THEMES COURS
 ANTI-OEDIPE ET AUTRES RÉFLEXIONS - MAI/JUIN 1980 - DERNIERS COURS À VINCENNES (4 HEURES)
 SPINOZA - DÉC.1980/MARS.1981 - COURS 1 À 13 - (30 HEURES)
 LA PEINTURE ET LA QUESTION DES CONCEPTS - MARS À JUIN 1981 - COURS 14 À 21 - (18 HEURES)
 CINEMA / IMAGE-MOUVEMENT - NOV.1981/JUIN 1982 - COURS 1 À 21 - (41 HEURES)
 CINEMA : UNE CLASSIFICATION DES SIGNES ET DU TEMPS NOV.1982/JUIN.1983 - COURS 22 À 44 - (56 HEURES)
 CINEMA / VÉRITÉ ET TEMPS - LA PUISSANCE DU FAUX NOV.1983/JUIN.1984 - COURS 45 À 66 - (55 HEURES)
 CINEMA / PENSÉE - OCTOBRE 1984/JUIN 1985 - COURS 67 À 89 (64 HEURES)
 - CINEMA / PENSÉE + COURS 90 À 92
 - FOUCAULT - LES FORMATIONS HISTORIQUES - OCTOBRE 1985 / DÉCEMBRE 1985 COURS 1 À 8
 - FOUCAULT - LE POUVOIR - JANVIER 1986 / JUIN 1986 - COURS 9 À 25

34- 08/03/83 - 3

image1
20.4 Mo MP3
 

Gilles Deleuze - Cinéma cours 34 du 08/03/83 - 3 transcription : Marie Bertin

-  Donc je pouvais dire au-delà de la tiercéité comme a dit Pearce , il n’y a rien. C’était une espèce de clôture de, l’image-mouvement, et je le maintiens.
-  Mais ! Mais ! Mais ! Mais ! On avait un pressentiment, et je le rappelle puisque ça va concerner, ça va définir un de nos problèmes. On n’en a plus que deux. On avait un pressentiment. C’est que peut-être, l’image mentale n’assurait une espèce de clôture, de toutes les autres images-mouvements, que parce qu’ elle cassait tout le système. Et qu’elle cassait tout le système dont dépendait :
-  *les images-perceptions,
-  *les images-affections,
-  *les images-actions c’est-à-dire : elle cassait tout le système sensori-moteur. En effet mes trois types d’images, qui allaient tout reconstituer de l’image-mouvement, faisaient : image-perception, image-affection, image-action, et constituaient un schéma sensori-moteur.

-  Or c’est vrai que, l’image mentale, la tiercéité, clôture l’ensemble des images-mouvements mais à quel prix ? Encore une fois le doute qui nous venait, c’était : à un prix très lourd. C’est qu’en même temps, il fait craquer, le système sensori-moteur, c’est-à-dire, le système de l’image-mouvement. Alors évidemment si c’est à ce prix là qu’il le clôture c’est, il y met ... il le clôture d’accord mais sous un autre aspect, il le fait exploser. Ca veut dire quoi ça ? A une condition. A condition que, cette explosion, nous précipite dans un autre type d’image, qui ne sera plus de l’image-mouvement, même si ça bouge sur l’i. [Coupure sonore]

-  Mais d’autre part, autre problème : c’est que, j’avais fait mon tableau des signes à peu près comme ceci, [Deleuze écrit au tableau] j’avais toutes mes cases, et puis là haut : image-mouvement / image-lumière. Mais également, je pourrais en bas _ oui là, j’ai inversé, je pourrai avoir une figure comme ça, ça serait plus harmonieux _ en même temps qu’est ce que j’ai en bas ? Là. Puisque j’ai parlé, qu’est ce que c’est l’ensemble, des images-mouvements dans un film ? *Ou qu’est ce que c’est : "la distribution des images-perceptions, des images-affections et des images-actions dans un film" ? On l’a vu j’ai essayé de montrer en quoi ces deux définitions étaient la même, et dans quelles conditions. [Deleuze écrit au tableau] On pourra appeler ça, des images-montages, ou montage des images.
-  L’ensemble des images-mouvements, ou la collection des images : perceptions, affections, actions : c’est le montage. Bon.

-  Les images-mouvements sont soumises au montage, ça signifie quoi ? Même si les plans sont longs. On peut citer alors dans le cadre des grands auteurs de l’image-mouvemen,t bien sûr, on pourra déjà citer, des auteurs qui emploient des plans très longs. On pourra presque et même on parlera déjà d’un montage dans le plan. Un montage qui s’effectue dans un plan long. Mais de toute manière il y a montage. Pourquoi ? Que les plans soient courts, ou longs, il y a montage. Pourquoi, par rapport à l’image-mouvement il y a-t-il nécessairement montage même si les plans sont très longs ?

-  Parce que, c’est le seul moyen, pour inférer de l’image-mouvement, une image-temps. [Silence]

Et c’est le seul moyen pour inférer, d’une figure de lumière, on a vu, image-mouvement et figure de lumière c’est pareil, - c’est le seul moyen pour inférer d’une figure de lumière quoi ? Une figure de pensée. [Silence]

-  Pourquoi ? En effet, si vous procédez avec des images-mouvements, quelle que soit la longueur des plans, et quoi que ce soit ce qui bouge, tantôt c’est la caméra qui bouge, tantôt c’est, ce qui est sur l’image qui bouge, c’est pas nécessairement la caméra qui bouge. Vous avez du grand cinéma d’images-mouvement avec caméra fixe. Euh... pour n’en citer que quelques cas : dans beaucoup de film de L’Herbier. Ou bien chez Charlot, chez Chaplin. Bon donc il n’y a pas nécessité que la caméra elle-même soit en mouvement pour qu’il y ait image-mouvement. Hein.

-  Mais je dis, si vous procédez avec l’image-mouvement, et bah évidemment, vous ne pouvez obtenir, l’image-temps qu’à partir du mouvement, et vous ne pouvez à partir et vous ne pouvez obtenir, les figures de la pensée, qu’à partir de la lumière. En d’autres termes le montage, c’est par le montage que vous obtiendrez, des images nécessairement indirectes du temps, et des figures nécessairement indirectes de la pensée.

-  [Deleuze écrit au tableau]

Si bien que là en dessous, je le dirai, image-montage, avec deux pointes, ce qu’on pourrait appeler les « chronosignes » : images indirectes du temps, et ce qu’on pourrait appeler « noosignes » c’est le mot grec pour la pensée, c’est en gros hein « noosignes », pour désigner les figures indirectes de la pensée.

-  Alors là ça va être déjà compliqué parce que : voyez, je dis bien, dans la perspective de : l’ensemble des images-mouvements, le temps est absolument indispensable, mais vous ne pouvez obtenir que des images indirectes du temps à partir de l’image-mouvement, et des figures indirectes de la pensée à partir de l’image-lumière.

Au contraire je saute à l’autre, à mon premier - à mon autre problème.
-  Supposons que quelque chose dans l’image mentale là, dans le dernier, dans ma dernière case, ait fait craquer, le système des images-mouvements, alors là peut-être je risquerai d’obtenir, des images-temps directes et des figures de pensées directes.
-  Mais à ce niveau, je n’aurai jamais que des figures indirectes du temps, en effet conclues du mouvement, et des figures, indirectes de la pensée, conclues de la lumière.

Or c’est à cet égard que, je voudrais dire que : on n’en peut plus hein... je voudrais vous donner ou vous proposer là, du travail. Car je commencerai par le second problème. Quelles sont les images indirectes ? Je groupe, l’ensemble des questions correspondant à ce problème : *Quelles sont les images du temps, conclues indirectement du mouvement ? *Quelles sont les images indirectes du temps, à partir du mouvement ? *Quelles sont les figures indirectes de la pensée, à partir de la lumière ? [Silence] Il faut que j’en dise un peu plus pour que vous ayez du travail à faire.

-  Je remarque, et je reprendrai ça la prochaine fois, que en très gros, on sait bien que depuis l’antiquité, il y a deux sortes d’appréhension indirecte du temps. Je laisse de côté donc - vous voyez, je laisse de côté les appréhensions directes du temps. Quand est ce que, quand est ce qu’a commencé l’idée d’une appréhension directe du temps ? Ça serait un problème à la fois pour les arts, pour la philosophie, pour nous tous, hein. Mais peut-être assez tardivement, enfin, c’est un genre de recherches très délicates, ça dépend aussi des définitions que l’on donne. Bon. Je dis, il y a immédiatement deux grandes figures indirectes du temps, deux grandes images indirectes du temps, où le temps est conclu, de quoi ? Et bien le temps :

- première figure, le temps est conclu du mouvement. Et lorsque le temps est conclu du mouvement vous direz une chose très simple : le temps c’est le nombre du mouvement, c’est la mesure du mouvement. Avec déjà un petit quelque chose de plus inquiétant parce que il y en a d’autres qui diront, qui se glisseront, et qui vont dire : oui, oui-oui, vaudrait mieux ajouter : "c’est l’intervalle du mouvement". Nous nous retenons tout. Voilà une première image "indirecte" du temps. Voyez que, je dis « indirecte » puisqu’elle est conclue du mouvement.
-  Je dis : le temps c’est, la mesure, je dis pas que tout ça s’équivalle - le temps c’est, la mesure, ou le nombre, ou l’intervalle du mouvement.

-  Je sais chez qui, il faut chercher tout ça. Je vois vaguement que, c’est dans Platon, dans un texte très beau : le Timée. C’est dans Aristote, dans la Physique. Et pourtant Aristote ne dit pas du tout la même chose que Platon, c’est donc, je fais là des grands groupements. D’une certaine manière aussi « l’intervalle du mouvement » c’est une formule que lancent les stoïciens. Bon. Donc c’est dire que ça s’équivaut pas. Les stoïciens c’est pas Aristote, Aristote c’est pas Platon quoi. Mais enfin je groupe tout ça, quoi.

-  Et puis y en a d’autres, dès la plus haute antiquité - pas la plus haute mais dès, une certaine antiquité - il y en a d’autres qui disent non, non, non, le temps ça peut pas être ça. Le temps ne peut pas être le nombre du mouvement. Et sans doute ils ont de graves raisons pour le dire. Bon. Les graves raisons qu’ils ont pour le dire , c’est quoi c’est ... c’est que pour eux je cherche pas leurs raisons théoriques, le temps, ne renvoie pas au monde. Le temps ne renvoie pas au monde. Ils pensent à tort ou à raison que le temps il renvoie pas au monde, il renvoie à l’âme, que le temps c’est l’affaire de l’âme, et pas du monde.

-  Remarquez que, à force de simplifier, là dessus, nous nous rappelons d’un coup que : si Platon nous parlait du monde, il nous parlait aussi de l’âme du monde qui contient le monde. Donc ceux qui définissaient ou un certain nombre de ceux qui définissaient le temps par le nombre du mouvement, se référaient déjà à l’âme et pas seulement au monde puisqu’il y avait une âme du monde. C’est pas fait pour nous simplifier les choses donc nous, nous, nous laissons de côté.

Nous pensons juste qu’un certain nombre d’auteurs ont pensé que : le temps, était dans son essence la plus intime, lié à quoi ? A l’âme, de quel point de vue ? Et bien à l’âme parce que c’est ce qui choit, c’est ce qui tombe, où c’est ce qui échoit. A ce moment là, ce qui choisit. Ca en fait des choses.

-  Mais de toute manière l’âme, c’est d’elle, que le temps dépend. Et cette fois-ci ce n’est donc plus, le grand mouvement circulaire du monde, c’est le mouvement d’une tombée, au sens où je dis, tiens ! Au sens où je dis la lumière tombe. La lumière tombe. Hein. Où bien l’âme tombe dans un corps. Tantôt il y a une idée de chute, tantôt il n’y a pas idée de chute... hein. C’est déjà curieux, ça va être un drôle de domaine pour se débrouiller dans tout ça. Parce que quand je dis la lumière tombe,il n’y a aucune idée d’une chute, il y a bien l’idée d’un haut et d’un bas, mais il n’y a pas l’idée d’une chute. C’est en tombant qu’elle m’éclaire. Comme dirait l’autre. Parfois il y a idée de chute. Et c’est la chute de l’âme dans le corps. Bon. Ce rapport fondamental. Donc voyez le mouvement a changé, c’est un mouvement de tombée, et plus un mouvement de circulation. Et le temps s’éprouvera, dans cette tombée de la lumière où dans cette chute de l’âme.

-  Et là nous savons qu’il faut chercher du côté de - de ce qu’on aura appelé mais c’est une sérieuse conversion de ce qu’on appelle le néo-platonisme - du côté de Plotin. Et c’est pas par hasard que Plotin fait la grande conversion c’est-à-dire, fait passer le temps du côté de l’âme, et en même temps pousse le plus loin possible une philosophie de la lumière pure. [Silence]

-  Et puis, j’ai donc, deux images indirectes du temps toujours en laissant en suspens : mais alors que serait des images directes du temps ?

j’ai deux images indirectes du temps :
-  l’image issue du mouvement,
-  l’image, issue de la lumière ou de l’âme. Ce n’est pas le même mouvement. C’est du mouvement dans les deux cas. Dans un cas c’est : le mouvement vertical de la chute où de la tombée, ou de la remontée - pourquoi pas l’âme, elle peut remonter, si elle tombe elle peut bien remonter - dans l’autre cas c’est : le mouvement circulaire dans le modèle et l’astronomie. Bien. Voilà les deux images indirectes du temps. Evidemment, notre problème ce sera de les situer dans nos catégories d’images.

Et les figures de la pensée ? Je dis juste : les figures de la pensée » ça, ça me frappe beaucoup, « les figures indirectes de la pensée . Celles qui sont, inférées de la lumière, de l’image-lumière, elles ont deux formes, aussi, et tantôt la figure indirecte de la pensée, c’est le combat, c’est la lutte.
-  Et penser c’est combattre, c’est combattre avec quoi ? c’est la lutte avec l’ombre. C’est la lutte avec les ténèbres. C’est la lutte de l’esprit avec les ténèbres.
-  Lutter contre les ténèbres voilà ce que signifie penser. Bon. Pourquoi pas ! Et c’est une lutte qui parfois appelle les fantômes. Tout ça. C’est une lutte terrible hein ? Et c’est l’affaire du penseur.

Ou bien je disais : l’âme c’est pas seulement ce qui risque de tomber dans les ténèbres. Il y a aussi une autre idée, y a une autre idée que la tombée de la lumière. La lumière c’est pas seulement ce qui tombe, c’est ce qui se pose. « Et un rond de lumière se posa au sommet de ma tête ». Hein ? La lumière elle se pose. Ça veut dire quoi ? ça veut dire qu’elle échoit à une âme. Ou qu’elle choisit l’âme. Ou que un sort remonté, ou tombé, échoit à l’âme ou que l’âme choisit elle-même. Et cette seconde figure de la pensée c’est quoi ? C’est, le choix, ou l’alternative, ou, le pari.

-  De ce second point de vue, penser c’est parier. C’est plus le lutteur c’est une espèce de joueur mais il joue à quoi ? Penser c’est parier c’est-à-dire, penser, c’est disposer d’une alternative. C’est atteindre à un choix. Quel choix, mon dieu ? Qu’est ce qu’on a à choisir, pauvre qu’on est ? Bon.

Je dis donc qu’il y a deux figures indirectes de la pensée :
-  la pensée figurée comme combat et lutte avec les ténèbres, et elle sera figurée ainsi indirectement pourquoi ? En fonction des rapports de la lumière et du noir. Lutte avec les ténèbres : c’est les rapports de la lumière et du noir qui dans tous les arts, et dans les concepts eux-mêmes, dans les concepts de la philosophie - voyez un grand auteur comme Schelling - c’est les rapports de la lumière et des ténèbres, qui va induire la figure de la pensée « combat avec l’ombre ». Donc c’est bien une figure indirecte de la pensée. Le combattant, le lutteur.

-  Et puis, et puis, le choix. Cette fois-ci, c’est - vous avez déjà deviné - c’est le rapport de la lumière avec le blanc, qui va induire, une figure de la pensée, qui n’est plus le combat, mais qui est l’alternative ou le choix.
-  En effet, remarquez que le noir aura surement son importance aussi. Choisir, il y a une alternative. Mais comprenez déjà que c’est extrêmement différent de parler d’un "combat", de la lumière et du noir, ou de parler d’un "choix" entre le noir et le blanc. Au casino c’est un choix entre le rouge et le noir. C’est pareil. Penser c’est parier. Là le rapport n’est plus de lutte ou de combat, le rapport est d’alternative, de pari, de choix.

-  [question inaudible, sans doute sur les termes de « combat » et de « choix » utilisés par Deleuze]

Dans la terminologie ? Non pas du tout, pas du tout, pas du tout. Je parle... je parle de ça dans ... [suite question] je ne parle... Je n’emploie les mots « combat » et « choix », en aucun sens technique. Je parle de combat, dans la mesure où il y a une opposition de la lumière et de l’opacité, et que l’une et l’autre luttent. Soit pour que l’opacité gagne et l’emporte sur la lumière, soit pour que la lumière dissipe l’opacité. Voilà. Et j’emploie le mot « choix » au sens le plus plat de : tu as à choisir entre venir et entre venir à l’école ou te promener ou. tu as à choisir entre... Je ne mets aucun sens technique. Sauf que tout comme j’ai indiqué les auteurs, j’indique là, pour les figures de la pensée, je viens d’indiquer Schelling j’aurai pu indiquer tout le romantisme, hein. Tout le romantisme allemand notamment mais pas seulement. Et pour la pensée qui ne consiste plus dans un combat mais dans un choix, j’invoquerais, évidemment, Pascal, qui est sans doute celui qui a été le plus loin dans cette voie. Kierkegaard, celui qui a été le plus profondément dans cette voie, avec Pascal. Et puis d’autres, d’autres, plus récents, plus modernes. Bon.

-  Or comprenez je veux dire, c’est pour ça que ça m’intéresse de dire : « je n’emploie en aucun sens technique ces mots là » c’est une manière de vivre la pensée très différente. Vous ne le faîtes pas exprès. Si pour vous la pensée c’est une lutte, je veux dire, là on est au niveau de métaphores, mais y a... ou bien vous en trouvez d’autres, je dis pas que ça épuise toutes les métaphores, ou bien d’une certaine manière, il se peut qu’il y en ait une qui vous convienne. Quand vous travaillez, quand vous vous mettez vraiment à penser, ou bien vous avez l’impression, de parier à une table divine, Claire Parnet : « après une nuit blanche »] _ je m’attendais à ce que vous me... [Elle répète : « après une nuit blanche »] vous me terminiez... « Après une nuit blanche » ? [Rires de Deleuze] « Oh table divine », n’est ce pas, « où les dés sautent et retombent sur la table de la terre »...hein. Euh...C’est signé Nietzsche, vous avez reconnu, c’est, c’est du Nietzsche. Euh... bon. *Ou bien, vous avez le sentiment d’un combat avec les ténèbres. [Deleuze imite celui qui tente d’arracher l’idée en prenant l’expression au sens propre] Comment arracher l’idée, comment arracher l’idée que je sens, je l’ai, je l’ai, je l’ai là, je l’ai là. C’est pas que l’un soit plus pénible que l’autre, je l’ai seulement, elle est dans les ténèbres. Et alors vous y allez avec vos mains, là, vous pataugez là dedans, il faut que vous la tiriez des ténèbres mais, les ténèbres la happent, et vous vous livrez à vos fantômes.

-  Mais l’autre, faut pas croire qu’il rigole l’autre pendant ce temps là, [Rires de la classe] je veux dire il parie pas comme ça en disant un coup rouge et un coup noir. Non. Il va se retrouver dans une situation qui est peut-être encore plus terrible. Le parieur, ça va être abominable. Voyez que Pascal ne passe pas pour un modèle de gaieté.

[Rires de la classe].

-  Et bah, c’est donc ces quatre choses, vous comprenez en quoi j’en suis encore... et voilà, euh... Je veux dire, comme conclusion de ma classification des images-mouvements et de leurs signes, je devais nécessairement buter devant ceci : les images-mouvements et les images-lumières, nous donnent des images indirectes du temps et des figures indirectes de la pensée. Et là on vient juste de les spécifier sous quatre formes. Et c’est ça qu’il faut étudier.

-  D’ici la semaine prochaine je vous en supplie, parce que c’est facile à trouver, lisez au moins le texte célèbre des "Pensées "de Pascal "le Pari". Et relisez le si vous l’avez déjà lu comme j’espère, relisez-le. C’est un texte de dix pages, euh... mais essentiel. Le Pari de Pascal. Dans "les Pensées".

Légende :

-  ... hésitations de Deleuze, cafouillages.

-  [coupure sonore] indications extérieures au discours de Deleuze.

-  _ oui là, il y a _ décrochage dans la phrase, superposition d’un second niveau de discours.

-  * énumération

 22- 02/11/82 - 1


 22- 02/11/82 - 2


 22- 02/11/82 - 3


 23- 23/11/82 - 2


  23- 23/11/82 - 1


 24- 30/11/82 - 2


 24- 30/11/82 - 1


 24- 30/11/82 - 3


 25- 07/12/82 - 1


 25- 07/12/82 - 2


 25- 07/12/82 - 3


 26- 14/12/82 - 1


 26- 14/12/82 - 2


 26- 14/12/82 - 3


 27- 21/12/82 - 3


 27- 21/12/82 - 1


 27- 21/12/82 - 2


 28- 11/01/83 - 2


 28- 11/01/83 - 1


 29- 18/01/83 - 1


 29- 18/01/83 - 2


 30- 25/01/83 - 1


 30- 25/01/83 - 2


 31- 01/02/83 - 1


 31- 01/02/83 - 2


 32- 22/02/83 - 1


 32- 22/02/83 - 2


 32- 22/02/83 - 3


 33- 01/03/83 - 1


 33- 01/03/83 - 2


 33- 01/03/83 - 3


 34- 08/03/83 - 1


 34- 08/03/83 - 2


 34- 08/03/83 - 3


 35- 15/03/83 - 1


 35- 15/03/83 - 2


 35- 15/03/83 - 3


 36- 22/03/83 - 1


 36- 22/03/83 - 2


 37- 12/04/83 - 1


 37- 12/04/83 - 2


 38- 19/04/83 - 1


 38- 19/04/83 - 2


 38- 19/04/83 - 3


 39- 26/04/83 - 1


 39- 26/04/83 - 2


 40- 03/05/83 - 1


 40- O3/05/83 - 2


 41- 17/05/83 - 1


 41- 17/05/83 - 2


 41- 17/05/83 - 3


 42- 24/05/83 - 1


 42- 24/05/83 - 2


 42- 24/05/83 - 3


 43- 31/05/83 - 2


 43-31/05/83 - 1


 44- 07/06/83 - 2


 44- 07/06/83 - 1


La voix de Gilles Deleuze en ligne
L’association Siècle Deleuzien