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26- 14/12/82 - 1

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Deleuze - cinéma transcription : Hamida Benane cours 26 du 14/12/82 - 1

Si l’on entend même le cinéma, euh .........., vous n’avez pas été sans lire récemment, les déclarations d’un grand auteur, d’un grand metteur en scène - mais qui est un moins bon penseur que metteur en scène - et qui déclare, alors c’est la vieille rengaine qui recommence, « le cinéma n’a plus rien...il n’y a plus de récit, donc le cinéma ne peut que réciter sa propre histoire et prendre pour objet son histoire." Mais c’était vraiment la première fois que des propositions aussi ehontemment hégéliennes étaient tenues jusqu’à maintenant, alors tout y était passé ; "la poésie ne peut plus être que sa propre histoire, et sa propre réflexion ; la philosophie ne peut être que la réflexion de la philosophie et l’histoire de la philosophie ; .....etc. etc. Mais bizarrement, on l’avait pas dit pour le cinéma, il a fallut qu’un Allemand le dise, c’est forcé... Mais c’est marrant ce thème, d’abord c’est nul comme thème, l’idée et toutes ces théories sur le récit, qui n’a plus qu’à se réciter lui même » cette réflexivité de l’œuvre sur soi c’est d’un fatigant ! ou ce thème de l’œuvre dans l’œuvre, mais ....je veux dire c’est eh.......c’est impudique ! c’est impudent ! c’est impudent ! Ressasser les trucs comme ça qui n’ont jamais étaient vrais, c’est très curieux ! Ah le monde n’est pas gai ! alors c’est la tranquille assurance des gens qui disent des trucs comme ça, en pensant même - ça va tellement loin - qu’ils arrivent à penser qu’ils disent quelque chose de nouveau, en disant qu’il n ‘y a rien de nouveau, ça se complique, ils sont fatigants ! au lieu de faire leur boulot, vous comprenez, ce qu’il y a bien dans la philosophie, c’est qu’elle n’a pas un gramme de plus de réflexion que les autres disciplines ! c’est ça qui est bien dans la philosophie ! Ou au contraire si on met de la philosophie partout, à ce moment là, toutes les choses deviennent des processus d’auto-réflexion, et voilà qu’on va nous dire que le peinture est réflexion sur la peinture, que la musique est réflexion sur la musique, que le cinéma est réflexion sur le cinéma ; mais on a jamais rien fait avec de la réflexion, surtout pas de la philosophie ! jamais, jamais ! oui ! triste monde, c’est forcé !

Moi ça m’a toujours paru - j’espère que beaucoup d’entre vous aussi - mais tous les thèmes qui consistent à nous dire : écrire c’est finalement se demander qu’est ce qu’écrire ? ou comment écrire ? ou est-il possible d’écrire ? écrire c’est la confrontation avec la page blanche, tout ça, ça m’a toujours paru...je sais pas...vraiment des mauvaises plaisanteries. Je me dis, qu’est ce que...ça va pas la téte ? ça va pas ! curieux ! c’est la vie ! Il faut tout supporter ! il faut pas avoir l’air de dire que c’est pas vrai parce que là dessus on se trouverait dans des situations impossibles, il faut dire : « très bien, allez y ». ça risque pas d’aller loin de toute façon !

Oui, en effet c’était étonnant parce que le cinéma était épargné, et bah, depuis quelques mois, il ne l’est plus ! au moins comme il a une courte histoire, lui ça ira plus vite ! Bon allez on travaille !!

Comtesse : « à propos d’ailleurs de ce que tu dis la, sur l’Ouvert, il me semble que tu avais essayer de dire que le seul point d’accord entre BERGSON et HEIDEGGER était justement sur la question de l’Ouvert ; ça fait problème ça !

Deleuze : cette comparaison ?

Comtesse : Oui, parce que l’essence de la vérité lorsque HEIDEGGER dit que l’important c’est de laisser être l’étant, c’est à dire la possibilité de s’ouvrir à l’Ouvert ; il ne veut pas dire l’Ouvert comme Tout, c’est simplement ce que la pensée métaphysique ou philosophique, dés sa différence originelle, entre l’être et l’étant ; l’essence ou l’apparence et l’apparence, cette différence n’est pas simplement la différence de l’oubli de l’Ouvert, c’est que l’ouverture à l’Ouvert n’est pas forcément - et c’est ça qui est impensable pour un philosophe - l’ouverture à l’Ouvert n’est pas n’est pas immédiatement et forcément l’apparaître de l’être, l’apparaître dans cette différence avec à la fois l’apparence et l’apparition phénoménale ; parce que ce que justement la pensée métaphysique ou philosophique avec sa différence originaire entre l’être et l’oubli, ne pense pas l’oubli de ce qu’on oublie c’est que dans l’Ouvert lui même, l’Ouvert lui même peut se fermer, autrement dit, il y a un refus, un « je », le « je » du temps, si l’être est le temps, comme dirait HEIDEGGER , l’impensé de toute la philosophie, que l’être soit le temps , et c’est ça qui forme justement le retournement, l’ équerre ou le tournant et le surmontement même de la métaphysique au delà de son achèvement, et bien c’est que dans l’être, dans la pensée même de l’être, il y a la pensée d’un "retrait" énigmatique dans sa distanciation même, c’est à dire, que la production justement de la présence lumineuse hors du latent, si c’est possible, cet avènement justement de la présence lumineuse, il y dans l’avènement un étrange dérobement, c’est à dire qu’à la fois, HEIDEGGER pense le « je » énigmatique de "l’être comme temps", mais aussi poétiquement l’énigme de ce « je », c’est à dire ce latent dont précisément d’être hors de lui, susciterait l’avènement de l’être comme lumière, c’est pourquoi, il n’est pas peut être soutenable ou possible d’identifier ou de faire, disons, un pont entre HEIDEGGER et BERGSON qui malheureusement en reste lui à la métaphysique, et peut être pire que la métaphysique, c’est à dire, la mystique »

Gilles Deleuze : Je te reconnais, tout ton développement est excellent, la conclusion exprime un goût que je ...un goût tout philosophique , c’est à dire ça consiste à me dire « comment vas tu oser reprocher BERGSON que je n’aime pas, à HEIDEGGER que j’admire ? », ça c’est ton affaire ; moi je répondrais juste deux choses : toute ton analyse est très juste sur HEIDEGGER, mais
-  première règle, il ne faut pas transformer une grosse remarque en fine remarque, j’appelle grosse remarque ce que je disais, et qui me paraît rester entièrement valable : à savoir si vous cherchez dans l’histoire de la philosophie, quels auteurs ont liés profondément d’une manière originale - mais pas la même, je disais pas la même - mais ont, au moins en commun d’avoir lier les trois notions de Tout, temps et Ouvert, à ma connaissance je n’en vois que deux : BERGSON et HEIDEGGER - ce qui me parait suffir à faire une comparaison à un niveau gros. Quant à tout ce que tu as dit sur HEIDEGGER, c’est absolument juste ; mais ne pas voir que chez BERGSON , avec de tout autres concepts évidemment, et une tout autre terminologie, il y a fondamentalement dans la durée, quelque chose, qui au moment même où elle est l’objet de l’intuition, est aussi son "retrait" et le mouvement par lequel elle se dérobe - ne pas voir ça dans BERGSON, ça veut dire simplement que tu ne t’intéresses pas du tout à BERGSON - les textes de BERGSON sont tellement formels à savoir que notre durée psychologique, c’est a dire celle qui nous est révélée, n’est qu’en même temps le mouvement par lequel les autres durées, qui en fait constituent vraiment la durée comme Tout, à savoir par lequel les autres durées se dérobent, au point que pour atteindre à l’essence de la durée, il faut dépasser ce qu’il appelle "la condition humaine". Chez BERGSON il n’y a pas la durée qui est à donner, elle ne cesse pas de se dérober en se donnant la durée, ce que ne m’autorise pourtant à faire aucun rapprochement BERGSON / HEIDEGGER au delà de ce très gros rapprochement - je disais et bah oui, c’est quand même curieux, ces deux auteurs très indépendants l’un de l’autre ! Je sais pas si HEIDEGGER a lu BERGSON, peut être qu’il a lu BERGSON , enfin, ça ne l’a pas beaucoup marqué, c’est pas sa propre tradition. C’est curieux, parce que HEIDEGGER il est arrivé a ce lien - il me semble - totalité, ouverture, temporalité, par une certaine tradition que tu dis très bien, finalement très poétique, poético- philosophique.

BERGSON, à mon avis, y est arrivé très bizarrement, par beaucoup plus par une reflexion sur le vivant : si le vivant ressemble à une totalité, si le vivant est un Tout, c’est précisèment parce qu’ il est "ouvert" au monde alors que les gens disaient au contraire avant - que si le vivant ressemble à un Tout c’est parce que il est un microcosme qui reproduit le grand Tout fermé - c’est en inversant, c’est en tordant la métaphore traditionnelle, c’est par une reflexion sur le vitalisme à mon avis, que Bergson arrive à sa conception du Tout fondamentalement ouvert. Bon y va ? On continue

Alors vous voyez, j’en suis toujours, mon rêve ça serait d’arriver, il faudrait que j’aille assez vite parce qu’il faudrait pour les vacances de Noël, en avoir fini avec tous ces problèmes. Forcément on a trainé.. Après m’être déshonoré la semaine dernière puisque j’ai passé deux heures à dire que Pearce était un admirable philosophe Anglais et que quelqu’un à la fin m’a signalé gentiment qu’il était Américain, je me suis senti évidemment, je me suis dit : "jamais plus ils ne me croieront rien de ce que j’ai dit, après une erreur comme ça, aussi je ne parlerais plus que de penseurs anglo-saxons et tout ce que je disais sur les mérites de la philosophie anglaise devait évidemment s’entendre des mérites particuliers de la philosophie anglo-saxonne ou anglo-américaine. Alors ça m’a embêté et j’étais malheureux Evidemment vous comprenez il est né à Cambridge, moi j’ai mal lu mais evidemment il y a un Cambridge en Amérique, c’est grotesque tout ça ! Peu importe, non pas peu importe ! Alors, voyez, on a selon Pearce nos deux premiers types d’images : premiérité, secondarité ; ça, je suppose que c’est devenu très clair, si je fais déjà un petit tableau : je dis premeité, ça renvoie à ce que nous appelions dans les analyses précédentes : images-affection ; et ça enrichit beaucoup tout ce que nous pouvions dire sur l’image-affection. Là, il y a une coïncidence, comme catégorie la premeité, non plus comme modalité, vous savez si j’essaye de situer la modalité au sens des modalités de jugement, il y a trois modalités du jugement dans la philosophie classique : le possible, le réel et le nécessaire.
-  Du point de vue de la modalité, la premeïté c’est le possible.
-  Du point de vue de ce qu’on peut appeler la quantité, et non plus la modalité ; la premeité on a vu, la on prenait un peu d’initiative, de distance par rapport à PEIRCE, mais la premeité c’est la singularité ; et j’ajouterai, du point de vue des actes de l’esprit, la premeité c’est l’expression. Les caractères de la premeïté c’est, nous l’avons vu :
-  qualité,
-  potentialité,
-  conscience immédiate ; ça correspond tout à fait à notre image-action.
-  La modalité correspondante c’est le réel,
-  la quantité correspondante c’est l’individualité,
-  l’acte correspondant de l’esprit, c’est la position ou l’opposition.


-  Les caractères de la secondéïté c’est :
-  l’état de chose,
-  le fait ou le duel
-  l’expérience ; l’expérience comprise comme la part de l’événement qui s’actualise, ou comme le passage de l’état de chose à un autre état de chose.

question =

Gilles Deleuze : Non, c’est pas des catégories ça, c’est des points de vues sur les catégories, les catégories c’est : préméité, secondéité et tiercéité ; les points de vues sur les catégories, c’est :
-  la modalité - qui nous donne : possible, réel, et on verra pour tiercéïté,
-  la quantité : individualité et singularité ;
-  et l’acte de l’esprit qui nous donne : expression, position ou opposition. Et bah, il nous reste maintenant cette troisième catégorie de PEIRCE, ce troisième type d’image, selon lui, ce troisième type d’apparaître, qu’il appelle la tiercéïté ; et là, on est bien forcé de laisser quelque chose dans le vide immédiatement, ceci, si vous vous reportez à notre classification des images, telle que je l’ai proposé l’an passé à l’exposé de PEIRCE, pour le moment, on voit rien qui lui correspond, vous allez le comprendre immédiatement - vu la manière dont PEIRCE définit la tiercéité. Je dirais pour lui, il y en a pas d’autres de toute façon, la tiercéité a pour modalité le nécessaire - c’est encore les trois modalités du jugement : possible, réel et nécessaire. Elle a pour quantité non plus le singulier ou l’individuel, mais le général ; la généralité, elle a - on le comprendra pourquoi au fur et à mesure - pour acte de l’esprit, l’interprétation ou la compréhension ; c’est donc un ensemble très riche. Du coup quels caractères vont définir la tiercéité ? qu’est ce que c’est ? Là exactement,comme je le disais,
-  la secondéÏté c’est ce qui est deux par soi même,
-  la tierceïté c’est ce qui est trois par soi même, c’est à dire, ce qui renvoie à autre chose c’est un « un », qui renvoie à un « deux », et ça, ça serait la secondéÏté ; il faut ajouter par l’intermédiaire d’un « trois », et ça, ça serait une tiercéÏté, bon, c’est ça une tiercéïté !

Seulement, il faut déjà préciser : en quoi cette tiercéïté est ce que c’est un type d’image ? La réponse de PEIRCE, c’est que la tiercéité c’est tout ce qu’on peut désigner, tout ce qu’on peut entendre sous le nom de le " mental ». « Les pensées ne sont ni des qualités, ni des faits », dit PEIRCE, vous vous rappelez, ça veut dire que ce n’est ni de la preméité, ni de la secondéité - une pensée est toujours une tiercéité.
-  La tiercéité, je peux dire que c’est une image pensée par différence avec l’image-affection et l’image- action ; bon on l’a pas encore bien trouvé dans nos catégories à nous, c’est pour ça qu’il va y a voir besoin de confronter et de mélanger tout ça. C’est le mental ; mais quand est ce qu’il y a vraiment mental ? Quand est ce qu’il y a vraiment trois ? Et pourquoi dés qu’il y a trois, il y a le mental ? compliqué ! Et pourquoi pas plus que trois ? Beaucoup de questions nous viennent : pourquoi est ce qu’il s’arrête ? puisqu’il s’arrête en effet - Il pense que la tiercéïté épuise - pourquoi pas un quatre, un cinq, un six ? c’est important tout ça.

Tiercéïté, qu’est ce que ça peut être au juste ? je prends un morceau de papier, puis un autre morceau de papier et je les épingle, ou je mets un trombone, c’est un exemple qu’il prend. A première vue c’est la constitution d’une tiercéïté, j’ai : un, deux et trois ; c’est toujours de ça que partent les anglo-saxons, par deux trucs comme ça, c’est pas difficile, je vois mes deux papiers avec une épingle ou un trombone, est ce que c’est de la tiercéité ? Non, ça a l’aire d’être une tiercéité, PEIRCE dira en empruntant le terme à la théorie des coniques en mathématiques, mais peu importe, il dira : c’est un cas de tiercéïté dégénéré, c’est pas de la tiercéïté ça, et pourquoi ça n’en est pas une ? Parce que vous pouvez très bien retirer la feuille B du trombone, et vous garderez le duo, la dyade feuille A et trombone, sans que rien n’ait changé dans la feuille A ni dans le trombone, vous auriez donc pu soustraire un des termes, sans que les deux autres ne se soient affectés, c’est donc de la fausse tiercéité.

Dans une vraie tiercéïté, vous ne pouvez pas soustraire un terme sans changer tout ; tandis que là, si je vous montre que c’est de la fausse tiercéïté, c’est que, encore une fois : votre papier A et le trombone restent tout à fait identiques, bien que vous ayez soustrait et vous ayez oté la feuille B ; c’est donc une tiercéité dégénérée, c’est pas de la vraie tiercéïté ; et qu’est ce que c’est qu’une tiercéité dégénérée ? En fait c’est un couple de dyades, un couple de duel, c’est de la secondéïté, simplement vous considérez deux duels à la fois : vous considérez un premier duel, la feuille A et le trombone, et un second duel, la feuille B et le trombone. Avec deux duels qui ont un terme commun, vous pouvez toujours fabriqué un tiercéïté, seulement c’est une fausse tiercéïté ; vous n’obtiendrez jamais une vraie tiercéîté en multipliant des dyades, c’est à dire en multipliant des couples, les couples c’est la secondéité. Vous pouvez multiplier des couples, vous ne sortirez pas de la secondéité, bien plus la secondéité, elle est faite de la multiplication des couples

Autre exemple : A jette l’objet B ; C arrive et ramasse l’objet B. Pouvez vous dire que A a donné B à C ? Non ! vous avez deux dyades, vous avez deux duels, vous avez deux secondéités :
-  première secondéité, A jette la chose B,
-  seconde secondéité, deuxième secondéité, C ramasse B. Vous avez deux couples, deux dyades, vous n’avez pas une tiercéïté ; vous ne pourrez jamais obtenir une tiercéité - c’est l’idée de PEIRCE- à partir d’une combinaison de dyades ; ça va nous avancer d’ailleurs, parce que vous sentez que sans un, deux et trois, on risque immédiatement de lui dire « et bah, une fois de plus vous êtes hégelien ». L’idée de PEIRCE c’est que HEGEL a bien dit : un, deux, trois, parce qu’il a eu un pressentiment, mais qu’il n’a pas du tout compris ce que c’était que la tiercéïté, et finalement il n’a jamais su qu’aligner des couples de dyades, et c’est aussi ce que PEIRCE reproche à la logique, elle en est restée à la secondéité, la logique. Et lui qui se prétend alors le créateur - et c’est vrai historiquement - d’une logique triadique, c’est à dire qui n’est plus bipolaire avec les seules valeurs du vrai et du faux ; mais qui est tripolaire, ce qui constitue en vrai, la logique propre du mental, donc il y attache énormément d’importance.

Autre exemple pour que vous compreniez bien ; j’ouvre ma fenêtre le matin et je me laisse tomber, et je pousse un pot de fleurs qui tombe dans la rue, donc A et B :
-  A je jette le pot de fleur sans regarder ;
-  B, le pot de fleurs tombe,
-  l’individu C passe à ce moment là et reçoit le pot de fleurs. Tout comme je disais tout à l’heure : est ce que je peux dire, j’ai donné l’objet ? lorsque j’ai jeté un objet qu’un autre vient de ramasser et que je disais non, c’est deux secondéités ! Là est ce que je peux dire : « j’ai tué quelqu’un » ? Sans doute je me reprocherai cet accident malheureux, mais je n’ai pas tué quelqu’un à proprement parler. Il y a eu deux dyades : moi et le pot de fleurs qui tombe, l’autre et le pot de fleurs qu’il reçoit .
-  Deux dyades ayant un point commun ne constituent jamais une tiercéïté ; mais alors qu’est ce qui constitue une tiercéïté ? Et vous pouvez aller à l’infini comme ça, des duels, vous pouvez multiplier les duels, vous n’arriverez jamais à trois.

Bon alors ; en revanche supposons des actes, voilà des actes que l’on peut considérer sous les expressions suivantes : je tue, Cain tue Abel, je donne, j’échange, ...etc. etc. Alors on peut jouer à toutes sortes de jeux, d’exercices pratiques. Là, PEIRCE nous dit : « ça c’est des tiercéïtés », pourquoi ? pourquoi est ce qu’en effet « je donne » - voyez tout de suite la différence- c’est pas jeter un objet qu’un autre vient ramasser. « Je tue », c’est pas jeter un pot de fleurs que l’autre reçoit comme ça, c’est attendre qu’il passe et PAN ! Là c’est une tercéïté : j’ai attendu deux jours pour qu’il passe et quand il passait - ouf, j’ai atteint la tiercéité. Quel est le caractère ? Remarquez je disais, dans tous mes exemples précédents c’était des tiercéités dégénérées ; si on recule en arrière, mais faut pas trop, il y a aussi des secondéÏtés dégénérées. Selon PEIRCE ils poseront problème, ceci posera un problème lorsqu’on osera une discussion de confrontation avec lui ; selon PEIRCE, il peut pas y avoir de preméité dégénérée, on comprend pourquoi, parce que ce qui un par par soi même, n’a pas de dégénérescence ;

Mais exemple de secondéité dégénérée, exemple de vraie secondéité : je dîne chez Pierre, sous entendu, moi Pierre ou n’importe quoi, mais suivant la page rose du dictionnaire Larousse :« Lucullus dîne chez Lucullus » ; voilà une secondéité dégénérée, remarquez que dans notre langage il y a plein de secondéités dégénérées, plein de trucs comme ça. bon, mais peu importe :
-  je donne, j’échange, je tue, voilà des tiercéïtés ; qu’est ce qu’ elles ont de commun ? C’est curieux,
-  premier caractère commun ; elles impliquent bien, vous sentez que tous ces actes impliquent bien du mental. Là, ils renvoient à une loi, ils ont en commun de renvoyer à une loi, et ça va être :

-  le premier caractère de la tiercéité, l’existence d’une loi, et cette loi peut être physique ou morale, et de toute manière - à mon avis, là PEIRCE est très intéressant - de toute manière, que la loi soit physique ou morale, mais c’est particulièrement évident quand elle est morale, l’acte a une dimension et une détermination symbolique. Le symbole va être un des caractère profond de la tiercéité, dés qu’il y a symbole, il y a tiercéité ; dès qu’il y a loi, il y a tiercéité. Et en effet le don s’accompagne toujours d’un symbole qu’il détermine comme don, même lorsque ce symbole est trés caché, même lorsque le geste du donateur - les ethnologues font des études sur les comportements de dons à travers les civilisations - à chaque fois on voit la présence d’un symbole dans le comportement donateur ; de même pour l’échange, de même pour tuer ; tuer qu’est ce que c’est sans référence à une loi ? Donc dans les tiercéités, c’est à ça que vous les reconnaissez, il y a toujours référence à une loi, et c’est par là qu’il y a trois, il y a un objet, un autre objet et une loi qui rapporte l’un à l’autre suivant une règle, sa propre règle.

Il y a tout de suite une objection qui nous vient, il ne faut pas exagérer, mais la secondéité impliquait déjà des lois ! j’espère qu’elle vous est venue déjà, immédiatement ! vous vous rappelez que la secondéité, c’était entre autre, les rapports action et réaction, c’est à dire un duel, or il y a une loi ! si c’était les rapports effort et résistance, il y a une loi, il y a des lois de la résistance, il y a des lois de l’effort, il y a des lois concernant le rapport d’un action et d’une réaction. Etant donné une chose, étant donnée une action, calculer la réaction d’une chose dont vous connaissez la nature, tout ça c’est le domaine des lois. C’est à la fois très facile, évidemment il n’est pas idiot PEIRCE, évidemment il y a des lois qui règlent les actions et réactions ; mais ce qu’il veut dire c’est tout à fait autre chose et c’est très simple :
-  c’est que jamais une action ou une réaction n‘a pour cause la loi qui la régit. C’est une idée très simple et c’est de la bonne philosophie des choses auxquelles on ne pense pas d’habitude, mais qui sont absolument convaincantes : une action et une réaction, un effort et une résistance sont toujours conformes à des lois, mais elles n’en dérivent pas ; ça revient au même de dire ; une action et une réaction répondent à une loi, mais elles n’ont pas cette loi comme cause.

En effet, prenons des cas simples : un mouvement animal répond à des lois, et même un mouvement humain ; ça vaut pour l’animal et l’humain ; et pour l’homme autant que pour l’animal, par exemple : si je veux lever le bras, et bah ça engage toutes sortes de rapports d’actions et de réactions entre les innervations, les muscles, les résistances organiques, les tensions organiques ...etc. Tout ça, c’est régit par des lois, mais jamais personne n’a levé le bras, je dirais, en pensant à tout ça, car si je pensais à tout ça , je ne lèverai jamais le bras ; ce qui veut dire, à plus forte raison un animal, quand un animal fait un mouvement, c’est conforme à toutes ces lois physico-physiologiques, mais ce ne sont jamais ces lois physico-physiologiques qui sont la cause d’une action, et pourquoi c’est tellement évident ? C’est que une loi, elle est comme on le dit, toujours hypothétique. Si tu fais cela, alors telle chose se produit. Une loi est toujours conditionnelle : si tu portes de l’eau à cent degrés, alors elle bout ; mais la loi n’a jamais suffit à faire bouillir de l’eau. C’est pas la loi qui fait bouillir l’eau, la loi c’est la règle à laquelle se conforme l’eau quand elle se met à bouillir si bien que PEARCE peut nous dire avec la plus grande rigueur : bien sur que le monde de la secondéÏté est régi par des lois, n’empêche que jamais les lois ne sont considérées dans la secondéité comme telles ; en revanche, si vous êtes forcé de considérer une loi pour elle même, vous pouvez dire : « je suis dans le domaine du mental, je suis dans la tiercéité », si bien que le premier caractère et vous voyez en quoi, PEIRCE peut déjà nous dire que la modalité de la tiercéité, c’est la généralité.
-  il y a tiercéité explicitement quand intervient une loi physique ou morale - la présence explicite de la loi, étant indiquée par ce qu’il appellera « un symbole ». Il dirait aussi bien que la loi,- - et il le dit désignant la tiercéïté, et bah c’est quoi ? Ce n’est ni l’affection, ni l’action, c’est le sens, ou la signification.
-  Le premier caractère de la tiercéité était la loi,
-  le deuxième caractère est le sens ou la signification. Pourquoi ? Il découle tout droit : la signification - là j’essaie pas de distinguer le sens de la signification, du point de vue où on en est, on pourrait multiplier les distinctions - ce qui nous intéresse, c’est que de toute manière, ça fait partie de la tiercéité, pourquoi ? Parce que la signification c’est toujours un modèle. Selon PEIRCE c’est toujours un modèle qui dans des conditions différentes, qui sont soit des conditions physique, ou morales, c’est à dire symboliques au sens étroit, viennent informer des actions et des réactions, et là il y a une tiercéïté véritable, car si vous retirez le modèle, les actions et les réactions ne sont plus les mêmes. On va peut être comprendre ça mieux, avec le point qui m’intéresse le plus ;
-  c’est que le troisiéme caractère par lequel il définit la tiercéité, c’est le relation logique, il dit : « bon bah voilà, la tiercéité c’est la relation logique, seulement qu’est que c’est que la relation logique ? Donc il lui donnerait, on trouverait trois caractères propre à la tierséité selon PEIRCE :
-  la loi,
-  le sens
-  et la relation logique.

Si on comprend la relation logique, je crois qu’on comprend très bien les deux autres caractères, c’est là le vrai nœud de la tiercéité, et en effet, pourquoi ? Et là, j’ouvre une parenthèse, je ne parle plus au nom de PEIRCE, je parle au nom de la philosophie tout court, c’est à dire qu’est ce que ça a été ce problème de la relation, qui l’a torturé depuis le début, et qui a finalement a fait partie d’une des raisons d’être de la philosophie ? Je dirais que ce qui fait partie d’une des raisons d’être de la philosophie depuis le début, c’est encore plus que les paradoxes sur le mouvement, c’est les paradoxes sur la relation ; comment une chose aussi étrange que la relation, peut elle être possible ? Et que dés le début, c’est comme dirait PEIRCE, l’existence du mental, qui était complètement engagé là dedans, pourquoi ? Et bah, déjà la philosophie se trouvait devant un drôle de problème, et là j’irais très vite, je dirais des choses simples et même très simples, pour grouper un certain problème, donc c’est plus exactement PEIRCE, mais c’est pour y aboutir.

Vous savez, la philosophie, dés Platon, elle se confronte avec un problème qui est celui du jugement, et les Grecs y vont à fond là, il dit que c’est quand même bizarre le jugement, même le jugement le plus simple .
-  Le jugement le plus simple c’est ce qu’on appelle le jugement d’attribution : le ciel est bleu. C’est curieux ça, comment est ce qu’on peut dire que le ciel est bleu, puisqu’à la lettre c’est dire A est B, en d’autres termes, à moins de répéter tout le temps : l’être est l’être ; le bleu est bleu, le ciel est le ciel ; à moi de s’en tenir tout le temps aux principes d’identité, il faut bien reconnaître que tout jugement d’attribution est une offense aux principes d’identité. En effet, le jugement d’attribution peut s’écrire sous la forme : A est B ; et Platon dit que c’est difficile, et qu’il va falloir expliquer ça, comment c’est possible que A soit B ? Mais voilà qu’il y a un autre type de jugement.
-  Deuxième type de jugement, alorsà peine, on se disait : quel problème allons nous avoir sur le dos ? puis on apprend qu’il va y avoir un problème pire, et c’est comme ça, c’est toujours comme ça. Je dis que A est plus petit que B, alors c’est différent ; on sent tout de suite, même sans avoir fait de philosophie, est ce que ça peut se ramener à un jugement d’attribution ? A est B, je peux dire à la rigueur : le ciel est bleu, je peux dire à la rigueur ça peut s’expliquer oui, alors il faudrait concevoir que A soit un être réel, ou le concept d’un être réel, et B le concept d’une propriété ; le jugement d’attribution, attribue une propriété à un sujet. Comment c’est possible ? c’est déjà une autre affaire, mais enfin, on s’y retrouve un peu : j’attribue des propriétés à des sujets.

Mais lorsque je me retrouve devant l’autre type de jugement : A est plus petit que B, est ce que être plus petit que B, peut être assimilé à une propriété d’un sujet A ? C’est embétant, parce que B est aussi un sujet, ce n’est pas une propriété, c’est aussi un sujet ; alors est ce que je peux dire au moins que « plus petit que » est une propriété de A ? Et oui, je peux dire que « plus petit que » est une propriété de

A ; mais je devrais aussi dire à ce moment là, que « plus grand que » est aussi une propriété de A, parce que plus petit que B, il y a toujours un C, tel que A soit plus grand que C, alors si je traite les relations comme des attributs, cette fois ci c’est pas simplement le principe d’identité auquel je manque, c’est le principe de non contradiction, j’attribue des contradictoires au même sujet, je lui attribue « plus petit » et « plus grand », vous me direz : « mais attention, il est plus petit que B, et plus grand que C », et alors, qu’est ce que ça change ? Petit A est petit B sont des êtres, je pourrais dire à la rigueur que le concept de A contient des propriétés , le concept d’un être réel contient des propriétés, mais est ce que je peux dire que le concept d’un être réel contient d’autres êtres réels ? Pas possible de dire une chose comme ça, à première vue c’est pas possible, impossible de s’en tirer.

-  L’attribution déjà mettait en question le principe d’identité, la relation met en question le principe de non contradiction. Et comment Platon va s’en tirer ? Il va dire : c’est pas difficile, et vous ne vous en sortirez pas, et là dessus Socrate rentre en scène et il n’a pas fini, il dira : « et bah oui », vous ne pouvez pas échapper à la conclusion suivante : c’est que les relations ne dépendent pas de leurs termes , que les relations sont des Idées avec un grand « I », et qu’il y a une Idée du petit, et une Idée du grand, et les Idées sont découvertes par Platon, d’abord à propos du problème des relations. Il y a une Idée du grand, et une Idée du petit, et simplement, lorsque vous dites : A est plus petit que B, et plus grand que C, vous voulez dire : le terme A participe à l’idée du grand par rapport au terme B, et participe à l’idée du petit par rapport à l’autre terme. Platon aura été forcé de faire les relations des idées pures qui dépassent le monde sensible. C’était bien parti le problème. Tellement, elles sont irréductibles à des attributs de la chose, vous comprenez ? Donc, vous ne pourrez pas réduire le jugement : Pierre est plus petit que Paul, au jugement : Pierre a les yeux bleus. Bien plus, lorsque vous aurez lâcher et découvert le monde des relations, vous vous demanderez alors si tout jugement n’est pas en fait un jugement de relation ; à savoir, si lorsque vous dites : « Pierre a les yeux bleu », c’est pas déjà un jugement de relation, à savoir qu’il n’y aurait même pas du tout de propriétés mais qu’il y aurait que des relations, c’est encore mieux ! mais enfin, pas la peine de compliquer, on en reste là.

Un fou au sens philosophique, c’est à dire une espèce d’ incroyable génie, qui ne reculait devant rien, le philosophe sans doute le plus audacieux qui n’est jamais existé dit ! non non, il faut sauver tout ça ; il faut montrer à n’importe quel prix que le jugement de relation peut se ramener à un jugement d’attribution, si non, on est perdu, seulement ça va l’entraîner à de drôles de choses. Il va être forcé de dire : « et bah d’accord », il faut que chaque concept réel, que chaque concept qui désigne un être réel, et bah il faut qu’il contienne - puisqu‘on ne peut pas s’arrêter - la totalité des autres concepts, c’est à dire que le concept de A contienne le concept de B, le concept de C, le concept de D, à l’infini, alors à ce moment là, les relations seront bien intérieures, aux termes, aux concepts. Si le concept de César, comporte et contient le concept de tous les autres termes, toutes les relations de césar, non seulement avec ses contemporains, non seulement avec ce qui l’a précédé ; mais avec nous qui lui sommes postérieurs, toutes les relations imaginables, peuvent être àramener à des attributions, c’est à dire à des attributs du concept. Ce qui revient à dire, que le concept de chaque être réel, doit exprimer la totalité du monde, c’est une drôle d’idée ! Il faut le faire, c’est étonnant, ce philosophe c’était LEIBNIZ. Il va être bien embété, il va être très embété, parce que ce qu’il vient de dire du concept A, ça prouve aussi que je peux dire que le concept A, contient le concept B, le concept C, le concept D, à l’infini, si bien que les relations de A avec C, plus petit que B, plus grand que C, tout ça ce sont des attributs, des concepts, en appelant attributs, toutes les propriétés qu’il contient.

Mais il doit dire la même chose du concept B, et à son tour doit comprendre tout : C,D,E, y compris le concept A. D’où le problème c’est quoi ? Le problème c’est qu’on est à nouveau perdus, car il a réduit la relation à un jugement d’attribution ; mais quelle va être la relation entre les deux jugements d’attribution suivants ?
-  A est plus grand que B, dans le concept A ;
-  et B est plus petit que A dans le concept B. Il aura ramené la relation à une attribution, à condition de scinder la relation en deux relations, vous comprenez ? C ‘est pour que vous ayez une idée de la complication de tout ça, alors c’est en effet assez formidable, l’opération de LEIBNIZ ! et alors comment mettre d’accord ?

Vous avez une formule : A R1 B où A est le contenant ( R1 c’est la relation), et vous avez une formule : B R2 A, comment affirmer ? Alors vous avez réduit R1 à un attribut, R2 à un attribut, mais hélas vous retomber sur : quelle est la relation entre R1 et R2 ? Alors comme c’est un créateur, chaque fois qu’il se trouve devant une difficulté, il crée un nouveau concept : Il va créer celui "d’harmonie pre-établie". Il va montrer que dans l’Entendement de Dieu il faut qu’il passe par là. Dans l’entendement de Dieu il y a une correspondance et une harmonie entre. tout ce qui est dans le concept A, tout ce qui est dans le concept 2, et pour une bonne raison, c’est que c’est un seul et unique monde qui se trouve exprimé dans le concept d’êtres réels, et ça va énormément compliquer les choses.

Voyez donc cette notion de relation, même au niveau d’une relation simple comme « plus petit », « plus grand », c’est très très difficile. Si bien que je crois que c’est un grand jour dans la philosophie. Lorsque, et là je pense qu’on peut trouver des prédécesseurs pour l’assigner nettement ; lorsqu’un nouveau temps, lorsqu’un philosophe anglo-saxon, dont je suis sur qu’il était écossais et qui s’appelait YUME, est arrivé et a dit comme une évidence : » les relations de toutes natures sont exterieures à leurs internes » ; et cette proposition est absolument pour moi comme un coup de tonnerre dans la philosophie ! Les propriétés sont intérieures aux termes dont ils sont les propriétés auxquels ils s’attribuent, mais les relations sont des extériorités.
-  Les relations sont extérieures à leurs termes. A est plus petit que B, et bien, "plus petit que " c’est un tiers, En d’autres termes, les relations ne sont pas contenues dans le concept de la chose ou des choses, les relations sont C, là dessus commence ce qu’on appellera le principe de l’extériorité des relations. et la simplicité de YUME, elle consiste a dire, à quoi cela va l’engager, « mais essayer de prendre le monde tel qu’il est, au lieu de le penser, lui faire des objections, de dire que ça devrait être comme ceci, ou cela, prenez le comme il est, vous ne savez même pas voir », c’est une des grandes idées de YUME, « vous ne savez pas voir ». « Prenez le monde comme il est », c’est à dire que « vous vous trouvez dans un drôle de monde, au lieu tout de suite invoquer des idées avec un grand « I », ou bien faire des opérations aussi compliquées que celle de LEIBNIZ, habituez vous au monde ou vous vivez, parce que c’est le vôtre ». Et bah oui, il y a des choses, et puis, il y a par exemple A, et puis B, et puis il y a des relations, et ces relations c’est des entre deux, c’est pas des choses, c’est des « entre les choses ». Alors évidemment, s’il ne disait que ça, seulement il se porte fort lui, de nous fournir et de constituer les concepts, qui vont répondre à ce monde extérieur extraordinaire : « acceptez l’extériorité ». Jusqu’à maintenant les philosophes n’avaient supporter que l’intériorité, comprendre c’était intérioriser quelque chose, dans autre chose, on avait compris que si on avait mis à l’intérieur, à l’intérieur de la tête, à l’intérieur du concept, à l’intérieur du sujet, il fallait une intériorité quelconque. YUME arrive et dis : « vous ne voyez pas le monde ou vous vivez, qui est un monde de l’extériorité », et l’extériorité ça ne veut pas dire, comme on dit toujours, l’empirisme, là croyez moi ne s’est jamais définit par les choses dont la connaissance vient de l’expérience, ou bien : le monde sensible est premier.

-  L’empirisme se définit par cette position : « les relations sont extérieures à leurs termes », et si les relations sont externes à leurs termes, comprenez que l’empirisme à ce moment là, se trouve devant une formidable tache, qui est inventer une nouvelle logique, il faudra une nouvelle logique, à savoir, une logique des relations, il faudra rompre avec la logique de l’attribution, qui avait régnée jusque là ; il faudra faire une logique des relations que PEIRCE suppose tout ça, car il n’est pas sûr qu’une logique des relations puisse être dyadique. La logique dyadique, la logique duelle, c’est celle qui reconnaît deux valeurs de la proposition, le vrai et le faux, et bien peut être que ça ne vaut que pour la logique de l’attribution .

La logique des relations doit être une logique spécifique, qui commence bizarrement avec YUME sous la forme de la théorie des probabilités, et qui prend une forme comme définitive avec RUSSELL,..coupure

..Ou si vous préférez, elle est extérieure au concept de la chose et de l’autre chose. « plus petit que » n’est pas compris dans le concept de A qui est pourtant plus petit que B, et « plus grand que » n’est pas compris dans le concept de B, qui est pourtant plus grand que A, c’est une extériorité radicale. Mais pensez que même au niveau - c’est rien, tout ce que je suis entrain de dire, mais c’est énorme, si vous comprenez ça, vous comprenez que c’est une tout autre théorie de la pensée, La täche de la pensée, c’est à la lettre de réfléchir l’extériorité, c’est plus d’intérioriser,c’est une conception du vrai et du faux complètement différente, c’est un appel à l’extériorité, mais oui le monde est fait d’extériorité radicale, c’est à dire que c’est un ensemble dont les parties sont irréductiblement extérieures les une aux autres, c’est à dire dont les parties ne seront pas totalisables, c’est une monde de pièces et de morceaux. C’est comme dira JAMES : « un manteau d’Arlequin », c’est du bariolage, et bien, entre deux morceaux il y a des relations, et peut être que les choses, peut être qu’à la limite, il n’y a pas de terme, il n’y a que des paquets de relations, ce que vous appelez un terme, c’est un paquet de relations, voilà.

Chacun de vous êtes des paquets de relations, et c’est très bien comme ça. Il sont en train de dissoudre la substance, les choses...etc. Ils admettent à la rigueur, à votre choix, à un niveau moyen, on dira : il y a des relations qui sont extérieures à leurs termes, et à un niveau beaucoup plus profond, on dira : « est ce qu’il y a même des termes ou est ce qu’il y a des paquets de relations variables ? », c’est possible ! Alors il y a quelque chose d’extraordinaire là dans la relation, on commence à tenir le paradoxe là. Je dis à la fois : une relation est extérieure à ses termes. En d’autres termes, une relation est toujours extérieure au concept de l’une et de l’autre chose qu’elle met en relation. Ce n’est pas difficile à comprendre , A ressemble à B pour changer , et la ressemblance est une relation. Bon, c’est pas compris dans son concept, c’est pas non plus compris dans le concept de B, la relation est extérieures à ses termes : vous comprenez ça ? Seulement vous n’avez compris que la moitié si vous comprenez ça. C’est que au même temps, la relation peut changer - et ça j’insiste beaucoup là dessus, parce que ça va être mon seul petit apport - je dis ça pour que vous distinguiez bien les choses et que vous ne mélangiez pas tout ; mais ils le savent dés le début, tous ces auteurs qui se mettent à réfléchir sur la relation et qu’on appelle des empiristes, ou des logiciens, au sens de logique des relations.

C’est pas étonnant, j’ai essayé de vous faire comprendre pourquoi il n’y avait pas lieu de s’étonner que ce soit les empiristes qui aient inventé la logique la plus formelle du monde, à savoir la logique des relations. Il y a un lien très profond, à première vue c’est bizarre, que ce soit les empiristes qui tiennent au monde sensible et qui inventent au même temps, "le formalisme" de la logique, qu’on appellera la logique formelle. C’est forcé, puisque, ce que leur découvre le monde sensible, c’est pas du tout du sensible, il s’en tapent de ça, ce qui les intéressent, c’est l’extériorité des relations par rapport à leurs termes, Dés lors vous ne rendrez pas compte des relations en les rapportant à leur termes, et dés lors, il vous faut une logique absolument nouvelle, et un formalisme complètement nouveau pour rendre compte des relations logiques dont la liste est ouverte ; Bon, mais je disais, d’accord, A ressemble à B, Pierre ressemble à Paul, ça n’est compris ni dans le concept de Pierre, ni dans le concept de Paul, la ressemblance est une relation, à moins d’être LEIBNIZIEN, là encore si vous sentez, à ce moment là, vous vous en tirez comme vous pouvez, ça c’est votre affaire. Mais si vous acceptez d’être dans l’atmosphère ou les relations sont extérieures a leurs termes, on essaye pas de discuter, on prends ça comme un fait, le fait de l’expérience. Et bah d’accord, la ressemblance n’est pas contenue dans le concept, n’empêche qu’elle ne peut pas changer, sans que le concept lui même ne change. ça devient très bizarre, elle n’est pas comprise dans les termes, et pourtant elle ne peut pas changer, sans que les termes changent. Je veux dire : la relation de ressemblance, et pour moi c’est très important ce que je vais dire, mais pas forcément pour vous - je crois qu’on peut pas penser les relations indépendamment d’un devenir au moins virtuel, quelle qu’elle soit la relation, et que ça à mon avis, les théoriciens de la relation, pourtant si forts qu’ils soient, ils l’ont pas vu, mais je voudrais insister beaucoup plus sur ce point.

A mon avis une relation est non seulement extérieure à leur termes, mais c’est essentiellement transitif au sens de transitoire, les relations, "n’abîmez pas les relations, c’est tellement fragile", tapez sur les attributs ça c’est du solide, mais les relations sont inséparables d’un devenir, je dirai, et j’aurai besoin de cette idée tout à l’heure, d’un changement possible ou virtuel. Je ne ressemble pas à B, sans qu’au sein de cette ressemblance, je ne sois hanté, par la possibilité de l’accentuer ou de la perdre ; il suffira que moi en tant que terme, c’est à dire autant que concept (ça revient au même), je change par exemple en vieillissant, ou bien, je suis hanté par la possibilité toujours une relation, elle n’existe pas.. ;.

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