partie après les vacances."

 45-08/11/83 - 1


 45- 08/11/83 - 2


 46- 22/11/83 - 1


 46- 22/11/83 - 2


 46- 22/11/83 - 3


 47-29/11/83 - 1


 47- 29/11/83 - 2


 47- 29/11/83 - 3


 48-06/12/83 - 1


 48- 06/12/83 - 2


 48- 06/12/83 - 3


 49-13/12/83 - 1


 49- 13/12/83 - 2


 49- 13/12/83 - 3


 50-20/12/83 - 1


 50- 20/12/83 - 2


 50- 20/12/83 - 3


 51-10/01/1984 - 1


 51- 10/01/1984 - 2


 51- 10/01/1984 - 3


 52- 17/01/1984 - 1


 52- 17/01/1984 - 2


 52- 17/01/1984 - 3


 53-24/01/184 - 1


 53- 24/01/1984 - 2


 53- 24/01/1984 - 3


 54- 31/01/1984 - 1


 54- 31/01/1984 - 2


 54- 31/01/1984 - 3


 55- 07/02/1984 - 1


 55- 07/02/1984 - 2


 55- 07/02/1984 - 3


 56- 28/02/1984 - 1


 56- 28/02/1984 - 2


 56-28/02/1984 - 3


 57-13/03/1984 - 1


 57- 13/03/1983 - 2


 57-13/03/1984 - 3


 58- 20/03/1984 - 1


 58- 20/03/1984 - 2


 58- 20/03/1984 - 3


 59- 27/03/1984 - 1


 59- 27/03/1984 - 2


 59- 27/03/1984 - 3


 60-17/04/1984 - 1


 60- 17/04/1984 - 2


 60- 17/04/1984 - 3


 61-24/04/1984 - 1


 61- 24/04/1984 - 2


 61- 24/4/1984 - 3


 62-15/05/1984 - 1


 62- 15/05/1984 - 2


 62- 15/05/1984 - 3


 63- 22/05/1984 - 1


 63- 22/05/1984 - 2


 63- 22/05/1984 - 3


 64-29/05/1984 - 1


 64- 29/05/1984 - 2


 64- 29/05/1984 - 3


 65-05/06/1984 - 1


 65- 05/06/1984 - 2


 65- 05/06/1984 - 3


 66-12/06/1984 - 1


 66- 12/06/1984 - 2


 66- 12/06/1984 - 3


La voix de Gilles Deleuze en ligne
L’association Siècle Deleuzien