THEMES COURS
 ANTI-OEDIPE ET AUTRES RÉFLEXIONS - MAI/JUIN 1980 - DERNIERS COURS À VINCENNES (4 HEURES)
 SPINOZA - DÉC.1980/MARS.1981 - COURS 1 À 13 - (30 HEURES)
 LA PEINTURE ET LA QUESTION DES CONCEPTS - MARS À JUIN 1981 - COURS 14 À 21 - (18 HEURES)
 CINEMA / IMAGE-MOUVEMENT - NOV.1981/JUIN 1982 - COURS 1 À 21 - (41 HEURES)
 CINEMA : UNE CLASSIFICATION DES SIGNES ET DU TEMPS NOV.1982/JUIN.1983 - COURS 22 À 44 - (56 HEURES)
 CINEMA / VÉRITÉ ET TEMPS - LA PUISSANCE DU FAUX NOV.1983/JUIN.1984 - COURS 45 À 66 - (55 HEURES)
 CINEMA / PENSÉE - OCTOBRE 1984/JUIN 1985 - COURS 67 À 89 (64 HEURES)
 - CINEMA / PENSÉE + COURS 90 À 92
 - FOUCAULT - LES FORMATIONS HISTORIQUES - OCTOBRE 1985 / DÉCEMBRE 1985 COURS 1 À 8
 - FOUCAULT - LE POUVOIR - JANVIER 1986 / JUIN 1986 - COURS 9 À 25

34- 08/03/83 - 1

image1
40.1 Mo MP3
 

Gilles Deleuze - Cinéma cours 34 du O8/03/83 - 1

transcription : Seong-Ha Kim et Flavien Pac

Un point qu’on poursuivait depuis longtemps, ah je rêverais d’une séance, pleine de.. où on traînerait, pleine de détente, d’ecarts - car voilà exactement où nous en sommes. Nous avons, ce qui me remplit d’un contentement très grand, nous avons distingué 21 types de signes, 21, 3x7, puisque je vous rappelle que nous avons établi 7 colonnes dont chacune présentait au minimum trois signes, donc nous voilà avec nos 21 signes. Evidemment, on pourrait continuer longtemps parce qu’ils se combinent tous ensemble. Les colonnes correspondent à des types d’images. Ce qui remplit les colonnes correspond aux signes correspondant à ces images ; donc je ne recommence pas le tableau.

A moins que ce ne soit nécessaire, mais je ne le pense pas, mais je vous rappelle que tout cela, toutes ces colonnes avec leurs signes correspondaient à l’image-mouvement ou, puisque cela nous avait paru être comme l’envers et l’endroit d’une même image, l’image-lumière voilà.
-  Je peux concevoir pour le moment, un film comme un ensemble d’images-mouvement ou un ensemble d’images-lumière. Et c’est au nom de cela que nous distinguions un certain nombre de types d’images. Je vous rappelle que : quand est-ce que les images-mouvement et de quel point de vue, les images-mouvement se spécifiaient ? parce que là on va retomber dans ce problème Donc il faut bien que je vous le rappelle - quand est-ce que l’image-mouvement se spécifie en tel ou tel type d’image qui commande mes 7 colonnes ? eh bien, on avait vu la réponse : l’image-mouvement, l’image-lumière se spécifie selon tel ou tel type, lorsqu’elle est rapportée à ce qu’on appellait un centre d’indétermination ou plutôt à ce que Bergson appelait un centre d’indétermination.

Comment est-ce qu’on pourrait introduire des centres d’indétermination dans les images-mouvement ? Notre réponse était très simple, vous vous rappellez, c’était la réponse bergsonienne.
-  Parce que ce que l’on appelle centre d’indéterminations, c’est uniquement un écart entre un mouvement reçu et un mouvement exécuté.

Donc il suffit de se donner des intervalles entre mouvements ou des écarts entre mouvements pour que l’image-mouvement se spécifie en types d’images, trois types principaux :
-  image-perception,
-  image-affection,
-  image-action. Pourquoi alors ça nous donnait, ça nous donnait pas seulement trois colonnes, mais 7 colonnes ? On l’a vu, parce que intervenaient des aspect différents, par exemple deux types d’images-action ou bien des transitions de l’image-affection à l’image action, etc. Ça nous donnerait à la fin 7 colonnes. Je vous rappellais
-  image-perception,
-  image-affection,
-  passage à l’image-action, à savoir image-pulsion,
-  image action première forme,
-  image-action deuxième forme,
-  transformation des formes, -enfin image mentale.

Donc si je peux définir à ce niveau tant que j’en suis là, si je peux définir un film comme un ensemble d’images-mouvement, je peux également - ou images-lumière,
-  je peux également le définir comme une distribution des trois types d’images principaux et de leurs compléments, c’est-à-dire je peux le définir comme une distribution des 7 types d’images ou des trois types d’images principaux, c’est-à-dire comme une distribution d’images-affection, d’images-action, d’images-perception. Pourquoi est-ce que les deux définitions s’équivalent ?

Encore une fois, image-perception, image-action, image-affection, je les découvre lorsque c’est suffisant, lorsque je rapporte des images-mouvement à des écarts ou intervalles .

-  Si je suppose un grand nombre de centres d’indétermination, c’est-à-dire d’écart ou d’intervalle, si je suppose un grand nombre de centres d’indétermination, eux-mêmes, en mouvement, je dis que j’aurais une adéquation parfaite entre mes deux définitions ;
-  ensemble d’images-mouvement, d’une part, d’autre part,
-  ensemble d’images-perception, d’images-action, d’images-affection. Pour que mes deux définitions s’équivalent absolument, il me suffit de me donner un nombre quelconque de centres d’indétermination et de les mettre en mouvement les uns par rapport aux autres. Sinon, les deux définitions ne font que tendre à s’égaler dans la mesure où, en effet, dans un film, je n’ai jamais qu’un nombre fini de centres d’indétermination.

A ce moment-là, je dirais que suivant deux aspects, suivant l’un ou l’autre des aspects qu’un film peut privilégier :
-  c’est un ensemble d’images-mouvement, ou d’images-lumière,
-  ou c’est une distribution des trois grands types d’images, ou des 7 types d’images.

J’en suis là. Je suppose que ce soit très clair, très clair. Alors, ma première question aujourd’hui, quant à vous, c’est bon - je ne sais pas, moi, qu’est-ce que je veux pas. C’est toujours artificiel, dire aujourd’hui c’est vous qui allez réagir. C’est pas vrai vous réagissez quand vous en avez envie.

Je vais dire, moi ce qui m’importais là dedans, ce n’était pas tellement, c’était vraiment cette classification des images et des signes ; des raisons pour lesquelles celles de Pearce nous avait paru ne nous convenir que sur certains points très locaux, pourquoi on éprouvait le besoin d’en essayer une autre. Alors, à cet égard je pense avoir rempli, en reprenant toutes sortes de choses qu’on a vues l’année dernière, la première partie de ma tâche cette année.

Pour ça que ma première, alors est ce que, moi je rêverai que, j’y tiens pas si y est 7, j’aimerai qu’y en ai tellement plus, qu’il y en ait 36 colonnes que les signes prolifèrent, tout ça... Alors mon premier appel, c’est : est ce qu’ y en a qui ont aujourd’hui envie de réagir sur ce point. Et notamment je sais qu’il y a Comtesse qui a quelque chose à dire sur le montage d’attraction, ce qu’on avait vu dans la colonne des figures c’est a dire des transformations d’un mode d’action à un autre et toi tu ...

UN ETUDIANT- Oui à propos de la, de la, de la, des signes de la tiercéité de l’image mentale. Quand vous aviez parlé de la tiercéité de l’image mentale. Quand vous aviez parlé de la tiercéité, la première fois, vous aviez parlé d’une priméité de la tiercéité, d’une secondéité de la tiercéité, d’une tiercéité de la tiercéité. Est ce qu"il ne faudrait pas au niveau des signes, reprendre ces trois types de colonnes. Je pensais, par exemple, pour la priméité de la tiercéité : au geste. Dans la mesure où les gestes ont, je crois, deux dimensions, qui sont d’une part une dimension affective dans la mesure où le geste peut faire visage, ou d’autre part ils ont une dimension relationnelle dans la mesure où les gestes sont toujours sous un certain rapport ; de quel geste est-on capable sous un certain rapport ? Je pensais par exemple pour le cinéma c’est un peu plus difficile mais pour la littérature à Gombrovitch par exemple où toute son œuvre est un petit peu là dessus étant donné certain rapport mari-femme, père -fille, etc, qu’il appréhende, de quels gestes sont ils capables ? Et ces gestes nous semble être à la fois participer de la relation et de l’affect. Ca se serait pour la priméité de la tiercéité.

Pour la secondéité de la tiercéité je pensais à quelque chose comme ce qu’on pourrait appeler une enquête, ce serait pour la petite forme. Euh, quand vous parliez de la petite forme on va d’un indice à l’autre selon une ligne d’univers c’est à dire selon une espèce de ligne de propagation. Mais en même temps, et là on pourrait penser au film policier et plus encore au film noir. Y a cette idée que à la fois on va le long du fil et en même temps ce fil, ce fil fait enquête c’est à dire que petit à petit, ce fil se recourbe sur lui même, et les indices qu’on trame d’une certaine façon. Et là il y aurait aussi un certain rapport, il y aussi deux dimensions, une dimension d’une part d’indices où l’on va de l’un à l’autre et aussi une dimension de rapport entre les deux. Et alors, peut être une tiercéité de la tiercéité qui serait peut être le rapport entre les deux. C’est à dire étant donné certains rapports, quelles seraient le rapport d’une part entre les gestes et entre les indices. Et là pour le cinéma encore une fois je crois que les films noirs, certains films noirs, sont très particuliers à cet égard surtout les films noirs où y a une femme fatale. Dans la mesure où encore une fois la femme fatale où on croit savoir de quel geste elle est capable étant donné les rapports supposés qu’elle peut avoir avec les différents protagonistes. Et en même temps il y a les indices. Et ces deux plans qui sont en droit séparés et en même temps qu’on conduit et qui opèrent les uns avec le autres. Et le fait de lier l’un avec l’autre, ça créer une tiercéité de la tiercéité. Donc y aurait un gestuel, il y aurait un vectoriel qui serait la secondéité de la tiercéité dans la mesure où ce serait un calcul de résultante et peut être un rapport entre les deux.

UN AUTRE ETUDIANT- Je dirais que,........, la femme fatale il y a est le contraire la femme handicapée. Je pense à "l’Arnaqueur" de Robert Rossen où Paul Newman qui a un jeu sur les handicaps, sur la brisure, sur...sur... casser, casser la raison de vivre des gens, une thérapie comme sortie collective qui fait que le film noir est pas aussi unilatéral que tu crois. La femme fatale c’est pas seulement Marlène Dietrich, elle fait souvent peur Marlène Dietrich....

DELEUZE- Ouais, ouais... Et ben je vais te dire, à mon avis, c’est pas du tout que tu aies tort mais ce que tu dis part d’un tout autre principe que celui que j’ai proposé. Alors ça m’intéresse parce que toi tu as peut être le sentiment d’amener un complément, à mon avis tu prends un tout autre type de classification. Car, je reprends ton point de départ, c’est bien là que dans la tiercéité il y a un, deux, trois, mais le un de la tiércéité n’a strictement rien avoir avec le un de la priméité, le second de la tiercéité n’as strictement rien avoir avec le second de la secondéité.
-  C’est pour ça que moi j’insiste sur l’irréductibilité de chaque type d’image.

Il n’y aura jamais pour moi quelque chose qui pourrait passer par la priméité puis la secondéité, puis la tiercéité. Surtout pas. Sinon de mon point de vue, toute ma classification elle ne vaut plus rien, il faut en faire une autre. Toi tu me dis, en effet, c’est une question très intéressante : n’y a-t -il pas des choses prenons l’exemple d’un geste. Est ce qu’un geste ne passe pas par : une priméité une secondéité une tiercéité ? Moi ma réponse se serait non. Ce serait non. Un geste peut être en relation avec tout cela mais un geste par lui même appartient à la secondéité. Et euh il peut avoir toutes les relations que tu veux. C’est pour ça que j’ai insisté par exemple sur tiercéité. Si je reviens à cet exemple, j’essayais de dire,
-  si l’on définit la tiercéité par le mental, ne croyez surtout pas qu’il y a de la tiercéité dès qu’il y a de la pensée.

Parce que la tiercéité en tant qu’elle définit le mental, doit définir une certaine autonomie du mental, qui renvoit à un état très particulier de la pensée. Sinon, lorsque quelqu’un veut dans un film d’action, tu pourrais me dire aussi : l’action, elle passe par des sentiments : priméité, elle passe par elle même : secondéité, puis elle implique de la pensée : tiercéité. Ah je dirais jamais ça, encore une fois je fais la différence entre nos deux points de vue, faut pas du tout que ce soit moi qui ai raison, je dirai absolument pas ça. Car quelqu’un qui veut, quelqu’un qui agit, se propose un but, choisit des moyens, bien sur ça implique de la pensée, mais ça implique pour moi, ça implique de la pensée au niveau de simple développement et établissement de duel.
-  Si je cherche une autonomie de la pensée comme telle, à ce moment là je tombe sur la relation. A charge pour moi dès lors de dire un rapport moyen à fin n’est pas une relation. Faites attention la relation désigne quelque chose de tout à fait spéciale. Vous ne pouvez pas appeler relation n’importe quel rapport.
-  Et tout les rapports, y compris rapports de pensée, que vous pouvez découvrir au niveau de l’action ce ne sont encore des relations. Les relations c’est quelque chose de très très particulier.

Donc jamais moi je ne pouvais, dans ma classification, me donnait un terme qui passerait transversalement d’une case à l’autre, jamais. Alors si j’essayais de réfléchir toi à ce que tu as dit, si on se donne un tel principe de classification. On partirait d’unité, on passerait d’une case à l’autre, à mon avis c’est pas possible. A mon avis ce n’est possible que si tu as d’abord défini des cases, donc là on serait d’accord. Et si tu prends des termes quelconques en montrant, mais ça ne sera jamais un geste qui passera, ce sera un ensemble. Ce sera un ensemble qui aura tel aspect affectif, tel aspect actif, tel aspect perceptif etc... En tout cas si tu allais dans le sens que tu dis, par exemple, en effet, je vois, tu pourrais très bien faire un truc : le geste. Tu partirais, en effet, il y a des gestes affectifs, et oui mais à nouveau moi je briserai ton unité je dirai y a des gestes affectifs, il y a des gestes longs, et ou est ce que je mettrais, où il y a une théorie célèbre chez Brecht du geste social, du gestus, du gestus social. Alors où est ce que je le mettrais, est-ce qu’il répondrait à... ?. Mais je crois que ce serait un tout autre mode de classification. Et moi je ne sais pas s’il est possible, alors faudrait y réfléchir, beaucoup, je ne sais pas s’il est possible sans supposer d’abord. Moi ma classification elle est complètement statique, et elle se veut statique.

L’ETUDIANT -Mon idée n’était pas tellement de faire des éléments qui voyageraient de l’un à l’autre mais d’essayer vraiment de comprendre : être à l’intérieur de la tiercéité. Parce qu’il s’agissait pas d’un geste particulier que plutôt ; étant donné certain visage, étant donné certain rapport, de quels gestes sont ils capables ? J’essayais vraiment de m’en tenir à l’intérieur de la tiercéité.

DELEUZE - Y a pas , il y a pas de geste dans la tiercéité

L’ETUDIANT -Quand vous parliez des Marx brothers » comme exemple de cette tiercéité, quand vous parliez de Harpo manifestement, il était quand même le représentant des affects à l’intérieur de cette tiercéité, puisque vous le preniez comme exemple de tiercéité...

DELEUZE - Mais c’est pas par là qu’il appartenait à la tiercéité. C’est pas par là qu’il appartenait à la tiercéité. Et c’est pas par là non plus qu’il avait une priméité de la tiercéité. C’est par analogie, je disais, regardez dans le groupe des trois Marx, en effet, un deux, trois qu’est ce que ça veut dire au juste. Mais si Harpo appartenait à la tiercéité ce n’est pas en tant qu’il avait des gestes ou qu’il représentait des affects, c’est tout à fait autre chose. C’est en tant qu’il fournissait l’objet correspondant à un mot ou en tant qu’il tenait un discours gestuel traductible en proposition. Là j’avais quelque chose qui appartenait à la tiercéité de façon irréductible. Qui me faisait dire Harpo c’est peut être la priméité de la tiercéité mais c’est une priméité qui n’appartient qu’à la tiercéité, qui n’a rien avoir avec la priméité de la priméité. Et si Chico était lui la secondéité c’est parce que il lançait le mot, dont Harpo allait fournir l’objet, et parce qu’il traduisait en proposition le discours gestuel. C’est donc entre eux deux qu’il y avait un système de relation, dans un sens c’était la relation mot-chose, dans l’autre sens c’était la relation proposition-geste. Tu vois c’est pour ça j’essayais énormément d’insister sur : « n’appeler surtout pas relation n’importe quel type de rapport ». La relation c’est, c’est quelque chose de très particulier, de très spécifique, qui va définir l’image mentale et à ce moment là, qui échappe au personnage. Du point de vue du cinéma le cas Hitchcok si je le reprenais en détails seraient très clair. Du point de vue du cinéma ya que la caméra qui peut saisir la relation. C’est pour ça que Hitchcok a besoin et demande vivement à l’acteur d’être et de rester neutre. C’est pas l’acteur qui peut témoigner pour les relations, il y a que le mouvement de caméra, dans le cadre ; c’est pour ça que le grand coup de la technique d’Hitchcok : le cadre comme cadre conçu comme cadre de tapisserie. Et le mouvement de caméra, dans les limites du cadre, très important que les limites de la caméra soit mobile dans les limites du cadre chez Hitchcok..

UN ETUDIANT -Vous pensez à "mort au trousse" là

DELEUZE- Non je pense à l’ensemble. C’est ça qui montre bien que la relation elle échappe tout à fait à l’act... elle est, elle est , elle est réellement la chaine supposée par la trame de l’action, elle est autonome. Et c’est le premier, c’est ce que j’essayais de dire sur Hitchcok, c’est le premier à avoir eu l’idée que l’action n’était plus qu’une trame et qui fallait dégager la chaine. D’où une conception du cadre original, d’où tout ça tout ce que ça entraine techniquement. Oui tu voulais dire quelque chose.

UN ETUDIANT- Quelle autre définition de l’image-lumière, si nous partons que nous sommes déjà une image, qu’est ce que ça signifie pour vous l’image-lumière, un sens spécial......

DELEUZE -Ouais, ouais, mais ça quand même, j’y ai passé, t’étais pas là au début, je l’ai passé dans beaucoup d’heures, hein, l’image-lumière. En m’appuyant sur des textes de Bergson mais ça on le retrouvera, on va le retrouver peut-être même un peu aujourd’hui. Je faisais allusion à, si tu veux, à exactement, quel est le terme physique ? euh... diffusion, un phénomène de diffusion. A savoir la propagation de la lumière lorsqu’ elle est supposée ne rencontrer aucun, aucune instance capable de la réfléchir, de la réfracter, etc. C’est-à-dire le pur état de diffusion de la lumière.

UN ETUDIANT - L’esprit ...(phrase incompréhensible)

DELEUZE - L’esprit... non, non, non. Les lumières plus pures, il faut comprendre je ne sais pas, je ne sais pas bien ce que tu veux dire mais... des lumières plus pures ça commence à un tel problème, ne peut commencer à être posé que si l’on rapporte la lumière à quelque chose capable de la réfléchir ou de la réfracter. A ce moment là oui tu peux parler de lumière plus ou moins pure c’est-à-dire de lumière plus ou moins vive etc. Parce qu’elle est devenue visible. Je rappelle que la lumière dans son état, dans un état de diffusion supposé idéale, c’est-à-dire ne se heurtant à aucune opacité. La lumière en elle-même, la lumière en elle-même c’est l’invisible, la lumière ne devient visible qu’en tant que lumière réfléchie, réfractée, tout ce que vous voulez, c’est-à-dire lorsqu’elle se heurte à une opacité. Par là je nefais que reprendre le... presque un principe de base de la théorie Goethéenne de la lumière et des couleurs lorsque Goethe s’oppose très violemment à Newton sur le point suivant exactement : Newton, dans l’analyse de Newton, n’est ce pas, la lumière est une substance. Substance divisible qui contient les couleurs. Je résume bon...je simplifie beaucoup. Donc la décomposition, la couleur va être simplement, la décomposition, les couleurs seront la décomposition de la lumière. L’idée de Goethe c’est : pas du tout, pas du tout. Y’a une...y’a une phrase très mystérieuse dans une lettre de Hegel à Goethe. Hegel écrit à Goethe cette phrase très moderne : « Nous avons en commun d’être tous les deux ennemis de la métaphysique. » à propos de la théorie des couleurs.

Qu’est ce qu’il veut dire Hegel ? Il veut dire : Newton est un métaphysicien. Il traite la lumière comme une substance et les couleurs sont les modes de cette substance. La lumière se décompose en couleurs. Pour Goethe pas du tout. La lumière c’est l’invisible et, le texte de Bergson, qui faisait pourtant pas allusion à Goethe, dont on était partis tout à fait au début de l’année - ce texte admirable n’est ce pas, cette lumière qui se propageant partout ne se révèle nulle part, c’est l’invisible.
-  La question qui n’est plus celle de la métaphysique et qui prépare, selon Hegel, un nouveau mode de pensée, c’est : à quelle condition, à quelle condition il y a-t-il quelque chose de visible ?
-  La réponse de Goethe qui convient à Hegel c’est : le visible surgit lorsque la lumière affronte l’opaque. L’opacité maximum c’est le noir, l’opacité minimum c’est le blanc. Le blanc est déjà une opacité.

En traduction dans les termes lumière/opaque ça veut dire - et ce n’est pas contradictoire - ça veut dire que, les deux conditions du visible,
-  les deux conditions de ce qui apparaît - c’est en ce sens que c’est une phénoménologie - les deux conditions de ce qui apparaît, c’est, c’est-à-dire les deux conditions du visible, c’est : la lumière invisible, et l’opacité qui s’oppose à la lumière...
-  Et c’est dans cette lutte entre les deux termes que les couleurs se produisent, c’est-à-dire que les couleurs apparaissent. Et les couleurs, pardon je termine juste, les couleurs sont à la lettre non plus des modes de la lumière comme chez Newton, ce sont des degrés d’ombre. Même le blanc est une ombre. Admirable définition du blanc que Goethe donne et qui est tellement tellement belle parce que là tout ce qui...la métaphysique, la poésie etc. c’est l’éclat fortuitement obscur, l’éclat fortuitement évidemment, l’éclat fortuitement obscur de la lumière comme telle. Alors c’était ça... Oui ? UN ETUDIANT : Alors la lumière invisible passe à côté de... DELEUZE : Elle passe à côté de quoi ? UN ETUDIANT : (incompréhensible) DELEUZE : Pourquoi ? Pourquoi ? Je vois pas pourquoi ? La lumière invisible elle a exactement le même statut que le mouvement sans intervalle. Quoi ? UN ETUDIANT : Parce que le soleil détermine la surface du globe...

DELEUZE : Mais le soleil, mais le soleil...Le soleil ça suppose déjà tout un système du monde où la lumière est devenue visible. Il s’agit d’un tout autre problème, là. Si tu me dis cette lumière invisible, est-ce qu’elle existe ? Je dirai à mon avis la question n’a pas de sens. Heuu, si il fallait y répondre je dirais : oui elle existe. Elle existe à quel titre ? Elle existe pas comme lumière pure, elle n’existe pas à l’état pur puisque toute la réalité du monde c’est d’être, diront des gens comme Goethe...ce combat de la lumière et des ténèbres, ces combats de la lumière et de l’opacité. Mais le soleil il s’inscrit déjà dans un monde où la lumière est devenue visible. Alors tu veux me dire : qu’est ce que c’est ? mais mais c’est c’est c’est pire que de la métaphysique ! Non. Voyez en quoi c’est pas de la métaphysique. La métaphysique, c’est toujours définie, à tort évidemment mais on accepte cette définition, vous la trouvez chez tous de Hegel à Nietzsche à Heidegger, lorsqu’ils...ils veulent définir la métaphysiquec’est : la distinction de l’essence et de l’apparence. Chaque fois que vous faîtes une distinction entre, l’apparence et l’essence, selon ces auteurs, vous êtes métaphysicien. C’est comme ça que Nietzsche heuu, définira la métaphysique, mais c’est comme ça que bien avant, Hegel l’avait déjà définie.

Quand ils disent : nous sommes l’ennemi de la métaphysique, ils peuvent le dire à partir de Kant. Et une déclaration de guerre à la métaphysique, c’est-à-dire une philosophie qui ne serait plus une métaphysique, commence avec Kant. Pourquoi ? Parce que chez Kant il n’y a plus ni essence, ni apparence. J’exagère, d’ailleurs, à certains égards il y en a encore. Mais à d’autres égards il n’y en a plus. Pourquoi ? Parce que l’apparence est remplacée, et c’est une transformation, un déplacement conceptuel infiniment important, l’apparence est remplacée par l’apparition. Vous voyez tout de suite la différence immédiate quoi, vous la sentez. Quand je dis "apparence" ça veut dire qu’il y a quelque chose derrière. Et ce qui est derrière l’apparence c’est l’essence.

UN ETUDIANT : (incompréhensible)

DELEUZE : Qu’est ce que tu dis là ? Tu dis des choses que tu penses toi ou tu dis...c’est comme ça que tu penses toi ? Essence il y’a pas lieu de discuter là tu comprends, essence tout ça c’est des termes très fixes. C’est ce que la chose est. Puis c’est tout. Là j’veux dire ça fait pas partie des mots auxquels on peut donner un, on peut développer parce que c’est pas simple heuu cette définition. C’est pas simple, mais l’essence ne peut vouloir dire que cela : ce que la chose est. Dès lors vous voyez que, en effet ça suffit à la distinguer de l’événement.
-  L’événement c’est ce qui arrive à la chose, c’est pas ce que la chose est.
-  Ce que la chose est c’est l’essence. Bon. Alors en effet ça se distingue de l’apparence. Ca se distingue de la manière dont la chose apparait. Mais je dis avec Kant, quelle est la révolution ? La révolution kantienne.
-  C’est qu’encore une fois apparence tend à perdre tout sens. Les phénomènes ne sont pas des apparences. Ce qui apparait n’est pas une apparence. C’est une apparition. Vous me direz : bon, question de mots. Pas du tout. Pas du tout. Parce que, une apparition renvoie à quoi ?
-  Une apparition renvoie aux conditions de sa propre apparition.

L’apparition renvoie à des conditions qui la font apparaître. Le couple fondamental n’est plus : essence/apparence, qui était dans un état de dualité, il y avait le monde des essences et le monde des apparences, du moins dans un platonisme traditionnel. Tout a changé là, vous avez un couple de complémentarité, et non plus de dualité. Apparition/conditions de l’apparaître. A ce moment-là commence ce qu’on a appelé : phénoménologie.
-  La phénoménologie, c’est-à-dire l’étude des conditions de l’apparaître, va remplacer la métaphysique, qui était l’étude des essences.

Si bien que la phénoménologie commence explicitement avec Kant, se continue avec Hegel, prend une nouvelle dimension avec Husserl, mais, ce qu’il y a de commun entre tous les phénoménologues, c’est, ce point de ralliement : essence/apparence sont une fausse...sont de fausses notions ; ce qui compte c’est le couple de complémentarité apparition/conditions de l’apparaître.

UN ETUDIANT - (incompréhensible)

DELEUZE -C’est la substitution de la question : quelles sont les conditions de ce qui apparait, à la question métaphysique : qu’est ce que l’essence et qu’est ce que l’apparence. Oui ?

UNE ETUDIANTE : Pour revenir à la lumière...

DELEUZE : Oui

UNE ETUDIANTE : Avant Kant, je pense à Vermeer, il peut y avoir un système de physique et de pensée qui établit un accord entre les couleurs et les... et qui considère en particulier que les couleurs sont en effet des degrés dans une sorte d’opacité, qui correspondrait à des degrés dans la détermination, et il y aurait bien un accord étroit entre couleurs et ombres, mais c’est un accord qui se fait sans le moindre combat. C’est une .... : quand la lumière tombe sur la chose, elle la caresse et la couleur émerge et se manifeste. Donc il n’y a pas nécessairement une opposition...

DELEUZE : Très juste.

L’ETUDIANTE : ...lumière...

DELEUZE : les romantiques le reprendront ça. T’as complètement raison, simplement pour eux il y aura deux aspects, il y aura et un combat et une harmonie. D’ailleurs j’crois bien comment...aussi, il y a un combat, en tout cas chez Jacob Bohme, mais il y a un combat et une harmonie. Il y a le combat qui est la colère, ce qu’ils appellent la colère, et il y a une harmonie qu’ils appelleront l’amour, et c’est par exemple les deux puissances, les deux puissances de Schelling. Oui les romantiques auront absolument besoin de passer par, si tu veux chez eux, on essaiera de le voir mieux d’ailleurs tout à l’heure, le combat c’est la condition de manifestation, la condition d’apparition...de l’amour ou de l’harmonie. Si la nature ne passait pas par une sorte d’entêtement où elle s’oppose à l’esprit, il n’y aurait pas de réconciliation entre la nature et l’esprit. C’est la belle vision romantique quoi...à son état pur.

Alors, voyez, je reviens à la lumière. Je prends : les couleurs, ne sont pas des apparences ce sont des apparitions. Ce qui apparaît c’est la couleur. Heuu, je dégage là le schéma de Goethe. Ce qui apparaît c’est la couleur, la couleur est une apparition. Donc c’est pas un mode de substance, pas du tout. Comme toute apparition, elle renvoie à des conditions. A quelles conditions la couleur apparait-elle ? La couleur apparait parce qu’elle constitue le visible. Le visible est couleur. J’explique pas pourquoi faut se laisser aller, c’est tellement beau tout ça, c’est si beau. Le visible est couleur. C’est pas rien au moment où ça été dit tout ça, c’est...enfin bon. Le visible est couleur, en tant quetel il renvoie à deuxconditions :la lumière et l’opacité qu’elle rencontre. Pourquoi ? Parce que précisément la lumière c’est l’invisible.

C’est l’invisible dans sa diffusion parfaite, dans sa diffusionà travers tout l’univers, c’est l’invisible. Elle commence à devenir visible quand quoi ? Quand elle se heurte à l’opaque qui la réfléchit ou la réfracte.

En d’autres termes, les couleurs sont les degrés d’ombre.
-  Et le blanc c’est le degré d’ombre minimum, l’éclat fortuitement obscur du pur transparent. C’est c’est la thèse, c’est vraiment une des plus belles formules du monde pour définir le blanc. L’éclat fortuitement obscur du pur transparent.

Bon. C’est la degré minimum d’ombre, le noir c’est le degré maximum d’ombre. Les couleurs c’est les degrés d’ombre entre le blanc et le noir. Bon. Voyez qu’il fait une phénoménologie des couleurs. C’est une phénoménologie des couleurs, d’où les félicitations de Hegel sous la forme : toi et moi on s’est compris. Et il renvoie Newton à la métaphysique, là ce qui n’est pas sans malice heu...puisque, c’est Newton le métaphysicien, eux estiment qu’ils ne sont pas métaphysiciens. Ils ont une raison de le penser. Mais alors, je termine cette remarque en disant : j’avais dis exactement la même chose de l’image-mouvement. L’image-mouvement elle est complètement invisible aussi, tant que quoi ? Ben tant qu’il n’y a pas des conditions qui la rendent visibles. Et ces conditions c’est quoi ? On l’a vu : c’est l’intervalle ou l’écart. C’est seulement quand il y a des intervalles de mouvement que le mouvement devient visible. En quoi c’est la même réponse, puisqu’image-lumière et image-mouvement c’est l’envers et l’endroit ? C’est bien la même réponse, c’est complètement la même réponse.

Pourquoi ? parce que on a vu que, l’intervalle entre un mouvement reçu et un mouvement exécuté d’une part, et d’autre part un écran noir sans lequel la photo resterait transparente, c’est-à-dire sans lequel la lumière resterait invisible, c’est la même chose. L’écran noir c’est aussi bien l’écart. En termes de dynamique, je parlerais d’intervalles entre mouvements, en termes d’optique, je parlerais d’écran noir ou d’opacité. A cet égard c’est, ouais ?

UN ETUDIANT : Dans le... tu as introduit l’image pulsion, l’image-affection et l’image-action. Heu, je me demande quel rapport on peut regarder entre l’universel image-mouvement et le monde de la lumière.

DELEUZE : Ouais. J’ai une série de mondes. En effet, c’est heu, vous savez c’est un peu comme dans le, pour ceux qui en ont lus, comme dans le néo-platonisme en effet où, où il y a toute une série de mondes là qui se, qui descendent d’un truc. Si j’essayais de traduire en monde là tout mon tableau, je dirais : là, j’ai évidemment le monde univers. J’ai l’univers. UN AUTRE ETUDIANT -Je veux dire que dans le cours précèdent... DELEUZE -Oui, oh ben oui, bien sur, bien sur

UN AUTRE ETUDIANT -Pour moi on dit que la lumière c’est une ligne, je suis attiré par la lumière...

DELEUZE -Evidemment, c’est une remarque extrêmement forte parce que, tu pourras pas dire quelque chose de plus profond donc là faut que tu tires, c’est très bien, c’est pas mal comme objection : dire, mais en fait quoi qu’est ce ça veut dire tout ça autant se tirer (rires dans la salle) puisqu’on est dans la lumière. Ce que tu ne sais pas c’est que tu es un écran noir (explosion de rire dans la salle). Et que sinon tu ne serais pas dans la lumière

L’ETUDIANT -Je suis l’écran noir et les nuits blanches

DELEUZE -Non, non là t’as tout dit n’ajoute rien. Ca ne pourrait être que pire.

L’ETUDIANT -....

DELEUZE -Ah bon ?

(l’auditoire rit) L’ETUDIANT - Au revoir hein.

DELEUZE -Au revoir. Ouais évidemment il le sait pas, comment savoir cette triste nouvelle. Qu’est ce que je suis, c’est ça on arriverait à des cogitos très intéressants, qu’est ce que je suis, je suis, peut être au niveau de la tiercéité je pourrais dire je pense. Mais pour le moment là je peux pas dire ça, j’peux dire à la rigueur je suis un intervalle entre deux mouvements. Remarquez c’est des définitions très flatteuses : être un intervalle entre des mouvements c’est formidable. Hein et ben oui, on est tous des intervalles entre mouvements. Alors évidemment on croit qu’on est autre chose, on dit moi, moi mais rien du tout, un petit intervalle entre des mouvements. Ca vient ça passe, un intervalle voilà. OU bien, ou bien, et puis en même temps, si y a pas l’un sans l’autre qu’est ce que je suis, je suis un écran noir. Je réfléchis la lumière, les jours de fêtes, je la réfléchis d’autre part je la réfracte, ya toujours un bout qui m’a entre deux dents alors ça ça me fait naitre les monstres. Les monstres qui m’animent c’est les phénomènes de réfraction, la lumière. Alors tantôt si ça ne va pas j’ai trop réfracté, j’ai pas assez réfléchit quoi, et vous êtes rien d’autre quoi.

Mais la vie est belle avec ça, ç’est beaucoup plus beau que être quelqu’un, vous vous rendez compte hein ? C’est plus beau que moi =moi, alors le cogito il peut s’énoncer que comme ça : moi =écran noir, moi= . et sinon, pas de lumière. Alors lui en effet il arrive et il dit mais la lumière, mais lui aussi il est là et il sait pas. Et pourtant il le sait à certaines heures que il est écran noir quand ça va pas. Mais on l’est encore plus quand ça va bien, bien plus. Bon alors, oui alors je veux dire si on disait ce serait très intéressant, on convertirait notre classification en classification des mondes. Là je dirais j’ai l’univers et je pourrais dire, on va voir si on peut raffiner, je pourrais dire : c’est le grand univers invisible et immobile. Qu’est ce qu’est immobile c’est le mouvement, qu’est ce qu’est invisible c’est la lumière. Alors si vous me dîtes pourquoi ? je dis bon alors écoutez, ça va, toi tu me diras jamais ça, ça ça ne va pas.

Là dessus je reprends image-perception, j’ai des mondes, je dirais j’ai des mondes. A partir de là, à l’intérieur du tableau je n’ai plus que du visible et du mobile. Puisqu’en effet à l’intérieur du tableau l’image mouvement est rapportée à des intervalles et l’image lumière et rapporté à des écrans noirs. Alors au niveau de l’image perception, l’univers devenu visible se divise en trois univers. Du plus grossier au plus beau
-  l’univers solide,
-  l’univers liquide, -l’univers gazeux.

Inutile de dire que la liste n’est pas close, y a bien d’autre, je parle vieille manière, je parle vulgarisation, mais enfin vous pourriez compléter quand même, c’est tous les états de la matière physique. Et on a vu qu’il y avait une perception que en droit en tout cas. Qu’il y avait une perception solide, une perception liquide, une perception gazeuse et que c’était pas du tout les mêmes formes de perceptions.

Si je passe à l’univers, à l’affection, cette fois ci qu’est ce que j’ai ? Je n’ai plus des mondes qui renvoient à des états de la matière, la matière devenue visible et mobile. J’ai des espaces, les espaces sont nés, là il faudrait montrer pourquoi et c’est les espaces les plus, les plus les plus oui c’est normal ils apparaissent les espaces, c’est ce qu’on appelait les espaces quelconques. C’est des espaces quelconques. Image-pulsion c’est-à-dire entre l’affection et l’action c’est les espaces qui sont précisèment chargés d’affects. Euh l’image pulsion en effet c’était des mondes originaires, alors en quoi est ce que le monde originaire, est ce que les mondes originaires ce sont des mondes, est ce qu’ils sont proches du grand univers, la lumière et du mouvement ? Oui et non. Ils en sont quand même déjà très loin car si tu te rappelles : le monde originaire par opposition à l’espace quelconque, il était inséparable tel que je le définissais, j’essayais de montrer qu’il était inséparable d’un milieu dérivé d’un milieu donné. Donc il est très loin, il joue rôle simplement de ce qu’il à de nouveau, il joue rôle de "sans fond". C’est le sans fond d’un milieu d’un milieu actuel ? C’est à dire c’est pas du tout un monde d’avant nous, le monde originaire, c’est un monde qui précède la différenciation de l’avant et de l’après. C’est pas un monde de l’animal par opposition au monde culturel de l’homme. C’est un monde qui précède la différenciation de l’homme et l’animal etc ? Alors il a sa place, oui, c’est le monde originaire.

Au niveau de l’action on a vu que c’était encore autre chose, c’est cette fois-ci les milieux, les milieux déterminés historiquement, et socialement et géographiquement. Au niveau de l’image mentale, oui, c’est les milieux et puis on avait dit aussi une autre.. c’est les lignes d’univers pour l’autre forme d’image-action . C’est donc les grands milieux englobants, les grands milieux réels englobants et c’est aussi les lignes d’univers.

Au niveau du mental, j’aurais, et ça constitue bien une sphère très particulière, un cadre très particulier, j’aurais le monde des relations, le monde noétique, noétique c’est-à-dire de la pensée, du mental mais donc pour essayer de répondre à ta question : oui, il y aurait des formes de mondes qui correspondraient à chacune, mais à mon avis aucun ne pourrait être dit plus près que les autres, si peut être, mais de tout de manière, aucun ne se confondrait avec l’univers de départ. Puisque tout ces mondes intérieur à la classification renvoient à des intervalles entre mouvements supposent des intervalles et supposent des écrans, des écrans noirs : surfaces réceptives de lumière. Tu permets une seconde, oui

UN ETUDIANT -La multiplicité....

DELEUZE -Le centre d’indétermination, je vais te dire, d’une certaine manière je n’ai pas besoin de le postuler, parce que si on réfléchit à la notion... Lorsque je dis "un" centre d’indétermination, je ne peux dire que ça : dire le centre d’indétermination, il me semble, serait déjà contradictoire car si je dis le centre d’indétermination ne peut renvoyer qu’à un article indéfini sinon le centre est déterminé, je peux même parler du centre de l’univers mais justement c’est pas un centre d’indétermination. Donc si je me donne le concept, là je réfléchis au niveau du pur concept. Si je me donne le concept centre d’indétermination, il exige un article indéfini. Alors est ce que ça veut dire qu’il exige et qu’il implique une multiplicité ? A mon avis la multiplicité, elle est nécessaire, puisque je peux dire il y a centre d’indétermination chaque fois qu’il y a un intervalle entre mouvement, chaque fois qu’il ya un écran noir qui réfléchit la lumière.

Alors pourquoi est ce que je me donne ce " chaque fois " ? Parce que je n’ai strictement aucune raison de localiser en un point l’écran noir ou l’intervalle qui peut strictement se produire à n’importe quel point de mon univers des images mouvements.

.

 22- 02/11/82 - 1


 22- 02/11/82 - 2


 22- 02/11/82 - 3


 23- 23/11/82 - 2


  23- 23/11/82 - 1


 24- 30/11/82 - 2


 24- 30/11/82 - 1


 24- 30/11/82 - 3


 25- 07/12/82 - 1


 25- 07/12/82 - 2


 25- 07/12/82 - 3


 26- 14/12/82 - 1


 26- 14/12/82 - 2


 26- 14/12/82 - 3


 27- 21/12/82 - 3


 27- 21/12/82 - 1


 27- 21/12/82 - 2


 28- 11/01/83 - 2


 28- 11/01/83 - 1


 29- 18/01/83 - 1


 29- 18/01/83 - 2


 30- 25/01/83 - 1


 30- 25/01/83 - 2


 31- 01/02/83 - 1


 31- 01/02/83 - 2


 32- 22/02/83 - 1


 32- 22/02/83 - 2


 32- 22/02/83 - 3


 33- 01/03/83 - 1


 33- 01/03/83 - 2


 33- 01/03/83 - 3


 34- 08/03/83 - 1


 34- 08/03/83 - 2


 34- 08/03/83 - 3


 35- 15/03/83 - 1


 35- 15/03/83 - 2


 35- 15/03/83 - 3


 36- 22/03/83 - 1


 36- 22/03/83 - 2


 37- 12/04/83 - 1


 37- 12/04/83 - 2


 38- 19/04/83 - 1


 38- 19/04/83 - 2


 38- 19/04/83 - 3


 39- 26/04/83 - 1


 39- 26/04/83 - 2


 40- 03/05/83 - 1


 40- O3/05/83 - 2


 41- 17/05/83 - 1


 41- 17/05/83 - 2


 41- 17/05/83 - 3


 42- 24/05/83 - 1


 42- 24/05/83 - 2


 42- 24/05/83 - 3


 43- 31/05/83 - 2


 43-31/05/83 - 1


 44- 07/06/83 - 2


 44- 07/06/83 - 1


La voix de Gilles Deleuze en ligne
L’association Siècle Deleuzien