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27- 21/12/82 - 2

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Deleuze - cinéma cours 27 du 21/12/82 - 2 transcription : Una Sablajakovic

Alors, l’image-perception ne cesse pas d’osciller. C’est pour ça que je dis qu’elle est présupposée par la primeité et la secondéité ; qu’elle est autre chose que l’image-mouvement et pourtant qu’elle n’est pas encore la priméité. Elle va être ce qui rend possible la priméité et la secondéité et en effet...
-  La qualité est qualité mais il faudra bien d’une manière ou d’une autre qu’elle soit perçue.
-  L’action est action mais il faudra bien d’une certaine manière qu’elle ne soit pas seulement agie mais perçue.

Donc, l’image-perception accompagnera les images spéciales ; elle sera elle-même une image spéciale, elle aura un très drôle de rôle.
-  D’un côté elle plonge dans l’image-mouvement pure,
-  d’un autre côté elle est déjà une image spéciale,
-  d’un troisième côté elle accompagne les autres images spéciales. C’est pourquoi pour moi ça impose une zeroité qui renvoie à l’image perception.

Donc, moi, j’aurai en haut, on le verra plus tard,
-  zéroité image perception,
-  priméité image affection,
-  secondéité image action. Je laisse de côté pour le moment le problème de la tiercéiste. Mais qu’est-ce que je viens de dire ? Je viens d’affirmer que dès l’image- perception il y avait un caractère à la fois quoi ? Un caractère génétique ; il faut bien marquer l’engendrement, la genèse de chaque image spéciale. Il y a donc un aspect génétique.

D’un autre coté, j’ai remarqué qu’il y avait un aspect bipolaire de l’image- perception. Elle participe à deux systèmes :
-  système de l’universelle variation,
-  système de la variation relative à centre pri., à une image privilégiée. Bon... Pour moi, voilà ce que c’est qu’un signe. Alors, il faudra dire... Bon. Un signe, je dirais, ben, vous comprenez... Un signe, c’est une image spéciale ; une image particulière, plutôt, une image particulière qui représente un type d’image. Voilà. Un signe, c’est une image particulière qui représente un type d’image. J’ai donc pour le moment, moi, trois types d’images, je ne tiens toujours pas compte de la tiercéiste.
-  J’ai des images-perception,
-  des images-affection,
-  des images-action. Je dis, un signe c’est une image particulière en tant qu’elle vaut pour un type d’image. En effet je dirais à ce moment-là, ah c’est de l’image affection, c’est une image-affection, ah c’est une image-action, ah c’est une image-perception. C’est donc une image particulière, c’est essentiel pour moi, qui représente un type d’image. Sous quel point de vue ? Je n’ai pas encore introduit l’histoire des interprétants. J’e me la laisse de coté. Je ne peux plus, je ne peux plus. En revanche, j’ai deux points qui m’intéressent, c’est peut-être beaucoup plus. Comment une image particulière, de quel point de vue une image particulière peut-elle représenter un type d’image ? En apparence de deux points de vue ou peut-être de quatre, ça dépendra à votre choix. Ca dépend ; si on résume, si on étend, de deux points de vue. Du point du vue de la composition bipolaire de chaque type d’image.

Donc, un signe, ça sera dans ce cas, une image particulière qui représente la composition bipolaire du type d’images auquel il renvoie. Evidemment les exemples, ils viendront les exemples... Vous comprenez, ça se complique, parce que déjà en les cherchant bien je peux dire, j’aurai au moins trois signes : j’aurai un signe bipolaire, un signe qui met l’accent sur le pôle A, et un signe qui met l’accent sur le pôle B. Moi, ça m’en fera trois par case. Je veux dire dans la course aux nombres c’est très important ça.

L’autre aspect : je dirais que le signe, c’est aussi bien une image particulière qu’il renvoie à un type d’image, non plus du point du vue de la composition bipolaire de ce type, mais cette fois-ci du point de vue de la genèse de ce type. Et là j’en aurais peut-être deux signes... Parce que pourquoi seulement la genèse ? également de l’évanouissement. Ca peut être ou l’évanouissement du signe, du type d’image, pardon, pas d’évanouissement du signe. Le signe, sera un signe d’évanouissement ou un signe de genèse du type d’image auquel il renvoie. Parfois, comprenez qu’on ne peut rien décider d’avance ; ça n’a pas l’air, mais c’est très, très amusant. Parfois je m’apercevrais que le signe d’extincsion est nécessairement confondu avec le signe de genèse. Parfois à ma stupeur le signe d’extincsion sera pas que le signe de genèse. Je dirais donc que par type d’images, j’aurai, si je prend les choses au plus juste, deux signes :
-  un signe de composition donc bipolaire
-  et un signe de genèse, un signe génétique.

En effet, encore une fois, le signe sera l’image qui représentera
-  soit la composition,
-  soit la genèse du type d’image auquel il renvoie. Donc, cette définition n’a rien à avoir avec celle de Pierce et pourtant on va trouver de signes communs, c’est parfait. Si je vais au plus long, au contraire, je dirais, il y a des cas où je peux concevoir cinq signes par type d’images. En effet, le signe de composition se divisera en trois, suivant que les deux pôles sont pris en charge ou l’un plutôt que l’autre. J’aurai donc en ce cas trois signes de composition. Et puis, le signe de genèse se divisera en deux. Eventuellement, signe de genèse et signe d’extension. Donc, j’aurai au minimum deux signes par type d’images - zéroité, priméité, secondéité, au maximum cinq signes par type d’images. Bon... Et, alors, pourquoi, pourquoi je laisse de côté pour le moment la tiercéîte qui pourtant sera essentielle ? Bon... Alors, c’est tragique, parce qu’il faut que je aille au secretariat. Vous tenez encore ou ne tenez plus ? Parce que si vous ne tenez plus, ce n’est pas la peine... Je sens qu’il faudrait que je donne un petit exemple ; ça arrangerait peut-être tout mais... Vous comprenez, oui, je donne un exemple pour que... Bon... Je prends, moi, la seco... la priméité. Pour ceux qui étaient là l’année dernière, ils comprendront et vous comprendrez pourquoi j’ai besoin des mots de Pierce, pourquoi j’ai le droit d’une certaine manière de leur donner un autre sens.

Pour moi, la priméité, c’est l’image-affection, et en effet, l’image-affection, c’est la qualité ou la puissance considérée en elle-même, indépendamment d’un état de choses indépendamment d’un état de choses où elle s’actualiserait. D’accord, ça c’est clair. Quand vous prenez une qualité ou une puissance, quand vous considérez une qualité ou une puissance, indépendamment d’un état des choses actuel, existant, dans lequelle cette qualité s’actualise, à ce moment-là, vous vous trouverez devant une image-affection. Je prends un exemple. La frayeur... La frayeur a toujours une cause : suivant d’un précipice. Je suis effrayé... Bon, d’accord. La frayeur a toujours une cause ; ça n’empêche pas qu’elle existe comme frayeur, indépendamment de sa cause. Et vous pouvez la considérer indépendamment de toutes causes. En d’autres termes, vous pouvez la considérer indépendamment de tout état de choses actuel. Vous me direz, il y a toujours un état de choses actuel ; d’abord j’en ne suis pas sûr, pas tellement évident, mais vous la considérez comme pure puissance, pure potentialité ; ça on l’a vu avec priméité chez Pierce. En conserve tout ça. Je dirais, voilà une image de priméité. Bon... Alors... Bon, d’accord... Voilà. L’analyse que j’avais essayé de faire l’année dernière sur l’image-affection me donnait ceci. Mais, une qualité puissance considérée en elle-même", ça veut dire quoi ? Remarquez, là aussi, ce n’est pas du tout des objections ; Pierce s’en contente puisque ça renvoie à une pure conscience immédiate qui n’est jamais donnée. Donc, il n’a pas besoin d’autre chose. Moi, je me disais, j’ai besoin d’autre chose, de le définir, je ne sais pas, plus ontologiquement moins logiquement. Je dirais, ce n’est pas difficile, c’est une qualité. C’est une qualitéou une puissance, telle qu’elle peut être exprimée par un visage. Elle n’est pas actualisée dans un état de choses. C’est une qualité puissance en tant qu’exprimée. Bon. C’est même trop dire - par un visage. C’est une qualité puissance exprimée et pas actualisée. Bon. Mais qu’est-ce que c’est la variable d’expression ? Il ne faut pas aller très loin dans l’analyse pour arriver à dire, en ben, la variable d’expression, c’est un visage ou un équivalent de visage, quelque chose qui fait fonction de visage, un pied peut très bien faire fonction de visage, c’est ce qu’on appellera une visageîfication. Bon, très bien. Ou même une proposition, peut faire une fonction de visage. Une proposition, c’est un visage mental. La proposition, c’est un visage en tant qu’elle "exprime". Exprimé n’est qu’une de ses dimension, c’est seulement sous cette dimension qu’une proposition est un équivalent du visage.

Je dirais donc, il y a un premier signe de l’image-affection et le premier signe de l’image-affection, c’est qualité-puissance en tant qu’exprimée, trois petits points, en tant qu’exprimée par un visage ou un équivalent de visage ou une proposition.
-  J’appelle ça une icône. Donc, j’ai besoin du même mot que Pierce ; le sens est pourtant très différent. Pour moi, une icône sera une qualité ou une puissance en tant qu’exprimée. Sous entendu, si elle est exprimée elle ne peut l’être que par un visage, un équivalent de visage ou une proposition faisant fonction de visage. Voilà le signe de composition de l’image-affection. Ah, bon ! C’est le signe de composition et en effet ce n’est pas du tout génétique. C’est de ça qu’elle est composée l’image-affection. Elle est composée par l’expression. D’où un soupçon ! mais l’expression ou sa variable l’exprimant, c’est-à-dire le visage, l’équivalent de visage ou la proposition. Essayons de chercher un peu, est-ce qu’il n’y a pas deux pôles ? Oui, il y a deux pôles. On l’avait vu, là je récapitule quelque chose pour... même j’espère que ceux qui n’étaient pas là l’année dernière s’y retrouvent quand même. Oui, il y a deux pôles. Et en effet, il y a deux pôles du visage. Le visage peut être considéré comme un contour que j’appellerai à ce moment-là, contour visageîfiant ; il est essentiellement exprimant parce qu’il est contour. C’est sans contour qu’il est expressif. C’est le pôle de la réflexion. Le visage est réflexif...

coupure -

En d’autres termes, je suis en droit de m’attendre à 9 classes de signes. Alors, commençons. Qu’est-ce que je vais mettre là ? Ma question, j’envisage donc le signe en lui-même. En d’autres termes, je pose la question pour toute cette série, toute cette tranche, je pose la question dans le signe, qu’est-ce qu’il fait signe ? Qu’est-ce qu’il fait signe ? Ma réponse, c’est :
-  premier cas : ce qui fait signe ce peut être une qualité pure. Si c’est le cas, je l’appellerai un qualisigne. Lorsque un signe en lui-même est tel que ce qui fait signe, c’est une qualité, nous nous trouvons en présence d’un qualisigne. Vous me direz il n’y a pas de qualisigne pur d’avance. Peut-être, peut-être pas. S’il n’y a pas qualisigne pur ça ne fait rien. On appellera qualisigne ceux où cet aspect domine. Il est même probable que ça c’est des signes purs qui ne sont jamais effectués. Ce qui était effectué c’est des combinaisons de signes.Ce qui est très important, c’est que certaines combinaisons ne sont pas effectuables. Bon. Continuons... Ce qui fait signe, c’est une qualité, dans ce cas-là, je parlerai de qualisigne. Supposons, que ce qui fasse signe, c’est un état de choses. Non pas une qualité pure, mais un état de choses qui comporte plusieurs qualités, des qualités actuelles, actualisées. Bon. On va tout à l’heure prendre un exemple. Je suis forcé de commencer par l’abstrait. Je dirais, suivant Pearce lorsque ce qui fait signe c’est une qualité, mais une qualité effectuée, actualisée dans un état de choses. Actualisée dans une chose.C’est un--- chose individuelle forcement ; un état de choses individué ou une chose individuelle, c’est un sinsigne, SIN signe. Pourquoi le préfixe sin ici ? Pearce l’explique, est le même que pour singulier. Un état de choses individué ou individuelle.

- Troisième réponse possible : ce qui fait signe, c’est une loi, c’est une loi... quelle erreur je faisais ! C’est un legisigne. Prenons un exemple. Je peux dire - le vert est signe d’espérance. Le vert est signe d’espérance. Le vert est signe d’espérance est une proposition où le vert est un qualisigne. Je considère en effet le "vert" comme signe d’espérance, et je considère le "vert" comme qualité pure qu’elle soit effectuée ou qu’elle ne soit pas effectuée.

Quand je dis, autre proposition : la vache reconnaît ce qui est bon à manger par le "vert" c’est-à-dire, elle mange de l’herbe. Je considère cette fois-ci le vert comme effectué dans un état de choses : prairie ; le vert de la prairie. La vache ne confond pas le vert de la prairie avec autant qu’il est effectué avec du "vert" couleur ; pure qualité. Donc, ce qui fait signe à la vache, lorsque on la lâche dans la prairie et qu’elle baisse sa tête puissante et montrant qu’elle a saisi un signe, et qu’elle se met à mâcher, ce qui nous fait signe, c’est un SINsigne.

Je passe au feu vert. C’est un legisigne. Le vert fonctionne là comme un legisigne. Il y a en effet une loi, dans ce cas, loi conventionnelle d’après laquelle le rouge signifie l’arrêt de la voiture et le vert signifie le passage de la voiture. Bon... C’est bien une loi conventionnelle puisque pour le piéton c’est l’inverse. Il passe au rouge, c’est lui,le rouge, qui fonctionne comme legisigne de passage. Bon. Très bien. Reprenons cet exemple du feu vert. Pour vous montrer, vous pouvez bien pressentir qu’il y a bien des problèmes... Parce que tous les signes concrets que je pourrais analyser est-ce qu’ils n’ont pas plusieurs aspects ? Il y a bien un aspect par lequel le feu vert est un "qualisigne". Ce n’est pas étonnant, puisque finalement tout signe a une tiercéïte. Et aussi dans le feu vert, le vert ne vaut pas simplement par sa qualité, le vert il vaut, en tant qu’effectué dans un état de choses. Le rond dans un poteau avec un autre feu qui lui sera rouge. Enfin, c’est un legisigne. Un signe étant donné, vous pouvez toujours vous demandez - qu’est ce qu’il est en premier lieu ? mais aussi à quels autres types de signes participent-ils ? Voilà. On a donc notre premier série. Je dirais que
-  le qualisigne c’est le signe en lui-même de la priméité.
-  Le sinsigne, c’est le signe pris en lui même de la secondéité ;
-  le legisigne, c’est le signe pris en lui même de la tiercéïte. D’accord ? Là-dedans, je remarque les trois termes sont crées par Pearce et là, il ne s’est pas beaucoup fatigué pour créer ; il a transformé en préfixe, parce que je pense toujours à ça quand à ce problème annexe : dans quel cas et comment est-il nécessaire pour un philosophe de créer de nouveaux termes ? Dans quel cas est-ce qu’il peut se contenter de termes déjà connus ?

-  Passons au deuxième aspect du signe. Cette fois-ci, je considère le signe non plus en lui même, non plus la question : qu’est-ce qui fait signe, mais je ne le considère par rapport à son objet. Sous la question : de quel type est le rapport du signe avec son objet supposé ? Du point du vue de la priméïté, je dirais qu’il y a certains signes qui renvoient leurs objets à leur objet, par des qualités qui leur sont intrinsèques. Alors les qualités qui leur sont intrinsèques. Vous comprenez tout à fait que dans ce cas-là, le rapport du signe à son objet est saisi sous l’espèce de la priméité. C’est par des qualités intrinsèques que le signe renvoie à son objet. Exemple : un tel signe, oui, je l’appellerai selon Pearce une icône. Une icône est, selon lui, un signe qui renvoie à son objet. Et ça il faut que vous.... en tout cas ceux qui.. il faut à tout prix que vous vous rappeliez tout ça parce que comme nous, on va donner ensuite un sens très différent à toutes ces notions il faut que.... C’est du niveau d’une espèce d’axiomatique on a le droit. Une icône, en effet ça parait coller sa définition de l’icône. ; Bon. Exemple en effet d’un signe qui renvoie à son objet par ses qualités intrinsèques : Une photo.... Ce n’est par ses qualités intrinsèques qu’elle renvoie au modèle. Mais je dirais plus : une figure géométrique. Est ce que ce n’est pas une icône aussi ? une figure géométrique sous quelle forme ? le triangle que je trace au tableau. Un triangle que je trace au tableau est un signe qui renvoie à son objet : l’image du triangle par les qualités qui lui sont intrinsèques. Il ne faudra pas s’étonner que... là je ne veux pas du tout développer la théorie de Pearce à ce point-là, que Pearce dise par exemple que quelque chose comme les diagrammes sont des cas d’icônes. L’icône est bien, du point du vue cette fois-ci du rapport du signe à son objet, est bien le signe de priméité. Non plus du point du vue de la question qu’est ce qui fait signe ? mais du point du vue de l’autre question, de la seconde question - quel rapport il y a-t-il entre le signe et l’objet.

- Du point du vue de la secondéité, le rapport du signe à l’objet peut être tel que le signe n’existerait pas en tant que signe sans son objet. C’est-à-dire sans l’existence de son objet. Donc, le signe cette fois-ci se rapporte à son objet en vertu de l’existence supposée de l’objet même. Je dis par exemple, la fumée est signe du feu. Un tel signe qui se rapporte à son objet, par et dans la supposition de l’existence de l’objet, je l’appelle ou plutôt Pearce l’appelle, "un indice". Et il nous dit - la fumée est l’indice du feu. En d’autres termes, le signe est là, signe de quelque chose de posé comme existant. Voyez que c’est bien la secondéité puisque la secondéité son état naturel, c’était le duel L’indice c’est un cas de duel ou de relation diade. Le signe renvoie etc...

-  Troisièmement, le rapport du signe à l’objet est réglé par une loi. Loi naturelle ou conventionnelle. C’est ce que Pearce appellera "un symbole".

Et du point de vue des interprétants... Eh, bien, les interprétants, c’est donc, vous vous rappelez : ceux par l’intermédiaire de quoi - c’est la tiercéïte du signe - le tiers, le représentant même, rend opératoire, rend efficiente la relation qu’il a avec l’objet. Et en effet, il y a trois interprétants. Non seulement, l’interprétant, c’est la tiercéîte du signe, mais il y a trois interprétants. Il y a un interprétant et là, alors comme je voudrais quand même aller plus vite, je précise que Pearce lui même dans ses textes successifs dit, alors là c’est terrible, c’est très difficile - il n’a pas cesser de varier et puis ça l’intéressait beaucoup et puis il a fini par trouver plein d’interprétants, de types d’interprétants. Donc je dis bien que je m’en tiens, moi, à des choses très, très élémentaires. C’est déjà très varié comme ça. Là, un interprétant qu’on pourrait appeler l’interprètent immédiat du signe... Qu’il appelle "interprétant immédiat du signe"... Et l’interprétant immédiat du signe c’est la "signification". Signification, ça veut dire quoi ? Pourquoi est-ce que c’est la signification ? Parce que c’est hypothétique ; ça n’est ni vrai ni faux. C’est le domaine de ce qui n’est ni vrai ni faux.

Le mot Grenade - son interprétant immédiat, c’est ville, arme ou fruit ? Voyez que c’est l’ensemble des significations du mot ; c’est hypothétique puisque je ne sais pas ; il n’y a aucune raison de choisir et c’est ni vrai ni faux. Dans le langage on dirait que l’interprétant immédiat, c’est le "mot". Un mot n’est ni vrai ni faux ; il témoigne d’une possibilité ; c’est, comme on dirait, une fonction propositionnelle. C’est de l’hypothétique ; c’est tout ce que vous voulez. Et bien, l’interprétant immédiat, il l’appelle, très mystérieusement pour moi, il l’appelle un "rême". Pourquoi il l’appelle ça un rême, à ma connaissance, parce que je n’ai pas bien regardé les textes anglais ; les textes américains... Je ne vois pas de justification du mot, parce que le mot en gros, dérive du grec, il implique un devenir, un écoulement et lui, il emploie "rême" comme l’équivalent du mot ou l’interprétant immédiat de la signification en tant qu’elle n’est ni vraie ni fausse. Je ne vois pas très bien. Je ne sais pas. Quoi ?

Lui, il ne connaît l’objet en devenir. Notre question portait sur ce qu’il a dans la tête lui. Il ne connaît qu’une chose - c’est le possible puisque :
-  la priméité vous vous rappelez, c’est le domaine du possible,
-  la secondéité, c’est le domaine du réél ou de l’existant
-  la tiercéiste c’est le domaine du nécessaire. Il ne connaît que le possible. Alors, le rême c’est bien une figure du possible. Alors pourquoi est-ce qu’il a choisi ce mot ? ça m’échappe et puis ce n’est pas très important.

Pour le reste ça va mieux, parce que - qu’est ce qu’il y a d’autre que l’interprétant immédiat ? Il y a ce qu’il appelle l’interprètant dynamique et là, alors l’interprétant dynamique on s’y retrouve d- avantage parce que je me demande ; là j’ai un doute. Est-ce que je ne force pas ? Est-ce que je suis bien fidèle ? Enfin il faut en finir.. Pour moi, il me semble que ça correspondrait tout à fait à ce que nous ayons appelé la relation naturelle. C’est la relation naturelle. L’interprétant dynamique - c’est l’ensemble des images auxquelles la première image s’associe naturellement.

-  Non, elles ne sont pas données avec - mais la relation naturelle fait par l’esprit passe de l’image qui est donnée à ces images qui n’étaient pas données. Et comment il va faire ? En formant une proposition. C’est la proposition en effet.
-  Dans l’interprètant immédiat nous avions l’équivalent d’un mot, dans l’interprétant dynamique nous avons l’équivalent d’une proposition. C’est la proposition qui va déterminer l’ensemble des images par l’intermédiaire desquelles l’image 1 renvoie à son objet.
-  Grenade est une ville espagnole - proposition. Vous voyez que ville et Espagne sont les interprétants dynamiques par lesquels le mot "Grenade" renvoie à l’objet : la ville située en Espagne. J’ai donc une série d’interprétants dynamiques c’est à dire de relations naturelles - Grenade me fait penser à ville, me fait penser à l’Espagne etc. J’ai une série d’interprétants dynamiques.

Donc, je peux dire que pour moi c’est des relations naturelles ; les interprétants dynamiques et c’est très normal qu’elles deviennent opératoires dans la proposition qui elle, contrairement au mot, la proposition est la possibilité de quelque chose de vrai ou de faux. Ce qui sera vrai ou faux c’est le jugement qui affirme ou nie la proposition...

Oui, oui c’est de le dicisigne... Mais je n’ai pas encore donné le nom du signe. Ce signe correspondant donc aux relations naturelles présentes dans une proposition, il l’appelle le Dicisigne.

-  Et enfin il y a ce qu’il appelle l’interprétant final. Voyez,
-  il y a un interprétant immédiat,
-  interprétant dynamique
-  et l’interprétant final.

L’interprétant final c’est ce qui est évidemment et sous un autre plan, mais doit bien d’une certaine manière clôre la série, parce que sinon la série des interprétants dynamiques, elle va à l’infini. Et comme dit Pearce - toute pensée renvoie à une autre pensée qui renvoie à une autre pensée etc. . Mais à un autre niveau il y a bien une clôture. Moi, j’aurais envie de dire parce que ça serait trop beau pour nous, mais enfin il n’y a pas de raison que ce soit bien pour nous.... ça pour moi, je n’arrive pas à comprendre ce qu’il veut dire.

Au point où nous en sommes, là ce ne peut être que le domaine des relations abstraites. Et en effet il semble dire puisque le signe va être nommé "argument". Argument. Et de même que le rème correspondait vaguement au mot, en linguistique et que le dicisigne correspondait vaguement à la proposition en linguistique. Voilà que l’argument correspond en effet au raisonnement, au syllogisme. Donc, là je peux dire ; il me semble c’est le domaine de ce qu’on avait analysé la dernière fois sous le nom des relations abstraites. Malheur ! il maintient dans toutes sorte de textes mais en disant - c’est d’une difficulté ! - que l’interprétant final, c’est dit-il l’habitude. L’habitus ! Les textes deviennent très difficiles parce que, moi, il me paraissait évident que l’habitude c’est précisément ce qui me fait passer d’un terme à l’autre dans la série des interprétants dynamiques. Pour lui : non. Quelle conception il se fait de l’habitude ? Là, ça devient atroce on retrouve là tout un aspect de la philosophie anglaise/américaine... Très important... Ca m’est égal. ça je n’y arrive pas ; je ne me débrouille plus. Il me suffit que au moins par un aspect, peut être l’habitude, je ne sais pas. Alors, une conception radicalement nouvelle de l’habitude mais c’était aussi le tissu des relations abstraites présenté dans l’argument. Vous voyez : Nous avons 7, 8, 9. Voyez que si on continuait, mais là je vais m’arrêter parce que il faut passer à autre chose. Là j’ai mes signes purs ou ce que je pourrais appeler des "grands signes". Tout signe est une combinaison. Déjà vous pouvez penser à combien combinaisons sont possibles - mais parmi les combinaisons possibles il y en a d’ineffectuables. Pourquoi ? car c’est par exemple : tout le domaine de la priméïté ne peut se combiner avec n’importe quoi.

Je prends un exemple - il nous dira : "est très possible un qualisigne/iconique/crematique" à partir de là, on est en pleine gaité ! Vous comprenez que tout ce que je vous raconte ce n’est que le début de Pearce. Alors, bon... Là il ne donne pas de nom ; parfois il donne un nom, mais pour le qualisigne-iconique-crematique qui est un des plus beaux - en tout cas c’est le premier - ça c’est possible. il y a des cas complètement impossible. Et puis à la fin de sa vie, plus il avançait, moins ça le satisfaisait tout ça, il a multiplié les rubriques parce que les trois interprétants, il s’est aperçu que le signe avait deux objets et trois interprétants. On l’a mis là, nous, mais lui, il s’est mis à les mettre là. Là où il avait deux objets et trois interprétants.

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La voix de Gilles Deleuze en ligne
L’association Siècle Deleuzien